INTRODUCTION
ย ย La grande majoritรฉ dโentre nous consomme ou a dรฉjร consommรฉ de lโalcool. Que ce soit en famille, avec des amis, lors dโun match sportif ou encore en milieu festif : boire un verre dโalcool est courant et reste avant tout un plaisir souvent partagรฉ. En dehors de leurs propriรฉtรฉs physiques, les boissons alcoolisรฉes et leurs utilisations sont porteuses de toutes sortes de significations symboliques, positives et nรฉgatives[1]. Globalement, 3,7 % de tous les dรฉcรจs dans les monde sont imputables ร lโalcool dans lโensemble des classes dโรขge (6,1 % chez lโhomme ; 1,1 % chez la femme). Ce pourcentage est de 6 % au Canada[25], et 3.9 % en Nouvelle Zรฉlande[27]. Lโalcool fait partie des 10 facteurs de risque les plus importants dans le ยซ global burden disease ยป[28]. Plus du tiers des quelques 7 millions de dรฉcรจs par cancer qui surviennent chaque annรฉe dans le monde sont causรฉs par neuf facteurs modifiables, parmi lesquels le tabac et lโalcool ont un rรดle prรฉpondรฉrant, autant dans les pays industrialisรฉs que dans les pays en dรฉveloppement[29]. LโUnion europรฉenne est la rรฉgion du monde oรน les pourcentages de consommateurs dโalcool et la consommation dโalcool par habitant sont les plus รฉlevรฉs [4]. Lโalcool est le troisiรจme facteur de risque le plus important aprรจs le tabagisme et lโhypertension et devant lโhypercholestรฉrolรฉmie et le surpoids entraรฎnant des pathologies et des dรฉcรจs prรฉmaturรฉs.[4] Lโabus dโalcool est la troisiรจme cause principale de mort prรฉmaturรฉe et de maladie dans lโUE, derriรจre le tabac et lโhypertension et devant lโhypercholestรฉrolรฉmie et le surpoids [5]. Il est directement responsable de quelque 60 maladies et รฉtats pathologiques comprenant maladies pulmonaires, cancer du sein, troubles psychiques avec retentissement sur le comportement, problรจmes cardiovasculaires, troubles de la fonction de reproduction et lรฉsions prรฉnatales[5]. Lโabus dโalcool peut avoir de graves consรฉquences sur le plan social: accidents de circulation, violence, hooliganisme, criminalitรฉ, problรจmes familiaux et exclusion sociale. Il est responsable de 195,000 dรฉcรจs par an, ce qui reprรฉsente 12 % des dรฉcรจs prรฉmaturรฉs chez les hommes et 2 % chez les femmes. Le coรปt รฉconomique estimรฉ de cette problรฉmatique pour lโUE sโรฉlรจve ร environ 125 milliards dโeuros par an (Eurobaromรจtre, 2009).ย ยปEn Afrique, lโalcool est consommรฉ de maniรจre sรฉculaire, mais les contacts avec la civilisation occidentale ont entraรฎnรฉ une augmentation de la consommation depuis la dรฉcolonisation. La production de biรจre en Afrique a augmentรฉ de plus de 400 % entre 1960 et 1980 (tableau 1), tandis que la consommation augmentait de 250 ร 1000 % selon les pays. [44] En 1981, la consommation de biรจre par habitant au Gabon รฉtait de 135 litres par an, lโune des plus รฉlevรฉes du monde [46]. Pour les jeunes d’aujourd’hui , consommer de l’alcool est une source de plaisir. Le plaisir d’รชtre avec des amis, de s’amuser, de faire de nouvelles expรฉriences. La plupart des consommateurs et consommatrices en font un usage modรฉrรฉ et plaisant, autrement dit d’une maniรจre qui ne nuit ni ร eux-mรชmes ni aux autres. D’ailleurs, pris en petites quantitรฉs, l’alcool peut รชtre bon pour la santรฉ: la recherche a ainsi mis en รฉvidence qu’une faible quantitรฉ d’alcool peut avoir un effet protecteur pour le cลur. [7] Mais cโest surtout au niveau des comportements abusifs [3] que les รฉvolutions inquiรจtent. Malgrรฉ une sur-mรฉdiatisation du phรฉnomรจne dโalcoolisation chez les jeunes ces derniรจres annรฉes, ce sont les adultes qui restent les plus grands consommateurs. [2] On trouve toujours de bonnes raisons de commencer ร boire de l’alcool, mais avant de dรฉcider oรน, quand et quelle quantitรฉ on va boire, on doit pouvoir s’informer sur les risques encourus de maniรจre ร faire les bons choix et consommer de faรงon rรฉflรฉchie. Quand? Oรน? Combien? Pourquoi boivent-ils? Notre รฉtude a pour but de rรฉpondre ร ces questions. Pour cela, une enquรชte a รฉtรฉ รฉlaborรฉe et distribuรฉe auprรจs des รฉtudiants de la Facultรฉ de Mรฉdecine, de Pharmacie et d’Odontostomatologie (FMPOS) du point G.
