Une substance est appelée poison ou toxique lorsque, après pénétration dans l’organisme que ce soit à une dose relativement élevée ou à petites doses, elle provoque des troubles d’une ou de plusieurs fonctions de l’organisme de façon passagère ou permanente et peut amener la mort (RAKOTONDRAVALY, 2015).
DONNEES BOTANIQUES SUR LE GENRE ALBIZIA
(DU PUY et al., 2002)
Albizia est un genre botanique appartenant à la famille des Fabaceae, très fréquent dans les régions tropical ou subtropical. Il compte environ 150 espèces. Il se présente comme des petits arbres et arbustes, à croissance rapide pouvant atteindre jusqu’à 12 à 25 m de haut et 5 à 8 m de large, qui meurt en général assez jeune. A Madagascar l’Albizia est fréquent surtout dans les régions tropicales, 30 espèces d’Albizia ont été recensées dont 24 sont endémiques, 3 introduites et 3 pantropicales.
Albizia aime pousser sur les terres pauvres et sableuses, et tolère le calcaire et la présence de sel dans les sols, ce qui explique les bords de la mer. Les caractéristiques suivantes permettent de reconnaître ce genre :
– Les rameaux sont inermes.
– Les feuilles, finement découpées, sont composées de petites folioles qui se replient sur elles-mêmes lorsque la plante manque de lumière.
– Les inflorescences sont en capitules, avec 1–2 fleur(s) centrale(s) pourvue(s) d’un tube staminal plus grand et nectarifère.
– Les fleurs, petites et en pompons, exhibent des étamines souvent spectaculaires et plus longues que les pétales.
– Le nombre des étamines est généralement plus du double du nombre des pièces de la corolle.
– Les graines sont non arillées.
– Le fruit est déhiscent ou indéhiscent, à péricarpe sec, membraneux, coriace ou ligneux.
UTILISATIONS TRADITIONNELLES DES ALBIZIA
La stabilisation du sol est influencée par la croissance rapide de cette plante. Elle sert de bois de chauffage et de fourrage pour animaux en Asie et en Afrique (Web 2). Les différentes parties végétatives (racines, tronc, feuilles) des espèces, genre Albizia contribuent dans l’amélioration de la santé et dans la vie quotidienne. Cette Fabacée est reconnue globalement pour son action antiallergique, antibiotique, antiamibienne, tranquillisante. A titre d’exemples, on peut citer :
A. adianthifolia : l’écorce est utilisée pour traiter la maladie d’Alzheimer (médecine traditionnelle sud-africaine) et pour améliorer la mémoire. La sève de l’écorce est appliquée sur les yeux pour traiter l’onchocercose et la conjonctivite et l’administration par voie orale permet de soigner les affections respiratoires et les réactions allergiques L’infusion de racines est employée pour traiter les affections oculaires et les racines réduites en poudre sont administrées aux femmes parturientes ou ayant des menstruations irrégulières. (Web 3).
A. gummifera (Volomborona ou Sambalahy) : différents pays d’Afrique se servent de cette espèce dans diverses manières, par exemple (UMBERTO QUATTROCCHI, 2012) :
– Au Kenya : l’infusion d’écorces est utilisée pour traiter le paludisme, l’écorce pilée pour les maux de tête, l’extrait de graines écrasées pour les maux d’estomac ;
– En Ouganda : l’infusion d’écorces est employée pour hâter l’accouchement, les racines pour traiter les maladies de sommeil ;
– En Tanzanie : l’écorce pilée est employée en application externe pour traiter la gale ;
– A Madagascar : l’utilisation des feuilles et des racines servent à traiter la diarrhée et le psoriasis. La décoction des feuilles a une vertu antitussive et permet de traiter l’asthme (BURKILL, 1995 ; DU PUY et al., 2002 ; KATENDE et al., 1995) ;
– Des espèces endémiques sont également utilisées dans la thérapeutique traditionnelle (UMBERTO QUATTROCCHI, 2012) :
A. arenicola est employée comme diurétique ;
– L’extrait d’écorces d’A. bernieri est utilisée pour traiter l’asthme, la fièvre et les maux d’estomac ;
A. boivini est réputée avoir une propriété fébrifuge ;
– L’extrait d’écorces d’A. perrieri est utilisé pour traiter l’asthme et celui des feuilles bouillies est employé pour traiter la fièvre et les maux d’estomac ;
A. julibrissin : est utilisée pour son pouvoir anti-tumoral (ZOU et al., 2000). L’écorce est employée pour traiter les ecchymoses et comme vermifuge. L’extrait aqueux d’écorce de tronc a une action anxiolytique (KIM et al., 2004).
LES CONSTITUANTS CHIMIQUES DES ALBIZIA
Le genre Albizia renferme de nombreux familles chimiques dans les différents organes de ces plantes. La plupart des principes actifs rencontrés sont :
Les alcaloïdes :
La budmunchiamine K isolée à partir d’A. gummifera (RUKUNGA et al., 2007) ; La diméthylbudmunchiamine L1 isolée d’A. schimperana (VOLODYMYR et al., 2009) .
Les flavonoïdes :
Deux nouvelles 5-déoxyflavones, la 7,8-diméthoxy-3’,4’- et la 7,2’,4’- triméthoxyflavone ainsi qu’une flavone connue, 7,4’ – diméthoxy-3’–hydroxyflavone ont été isolées de l’écorce de racine d’A. odoratissima (RAO et al., 2002).
Les hétérosides (dont les saponosides) :
Des saponines (spirostanoside et hétéroside triterpénoïde) ont été isolées de l’écorce de tige d’A. gummifera (DEBELLA et al., 2000).
