DEFINITIONS DES NAUSEES ET VOMISSEMENTS
a. Dรฉfinition de la nausรฉe La nausรฉe est une sensation dรฉsagrรฉable dโenvie de vomir, souvent accompagnรฉe de symptรดmes du SNA comme par exemple une pรขleur, des sueurs froides, sialorrhรฉe, tachycardie, et diarrhรฉe [14]. Elle correspond ร une sensation de malaise ou dโinconfort au niveau de lโestomac qui se traduit par un รฉcลurement ou une envie de vomir. Elle peut รชtre passagรจre et prรฉcรฉder le vomissement, ou au contraire รชtre permanente, ce qui en fait un symptรดme dโautant plus pรฉnible quโelle dure.
b. Dรฉfinition du vomissement Le vomissement ou รฉmesis se dรฉfinit comme รฉtant un acte de rejet actif par la bouche du contenu gastro-intestinal. Il rรฉsulte dโun effort pรฉnible associant des contractions, non seulement des muscles abdominaux et du diaphragme mais aussi des spasmes digestifs avec ouverture du cardia [14]. Il sโaccompagne de modifications rรฉflexes de la respiration et de manifestations dโune hyper excitation vagale avec hyper salivation et bradycardie.
c. Nausรฉes et Vomissements Postopรฉratoires (NVPO): Les NVPO reprรฉsentent lโensemble des nausรฉes et vomissements survenant dans les vingt-quatre premiรจres heures suivant un acte chirurgical [1].
Centre de vomissementย
ย Le centre de vomissement correspond ร la zone situรฉe dans la formation rรฉticulรฉe latรฉrale de la moelle รฉpiniรจre (partie allongรฉe du mรฉsencรฉphale ou rรฉgion du noyau solitaire) et comprend une sรฉrie de noyaux moteurs, y compris le noyau ambigu, les groupes de noyaux ventraux et dorsaux de la respiration, et le noyau moteur dorsal du nerf vague. Cette zone est responsable du contrรดle et de la coordination des vomissements [15] La rรฉponse respiratoire est caractรฉrisรฉe par une contraction simultanรฉe du diaphragme, des muscles abdominaux et des muscles intercostaux expiratoires. Quant ร la rรฉponse digestive, elle rรฉsulte de la contraction rรฉtrograde gรฉante du petit intestin et de lโantre gastrique, de la relaxation du corps et du fundus gastrique ainsi que de lโลsophage thoracique, enfin de la contraction rรฉtrograde de lโลsophage cervical. Selon les recherches, la sensation de nausรฉe serait liรฉe au gyrus frontal infรฉrieur du cortex cรฉrรฉbral. La neurochimie du centre du vomissement est complexe puisquโelle fait intervenir plus de 30 neurotransmetteurs. Deux dโentre eux, l’acรฉtylcholine et l’histamine, sont particuliรจrement importants car les mรฉdicaments qui antagonisent ces substances ont un effet central sur les NVPO. La majoritรฉ des neurorรฉcepteurs impliquรฉs sont de type excitateurs c’est-ร -dire quโils produisent des nausรฉes et vomissements si stimulรฉs, cโest le cas des rรฉcepteurs pour lโhistamine de type 1, pour la sรฉrotonine de type 2 et les cholinergiques muscariniques. Il existe cependant des neurorรฉcepteurs de type inhibiteurs (rรฉcepteurs ฮผ opioรฏdes). Le Centre de Vomissement est sollicitรฉ par des voies affรฉrentes directes et indirectes :
Les affรฉrentes directes : proviennent de diffรฉrents niveaux:
-Niveau pรฉriphรฉrique :
โข Lโotorhino pharynx qui transporte des sensations tactiles, olfactives, et gustatives et expliquent les vomissements provoquรฉs par les mauvaises odeurs ou les aliments qui soulรจvent les dรฉgouts.
โข Lโarbre bronchique qui rend compte des vomissements provoquรฉs par lโencombrement bronchique ou les quintes de toux.