Dรฉfinition de l’alcoolismeย
ย ย Les dรฉfinitions de lโalcoolisme sont nombreuses et dรฉpendent de plusieurs facteurs comme les reprรฉsentations que chacun en a. LโOMS (Organisation Mondiale de la Santรฉ) dรฉfinit lโalcoolisme en fonction de critรจres observables et objectivables. Elle parle du Syndrome (=ensemble de symptรดmes) de dรฉpendance ร lโalcool que lโon peut identifier par :
โข Altรฉrations au niveau physique :Lรฉsions digestives (ลsophagite, ulcรจres, perte de poids, troubles intestinaux, troubles de la fonction hรฉpatique- cirrhose-, โฆ), lรฉsions cรฉrรฉbrales et nerveuses (pertes de mรฉmoire, polynรฉvrite, โฆ), lรฉsions mรฉtaboliques (diabรจte, โฆ), etc.
โข Syndrome de sevrage :Si la personne est empรชchรฉe de consommer de lโalcool, elle verra apparaรฎtre des symptรดmes de manque : besoin irrรฉpressible de boire de lโalcool au lever voire pendant la nuit, palpitations cardiaques, sueurs, tremblements, convulsions, confusion mentale, nausรฉes, angoissesโฆLa dรฉfinition de lโOMS dit dโune personne quโelle est alcoolique dรจs lors que cette personne est dรฉpendante physiquement de lโalcool, c’est-ร -dire lorsque cette personne a besoin physiquement dโalcool pour pouvoir mener ses activitรฉs quotidiennes normalement. A cette dรฉfinition sโen ajoute une autre, รฉlaborรฉe par des psychiatres. Elle prend plutรดt en compte la dรฉpendance psychologique ร lโalcool : ยซ Est alcoolique toute personne qui a perdu la libertรฉ de sโabstenir de boire de lโalcool ยป. Toutefois, cette dรฉfinition est incomplรจte et si elle permet parfois une prise de conscience, elle mรจne aussi bien souvent ร une impasse (ยซ Cโest pas vrai, je mโarrรชte quand je veuxโฆ ยป ; ยซ Je peux rester plusieurs jours et mรชme plusieurs mois sans boire dโalcoolโฆ ยป ; ยซ Oui, cโest vrai quand je commence je ne sais plus mโarrรชter et alors โฆ? ยป) Toutefois, il est utile de se mettre dโaccord sur ce dont on parle. Cโest pourquoi nous proposons la dรฉfinition suivante : ยซ Est alcoolique toute personne qui a un problรจme physique, psychologique, familial, de couple, social, professionnel, โฆ liรฉ ร sa consommation dโalcool ยป
Les diffรฉrentes รฉtapes du devenir de l’alcool dans l’organisme
a. La rรฉsorption de l’รฉthanol : La rรฉsorption est l’รฉtape qui permet ร l’รฉthanol, venant juste de pรฉnรฉtrer dans l’organisme de rejoindre la circulation sanguine. Lโรฉthanol est une petite molรฉcule absorbรฉe par simple diffusion. Cette diffusion est lente au niveau gastrique et la majeure partie (70 % ร 80 %) est absorbรฉe au niveau de lโintestin grรชle(duodรฉnum et jรฉjunum). Quand lโalcool est ingรฉrรฉ ร jeun, la concentration maximale est atteinte rapidement, environ une demi-heure aprรจs lโingestion [10]. Lโingestion de nourriture ralentit la vidange gastrique en entraรฎnant la fermeture du verrou pylorique et en rรฉduisant la motricitรฉ gastrique, en particulier au niveau antral. En consรฉquence, lโingestion de nourriture, en prolongeant le temps de sรฉjour de lโรฉthanol dans lโestomac, va modifier la cinรฉtique de lโabsorption de lโรฉthanol. On admet classiquement que les graisses retardent plus la vidange gastrique que les hydrates de carbone. Cependant, lโeffet sur lโabsorption de lโรฉthanol est compliquรฉ par le fait que les graisses augmentent le flux sanguin mรฉsentรฉrique, avec pour consรฉquence une augmentation de lโabsorption de lโรฉthanol [12]. Lโeffet de la