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DELIMITATION CONCEPTUELLE
Le mot culture est polysรฉmique. Chaque discipline a sa maniรจre de conceptualiser ce mot. En fait ce mot a un sens banal et populaire. On peut parler de la culture en biologie, en agronomie, plus prรฉcisรฉment en agriculture, on parle de la culture en sociologie, en anthropologie, en psychologie, en psychanalyse, en philosophie, etc. Cโ est pourquoi il est essentiel dโindiquer avec prรฉcision le type de culture dont on parle ici. Ce premier chapitre sera alors consacrรฉ entiรจrement ร la conception et ร la thรฉorisation de la culture.
NOTION DE LA CULTURE
La culture est: ยซ lโensemble des traditions, des valeurs, des acquis intellectuels et des savoir- faires propres ร une sociรฉtรฉ humaine, la culture est ici synonyme de la civilisation2ยป.
Lโanthropologue E. B. Tylor propose lโune des dรฉfinitions anthropologiques de la culture comme suit : ยซ la culture est un ensemble complexe qui comprend les connaissances, les croyances, lโart, le droit, la morale, les coutumes, et toutes les autres aptitudes et habitudes quโacquiert lโhomme en tant que membre dโune sociรฉtรฉ3ยป.
Le terme culture tel que lโon emploi ici dans ces deux dรฉfinitions se rapporte au mode de vie dโune sociรฉtรฉ ou dโun groupe. On parle ici de quelque chose dโacquise non dโinnรฉe. Remarquons lโutilisation du verbe ยซ acquรฉrir ยป, racine du mot acquisition qui est un processus dynamique au cours de laquelle une personne ou un groupe de personne inculque un systรจme de valeur ร un individu. La culture est de ce fait un รฉlรฉment qui se transmet par le biais dโun transfert gรฉnรฉrationnel dans le processus de la socialisation. Cette socialisation est faite par des agents socialisateurs que sont la famille, lโรฉcole, les groupes dโappartenances, lโรฉglise, la rue. Bref, les milieux auxquels lโindividu frรฉquente. Par ailleurs, la culture prรฉsente quatre caractรฉristiques diffรฉrentes : cโest un ensemble cohรฉrent dont les รฉlรฉments sont interdรฉpendants. Elle englobe lโensemble de toutes activitรฉs humaines communes ร un groupe dโhomme et elle fait lโobjet dโun transfert gรฉnรฉrationnel. La culture est ยซ lโhรฉrรฉditรฉ sociale des membres dโune sociรฉtรฉ particuliรจre4ยป. La culture est alors vue comme une sorte dโhรฉritage ou dโun patrimoine. Elle est une construction sociale dynamisรฉe par des relations et des contacts avec autrui.
DEFINITION SELON LES AUTEURS
Ralph LINTON
Compte tenu de la diffรฉrence de lโusage et de la comprรฉhension du concept de culture, cette deuxiรจme perspective รฉtablit un lien unissant la culture et la personnalitรฉ cโest-ร -dire une conception qui a trait ร la psychologie. Selon Ralph Linton, la culture est ยซla configuration des comportements appris et de leurs rรฉsultats, dont les รฉlรฉments sont partagรฉs et transmis par les membres dโune sociรฉtรฉ donnรฉe5ยป.Cette dรฉfinition met en รฉvidence quatre processus dynamiques diffรฉrents : lโapprentissage, le rรฉsultat, la participation, et la transmission. La configuration consiste ร organiser des multitudes de comportements en les rรฉunissant en un ensemble modelรฉ. Dans cette รฉtude, le comportement fait rรฉfรฉrence ร toutes activitรฉs individuelles, quโelles soient physiques ou psychologiques nรฉcessitant lโapprentissage.