โข Le tractus digestif avec lโintervention des mรฉcanorรฉcepteurs et des chimiorรฉcepteurs.
-Niveau central :
โข Le cortex cรฉrรฉbral qui explique la part importante jouรฉe par les fonctions supรฉrieures.
โข Les noyaux vestibulaires, trรจs sollicitรฉs dans le mal des transports, les vertiges.
โข Les mรฉninges.
Les affรฉrentes indirects : par stimulation de la zone gรขchette situรฉe dans lโarea postrema (niveau central). Les voies effรฉrentes du vomissement sont les nerfs phrรฉniques jusquโau diaphragme, les nerfs spinaux jusquโร la musculature abdominale, et les nerfs viscรฉraux effรฉrents vers lโestomac et lโลsophage. Les neurorรฉcepteurs impliquรฉs au niveau du Centre de Vomissement sont de deux types : les rรฉcepteurs excitateurs (rรฉcepteurs histaminiques de type 1, cholinergiques muscariniques et sรฉrotoninergiques de type 2) et les rรฉcepteurs inhibiteurs (rรฉcepteurs opioรฏdes ยต). La distension des parois du tractus gastro-intestinal aboutit ร une stimulation du Centre de Vomissement via le nerf vague (nerf X), ce qui dรฉclenche le rรฉflexe du vomissement [17].
Mรฉcanisme de la nausรฉe et du vomissementย
ย La nausรฉe est en gรฉnรฉral associรฉe ร une diminution de lโactivitรฉ motrice de lโestomac, du duodรฉnum et de lโintestin grรชle. La sensation de nausรฉe serait liรฉe au gyrus frontal infรฉrieur du cortex cรฉrรฉbral. Aprรจs une phase de nausรฉe et un intervalle bref de haut-de-cลur, une sรฉquence de mouvements viscรฉraux involontaires provoque le vomissement lui-mรชme. Le phรฉnomรจne dโรฉjection forcรฉe dรฉpend avant tout de la musculature abdominale. Coรฏncidant avec une relaxation du fundus gastrique et du sphincter gastro-ลsophagien, une brusque augmentation de la pression abdominale est provoquรฉe par une contraction forcรฉe du diaphragme qui descend. La ventilation s’arrรชte et les sphincters gastrique et ลsophagien se relรขchent. Une pression intra-thoracique accrue rejette le contenu ลsophagien vers la bouche. Une inversion du sens normal du pรฉristaltisme ลsophagien joue un rรดle dans ce processus : un rรฉflexe dโรฉlรฉvation du voile du palais pendant le vomissement empรชche lโentrรฉe du matรฉriel ainsi expulsรฉ dans le nasopharynx tandis quโun rรฉflexe de fermeture de la glotte et dโinhibition de larespiration empรชche que lโexpulsion se fasse vers les poumons. Ainsi, ce mรฉcanisme renvoie le bol alimentaire vers le haut dans l’estomac avec majoration de la salivation .
