Dans une économie, l’activité générale des entreprises porte sur la production et la commercialisation des biens et services. Les structures de production utilisent des éléments entrants (matières premières, travail, et capital), appelés « inputs » pour obtenir des produits finis, appelés « outputs ». Par ailleurs, les structures de commercialisation assurent la distribution des marchandises. L’objectif de toute entreprise est d’être rentable, de satisfaire ses clients et de maximiser les profits susceptibles d’assurer son autofinancement et sa pérennité. Ainsi, pour atteindre cet objectif, les entreprises définissent des stratégies pour fidéliser leurs clientèles et cherchent à améliorer leurs performances.
La performance d’une entreprise dépend de sa capacité à affronter, à influencer et à résister aux pressions de son environnement concurrentiel. Le modèle des cinq forces de PORTER est un outil d’analyse stratégique de l’environnement concurrentiel, qui met bien en évidence la notion de performance d’entreprise. Il permet d’identifier les forces de l’environnement concurrentiel et leurs intensités, ainsi que des stratégies pour obtenir un avantage concurrentiel et réaliser des profits supérieurs à la moyenne du secteur. Il s’agit de l’intensité concurrentielle, du pouvoir de négociation des clients, du pouvoir de négociation des fournisseurs, la menace des nouveaux entrants, la menace des produits de substitution et les contraintes légales imposées par l’État (LOPEZ, 2010).
En outre, les entreprises s’interrogent aussi sur leurs capacités à maitriser leur environnement économique qui de nos jours exige une utilisation accrue des technologies et une compétitivité intense. Dans le même souci de rentabilité, les entreprises sont tenues de gérer rigoureusement les ressources dont elles disposent en mettant en place des règles et des procédures. Ainsi, pour garantir la qualité de leur contrôle interne, assainir leur gestion et œuvrer pour leur survie tout en restant performantes, de nombreuses entreprises choisissent de mettre en place au sein de l’organisation, un audit interne, conformément aux normes régissant leurs activités.
Processus de gestion des stocks
Face à la nécessité d’évoluer dans un environnement concurrentiel global, facteur crucial de performance, les entreprises doivent effectuer une gestion rigoureuse de toutes les fonctions entrant dans leurs cycles d’exploitation. Parmi ces fonctions, celle de la gestion des stocks représente la majeure partie de l’exploitation et constitue la fonction qui stimule la rentabilité. Vu l’importance des stocks, il est nécessaire de suivre le processus de gestion des stocks et de déceler les risques opérationnels liés à celui-ci, tout en mettant en place des dispositifs de maîtrise de ces risques, pour une bonne rentabilité des entreprises.
Définition et utilité des stocks
Selon OBERT (2013 : 244), les stocks représentent dans de nombreuses entreprises commerciales ou industrielles, les actifs de base de leur activité.
Les stocks (ou valeurs d’exploitation) sont constitués de marchandises, de matières premières, de matières consommables, de fournitures, d’emballages, des produits en cours, de services en cours, de produits finis, de produits intermédiaires et résiduels, des stocks en cours de route, en consignation ou en dépôt et des dépréciations de stocks (BARRY, 2009 : 110). Ces stocks doivent être la propriété de l’entreprise et sont destinés :
o soit à la vente en l’état ;
o soit à être utilisés dans le processus de production, pour fabriquer un sousensemble, ou un produit fini, qui servira ensuite, à la production ou à la vente ;
o à être réparé, “mis à jour” ou recyclé .
Vu la définition des stocks, la mise en place de stocks permet la continuité de l’exploitation en cas de retard entre les délais de livraison prévus et les délais de réception, les écarts entre la demande prévue et la demande réelle. Son utilité est de se prémunir contre la rupture de stock nécessaire au fonctionnement du cycle d’exploitation de l’entreprise.
Les sous-processus de la gestion des stocks
La gestion des stocks est un ensemble de techniques et outils au service de l’organisation des flux d’une entreprise. Selon JAVEL (2004 : 27) « la qualité principale d’une bonne gestion des stocks est de pouvoir satisfaire la demande d’un client, qu’il soit interne ou externe, dès l’expression de son besoin. Pour cela, il sera nécessaire d’approvisionner, au préalable, suffisamment de produits pour éviter toute rupture de stock au moment de la demande ».
De manière à avoir une conception explicite et particulière du processus de gestion des stocks, nous avons opté pour un découpage en sept sous-processus, de la façon suivante:
o l’expression du besoin ;
o la réception des marchandises ou articles ;
o la protection des stocks ;
o le traitement comptable des stocks ;
o l’inventaire physique des stocks ;
o la valorisation et la dépréciation des stocks ;
o la sortie d’article du magasin.
L’expression du besoin
La phase d’expression du besoin permet de déterminer la nature du besoin de manière qualitative et quantitative. Tout processus de gestion de stock commence par l’identification et l’évaluation des besoins. Le produit qui fera l’objet d’une commande doit être identifié et les quantités à acheter déterminées.