nourriture ne se manifeste pas uniquement sur la vidange gastrique, mais รฉgalement sur le mรฉtabolisme. La consommation d’alcool chez les รฉtudiants:ย Valeurs obtenues chez un homme ayant consommรฉ 0,80 g dโalcool/kg de poids corporel avant (ยบ) ou aprรจs (โข) le petit dรฉjeuner Une diffรฉrence sexuelle pourrait exister ร ce niveau : il semble en effet que le mรชme repas entraรฎnerait un allongement du dรฉlai de vidange gastrique plus important chez les femmes que chez les hommes, principalement ร cause dโune diminution plus importante des contractions antrales chez la femme [14]. Les concentrations รฉlevรฉes dโลstradiol et de progestรฉrone correspondant ร la phase lutรฉale du cycle menstruel et ร la grossesse ralentissent la vidange gastrique et le transit intestinal, et pourraient ainsi (bien quโagissant en sens inverse) modifier lโabsorption de lโรฉthanol. Ces facteurs pourraient, au moins partiellement, expliquer les diffรฉrences intersexuelles de la pharmacocinรฉtique de lโรฉthanol, jusquโici attribuรฉes ร des diffรฉrences dโeffet de premier passage gastrique [15]. Les alcools forts (dโune concentration supรฉrieure ร 20 %) entraรฎnent un spasme pylorique qui retarde la vidange gastrique et donc ralentit lโabsorption [16]. Origines de l’รฉthanol dans l’organisme [18] L’รฉthanol prรฉsent dans l’organisme peut avoir plusieurs origines :
– la fermentation des sucres, rรฉalisรฉe par diffรฉrentes levures (saccharomyces, par exemple). Ces levures permettent la formation d’รฉthanol, de dioxyde de carbone et de chaleur (rรฉaction exothermique). La fermentation nรฉcessite une tempรฉrature optimale aux alentours de 30ยฐ C. Elle aboutit ร un liquide contenant de 3 ร 20ยฐ d’alcool ( le degrรฉ alcoolique correspond au pourcentage en volume d’alcool dans une boisson alcoolisรฉe. Exemple : 3ยฐ = 3% d’alcool).ย C6H12O6 2CH3-CH2-OH + 2CO2 + 33 Cal (glucose)
– l’ingestion de boissons alcooliques (contenant naturellement de l’alcool : les boissons fermentรฉes). Exemple : Vin, biรจre, cidre, poirรฉ, hydromel…
– l’ingestion de boissons alcoolisรฉes (issues de la distillation, qui est l’opรฉration destinรฉe ร obtenir des produits dont la concentration alcoolique est supรฉrieure ร celle des produits de fermentation). Exemple : eau de vie.
– l’absorption de mรฉdicaments alcoolisรฉs (gouttes, sirops…).
– l’utilisation d’eaux de toilettes, parfums et autres ยซ after-shave ยป.
Les diffรฉrentes voies de rรฉsorption
– La voie digestive [26]
L’alcool pรฉnรจtre principalement dans l’organisme par la bouche. Contrairement aux aliments et aux boissons non alcoolisรฉes, l’alcool ne subit aucune attaque des enzyme sรฉcrรฉtรฉes par les glandes digestives ; il rejoindra donc le systรจme sanguin sans aucune modification [30]. Suite ร la cavitรฉ buccale, la molรฉcule d’รฉthanol parcourt l’ลsophage, qui comporte quelques rรฉtrรฉcissements et une fermeture pour contrรดler l’entrรฉe de l’estomac. Celui-ci, parfois tente de refuser cette entrรฉe. L’alcool peut, dans ce cas, stagner et attaquer la paroi ลsophagienne. L’alcool ingurgitรฉ se retrouve ensuite dans l’estomac, passe le pylore et descend dans le duodรฉnum. Aprรจs environ une demi-heure (selon que l’on est ร jeun ou non, car les aliments retardent le passage de l’alcool de l’estomac dans l’intestin grรชle), l’alcool va traverser la paroi duodรฉnale et se faire happer par un flux puissant et trรจs actif : le flux sanguin.