Epidรฉmiologie des nausรฉes et vomissements postopรฉratoires
a. Incidences Les nausรฉes et vomissements sont des effets indรฉsirables particuliรจrement pรฉnibles, redoutรฉs et frรฉquents au dรฉcours dโune intervention chirurgicale. Bien que rarement mortels et ne devenant jamais chroniques, les nausรฉes et vomissements postopรฉratoires se rรฉvรจlent รชtre un facteur de stress important et dโinconfort pour le patient. Approximativement 30% de lโensemble des patients sont sujets ร des nausรฉes et vomissements postopรฉratoires (NVPO) et, dans certains groupes ร risque, cette incidence peut atteindre 80%. La frรฉquence des nausรฉes et vomissements postopรฉratoires varie selon les รฉtudes, avec une moyenne autour de 25 ร 30% [23]. Dans une รฉtude publiรฉe par la Facultรฉ de mรฉdecine U.L.P. de Strasbourg, les NVPO surviennent chez 10% des patients admis en SSPI [24]. Selon KOIVURANTA, lโincidence des NVPO en SSPI serait de 20% dont 5% pour les vomissements seuls [25]. Pour sa part, BASTIA et al. ont trouvรฉ, lors dโune รฉtude menรฉe sur 266 patients, que 33 dโentre eux, soit 12,4% des patients avaient prรฉsentรฉ des NVPO au bloc opรฉratoire [26]. En rรฉalitรฉ, les rรฉsultats peuvent diffรฉrer selon les contextes. Par exemple, lโรฉtude sรฉparรฉe de lโincidence des nausรฉes et des vomissements aboutit ร un taux de 50% comme taux dโincidence des NVPO aprรจs anesthรฉsie halogรฉnรฉe dont la moitiรฉ รฉtait des vomissements [27]. Ils sont une des causes principales de rรฉadmission inopinรฉe aprรจs chirurgie ambulatoire [28]. Le taux de rรฉadmission des patients pour NVPO rรฉfractaires ร tout traitement est estimรฉ entre 0,2 et 2% [7]. Lors de la chirurgie ophtalmique, lโincidence des NVPO reste trรจs รฉlevรฉe : TRAMER trouve un taux variant de 50 ร 60% [29] et van den BERG une incidence de 37 ร 85% [30].
b. Terrains et facteurs de risque
Facteurs liรฉs ร la chirurgie L’incidence des NVPO aprรจs anesthรฉsie gรฉnรฉrale est directement influencรฉe par le site opรฉratoire et certaines procรฉdures chirurgicales.
Type de chirurgie ร haut risque La chirurgie par voie laparoscopique abdominale et particuliรจrement de la sphรจre gynรฉcologique est associรฉe ร une incidence de NVPO รฉlevรฉeย [31]. La stimulation d’affรฉrences abdominales par distension des รฉlรฉments du tractus digestif et traction pรฉritonรฉale joue probablement un rรดle prรฉdominant dans l’apparition de NVPO. Le rรดle de la phase du cycle menstruel reste ici cependant ร confirmer [32]. La chirurgie ophtalmique, en particulier extra-oculaire (strabisme) chez l’enfant, est aussi une procรฉdure associรฉe ร une incidence รฉlevรฉe de NVPO. Cependant il semble que la technique chirurgicale soit le dรฉterminant principal [33]. La chirurgie ORL, de la face et du cou est aussi une procรฉdure ร haut risque. La stimulation directe des affรฉrences vestibulaires et/ou vagales en particulier semble expliquer l’incidence รฉlevรฉe de NVPO.
Durรฉe de la chirurgie L’incidence des NVPO augmente avec la durรฉe de la procรฉdure chirurgicale [34]. L’accroissement progressif de la rรฉponse au stress chirurgical (effet adrรฉnergique), ainsi que l’accumulation d’agents anesthรฉsiques potentiellement รฉmรฉtogรจnes (par exemple les vapeurs halogรฉnรฉes ou les morphiniques) pourraient favoriser l’apparition de ces effets indรฉsirables.
Facteurs liรฉs ร lโanesthรฉsie
-La prรฉmรฉdication
โขOpiacรฉs : Il est clairement dรฉmontrรฉ que lโutilisation des morphiniques en prรฉmรฉdication accroรฎt le risque des NVPO [35]. Aujourd’hui, la tendance en anesthรฉsiologie est de ne plus donner systรฉmatiquement des opiacรฉs en prรฉmรฉdication.
โข Anticholinergiques : L’emploi systรฉmatique d’atropine ou de glycopyrrolate en prรฉmรฉdication n’est plus de mise depuis quelques annรฉes ;compte tenu de leurs effets secondaires dรฉsagrรฉables et de la longue durรฉe, leur emploi se limite ร quelques situations particuliรจres comme la chirurgie du strabisme. L’action antiรฉmรฉtique des anticholinergiques est centrale ; en effet, dans une รฉtude en double-aveugle comparant l’atropine ou le glycopyrrolate, il ressort que ce dernier est associรฉ ร une incidence deux fois plus รฉlevรฉe de NVPO [36].
