RรSULTATS
Ce chapitre fait รฉtat des rรฉsultats de ce mรฉmoire, issus de la collecte de donnรฉes effectuรฉe auprรจs dโintervenants oeuvrant dans une รฉcole secondaire publique de la rรฉgion du SaguenayโLac-Saint-Jean. Les rรฉsultats sont prรฉsentรฉs en sept sections. En premier lieu, un portrait des caractรฉristiques sociodรฉmographiques et professionnelles des rรฉpondants est prรฉsentรฉ. Ensuite, les actes de violence physique en milieu scolaire sont dรฉcrits, principalement en ce qui concerne les caractรฉristiques des jeunes impliquรฉs et les actes de violence rapportรฉs. La troisiรจme partie de ce chapitre sโintรฉresse, quant ร elle, ร la prise en charge des situations de violence physique et dรฉcrit les interventions mises en place et leurs retombรฉes, en abordant le rรดle des diffรฉrents acteurs impliquรฉs dans la situation. Pour sa part, la quatriรจme section documente le point de vue des intervenants sur les rรฉactions et les sentiments des parents ร la suite de lโacte de violence physique commis par leur jeune.
La cinquiรจme partie porte, de son cรดtรฉ, sur la collaboration รฉcole-famille dans les situations de violence physique en milieu scolaire, et ce, en insistant sur lโimplication des parents dans ce type de situation ainsi que sur les attentes de lโรฉcole et de lโintervenant envers cette implication parentale. La sixiรจme partie prรฉsente les facteurs qui favorisent ou qui entravent cette collaboration. Pour conclure ce chapitre, les recommandations รฉmises par les participants sont prรฉsentรฉes afin de faciliter le vรฉcu des parents ร la suite dโun acte de violence physique commis par leur jeune en milieu scolaire.
Les caractรฉristiques sociodรฉmographiques et professionnelles des rรฉpondants
Au total, huit intervenants scolaires oeuvrant dans une รฉcole secondaire publique du SaguenayโLac-Saint-Jean ont participรฉ ร la collecte des donnรฉes, soit cinq femmes et trois hommes. Au moment de la collecte des donnรฉes, les rรฉpondants รฉtaient รขgรฉs de 23 ร 56 ans, pour une moyenne dโรขge de 40 ans. Ces derniers dรฉtenaient majoritairement un diplรดme dโรฉtudes universitaires, que ce soit de premier cycle (n=4) ou de deuxiรจme cycle (n=1). Les autres avaient complรฉtรฉ un diplรดme dโรฉtudes collรฉgiales (n=3). Les disciplines de formation des rรฉpondants รฉtaient la psychoรฉducation (n=4), le travail social (n=2) et lโรฉducation spรฉcialisรฉe (n=2).
En ce qui concerne les caractรฉristiques socioprofessionnelles des rรฉpondants, la moitiรฉ (n=4) comptait 20 ans et plus dโannรฉes dโexpรฉrience professionnelle dans divers milieux. Alors que deux intervenants cumulaient au moins 30 ans dโexpรฉrience professionnelle en milieu scolaire, trois rapportaient entre 10 et 20 annรฉes dโexpรฉrience dans ce milieu. Les trois autres participants comptaient moins de 10 ans dโexpรฉrience en milieu scolaire. Les participants occupaient diffรฉrents types dโemplois au moment de lโentrevue, travaillant en tant que psychoรฉducateurs (n=4), รฉducateurs spรฉcialisรฉs (n=3), ou travailleur social (n=1), et ce, majoritairement ร temps plein (n=5). Ils provenaient de deux commissions scolaires, soit la Commission scolaire des Rives-du-Saguenay (n=7) ainsi que la Commission scolaire Quรฉbec Centrale (n=1). Le Tableau 2 rรฉsume lโensemble des caractรฉristiques sociodรฉmographiques et professionnelles des participants.
