Concept de ‘‘Pair Educateur’’
Le terme pair éducateur provient de l’expression britannique ‘peer education’ apparue il y a des centaines d’années indiquant l’appartenance à l’un des cinq rangs de la noblesse. Depuis les années 1960, ce terme a connu une certaine ampleur surtout en milieu scolaire [21, 22].
La traduction dans d’autres langues du terme s’avère difficile en raison essentiellement du mot ‘peer‘. L’usage moderne du terme correspond à ‘‘celui qui est sur un pied d’égalité avec l’autre; celui qui appartient au même groupe social, fondé soit sur l’âge, le grade, l’affinité ou le statut‘(45]. Ainsi, le terme ‘‘éducation par les pairs’’ signifierait en fait ‘‘éducation de pairs à pairs’’, à savoir l’éducation entre membres d’un même groupe social ou ayant un même standing social.
Le terme ‘‘éducation par les pairs sur le sida’’ est actuellement utilisé pour décrire toute une gamme de méthodes d’éducation des jeunes sur le SIDA, les MST ou d’autres domaines de la santé qui peuvent les concerner [22, 23].
Selon les théories basées sur les connaissances et comportements sociaux, les adolescents se laisseraient facilement influencés par leurs pairs que par les adultes.
Education et comportement
– Méthodes pédagogiques utilisées pour l’orientation psychologique :
Diverses méthodes pédagogiques peuvent aider l’individu et la famille à résoudre leurs problèmes. Certains aident à en comprendre la cause, d’autres à entrevoir des solutions et d’autres encore à décider des mesures concrètes à prendre.
Le rôle des pairs éducateurs s’inscrit dans le cadre d’éducation pour la santé qui par définition est la composante de soins de santé qui vise à encourager l’adoption de comportements favorables à la santé surtout pour apporter un message pertinent et adéquat dans le vocabulaire de l’usager [27).
L’orientation psychologique repose essentiellement sur une approche personnelle et sur la faculté d’écouter de renseigner et d’aider l’individu à trouver lui-même ce qui est le mieux pour lui.
La démonstration et l’exposition d’objets concrets sont des méthodes pédagogiques qui peuvent servir pour l’orientation psychologique individuelle
Plusieurs méthodes peuvent être utilisées :
– L’auto-gratification : un processus dont le but est d’amener l’individu à tirer profit de ce qu’il fait ce qui l’emmène à être encouragé ou motivé à le faire. Les gratifications peuvent encourager un comportement adéquat vis-à-vis de la santé. Elles doivent être utilisées dans le cas ou le comportement est très difficile à modifier (28).
Le changement du comportement doit prendre en compte les valeurs qui sont très personnelles devant faire l’objet de séances individuelles d’orientation psychologique. Ces valeurs sont des normes et des croyances qui influencent le comportement de l’individu. Parmi ces
valeurs figurent : le progrès, le bonheur, l’amitié, la sécurité et le confort.
L’école offre un bon cadre d’éducation pour la santé. Pour pouvoir améliorer leur santé, les enfants doivent posséder des connaissances, un savoir-faire adéquat et acquérir les valeurs et mentalité nécessaires pour éviter les problèmes courants de la communauté.
– Les groupes de formation sont des cellules dont tous les membres ont besoin d’apprendre un nouveau savoir faire enseigné de manière organisée [29].
Cependant les parents ont des valeurs traditionnelles qui sont très différentes de ce que l’on enseigne à l’école et ils peuvent en vouloir à leurs enfants et aux enseignants si ceux-ci les remettent en question.
Par ailleurs instaurer un programme d’éducation pour la santé dans les écoles n’est pas toujours facile lié le plus souvent à un manque de personnel qualifié pour enseigner les nouvelles tendances [28].
Croyances et comportement
– Le modèle de la croyance à la santé (Health Belief Model en anglais) développé dans les années 50 était fondé sur un certain nombre de modes de croyances utilisés pour prédire le comportement.