– La voie pulmonaire et la voie cutanรฉe
Il s’agit de voies mineures de pรฉnรฉtration de l’alcool dans l’organisme. Elles concernent les solvants qui pรฉnรจtrent par voie respiratoire (รฉvaporation, pulvรฉrisation) et par voie cutanรฉe.
b. La diffusion de l’alcool dans l’organismeย L’alcool passe dans le sang, arrive au niveau de la veine porte et est emmenรฉ vers le foie. Selon la quantitรฉ de molรฉcules d’รฉthanol, le foie va alors traiter une partie et laisser passer les autres qu’il traitera au prochain passage. On appelle cela le coefficient d’รฉpuration hรฉpatique. Environ 90% de l’alcool seront dรฉgradรฉs par ce biais ร raison de 0,1 g d’alcool par kg de masse corporelle et par heure.Du foie, l’alcool non mรฉtabolisรฉ passe dans la veine sus-hรฉpatique, passe par le cลur droit, les poumons, le cลur gauche, puis atteint les membres jusqu’au bout des doigts et des orteils, les yeux, le nez, et mรชme le cerveau. La molรฉcule d’alcool a la possibilitรฉ de se glisser dans le moindre recoin d’eau ou de graisse (l’alcool est hydrosoluble et liposoluble). Elle va ainsi toucher les mรฉcanismes les plus dรฉlicats et les plus sensibles de notre corps, comme les fentes synaptiques par exemple, qui sont le carrefour d’รฉchanges d’informations nerveuses. Enfin il est ร noter que l’alcool franchit la barriรจre placentaire, ses concentrations dans le liquide amniotique et chez le fลtus รฉtant voisines de celles de la mรจre.
c. Mรฉtabolisme hรฉpatique de l’รฉthanol . Le foie est un organe vital. Ses fonctions sont aussi importantes que diverses (mรฉtabolisme digestif, formation du sang, excrรฉtion, dรฉtoxication, etc..). Lโessentiel du mรฉtabolisme de lโรฉthanol a lieu dans le foie ; cependant, dโautres tissus peuvent participer ร lโoxydation de lโรฉthanol, le rein pour une faible part et le tractus gastro-intestinal dont la part peut dans certaines circonstances รชtre significative. La majeure partie de lโรฉthanol est oxydรฉe au niveau de lโhรฉpatocyte. Le mรฉtabolisme fait intervenir deux oxydations, la premiรจre transformant lโalcool en acรฉtaldรฉhyde, la seconde lโacรฉtaldรฉhyde en acรฉtate (figure 2). Lโoxydation de lโรฉthanol en acรฉtaldรฉhyde se fait selon trois voies enzymatiques, chacune situรฉe dans un compartiment cellulaire diffรฉrent. Les voies les mieux รฉtablies sont celles de lโalcool dรฉshydrogรฉnase (ADH), qui est cytosolique, et celle du systรจme microsomal dโoxydation de lโรฉthanol (MEOS), qui fait intervenir le cytochrome P450 2E1 (CYP2E1) et qui est localisรฉe dans le rรฉticulum endoplasmique. La voie de lโADH est prรฉpondรฉrante. La voie de la catalase, localisรฉe dans les peroxysomes, semble peu importante, car la prรฉsence dโeau oxygรฉnรฉe, nรฉcessaire ร la rรฉaction, est limitรฉe dans lโorganisme. Une partie de lโรฉthanol peut รฉgalement รชtre oxydรฉe par une voie radicalaire, rรฉsultant de lโattaque de lโรฉthanol par des radicaux hydroxyles (โขOH) gรฉnรฉrรฉs au cours du mรฉtabolisme de lโรฉthanol. Cette voie a plus rรฉcemment รฉtรฉ dรฉcrite et son importance est encore mal connue.Lโacรฉtaldรฉhyde est ensuite oxydรฉ en acรฉtate par lโaldรฉhyde dรฉshydrogรฉnase (ALDH), dont la localisation est cytosolique et mitochondriale. Lโacรฉtate est libรฉrรฉ en grande partie dans la circulation gรฉnรฉrale et oxydรฉ en CO2 et H2O dans les tissus extra hรฉpatiques. Seules sont reprises dans ce chapitre les principales enzymes du mรฉtabolisme de lโรฉthanol, lโADH, le CYP2E1 et lโALDH.