L’expression du besoin regroupe toutes les opérations de :
o identification, par article, du stock minimum de sécurité à détenir et à partir duquel la commande doit être déclenchée et du stock maximum à atteindre et à ne pas dépasser pour éviter le sur stockage et la rupture de stock ;
o estimation des quantités optimales à commander compte tenu des données, des contraintes de production et des délais de rotation des articles (BARRY & al, 2009 : 111-112).
La réception des marchandises
La réception est l’acte par lequel le destinataire des marchandises prend possession de ces dernières au moment de leur livraison par le fournisseur ou un tiers désigné «transporteur ». Elle est faite par un réceptionnaire et se matérialise par l’augmentation du stock existant. La remise de la marchandise par le transporteur est effectuée contre signature par le client réceptionnaire d’un BL (bon de livraison). En règle générale, la signature matérialise le transfert de propriété et déclenche le paiement de la facture commerciale selon la DA (demande d’achat) passée avec le fournisseur.
Pour les grandes entreprises, la réception de la marchandise est assurée par un service réception, dépendant directement des achats. Ce service a pour missions de :
o recevoir les livraisons des transporteurs ou des fournisseurs eux-mêmes ;
o identifier, contrôler, et enregistrer toutes les marchandises qui entrent en stock ;
o signer les bons de livraison présentés par les transporteurs ou fournisseurs ;
o informer les services achats, le magasin (s’il n’en dépend pas), les services utilisateurs et du contrôle ;
o mettre le plus rapidement possible ces marchandises à disposition du magasin ou des entités destinataires (BRUEL & MENAGE, 2014 : 128-129).
La protection des stocks
Au sein d’une entreprise, il ne suffit pas d’avoir un stock, mais c’est plutôt la manière de le gérer qui importe le plus. BARRY (2009 : 113) précise que la protection des stocks regroupe « toutes les procédures mises en place pour assurer la sauvegarde des articles en stocks ». La protection des stocks est définie comme une technique de maintien d’un stock suffisant et nécessaire à la maitrise des problèmes pour être à même de contrôler et réglementer les flux d’entrées et les flux de sorties.
Le traitement comptable des stocks
Selon GANDY (2011 : 9), « la comptabilité consiste à enregistrer tous les mouvements (achats, ventes, règlements, augmentation et remboursements d’emprunts…) qui affectent au moins deux comptes du bilan ou du compte de résultat (ou 1 compte du bilan et 1 compte du compte de résultat) ».
Dans le souci d’obtenir des informations fiables sur la gestion des stocks, les chefs d’entreprise s’orientent de plus en plus vers la gestion des stocks informatisée. Elle permet de traiter tous les aspects concernant l’identification des articles en stock et les données qui le caractérisent : prix, règle de valorisation, catégorie ABC, etc. (ZERMATI & MOCELLIN, 2005 : 148). La qualité de la gestion des stocks informatisée dépend fortement de la qualité des opérations comptables. Il est également nécessaire de faire le décompte manuel des quantités de marchandises stockées. Le but principal de ce décompte est de faire une comparaison entre le stock théorique (celui fourni par le logiciel) et le stock physique, afin de déceler les différences de quantités ; l’erreur de comptabilisation et de valorisation ; les stocks dormants …. Le contrôle des écarts, la régularisation et la validation des données sont faits par des contrôleurs de gestion (internes et/ou externes à l’entreprise).
La sortie d’article du magasin
La sortie des articles en stock est effectuée soit pour satisfaire une demande des consommateurs (les clients) ou par une demande de consommation des services internes à l’entreprise, soit pour une mise au rebut. Lors de la sortie des articles pour consommation, le chargé de la gestion du magasin procède à la sortie de la quantité demandée et au remplissage des documents fondamentaux que sont : le bon de sortie ou le bon de livraison ou encore le bordereau de livraison, la fiche de stock, etc. Elle se matérialise par la diminution du stock existant.
L’inventaire physique des stocks
BARRY (2009 : 113) définit l’inventaire physique des stocks comme « une fonction particulièrement importante. Elle comprend toutes les opérations de recensement physique des stocks de l’entreprise, en vue de conforter ou, en cas d’écart, de rectifier les soldes comptables des stocks ». Ainsi, le rapprochement entre l’inventaire physique et l’inventaire théorique peut se conclure soit à un écart négatif appelé mali d’inventaire, soit à un écart positif appelé boni d’inventaire.
La valorisation et la dépréciation des stocks
La valorisation des stocks d’une entreprise consiste à déterminer le montant des stocks lors de leurs entrées au bilan ainsi que lors de leurs sorties. Le choix de la méthode de valorisation des stocks doit prendre en compte les réalités économiques de l’entreprise, mais aussi les exigences de l’enregistrement comptable et de la législation fiscale en vigueur dans chaque pays.
Les stocks doivent être évalués au :
o coût d’achat, dans le cas des matières premières, des matières consommables, des fournitures ou des marchandises ;
o coût de production et prix de revient dans le cas des produits semi-finis, des produits finis en stock ou livrés aux clients, des travaux.