Lโapprentissage est la premiรจre phase de la formation de la culture chez un individu. Un comportement appris suscite un apprentissage, un moyen qui faรงonne et qui peut modifier les activitรฉs culturelles au cours du transfert. Cโest pendant cette phase quโun individu apprend, intรฉriorise les normes sociales et les systรจmes de valeurs de la sociรฉtรฉ ou du groupe dans lequel il appartient. Par la suite, ceux-ci forgent et modรฉlisent son comportement. Le groupe dโappartenance ainsi que la famille tiennent une place importante au cours de cette phase pour accompagner lโindividu dans le dรฉveloppement normal de son รชtre intรฉrieur, de sa personnalitรฉ. Force est de souligner que le comportement humain nโest pas toujours un rรฉsultat de la rรฉaction innรฉe mais est aussi motivรฉ et conditionnรฉ par lโexpรฉrience. Qui dit expรฉrience relรจve de la rรฉpรฉtition cโest-ร -dire dโune reprise dโun mรชme stimulus pouvant produire une rรฉaction similaire ร tout moment. Paradoxalement, cela est impensable en science humaine รฉtant donnรฉ que le sujet de lโexpรฉrience est lโindividu. En dโautres termes, le champ comportemental qui est interchangeable. Ainsi, si on parle dโexpรฉrience, on veut tout simplement expliciter quโil y a un processus dynamique dans lโapprentissage. Cela ne veut surtout pas dire quโun mรชme stimulus engendre une rรฉaction similaire mais ce mรชme stimulus doit forcement produire des rรฉsultats diffรฉrents au cours du temps, selon la situation dans laquelle se trouve lโindividu, le milieu auquel il vit, son groupe, etc. Il faut souligner que lโhomme, face ร la mise en scรจne de la vie et au thรฉรขtre quotidien, joue le rรดle de diffรฉrents personnages. Lโapprentissage, lโexpรฉrience faรงonnent le comportement appris.
Considรฉrรฉe comme rรฉsultats des comportements appris, la culture a un aspect psychologique et un aspect matรฉriel. Lโaspect psychologique reprรฉsente les attitudes, les systรจmes de valeurs, la connaissance, et les aptitudes. Classer ces aspects psychologiques comme rรฉsultats des comportements appris peut susciter des discussions. Par contre, les รฉliminer de la partie intรฉgrante des rรฉsultats peut dissimuler le fait quโils sont des produits de lโinteraction de lโindividu avec le milieu extรฉrieur et son environnement. Ces รฉlรฉments sont classรฉs parmi les rรฉsultats puisquโils sont le fruit le lโapprentissage. Lโindividu rรฉagit non seulement dโaprรจs les rรฉalitรฉs objectives dโune situation qui le stimule mais aussi dโaprรจs les attitudes et les connaissances quโil a dรป expรฉrimenter. Indรฉniablement, lโenvironnement externe exerce une influence sur la modรฉlisation du comportement.
Lโaspect matรฉriel imprรจgne la culture matรฉrielle qui englobe les objets matรฉriels fabriquรฉs ou utilisรฉs par les membres dโune sociรฉtรฉ. Lโinclusion de ces objets dans le concept de culture peut compliquer la tรขche pour certains chercheurs. Pourtant, ces objets revรชtent une importance capitale pour ceux qui รฉtudient la personnalitรฉ. Au fait, nous devrions incorporer ces objets matรฉriels comme partie intรฉgrante de la culture ou bien considรฉrer seulement leurs significations ou les idรฉes quโils vรฉhiculent parce que tel ou tel objet nโa pas une mรชme signification pour tel ou tel groupe. Dans le cas de notre รฉtude par exemple, nous devrions estimer la Bible comme un signifiant ou signifiรฉ. Nรฉanmoins, cela dรฉpend du chercheur aussi bien que de lโobjet dโรฉtude. Pour les adeptes de la religion chrรฉtienne, la Bible est un livre qui contient la parole de Dieu. Elle est mรชme cette parole de Dieu. De ce fait, certains de ces adeptes pensent en accorder une importance au point quโil faut la placer dans tel