Les diffรฉrentes รฉtapes du mรฉtabolisme de l’รฉthanol
1) Transformation de l’รฉthanol en acรฉtaldรฉhyde
Cette รฉtape est assurรฉe par quatre systรจmes d’importance dรฉcroissante :
o Voie de l’alcool dรฉshydrogรฉnase (ADH) :Il s’agit de la voie majoritaire (80 ร 90%), qui intervient pour de faibles doses d’รฉthanol. Chez l’adulte sain, cela reprรฉsente en moyenne 70 mg d’รฉthanol par kg et par heure [19].
Prรฉsentation de l’ADH L’ADH est une enzyme prรฉsente dans le cytosol des hรฉpatocytes. On la retrouve รฉgalement au niveau des reins, des poumons ou de l’estomac.ย Cette enzyme existe sous diffรฉrentes formes :
– la classe I, reprรฉsente par les isoenzymes ADH1, ADH2 et ADH3, se caractรฉrise par un Km (constante de Michaelis) bas et Vmax (Vitesse maximale d’รฉlimination) รฉlevรฉe pour l’รฉthanol.
– la classe II, reprรฉsentรฉe par l’ADH4, a un Km plus รฉlevรฉ pour l’รฉthanol.
– la classe III, constituรฉe de l’ADH5, a un Km trรจs รฉlevรฉ mais n’intervient pas dans ce mรฉtabolisme hรฉpatique.
L’existence de ces diffรฉrentes isoenzymes expliquent les variations interindividuelles de l’รฉlimination de l’รฉthanol.
o La voie du MEOS (Microsomial รthanol Oxydizing System) :Prรฉsentation du MEOS [19] Le MEOS est un systรจme prรฉsent dans le rรฉticulum endoplasmique lisse (ou microsome) des hรฉpatocytes. Chez le sujet sain, le MEOS serait responsable de 25% de l’oxydation de l’รฉthanol, les 75% restants relevant du systรจme ADH. Cela reprรฉsente en moyenne 2g d’รฉthanol par kg de poids corporel en 24h. Au-delร de cette quantitรฉ, chez le buveur excessif et l’alcoolique chronique, la participation du MEOS ร l’oxydation augmente notablement : il s’agit donc d’un systรจme inductible par l’รฉthanol.
o Voie de la catalase hรฉpatique :Prรฉsentation de la catalase [30] La catalase est prรฉsente au niveau des microsomes des hรฉpatocytes. Cette troisiรจme voie, la plus nocive, n’entre en jeu qu’aprรจs dรฉbordement des voies prรฉcรฉdentes, ร la suite d’une intoxication alcoolique prolongรฉe ( plus de 2g d’รฉthanol par kg et par jour). Elle conduit ร des dรฉlabrements physiques importants (destructions tissulaires et dรฉnutrition).