– que la personne se croit exposée à une menace pour sa santé,
– que la maladie ou état de non-santé peut s’aggraver (douleur, mort, conséquences sociales, etc.)
– que les bénéfices d’un comportement préventif (par exemple l’utilisation du préservatif) l’emportent sur le coût et les inconvénients d’une IST,
– que le comportement puisse être considéré comme adoptable,
– qu’il y ait une incitation à l’action qui pousse la personne à adopter ce comportement. Les incitations peuvent venir des mass média ou de l’influence d’autres personnes.
Puberté et sexualité
– La puberté représente l’ensemble des phénomènes physiques, psychiques, mentaux, affectifs qui caractérisent le passage de l’état d’enfant à l’état d’adulte aboutissant à la fonction de reproduction en rapport avec les modifications hormonales.
– La sexualité est l’ensemble des comportements qui concernent la satisfaction de l’instinct sexuel. Elle a de nombreux aspects qui entrent parfois en conflit : la procréation, la santé, le plaisir, mais également les aspects relationnels et sociaux, légaux, les interdits moraux ou religieux, etc. [5, 33, 34].
L’adolescence
Selon le petit Robert l’adolescence est l’âge qui suit la puberté et précède l’âge adulte.
L’adolescence se traduit par une métamorphose corporelle, un attrait grandissant et nouveau pour le sexe, et un besoin de prendre le large vis-à-vis de ses parents.
C’est une période de la vie qui succède à l’enfance et s’étend jusqu’à l’âge adulte. Son début est marqué par la puberté, mais l’apparition de ce phénomène biologique n’est que le commencement d’un processus continu et plus général sur le double plan somatique et psychique et qui va se poursuivre jusqu’à la formation complète de l’adulte. L’adolescence est la dernière chance d’aborder les conflits de l’enfance et de les résoudre de manière spontanée. Dans cet état d’extrême vulnérabilité liée aux tâtonnements successifs entre des sentiments extrêmes et des conduites à risques ou agressivité ; le jeune quitte le monde protégé de l’enfance vers le statut d’adulte d’autonomie et de responsabilité.
Sites d’étude
Notre étude s’est tenue en milieu scolaire dans la ville de Mopti et dans les communes I et VI du district de Bamako. Toutes les écoles qui ont participé à notre étude ont été choisies par les ONG partenaires de L’UNICEF sous le guide des directeurs des centres d’animation pédagogiques (DCAP). Une école privée était recommandée pour chaque site. Les écoles de Mopti, de la commune I et celles de la commune VI ont été respectivement choisies par les ONG «’Action Mopti ‘’, ‘’Family Care International, FCI’’ et ASDAP, opérant chacune dans leurs communes respectives. Il s’agit de 8 écoles dans la commune I (Djélibougou, Djélibougou C, Doumazana, Sikoroni, Korofina Nord, Espérance, Boulkassoumbou, et Razel). Dans la commune VI, 8 écoles ont été également choisies (Senou Base, Niamakoro, Missabougou, Yirimadio, Dianeguela, Faladié Sokoro, Faladié Socoura et ATT).
A Mopti, 7 écoles ont été choisies (Bayon Djénépo, Boucary Ouologuem, Abdoul Niang, Idrissa Sow, George Berth, Moulaye Dembélé et Robert Cissé). Ces écoles ont été choisies en raison de l’importance de leurs effectifs. (Voir carte du Mali en annexe)
Période d’étude
Notre étude s’est déroulée de janvier à juin 2005.
– l’enquête initiale de l’étude (pré test) s’est déroulée du 26 janvier au 2 février 2005
– l’enquête finale (post-test) s’est déroulée du 23 mai au 3 juin 2005.