Les coûts utilisés pour l’évaluation des stocks proviennent de la comptabilité analytique ou à défaut de calculs statistiques. Lorsque les produits en stocks sont identifiables (par des numéros de série ou sur la base de leur date d’acquisition ou de fabrication), l’évaluation des stocks à la sortie du magasin doit être effectuée au coût réel. Dans le cas contraire, ils sont évalués selon la méthode CMP (Coût Moyen Pondéré).
Au plan comptable et fiscal, les méthodes généralement admises sont celles du CMP, du coût réel et du FIFO (First In-First Out). Selon le principe de permanence des méthodes, les entreprises doivent conserver d’un exercice sur l’autre la même méthode de valorisation des stocks. Dans le cas contraire, elles doivent indiquer explicitement le changement de méthode et dégager son incidence sur le résultat de l’exercice au cours duquel il est intervenu (BARRY, 2009 : 138-140).
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
Chapitre 1 : Processus de gestion des stocks
1.1. Définition et utilité des stocks
1.2. Les sous-processus de la gestion des stocks
1.2.1. L’expression du besoin
1.2.2. La réception des marchandises
1.2.3. La protection des stocks
1.2.3.1. Le suivi des niveaux des stocks
1.2.3.2. Le rangement des stocks
1.2.4. Le traitement comptable des stocks
1.2.5. La sortie d’article du magasin
1.2.6. L’inventaire physique des stocks
1.2.7. La valorisation et la dépréciation des stocks
1.3. Les risques opérationnels liés au processus de gestion des stocks et les dispositifs de maîtrise
1.3.1. Les risques opérationnels liés au processus de gestion des stocks
1.3.1.1. Les risques liés à l’expression du besoin
1.3.1.2. Les risques liés à la réception des livraisons
1.3.1.3. Les risques liés à la protection des stocks
1.3.1.4. Les risques liés au traitement comptable des stocks
1.3.1.5. Les risques liés aux sorties des articles du magasin
1.3.1.6. Les risques à l’inventaire physique des stocks
1.3.1.7. Les risques liés à la valorisation et la dépréciation des stocks
1.3.2. Les dispositifs de maîtrise des risques liés au processus de gestion des stocks
Chapitre 2 : Audit du processus de gestion des stocks
2.1. La démarche d’audit du processus de gestion des stocks
2.1.1. La phase de planification de la mission
2.1.1.1. Précision des objectifs et du périmètre de la mission
2.1.1.2. Conduite de la mission d’ouverture
2.1.1.3. Analyse des processus et leurs objectifs
2.1.1.4. Identification et évaluation des risques
2.1.1.5. Evaluation de la conception du dispositif du contrôle
2.1.1.6. Validation du référentiel d’audit
2.1.1.7. Sélection des objectifs d’audit
2.1.1.8. Elaboration du programme de travail
2.1.1.9. Ajustement du budget et l’allocation des ressources
2.1.1.10. Validation de l’organisation de la mission
2.1.2. La phase d’accomplissement de la mission
2.1.2.1. Conduite de la réunion de lancement de la phase d’accomplissement
2.1.2.2. Collecte des informations et constitution des preuves d’audit
2.1.2.3. Validation des preuves d’audit
2.1.2.4. Analyse des causes et élaboration des recommandations
2.1.3. La phase de communication des résultats
2.1.3.1. Conduite de la réunion de clôture
2.1.3.2. Finalisation du plan d’action
2.1.3.3. Rédaction du rapport d’audit
2.1.3.4. Validation du rapport d’audit
2.2. Outils et techniques d’audit du processus de gestion des stocks
2.2.1. Les outils et techniques de la phase de planification
2.2.1.1. Outils et techniques de prévision des objectifs, du périmètre de la mission et conduite de la réunion d’ouverture
2.2.1.2. Outils et techniques d’analyse des processus et leurs objectifs
2.2.1.3. Outils et techniques d’identification et évaluation des risques
2.2.1.4. Outils et techniques d’évaluation du dispositif de contrôle interne
2.2.1.5. Outils et techniques de sélection des objectifs d’audit et validation du référentiel d’audit
2.2.1.6. Outils et techniques d’élaboration du programme de travail
2.2.1.7. Outils et techniques d’ajustement du budget et validation de l’organisation de la mission
2.2.2. Les outils et techniques de la phase d’accomplissement
2.2.2.1. Outils et techniques de conduite de la réunion de lancement de la phase d’accomplissement
2.2.2.2. Outils et techniques de collecte des informations, de la constitution et de la validation des preuves d’audit
2.2.3. Les outils et techniques de la phase de communication
Chapitre 3 : Méthodologie de l’étude
3.1. Modèle d’analyse
3.2. Les outils de collecte et d’analyse des données
3.2.1. Les outils de collecte des données
3.2.1.1. L’entretien
3.2.1.2. Diagramme de circulation
3.2.1.3. Analyse documentaire
3.2.1.4. L’observation physique
3.2.1.5. Le tableau d’identification des risques
3.2.2. Les outils d’analyse des données
3.2.2.1. Le questionnaire de contrôle interne
3.2.2.2. La grille de séparation des tâches
3.2.2.3. Le sondage
3.2.2.4. Les tests d’audit
CONCLUSION GENERALE