ou tel endroit pour le respect du Seigneur. Ils mettent en valeur le signifiant. Plus souvent, cette habitude est animรฉe par la religiositรฉ. Tandis que pour certains, la Bible nโest que du papier qui renferme la parole de Dieu, des messages pour les hommes. Ces derniers se penchent surtout sur le cotรฉ pratique du contenu de ce livre. En dโautres termes, ce qui compte pour eux cโest lโobรฉissance ร ce qui est รฉcrit ร travers le mode de vie, ร ce que Dieu exige de leur part. Dans les deux cas, il sโagit dโun mรชme livre : la Bible. Ceci dit, le point de vue est distinct. Par ailleurs, nous nous demandons constamment si la participation dโun individu peut susciter une innovation culturelle, de mรชme que les particularitรฉs individuelles peuvent, avec le temps, devenir des รฉlรฉments constitutifs de la culture de son groupe dโappartenance. La participation dโun tel ou tel groupe peut- elle harmoniser des innovations culturelles ou des changements culturels ? Telles sont les questions qui nous viennent ร lโesprit en mรฉditant sur cette participation. Le partage et la transmission des composantes de la configuration culturelle imprรจgnent la participation dโun individu ou dโun groupe dans la dynamique du transfert gรฉnรฉrationnel du patrimoine culturel. La participation dโune personne dans la relation interactive entraine des innovations culturelles au sein dโun groupe parce quโil ya toujours des particularitรฉs individuelles. Ainsi, toutes les innovations culturelles proviennent soit dโune personne soit dโun groupe. Force nous est de souligner que la culture est un continuum incluant des dรฉtails particuliers. Par contre, cela ne veut pas dire que tous les รฉlรฉments intรฉgrรฉs dans une configuration culturelle fait partie de la participation ni quโils soient partagรฉs par les membres du groupe depuis son existence sous prรฉtexte que la culture soit quelque chose de dynamique. Celle-ci se renouvelle au cours de lโhistoire.
Quant ร la transmission, il faut faire rรฉfรฉrence au transfert. Elle suit deux logiques, lโinstruction venant de la part des adultes et lโimitation assurรฉe par lโindividu. Cโest lร que la culture est considรฉrรฉe comme une hรฉrรฉditรฉ sociale, elle est transmise dโune gรฉnรฉration ร une autre. Ce processus fournit ร lโindividu la sรฉrie des modรจles comportementaux qui a รฉtรฉ initiรฉe par les ascendants.
Bref, cet auteur met en valeur trois phรฉnomรจnes : les phรฉnomรจnes matรฉriels constituรฉs par la culture matรฉrielle, les phรฉnomรจnes cinรฉtiques dont les comportements explicites et les phรฉnomรจnes psychologiques ร travers lesquels se manifestent les attitudes, les valeurs ainsi que les aptitudes. Il est aussi ร noter que la culture a un aspect explicite et un aspect implicite. Lโaspect explicite se rรฉfรจre surtout au concret, ร ce qui est tangible, alors que lโaspect implicite revรชt les รฉlรฉments implicites cโest-ร -dire les รฉtats psychologiques. Ces deux aspects sont interdรฉpendants ร tel point que les faits explicites rendent tรฉmoignage de lโexistence des faits implicites.
Bronislaw MALINOWSKI
Pour lui, la culture est un รฉlรฉment complexe qui doit sโappuyer sur la biologie. Autrement dit, la culture est dotรฉe dโun fondement biologique. Elle va de pair avec la nature humaine. Il affirme que la culture est :ยซ la totalitรฉ oรน entrent les ustensiles et les biens de consommations, les chartes organiques rรฉglant divers groupement sociaux, les idรฉes et les arts, les croyances et les coutumesโฆ la culture est un vaste appareil, pour une part matรฉriel, pour une part humain et pour une autre encore spirituel, qui permet ร lโhomme dโaffronter les problรจmes concrets et prรฉcis qui se posent ร lui6 ยป.