Type d’étude
Cette étude est quasi-expérimentale avec un choix non aléatoire d’un groupe d’établissements scolaires dans lesquels le programme d’éducation par pairs était mise en oeuvre (groupe test), et un groupe d’établissements sans programme d’éducation par pairs (groupe témoin) qui poursuivaient leur programme normal.
Description de l’intervention
Il s’agissait de former et d’évaluer des pairs éducateurs pendant dix jours étalés sur environ un mois pour un développement de compétences et une aptitude à communiquer des informations pertinentes et adéquates pour prévenir les IST/VIH/SIDA chez les élèves à travers l’information, l’éducation et la communication.
Les pairs éducateurs (PE)
Choix des PE
En collaboration avec les directeurs d’école et les enseignants titulaires des classes concernées, deux PE ont été choisis par les ONG pour chaque classe ; de préférence un garçon et une fille.
Un certain nombre de critères était recherché :
– Etre disponible,
– Etre communicateur,
– Avoir une bonne entente avec les autres
– Etre discret et confidentiel
– Avoir une bonne performance scolaire
Pour une meilleure compréhension des thèmes de discussion les PE des classes de 5e et 6e provenaient de la 7e ou de la 8e année.
Programme de Formation des PE
Les PE étaient formés selon les modules ci-dessous indiqués.
Module I : En quoi sommes nous différents ? Traite la croissance et le développement humain, de la reproduction et de la sexualité.
Module II : Que voulez-vous devenir ? Met l’accent sur les compétences de prise de décisions, l’amour-propre, la sélection de buts et comprendre les conséquences des comportements à risque.
Module III : Qu’est-ce que l’amour ? Couvre des compétences en communication interpersonnelle et dans la mise en place de relations non coercitives basées sur le soutien et l’affection.
Module IV : Prenez soin de vous et restez sain. Fournit des informations sur les conséquences d’une activité sexuelle précoce et non protégée.
Déroulement de la formation
Les séances de formation se tenaient les samedis et les dimanches de 8h à 16h et pendant les après-midi des mercredis et jeudis. Le développement des compétences se faisait à travers des leçons et des jeux de rôle en vue d’améliorer les connaissances, les attitudes et les pratiques des élèves.
Les principaux thèmes abordés ont été :
– La puberté : Le développement des caractères sexuels secondaires,
– La connaissance sur la transmission, la prévention et le traitement des IST/VIH/SIDA,
– Le comportement sexuel,
– Les Attitude vis-à-vis du VIH et des PVVIH
– La communication sur les IST/VIH/SIDA
– Les Connaissances et utilisation des Centres de dépistage volontaires.
Les principales méthodes de communication utilisées ont été :
La sensibilisation de grande masse
– Les émissions radiophoniques,
– Les sketchs, les poèmes et scènes théâtrales,
– La boite à images.
– Les séances de projections de cassettes vidéo dans les écoles,
La communication individuelle: soit avec un camarade de classe, au grin, ou avec un membre de la famille.
Les séances de communication dans les établissements se tenaient les mercredis et jeudis après midi en dehors des cours sous la supervision des formateurs (agents de projet). Chaque séance durait environ deux heures et comportait aux moins trois éléments : Une leçon; une projection vidéo puis une séance pour les questions d’éclaircissement.
Pour la réussite de ces communications les élèves des différentes classes étaient scindés en petits groupes d’environ de 20 à 30 élèves par séance.
La bande vidéo utilisée avait pour titre « Scènes d’adolescence : A vous de jouer» comprenant six modules différents d’une durée de 11 à 18 minutes. Ce matériel élaboré par Family Care International en collaboration avec la fondation allemande GTZ met en scène des jeunes du Niger et du Burkina Faso partageant des réalités assez proches de celles rencontrées au Mali.
Echantillonnage
L’échantillon était composé d’élèves sélectionnés de façon aléatoire et ayant consentis de participer à l’étude.