Des saponosides, tels que :
✔ Les saponines albizosides A–C isolées à partir de l’extrait méthanolique d’A. chinensis (LUI et al., 2010) ;
✔ Les Albizia saponines A-E purifiées à partir d’A. myriophylla (YOSHIKAWA et al., 2002) ;
✔ Les saponines à triterpénoides oleananes, les gummifera osides A-C (1-3) isolés à partir de l’extrait éthanolique d’A. gummifera (SHUGENG et al., 2007) .
LES PROPRIETES BIOLOGIQUES DES ALBIZIA
Les propriétés biologiques attribuées aux principes isolés des Albizia sont très nombreuses. A titre d’exemples :
– Les saponines (lebbeckosides A et B) isolées des racines d’A. lebbeck ont montré une activité cytotoxique contre les lignées de cellules cancéreuses du cerveau humain U87MG et TG1 (connues pour être particulièrement résistantes aux traitements standards) avec des valeurs de CI50 respectivement de 3,46 µM et 1,36 µM pour A et 2,10 µM et 2,24 µM pour B (NOTE et al., 2015).
– Les flavonoïdes isolés de l’écorce d’A. zygia ont montré une activité antiplasmodiale (ABDALLA et LAATSCH, 2012)
– Les flavonoïdes totaux extraits des feuilles, tiges et fleurs d’A. julibrissin ont montré une activité contre des souches bactériennes cliniques pathogènes (RAJALAKSHMI et KALAISELVI SENTHIL, 2014).
– Les flavonoïdes isolés à partir de l’extrait méthanolique des feuilles d’A. chinensis ont montré une activité inhibitrice modérée contre des bactéries Gram positif et Gram négatif tandis qu’aucune activité antifongique n’a été observée (GHALY et al., 2010).
– Une activité fongicide et cytotoxique vis-à-vis des lignées sélectionnées de cellules cancéreuses croissant in vitro a été rapportée concernant les alcaloïdes de graines d’A. lebbeck (RAHMAN et al., 1986). La décoction d’écorces de tige possèderait un effet thérapeutique sur l’asthme bronchique (KUMAR et al., 2010) et l’extrait alcoolique de cette plante présenterait une propriété antihistaminique, en neutralisant l’histamine directement ou en raison de l’augmentation du taux de cortisol plasmatique par la corticotrophine (MALLA et al., 2014). Les extraits d’écorces possèderaient également une activité de piégeage des radicaux libres. Les saponines sont utiles dans le traitement des maladies d’Alzheimer et de Parkinson. Une activité antimicrobienne contre Escherichia coli et Staphylococcus aureus a été observée avec l’extrait méthanolique de l’écorce de tige de cette plante (MALLA et al., 2014). D’autres auteurs ont aussi trouvé des alcaloïdes présentant des activités antimicrobiennes (RAHUL et al., 2010) et des effets sur le système nerveux central (ASSIS et al., 2001) dans les feuilles d’A. lebbeck.
– Les extraits de feuilles et d’écorces de tige d’A. ferruginea sont actifs contre des microorganismes et sur les muscles lisses utérins. L’écorce et les feuilles seraient piscicides (UMBERTO QUATTROCCHI, 2012).
– La fraction alcaloïdique totale des feuilles d’A. inopinata a présenté des effets sur le système nerveux central. A 10 mg/kg, par voie intrapéritonéale, elle a réduit significativement (45%) l’activité motrice chez la souris (ASSIS et al., 2001).
– Des saponines isolées des graines d’A. lucida ont présenté une activité toxique pour les crevettes à une concentration inférieure à 50 ppm (ORSINI et al., 1991).
– Des activités neuropharmacologiques des extraits aqueux des feuilles d’A. glaberrima ont été rapportées chez la souris (ADEBESIN et al., 2015).
– La décoction d’écorce de tige d’A. amara a présenté une forte activité cytotoxique et celle d’A. gummifera une activité antiplasmodiale (MUTHAURA et al., 2007).
– L’extrait méthanolique du même organe a montré une activité antipaludique (MUTHAURA et al., 2011).
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Table des matières
INTRODUCTION
I. MATERIELS ET METHODES
I.1. MATERIELS
I.1.1. Matériel végétal
I.1.1.1. Classification de la plante
I.1.1.2. Description botanique de la plante
I.1.1.3. Distribution géographique et lieu de récolte
I.1.1.5. Préparation et conservation du matériel végétal
I.1.1.6. Les produits chimiques
I.2. METHODES
I.2.1. Méthodes d’extraction des principes actifs
I.2.1.1. Extraction à froid
I.2.1.2. Extraction à chaud
I.2.2. Méthodes de purification
I.2.2.1. Traitement par la chaleur
a) Principe
b) Mode opératoire
I.2.2.2. Fractionnement par le n-butanol
a) Principe
b) Mode opératoire
I.2.3. Calcul de rendement
I.2.4. Méthode de concentration
I.2.5. Méthodes d’analyse
I.2.5.1 Chromatographie sur couche mince (CCM)
a) Principe
b) Mode opératoire
I.2.5.2. Détection des familles chimiques (criblage phytochimique)
a) Préparation des extraits
b) Criblage phytochimique
II. RESULTATS
II.1. EXTRACTION
II.1.1. Extraction à froid
II.1.1.1. Extraction aqueuse à froid
II.1.1.2. Extraction hydroéthanolique à froid
II.1.2. Extraction à chaud
II.1.2.1. Extraction aqueuse à chaud
II.2. PURIFICATION
II.2.1. Traitement par la chaleur
II.2.2. Fractionnement par le n-butanol
II.3. RENDEMENT DE PURIFICATION
II.4. ANALYSE DES EXTRAITS
II.5. CARACTERISATION CHIMIQUE
II.5.1 Propriétés physico-chimiques
II.5.2. Nature chimique
III. DISCUSSION
CONCLUSION