Mais comment se fait-il quโil existe un lien รฉtroit entre la culture et la nature ? Sans aucun doute, la culture est soumise ร la satisfaction des besoins รฉlรฉmentaires et organiques de lโhumanitรฉ et du groupe. La crรฉation de la culture a pour fonction dโassurer la survie du groupe ร tel point que les problรจmes liรฉs aux besoins nutritifs et reproductifs ainsi que sanitaires doivent รชtre rรฉsolus. Faut-il se fier ร affirmer tout simplement quโil y ait une relation entre la culture et la nature ? Quelle est exactement la relation unissant ces deux composantes ? Pour survivre, lโhumanitรฉ est soumise ร des conditions รฉlรฉmentaires qui devraient รชtre satisfaites. Pourtant, un seul individu est incapable de satisfaire ses besoins. Cโest pourquoi, les hommes qui ont des intรฉrรชts communs doivent sโorganiser pour former des groupes au sein desquels il faut crรฉer et entretenir un milieu nouveau, secondaire et artificiel. Quant il y a crรฉation dโun milieu nouveau, de nouveaux besoins surgissent. De plus, de nouveaux impรฉratifs et de nouveaux dรฉterminants sโimposent ร la conduite humaine, chaque individu doit respecter les normes de conduite initiรฉes par les membres du groupe. Prรฉnoms un exemple concret de cette affirmation, chaque membre de la congrรฉgation de lโFJKM ZFA, quโil soit conscient ou inconscient, doit prendre la responsabilitรฉ de respecter les normes et les systรจmes de valeur initiรฉs par la congrรฉgation elle-mรชme. Chaque croyant est contraint dโaccepter les normes de conduite รฉtablit au sein de lโEglise. Ainsi on dit que la culture est fortement liรฉe ร la nature parce que toute culture a une assise physiologique qui nโest rien dโautre que les fondements biologiques du groupe, ou de la communautรฉ.
BRASSAGE CULTUREL
Le verbe brasser veut tout simplement dire mรฉlanger, manier en grande quantitรฉ selon le dictionnaire Encarta. Si on parle du brassage culturel il sโagit dโun mรฉlange rรฉalisรฉ ร partir des รฉlรฉments culturels disparates. Par consรฉquent, le brassage culturel est le rรฉsultat de lโexistence de plusieurs cultures diffรฉrentes qui sโentremรชlent pour produire une innovation culturelle alimentรฉe soit par des emprunts culturels, soit par des changements radicaux des modes de vie du groupe en question. Pour lโEglise FJKM ZFA, ce phรฉnomรจne est prรฉsente sur les modes de vie ร savoir, les modes vestimentaires, la coiffure, le langage plus prรฉcisรฉment lโemprunt lexical et grammatical, la transculturation qui est surtout dโune grande รฉchelle.
APPROCHE SCIENTIFIQUE DE LA CULTURE
Les fonctions de la culture
Considรฉrรฉe comme un mode de vie, la culture comprend dโinnombrables dรฉtails relatifs au comportement humain. Sous cette perspective, la culture reprรฉsente un ensemble de rรฉponses normales et attendues des membres dโun groupe de la part dโun individu face ร une situation donnรฉe. Ainsi, la culture a comme premiรจre fonction de fournir aux membres de toutes sociรฉtรฉs une balise et ou un guide indispensable pour toutes les circonstances de la vie. Ce guide est รฉtabli pour renforcer la cohรฉsion sociale au sein du groupe en vue de confรฉrer une lรฉgitimitรฉ aux relations entre les membres.
La culture est en elle-mรชme un mode de vie, un mode de conduite. En dโautres termes, elle regroupe les habitudes, les aptitudes, les normes et codes de conduite sociaux, et elle se transmet par le biais de la socialisation. Par ce guide, la plupart des membres dโune sociรฉtรฉ a plus ou moins des rรฉponses identiques permettant de comprendre et de prรฉvoir leurs comportements avec une probabilitรฉ รฉlevรฉe lorsquโil y a un tel ou tel stimulus. Cette rรฉponse est conรงue comme une habitude qui nรฉcessite une longue expรฉrience au cours de laquelle il y a des essaies et des erreurs afin dโajuster diffรฉrents modรจles culturels. Lโindividu est soumis ร intรฉrioriser ces habitudes ainsi aprรจs ร sโy adhรฉrer sโil veut obtenir de bons rรฉsultats. Dans le cas contraire, il peut obtenir des rรฉsultats mรฉdiocres pouvant lโamener ร subir des sanctions par les membres de son groupe. Pour cela, lโindividu doit se soumettre ร un certain entrainement qui lui permet de maitriser le guide de conduite au sein du groupe en suivant les codes sociaux caractรฉristiques de ce groupe mรชme. En dรฉpit de cet entrainement, la culture qui est un รฉlรฉment extรฉrieur ร lโindividu est devenue par la suite partie intรฉgrante de la personnalitรฉ individuelle, intรฉrieure ร lui. En consรฉquence, la culture a une part importante dans la formation de la personnalitรฉ individuelle. Elle influe sur la personnalitรฉ individuelle dรจs lโenfance. Cette influence se prรฉsente sous deux aspects diffรฉrents. Premiรจrement, la culture exerce une influence sur la personnalitรฉ par les comportements culturellement modelรฉs des parents qui รฉlรจvent lโenfant. Ces comportements sont adressรฉs ร lโenfant et sont conservรฉs ainsi quโintรฉriorisรฉs dรจs sa naissance. Deuxiรจmement, grรขce aux rรฉsultats des modรจles comportementaux observรฉs par lโindividu, la culture influence รฉgalement la personnalitรฉ. Dans ces deux cas, lโindividu a une forte chance de reproduire chez son enfant les modes de conduite quโil a vรฉcu avec ses parents pendant son enfance.