Critères d’inclusion
Sont inclus dans cette étude les élèves âgés de 10 à 19 ans appartenant aux classes présélectionnées de la 5e à la 9e des dits établissements, et consentant participer à l’étude.
Critères de non inclusion
N’étaient pas inclus dans cette étude les élèves qui n’étaient pas des classes de la 5e à la 9e des établissements présélectionnés, ceux d’âge inférieur à 10 ans ou supérieur à 19 ans ; ou ne consentant pas participer à l’étude.
Taille de l’échantillon
La taille de l’échantillon a été fixée en tenant compte du temps d’exécution de l’enquête et pour des raisons logistiques, mais suffisant pour détecter un minimum d’effet de l’intervention. Le tableau ci-dessous représente l’effectif des élèves interviewés au cours des deux enquêtes :
Sélection des élèves
La sélection a été fait de façon aléatoire au pré-test et au post-test. Ce choix aléatoire consistait à demander à un élève de la classe de tirer au hasard un chiffre entre 1 et 9. Ce chiffre permet de choisir le premier élève de l’échantillon à partir de la première rangée à droite. Les autres élèves étaient sélectionnés en comptant toujours de la droite vers la gauche et d’avant en arrière par cycle de dix à partir du premier élève jusqu’à atteindre l’effectif requis par classe. Dans les écoles où on avait plusieurs classes de même niveau (Exemple 2 à plusieurs classes de 6e) quelques élèves de chaque classe devaient être choisis pour atteindre le nombre requis pour le niveau en question. A noter qu’au post-test, nous avons inclus également les élèves qui avaient participé au pré-test (si le tirage au sort n’avait pas porté sur ces élèves au post-test).
Modalité de récolte des données
Le personnel
Les données ont été recueillies sous le guide de deux superviseurs et 16 enquêteurs expérimentés composés d’étudiants en médecine, de socio-anthropologue et d’enseignants dont 11 à Bamako et 5 pour Mopti. Les enquêteurs étaient les mêmes au pré-test et au post-test.
Supports utilisés
Au pré-test ainsi qu’au post-test, les données ont été recueillies sur un questionnaire semi-structuré
préalablement testé dans une école différente de celles concernées par l’étude. Les questionnaires anonymes comportaient 3 volets en plus des caractéristiques sociodémographiques : Le volet connaissance ; le volet attitude ensuite le volet des pratiques (Voir en annexe).
Déroulement de l’enquête
Conformément aux heures de vacation des dits établissements, l’enquête était faite de 8 à 12H ou de 15 à 17H. Nous avons procédé par une interview individuelle pour les élèves des classes de 5e; 6e et 7e année. Ceux des classes de 8e et 9e année devaient remplir le questionnaire avec l’assistance d’un enquêteur ; cependant les dispositions étaient prises pour que chaque élève se sente à l’aise tout seul devant sa fiche d’enquête. Les questionnaires et les enquêteurs étaient les mêmes au pré-test et au post-test.
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Table des matières
I- Introduction
? Objectifs
II- Généralités
II.1 Historique (stratégies développées au Mali)
II.2 Epidémiologie
II.3 Description du VIH
II.4 Modes de transmission
II.5 Diagnostic
II.6 Prise en charge
II.7 Concept de pair éducateur
II.8 Education et comportement
II.9 Croyances et comportement
II.10 Puberté et sexualité
III- Méthodologie
III.1 – Site d’étude
III.2 – Période d’étude
III.3 – Type d’étude
III.4 – Description de l’intervention
III.5 – Les pairs éducateurs
III.5.1– Choix des PE
III.5.2- Programme de formation des PE
III.5.3- Déroulement de la formation des PE Collecte des données
III.6. Echantillonnage
III.7- Sélection des élèves
III.8- Modalités de récolte des données
III.9- Saisie et analyse des données
III.10 Ethique
IV- Résultats
V- Commentaires et discussions
VI- Conclusion et recommandations
VII- Bibliographie
Annexes et résumé
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