โข Benzodiazรฉpines : Cette classe de mรฉdicaments est la plus utilisรฉe en prรฉmรฉdication. ร l’heure actuelle, aucune รฉtude ne suggรจre les propriรฉtรฉs antiรฉmรฉtiques intrinsรจques des benzodiazรฉpines. Il est cependant bien รฉtabli que leur action anxiolytique peut s’avรฉrer utile pour attรฉnuer la libรฉration des hormones de stress associรฉes ร l’angoisse prรฉopรฉratoire et indirectement jouer un rรดle prรฉventif favorable sur les NVPO.
-La technique anesthรฉsique :Rachianesthรฉsie : L’incidence des NVPO aprรจs rachianesthรฉsie est en gรฉnรฉral plus faible qu’aprรจs une anesthรฉsie gรฉnรฉrale, expliquรฉe par l’absence d’agents volatils et d’opiacรฉs. Cependant, cette faible incidence est une rรฉalitรฉ si les complications telles que l’hypotension ou un bloc haut sont รฉvitรฉes [37]. CARPENTER a รฉtudiรฉ l’incidence des NVPO aprรจs rachianesthรฉsie de faรงon prospective chez prรจs de 1 000 patients. Les nausรฉes ont รฉtรฉ notรฉes chez 18 % et les vomissements chez 7 % du collectif [38]. Les facteurs de risque associรฉs aux NVPO sont : un bloc au-dessus de la vertรจbre T5, une frรฉquence cardiaque ร 60 battements ยท min-1 avant l’infiltration d’anesthรฉsiques locaux, une hypotension et l’utilisation de procaรฏne comme anesthรฉsique local. Anesthรฉsie pรฉri mรฉdullaire : Elle diminue significativement le risque de NVPO que ce soit par rapport ร une anesthรฉsie halogรฉnรฉe ou ร une anesthรฉsie intraveineuse [39]. Cette technique est associรฉe ร l’incidence de NVPO la plus basse, statistiquement infรฉrieure ร celle observรฉe aprรจs anesthรฉsie gรฉnรฉrale ou rachianesthรฉsie et reprรฉsente la meilleure technique anesthรฉsique pour la prรฉvention des NVPO [40]. Anesthรฉsie gรฉnรฉrale intraveineuse (total intravenous anaesthesia โ TIVA) : elle joue un rรดle dans la diminution de lโincidence des NVPO. De nombreux travaux corroborent cette hypothรจse. RAFTERY [41] a รฉtudiรฉ des patientes aprรจs conception assistรฉe. Il a clairement dรฉmontrรฉ que ces femmes ayant reรงu une TIVA ont eu significativement moins de NVPO que celles ayant reรงu pour lโentretien de l’enflurane : 7 contre 51 % aprรจs 30 min et 34 contre 67 % ร la 6e heure postopรฉratoire. GUNAWARDENE [42] a รฉtudiรฉ l’incidence des NVPO chez les patientes aprรจs chirurgie gynรฉcologique mineure, ayant reรงu soit une TIVA, soit une combinaison propofol/air ou propofol/enflurane/N2O. Le groupe enflurane a montrรฉ l’incidence de NVPO la plus รฉlevรฉe (10 %) alors que les groupes propofol/air (TIVA) et propofol/N2O sont infรฉrieurs (0 et 4 % respectivement).
-Les hypnotiques. L’incidence des NVPO est fortement augmentรฉe avec la kรฉtamine. De mรชme les NVPO sont trois fois plus frรฉquents avec l’รฉtomidate qu’avec le thiopental ou le mรฉthohexital [40]. KORTILLA a montrรฉ que l’incidence des NVPO est significativement diminuรฉe chez des patients en chirurgie ambulatoire qui ont reรงu comme inducteur du propofol comparรฉ au thiopental [43].
-Les gaz ou halogรฉnรฉs.