La culture nโest pas seulement un instrument qui fournit un guide de conduite aux membres dโun groupe mais aussi et surtout elle assure de tout prรจs lโintรฉgration des membres du groupe au sein du groupe mรชme. Cโest grรขce ร lโadhรฉsion ร la culture dโun groupe quโun individu peut faire partie de ce groupe. Un individu qui adhรจre ร un groupe ne sentira jamais en sรฉcuritรฉ que sโil adhรจre aux normes et aux rรจgles du jeu social de ce groupe dont il est membre cardans le cas รฉchรฉant le groupe va surement lโinfliger une sanction sociale. En bref, la culture permet lโintรฉgration des individus dans un groupe.
En outre, la culture est un instrument assurant la survie dโune sociรฉtรฉ, la survie dโun groupe. Cโest ร travers elle que se transmettent les fondements des systรจmes de valeur dโun groupe. Lโรฉtablissement et le fondement dโun groupe sโappuient toujours sur la dรฉfense des intรฉrรชts communs. En effet, sans aucune culture commune, un groupe nโa pas sa raison dโรชtre.
La dynamique de la culture
La culture est en elle-mรชme un objet de changement. Nulle culture nโest statique. On peut lโestimer comme un รฉlรฉment dynamique en รฉvolution perpรฉtuelle. De toutes les maniรจres, la culture est dynamique et manifeste des changements continus et constants. Elle se transmet et se construit suivant les gรฉnรฉrations, selon lโindividu qui a pour tรขche de la transmettre. Ni la rigiditรฉ des rรจgles de conduite ni lโexistence ni lโaviditรฉ des sanctions strictes infligรฉes aux dรฉviants ni lโisolement du groupe ni la simplicitรฉ de la culture matรฉrielle ne peuvent freiner et bloquer le dynamisme culturel. Dans un certains temps, des changements se sont manifestรฉs mรชme dans les sociรฉtรฉs ayant un degrรฉ รฉlevรฉ de conservatisme,ยซ ils peuvent รชtre minimes mais ils nโen existent pas moins7ยป. Plusieurs processus entrent en jeu dans le changement culturel ร savoir lโacculturation, la dรฉculturation, lโenculturation, lโinculturation et la transculturation. Il est รฉvident que dans le processus du brassage culturel, des individus peuvent subir la consรฉquence de ces cinq phรฉnomรจnes. En adhรฉrent au sein dโune congrรฉgation, tout le monde est embarquรฉ ร adopter des nouvelles valeurs qui lui semble parfois รฉtrange, des valeurs diffรฉrentes des siennes. Cela peut ensuite provoquer une perte de la culture du sien. Ce processus de perte culturelle peut commencer par lโacquisition des nouvelles valeurs suite ร plusieurs contacts avec une ou des autres groupes qui nouent des รฉchanges ou des liens รฉtroits ร lโindividu qui a subit la perte.