Dรฉfinition de l’alcoolรฉmie
ย ย L’alcoolรฉmie dรฉsigne la teneur en alcool du sang. Une fois ingรฉrรฉ, l’alcool diffuse en effet trรจs rapidement dans l’organisme du sujet, passant de son appareil digestif (intestin) ร son systรจme circulatoire oรน il se trouve vรฉhiculรฉ par le sang. Il existe un rapport direct entre le taux d’alcoolรฉmie et la quantitรฉ d’alcool contenue dans l’air expirรฉ : ainsi, une teneur en alcool de 0,25 mg par litre d’air expirรฉ รฉquivaut ร un taux d’alcoolรฉmie de 0,5 g/L par exemple. C’est pourquoi l’alcoolรฉmie d’une personne s’รฉvalue :
– soit par analyse de l’air expirรฉ ร l’aide d’un รฉthylomรจtre (mesure รฉlectronique / aspect quantitatif) ou d’un รฉthylotest (coloration d’un rรฉactif chimique / aspect qualitatif et semiquantitatif)
– soit par dosage sanguin : la prise de sang
Les variations interindividuelles face ร l’alcool
1. Les raisons de ces variations interindividuellesย Les possibilitรฉs d’รฉlimination d’alcool de l’organisme sont directement fonction du poids du sujet, de l’importance de l’รฉquipement de son foie en enzymes alcool-dรฉshydrogรฉnase et aldรฉhyde-dรฉshydrogรฉnase et de la vitesse de travail de ces enzymes. Si l’on sait que, jusqu’ร l’รขge de la pubertรฉ, les enzymes alcool-dรฉshydrogรฉnase et aldรฉhyde dรฉshydrogรฉnase sont pratiquement inopรฉrantes, que la quantitรฉ et les performances de ces enzymes s’effondrent avec la survenue de l’andropause ou de la mรฉnopause, et diminuent avec les altรฉrations physiques ou psychiques, que, par ailleurs, l’รฉquipement enzymatique du foie est variable suivant les individus, et qu’il est impossible de modifier volontairement le nombre et la vitesse de travail de ces enzymes, on commence ร comprendre les raisons de notre inรฉgalitรฉ devant l’alcool, et la possibilitรฉ de dรฉclenchement inopinรฉ d’un processus d’intoxication รฉthylique.
2. Les consรฉquences observรฉes chez les buveurs d’alcool C’est ainsi que deux sujets buvant ensemble au mรชme moment, dans les mรชmes conditions et au mรชme rythme une mรชme quantitรฉ d’une mรชme boisson alcoolique s’en trouveront diffรฉremment affectรฉs, qu’il s’agisse de l’alcoolรฉmie ou de l’intoxication รฉventuelle. C’est รฉgalement ainsi que l’habitude prise de donner aux enfants et aux jeunes encore impubรจres des boissons alcooliques, mรชme si elles se rรฉduisent ร du vin additionnรฉ d’eau, peut en faire des alcooliques prรฉcoces. C’est encore ainsi que des sujets malades, opรฉrรฉs (notamment les gastrectomisรฉs), dรฉpressifs,ou atteignant l’รขge de l’andropause ou de la mรฉnopause dont le rรฉgime d’absorption d’alcool est relativement รฉlevรฉ, s’intoxiquent et peuvent brutalement tomber dans l’alcool odรฉpendance s’ils ne modifient pas leur rรฉgime de boissons.En fait, une proportion importante de buveurs plus ou moins intoxiquรฉs frรดle, en permanence et sans le savoir, l’alcoolodรฉpendance. Il suffit que, pour une cause quelconque, leur seuil de tolรฉrance ร l’alcool s’affaisse pour que survienne cette alcoolodรฉpendance. Par ailleurs, on constate curieusement que le lot des sujets dont l’รฉquipement enzymatique est dรฉficient n’est pas celui qui fournit le plus d’alcooliques. Les sujets sous-รฉquipรฉs รฉprouveront des malaises ร la moindre absorption d’alcool. Ils bรฉnรฉficient ainsi d’un signal d’alarme les conduisant ร refuser la part excessive d’alcool. En revanche, les sujets surรฉquipรฉs pourront tolรฉrer trรจs longtemps, sans malaise et sans manifestation d’ivresse, de grandes quantitรฉs de boissons en se vantant ouvertement de leur rรฉsistance ร l’alcool. Franchissant journellement les frontiรจres de l’intoxication, ils rรฉussissent pendant un certain temps ร accroรฎtre encore leur tolรฉrance ร l’alcool (รฉlimination par les voies auxiliaires) jusqu’au moment oรน, sans qu’ils puissent s’en rendre compte, leur seuil de tolรฉrance s’effondre, leur interdisant dรฉsormais de revenir en deรงร de la frontiรจre qu’ils ont imprudemment franchie.
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Table des matiรจres
INTRODUCTIONย
OBJECTIFS
GENERALITES
METHODOLOGIE
RESULTATS ET ANALYSE
COMMENTAIRES ET DISCUSSION
CONCLUSIONย
RECOMMANDATIONS
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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