โข Rรดle du protoxyde dโazote (N2O) : Le N2O favorise les NVPO soit en diminuant la pression rรฉgnant dans l’oreille moyenne au rรฉveil, soit en stimulant les affรฉrences vestibulaires par effet de traction sur la membrane de la fenรชtre ronde [44]. En chirurgie ambulatoire la paroscopique, les NVPO sontsignificativement diminuรฉs si le protoxyde d’azote n’est pas inclus dans leprotocole anesthรฉsique. MELNICK et JOHNSON confirment cette hypothรจse en montrant que l’adjonction de N2O au mรฉlange oxygรจne/isoflurane augmente l’incidence des NVPO [45]. APFEL fait du protoxyde dโazote et des vapeurs halogรฉnรฉes en gรฉnรฉral le principal facteur de risque de vomissements postopรฉratoires [46]. ร l’inverse de rรฉcentes รฉtudes chez des patientes aprรจs chirurgie gynรฉcologique par laparoscopie, HORVOKA ne retrouve cependant pas l’effet dรฉlรฉtรจre du N2O sur les NVPO [47]. L’omission du N2O du protocole anesthรฉsique reste toutefois conseillรฉe.
-La vidange gastrique avant lโextubation L’insertion d’une sonde nasogastrique pour vider l’estomac donne des rรฉsultats contradictoires sur l’incidence de NVPO. Le concept de la dรฉcompression gastrique dรฉcoule de l’expรฉrience qui a dรฉmontrรฉ que les NVPO รฉtaient plus frรฉquents chez les femmes ventilรฉes manuellement par des anesthรฉsistes inexpรฉrimentรฉs [48]. L’intรฉrรชt de la dรฉcompression gastrique sur les NVPO avait รฉtรฉ montrรฉ par JANHUNEN et TAMMISTO [49] chez des patients aprรจs cholรฉcystectomie. Cependant, HOVARKA [50] n’a pas notรฉ les bรฉnรฉfices de cette pratique chez 201 patientes aprรจs hystรฉrectomie par laparotomie et les rรฉsultats dโune mรฉtaanalyse ne justifient plus son utilisation systรฉmatique en chirurgie abdominopelvienne [51]. L’insertion d’une sonde gastrique de routine n’est pas une mรฉthode efficace contre les NVPO ; au contraire la stimulation nasopharyngรฉe de la sonde par elle-mรชme ou sa prรฉsence dans le duodรฉnum est un puissant stimulus pour le dรฉclenchement de NVPO. De mรชme, pour minimiser la stimulation du pharynx, il est recommandรฉ d’installer la sonde nasogastrique aprรจs l’induction de l’anesthรฉsie et de la retirer avant l’extubation.
-La dรฉcurarisation Lโadministration d’atropine et de nรฉostigmine est associรฉe ร une augmentation des NVPO et ce malgrรฉ l’action antiรฉmรฉtique de l’atropine, suggรฉrant un effet รฉmรฉtique propre de la nรฉostigmine [52].
-Lโanalgรฉsie post-opรฉratoire L’interdรฉpendance entre les douleurs postopรฉratoires immรฉdiates et l’incidence des NVPO a รฉtรฉ suggรฉrรฉe par ANDERSEN et KROGH [53], relation retrouvรฉe par JAKOBSSON [54]. PARNASS [55] a รฉtudiรฉ l’incidence des NVPO et les douleurs postopรฉratoires chez des patients aprรจs arthroscopie : aucunediffรฉrence significative entre les NVPO et la prรฉsence ou l’absence de douleurs n’a รฉtรฉ observรฉe. Plusieurs auteurs ont notรฉ que les NVPO sont rarement en relation directe avec l’intensitรฉ des douleurs postopรฉratoires. Les opiacรฉs administrรฉs sont plutรดt un facteur dรฉclenchant que prรฉventif des NVPO.