Pour ce qui est des mรฉcanismes de changement culturel, ils peuvent รชtre ร lโorigine soit des contacts avec lโextรฉrieur soit des innovations qui surgies au niveau des relations interpersonnelles des membres du groupe. Le premier mรฉcanisme est fortement liรฉ ร la diffusion des nouvelles valeurs tandis que le deuxiรจme est en relation avec la curiositรฉ ou le besoin qui soit stimulรฉ par le premier. Il faut souligner que la promotion des valeurs occidentales a une part importante ร la stimulation de la curiositรฉ humaine. Plus il y a promotion de nouvelles valeurs plus la sociรฉtรฉ a tendance ร en adopter. En tout cas, cโest tout ร fait รฉvident que le changement culturel existe vue la pression exercรฉe par le milieu extรฉrieur.
De lโuniversalisme au relativisme
En matiรจre dโuniversalisme et relativisme, tant dโauteurs ont consacrรฉ beaucoup de travaux sur ces deux propos extrรชmes.
Lโuniversalisme culturel est une thรฉorie qui prรดne lโapplication dโun seul systรจme de valeur ร lโensemble de toute sociรฉtรฉ. Ainsi, les exigences des codes sociaux sโappliquent ร tout le monde sans aucune distinction. Les codes sociaux sont formulรฉs en termes de principes universels, cโest-ร -dire applicables ร tout le monde. Cela ne parait-elle pas utopique dโimaginer et de considรฉrer la culture comme un รฉlรฉment commun ร toute la sociรฉtรฉ ? Sans aucun doute, mais si on insiste sur lโuniversalitรฉ de la culture, cโest quโelle est universelle en tant quโacquisition humaine. Au contraire, chaque culture a des manifestations locales uniques bien diffรฉrentes des autres.
E.B. Tylor considรจre la culture comme synonyme de la civilisation. Il envisage la culture comme des traits humains pouvant รชtre transmis socialement et mentalement mais non biologiquement. Il a mรชme essayรฉ dโenvisager la culture en lโopposant ร la nature contrairement aux pionniers de la thรฉorie relativiste. La perspective de Tylor est trรจs ancrรฉe dans la thรฉorie universaliste. Celui-ci trouve que la diffรฉrence culturelle tรฉmoigne de la diffรฉrence de degrรฉ dโavancement entre les sociรฉtรฉs. De toute maniรจre, la considรฉration de certains peuples traitant les autres comme des peuples sans histoire ou peuples sans รฉcriture est le produit des travaux faits par les thรฉoriciens universalistes. La perspective universaliste indique quโil y a une hiรฉrarchisation des valeurs. Cette affirmation peut susciter un objet de controverse pour certains chercheurs parce que cette hiรฉrarchisation entraine, dโune faรงon ou dโune autre, le dรฉnigrement de certaines cultures dont les dรฉtenant sont des minoritรฉs au sein dโune sociรฉtรฉ. Lโhiรฉrarchisation de la culture va ainsi de la plus simple au plus complexe. Pour cela, toute culture ne se trouve pas sur le mรชme pied dโรฉgalitรฉ. Toute culture nโest pas bonne et tolรฉrable. Il est vrai que lโuniversalisme reconnaisse les diffรฉrences culturelles mais il se repose sur un jugement ethnocentrique.
Par opposition ร lโuniversalisme culturel et rompant avec lโethnocentrisme, le relativisme culturel renonce ร tout idรฉe de lโhiรฉrarchisation de la culture. Franz Boas est le pionnier du relativisme culturel. Pour lui, chaque culture a sa propre originalitรฉ. Boas introduit la notion de relativisme culturel pour supprimer les prรฉjugรฉs dans les รฉtudes scientifiques. Il a soutenu que chaque culture doit รชtre explorรฉe, รฉtudiรฉe et รฉvaluรฉe par rapport ร ses propres normes.
La culture dโun peuple est relative aux diffรฉrentes sociรฉtรฉs. Nulle culture nโest liรฉe ร un principe universel. Le relativisme autorise et prรดne la diffรฉrence culturelle sans avoir recours ร la hiรฉrarchisation des cultures en tenant compte des valeurs de chaque sociรฉtรฉ. Le relativisme privilรฉgie le contexte et le bien-fondรฉ des modes de conduite des membres dโune sociรฉtรฉ ร tel point que les croyances et les comportements doivent รชtre รฉvaluรฉs selon les normes de chaque culture. Plus prรฉcisรฉment ร partir de la comprรฉhension des normes rรฉgissant la sociรฉtรฉ mais non ร partir de vue extรฉrieur qui ne comprend guรจre ces normes. Toutefois, cette thรฉorie ne distingue pas le bien du mal que si elle ne sโappuyer sur le mode de vie de groupe. Elle nโapporte aucun jugement sur le fait. De plus, pour la perspective relativiste, toute action est acceptable lorsquโelle est dรฉfendue par le contexte culturel.
La sociologie culturaliste
Historiquement, la sociologie culturaliste, un courant de pensรฉe trรจs dรฉveloppรฉ aux Etats-Unis vers les annรฉes 30 jusquโaux annรฉes 50, est un courant qui a pu inventer lโassociation entre la psychanalyse et lโanthropologie pour apprรฉhender les faits sociaux. Le pรจre initiateur est Franz Boas.
Le culturalisme est un paradigme qui a modelรฉ lโanthropologie amรฉricaine de cette รฉpoque. Lโรฉcole culturaliste appelรฉe encore culture et personnalitรฉ trouve son essor dans lโUniversitรฉ de Columbia. Les chefs de file de cette รฉcole sont les trois anthropologues dont Ruth Benedict (1887-1948), Margaret Mead (1901-1978), Ralph Linton (1893-1953) et le psychanalyste Abram Kardiner. Pour ces quatre auteurs, la culture est la somme globale des attitudes, des idรฉes et des comportements avec leurs rรฉsultats qui peuvent รชtre des objets manufacturรฉs. Les culturalistes accordent une importance capitale ร la culture comme รฉlรฉment explicatif des fonctionnements de la sociรฉtรฉ cโest-ร -dire les fonctionnements et les disfonctionnements sociaux sont dโorigine culturel. Pour eux, la culture est prรฉsente chez un individu mais elle oriente รฉgalement ses comportements. Les composantes de la culture influencent la personnalitรฉ. En effet, plusieurs anthropologues sont dโaccord sur le fait que la culture est le produit dโun apprentissage dรฉterminรฉ par lโenvironnement biologique et social des hommes. Cโest un รฉlรฉment structurรฉ, variable et dynamique qui comporte plusieurs facettes. Considรฉrรฉe comme un instrument permettant dโajuster les comportements individuels ร lโordre social, la culture est alors un support de la rรฉgularitรฉ sociale.
La sociologie culturaliste met ainsi en รฉvidence trois fondements : la suprรฉmatie de la culture, la formation ร travers le conditionnement, et le caractรจre primordiale des premiรจres relations. En dโautres termes, la culture est le point de dรฉpart afin de comprendre lโordre social. Elle sโimpose ร lโindividu comme un fait contraignant en vue de forger sa personnalitรฉ sans aucune contradiction avec le consensus dรฉjร รฉtabli et quโelle rรฉsulte de lโapprentissage et de lโincorporation des rรจgles de conduite gรฉnรฉral dรจs la naissance. A lโรฉgard de lโethnocentrisme occidental, les culturalistes rendent compte de la diversitรฉ culturelle en adoptant la notion de sous-culture et de contre culture. Cependant, beaucoup de critiques ont รฉtรฉ faits ร lโรฉgard de la sociologie culturaliste en raison du dรฉterminisme culturel qui est un postulat sur lequel les choix individuels sont dรฉterminรฉs par la culture elle-mรชme. Par ce postulat, les individus sont considรฉrรฉs comme des objets dotรฉs dโune passivitรฉ non comme des sujets qui sont dotรฉs de capacitรฉ dโaction. De par ce fait, il y a imprรฉgnation dโune certaine socialisation mรฉcanique en vue de susciter la reproduction culturelle. En dโautre maniรจre, lโindividu est devenu une sorte dโ ยซ idiot culturel ยป parce quโil est incapable de choisir personnellement sa culture vis-ร -vis de son sentiment dโappartenance. De plus sa socialisation nโest rรฉussie que sโil a subi un processus de programmation par ses expรฉriences passรฉes.