-Autres facteurs peropรฉratoires Lโutilisation de 20 ml/kg de cristalloรฏde pendant lโanesthรฉsie en chirurgie ambulatoire diminuerait lโincidence des NVPO et de vertige [56]. La ventilation au masque ne reprรฉsenterait pas une cause favorisante de NVPO [57]. La mobilisation et la rรฉhydratation orale prรฉcoce des patients favoriseraient la survenue des NVPO [56]. Cette derniรจre mesure ne fait dโailleurs plus partie des critรจres obligatoires de sortie en chirurgie [58].
Facteurs liรฉs aux patients
-Age L’incidence des NVPO est plus grande dans la population pรฉdiatrique avec un pic ร la prรฉadolescence [40]. A lโopposรฉ, le vieillissement diminuerait le risque des NVPO [28, 59], quoique ce facteur nโest pas รฉtรฉ retrouvรฉ dans dโautres รฉtudes [60, 26]. Nรฉanmoins, BADAOUI, sur une รฉtude menรฉe sur 145 patients รขgรฉs de 18 ans et plus, a trouvรฉ que 69,4% des sujets ayant prรฉsentรฉ des vomissements avaient moins de 60 ans, les plus vieux ne constituant que 30,5% des cas [61].
-Sexe Le risque de NVPO est plus important chez la femme en pรฉriode d’activitรฉ gรฉnitale entre 11 et 55 ans [62, 26, 28, 34, 46, 59]. Les variations des taux d’hormones femelles ont รฉtรฉ impliquรฉes comme facteur causal. Cependant la relation entre pรฉriode du cycle et NVPO est encore trรจs controversรฉe. Pour HONKAVAARA l’incidence des NVPO est plus รฉlevรฉe lors de la phase lutรฉale [63], alors que BEATTIE observe une corrรฉlation entre les NVPO et les menstruations jusqu’au 8e jour [64]. Aucun dosage hormonal n’a รฉtรฉ rรฉalisรฉ pour corroborer ces rรฉsultats. Reste que RAMSAY, chez des patientes prenant des contraceptifs oraux, trouve un pic de NVPO entre les 9รจme et 15รจme jours [65]. Il suggรจre plutรดt l’implication des ลstrogรจnes.
-Poids La surcharge pondรฉrale est classiquement impliquรฉe comme facteur favorisant les NVPO [24]. La difficultรฉ ร ventiler ces patients au masque, le rรดle de la masse adipeuse comme rรฉservoir des agents anesthรฉsiques et les troubles de la sphรจre gastro-intestinale en sont les explications habituelles. Aussi, est incriminรฉ lโhypersรฉcrรฉtion dโeostrogรจne par les adipocytes [66]. Cependant certaines รฉtudes ne considรจrent pas lโaugmentation de lโindice de masse corporelle comme facteur de risque des NVPO [34, 67].
-Maladies des transports et antรฉcรฉdents des NVPO Ce collectif reprรฉsente des patients avec un seuil abaissรฉ pour les NVPO. Il est suggรฉrรฉ que ces patients ont dรฉveloppรฉ un arc rรฉflexe hyperstimulรฉ et/ou possรจdent une sensibilitรฉ vestibulaire augmentรฉe au niveau de l’oreille moyenne. Lโensemble des analyses dรฉmontrent que le mal de transport ou un antรฉcรฉdent de NVPO multiplie par 2 le risque de NVPO .
-Anxiรฉtรฉ L’incidence augmentรฉe des NVPO chez les patients prรฉsentant un degrรฉ รฉlevรฉ d’anxiรฉtรฉ est un phรฉnomรจne bien connu des anesthรฉsiologistes [40]. L’anxiรฉtรฉ est associรฉe ร une augmentation des hormones de stress et il existe une relation causale avec la stimulation adrรฉnergique. Reste que certains auteurs ne considรจrent pas lโanxiรฉtรฉ comme facteur favorisant pertinent chez lโadulte [62].
-Alimentation Le jeun prรฉopรฉratoire prolongรฉ, ou une prise rรฉcente dโaliments peut augmenter lโincidence des NVPO [66].