Gรฉnรฉralement la culture est un รฉlรฉment complexe. Chaque auteur a sa maniรจre de concevoir le concept. Malgrรฉ cela, des points de vue convergent sur le fait que la culture est un outil exigible pour assurer la socialisation dโun individu. Cโest par lโassimilation et lโintรฉriorisation des normes prรฉรฉtablis par les modรจles culturels quโil devienne un รชtre socialisรฉ. Cโest son adaptation ร ces normes qui le fait intรฉgrer dans son groupe. Nous avons pu remarquer quโil existe deux conceptions diffรฉrentes de la culture ร savoir lโuniversalisme et le relativisme. Lโuniversalisme extrรชme prรดne lโuniversalitรฉ et lโรฉtude de la culture suivant une norme prรฉรฉtablie universellement en se heurtant ร la hiรฉrarchisation de la culture. De son cotรฉ, le relativisme consiste ร รฉtudier la culture tout en se rรฉfรฉrant ร ses normes, aux valeurs des peuples qui la dรฉtiennent.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : CADRAGE GENERAL
INTRODUCTION PARTIELLE
CHAPITRE I.DELIMITATION CONCEPTUELLE
I.NOTION DE LA CULTURE
II. DEFINITION SELON LES AUTEURS
1. Ralph LINTON
2. Bronislaw MALINOWSKI
III. BRASSAGE CULTUREL
VI. APPROCHE SCIENTIFIQUE DE LA CULTURE
1. Les fonctions de la culture
2. La dynamique de la culture
3. De lโuniversalisme au relativisme
4. La sociologie culturaliste
CHAPITRE II. CARACTERISTIQUES DU TERRAIN
I. HISTORIQUES
1. Histoire des missions ร Madagascar
2. Historique de lโEglise FJKM
3. Historique de lโEglise FJKM ZFA
II. LOCALISATION GEOGRAPHIQUE
III. DIVERSITE CULTURELLE AU SEIN DE LโEGLISE
1) Associations ecclรฉsiastiques
2) Les groupes
IV. ORGANISATION INTERNE
CONCLUSION PARTIELLE
DEUXIEME PARTIE : ANALYSES DE LA DYNAMIQUE DE GESTION DU BRASSAGE CULTUREL
INTRODUCTION PARTIELLE
CHAPITRE III. LES CARACTERISTIQUES DES ENQUETES
I. CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES
1. Age
2. Le sexe
3. Niveau dโinstruction
4. La catรฉgorie socio-professionnelle
5. Groupe ethnique
II. FACTEURS DโINTEGRATION DES CHRETIENS
1. Adhรฉsion au sein des associations
2. Participation aux activitรฉs associatives
CHAPITRE IV. LE BRASSAGE CULTUREL
I. MANIFESTATIONS
1. Pratiques et activitรฉs langagiรจres
2. Arts
3. Tabous et interdits
4. Mode vestimentaire
II. DYNAMIQUE DE GESTION
1. Essences du christianisme et brassages culturel
2. Organisation des activitรฉs rรฉcrรฉatives
CHAPITRE V. IMPACTS DU BRASSAGE CULTUREL
I. IMPACTS SUR LโINDIVIDU
1. Emprunt culturel
2. Adaptation aux environnements sociaux
3. Acculturation
4. Dรฉculturation
5. Syncrรฉtisme
II. IMPACTS SUR LA VIE ECCLESIASTIQUE
1. Mariage interethnique
2. Transculturation
CONCLUSION PARTIELLE
TROISIEME PARTIE : APPROCHE PROSPECTIVE ET RECOMMANDATIONS INTRODUCTION PARTIELLE
CHAPITRE VI. LES REPERCUSSIONS SOCIALES DU BRASSAGE CULTUREL
I. LE BRASSAGE CULTUREL COMME SOURCE DE COHESION
II. LE BRASSAGE CULTUREL REPRESENTE UN ATOUT DE LโEGLISE
III. LE BRASSAGE CULTUREL COMME SOURCE DE SEGREGATION
CHAPITRE VII. SUGGESTIONS ET RECOMMANDATIONS
I. SUGGESTIONS
II. RECOMMANDATIONS
CONCLUSION PARTIELLE
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
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