-Maladies associรฉesToute atteinte associรฉe ร un trouble de la motilitรฉ du tractus gastrointestinal peut favoriser la survenue de NVPO [40]. Dans le contexte dโun patient diabรฉtique, le sujet peut prรฉsenter un pylorospasme, une hypomotilitรฉ antrale et une neuropathie intrinsรจque.
-Statut particulier Le fait dโรชtre non-fumeur accroรฎt significativement lโincidence des NVPO [60, 67]. Les bases biologiques de lโeffet protecteur du tabac restent inconnues, mais il est probable que la nicotine ait des propriรฉtรฉs anti-รฉmรฉtiques et que son accoutumance diminue la probabilitรฉ de survenue des NVPO [67]. Cependant son influence semble moindre que le sexe fรฉminin (ratio de probabilitรฉ รฉgal ร 2) [60, 26, 34, 46].
Complications des NVPO
ย Bien que lโapparition des complications des NVPO soit rare [24], leur sรฉvรฉritรฉ est toujours redoutable, dโoรน lโintรฉrรชt de les connaรฎtre. Parmi les complications les plus courantes, il existe [40, 16]:
a. Lโinhalation bronchique (Syndrome de Mendelson) : syndrome respiratoire aigu caractรฉrisรฉ par lโirruption du liquide gastrique dans lโarbre trachรฉobronchique, le plus souvent dans la pรฉriode per anesthรฉsique. Il est caractรฉrisรฉ par une pneumopathie dite de ยซ dรฉglutition ยป gรฉnรฉralement de base droite et/ou un ลdรจme aigu pulmonaire de type lรฉsionnel.
b. Le lรขchage de sutures
c. Le saignement intraoculaire et cutanรฉ (au cours de chirurgie plastique)
d. Le syndrome de Mallory-Weiss (ulcรฉration cardiale) caractรฉrisรฉ par
une dilacรฉration de la muqueuse du bas ลsophage et du cardia. Il est
responsable dโhรฉmorragies digestives.
e. Les brรปlures oesophagiennes et hypogastriques : elles sont consรฉcutives ร lโexposition ร lโacide chlorhydrique lors de vomissements.
f. La rupture traumatique de lโลsophage (syndrome de Boerhaave).
g. Lโalcalose mรฉtabolique : les vomissements rรฉpรฉtรฉs entraรฎnent une perte des acides par voie digestive, ce qui entraรฎne lโaugmentation de la concentration plasmatique en bicarbonates. Lโalcalose mรฉtabolique se manifeste par des secousses myocloniques, et la prรฉsence du signe de Chvostek (contraction musculaire brรจve du faisceau supรฉrieur de lโorbiculaire des lรจvres et du buccinateur).
h. Lโhypokaliรฉmie (taux de potassium< 3mmol/l) : elle est provoquรฉe par les vomissements et aggravรฉe par lโalcalose mรฉtabolique.
i. Autres troubles mรฉtaboliques : dรฉshydratation, dรฉnutrition, hypocalcรฉmie, risque dโinsuffisance rรฉnale.
j. La prolongation du sรฉjour en salle de rรฉveil en cas de NVPO prรฉcoces avec un score de rรฉveil dโAldrete โค 7/10.
k. Le retentissement sur lโhumeur et lโappรฉtit : un malade qui ne mange pas est un malade qui va mal.
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Table des matiรจres
I. INTRODUCTION
II. OBJECTIFS
III. GENERALITES
A. Dรฉfinition de Nausรฉes et Vomissements
B. Physiopathologie
C. Contextes cliniques des nausรฉes et vomissements)
D. Epidรฉmiologie des nausรฉes et vomissements postopรฉratoires
E. Scores de prรฉdiction des NVPO
F. Complications des NVPO
G. Traitement des NVPO
H. Corticoรฏdes et NVPO
IV. METHODOLOGIE
V. RESULTATS
VI. COMMENTAIRES ET DISCUSSION
VII. CONCLUSION
VIII. RECOMMANDATIONS
REFERENCES
ANNEXES
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