La description des actes de violence physique en milieu scolaire
Cette section propose une description des actes de violence physique en milieu scolaire, selon le discours des intervenants interrogรฉs. Dans un premier temps, leur point de vue sur les principales caractรฉristiques individuelles et familiales des jeunes impliquรฉs dans ces situations est prรฉsentรฉ. Par la suite est exposรฉ un portrait gรฉnรฉral des actes de violence rapportรฉs par les rรฉpondants.
Les principales caractรฉristiques individuelles et familiales des jeunes impliquรฉs
Dโune part, lโensemble des rรฉpondants (n=8) ont รฉtรฉ en mesure de dresser un portrait des caractรฉristiques individuelles des adolescents impliquรฉs dans des actes de violence physique au sein de leur รฉtablissement scolaire. Ainsi, certains intervenants (n=3) ont soulignรฉ lโimportance de la prรฉsence de troubles mentaux chez ces jeunes, quโils soient diagnostiquรฉs ou non. Parmi les troubles mentaux identifiรฉs, ils insistent particuliรจrement sur le trouble dรฉficitaire de lโattention avec hyperactivitรฉ, le trouble de personnalitรฉ limite, ainsi que les troubles de comportement et dโopposition. ร leurs yeux, ces troubles tendent ร augmenter lโimpulsivitรฉ et lโagressivitรฉ des jeunes et peuvent expliquer, du moins en partie, leurs comportements violents.
Le portrait gรฉnรฉral des actes de violence rapportรฉs
En ce qui a trait ร la frรฉquence des actes de violence physique commis dans leur รฉtablissement scolaire, trois participants estiment que chaque semaine, prรจs dโun รฉvรฉnement de ce type se produirait dans lโรฉtablissement oรน ils travaillent.
Mais des cas dโagressivitรฉ puis de violence, moi je dirais quโon peut รชtre interpellรฉ au moinsโฆ Je dirais au moins une fois par semaine facile. Je te dirais une moyenne, minimum. (Diana, travailleuse sociale) Violence physiqueโฆ on en voit malheureusement assez frรฉquemment [โฆ] Jโaurais tendance ร dire ร chaque semaine, mais dโintensitรฉ qui diffรจre dโune situation ร lโautre. (Hรฉla, psychoรฉducatrice) .
En revanche, dโautres intervenants (n=2) affirment que les รฉvรฉnements qui impliquent des comportements de violence physique sont moins frรฉquents au sein de leur รฉtablissement scolaire. Ces derniers rรฉpertorient entre dix et vingt รฉvรฉnements de ce type au cours dโune annรฉe scolaire.
OK, vraiment physique, cโest trรจs rare. Je dirais peut-รชtre dans lโannรฉe une dizaine peut-รชtre au total. (Gustave, psychoรฉducateur).
Tu sais, je te dirais au moins 20. Puis quand je regarde les autres annรฉesโฆ On dirait que je suis trop positive. Admettons une vingtaine. (Febe, psychoรฉducatrice). Selon certains intervenants (n=4), la frรฉquence des comportements de violence physique serait influencรฉe par la transition entre lโรฉcole primaire et lโรฉcole secondaire. Deux intervenants sont dโavis que cette transition engendre davantage de comportements violents chez les jeunes. Ainsi, lโun dโeux souligne que la violence en milieu scolaire est plus importante en dรฉbut dโannรฉe scolaire, et ce, chez les รฉlรจves de 1re secondaire qui doivent alors sโadapter ร leur nouvelle รฉcole secondaire. Cette pรฉriode de transition plongerait certains adolescents dans une perte de repรจres normatifs, se traduisant parfois par de la violence. Une rรฉpondante souligne toutefois quโavec le temps, les jeunes se familiarisent avec leur nouvel environnement et tisseraient peu ร peu des liens avec leurs pairs et le personnel scolaire, ce qui contribuerait ร diminuer leur propension ร adopter des conduites violentes. Dans le mรชme sens, une autre intervenante souligne que le passage ร lโรฉcole secondaire sโaccompagne รฉgalement de changements hormonaux importants, pouvant parfois limiter la capacitรฉ des adolescents ร se contrรดler.
On en voit beaucoup plus au dรฉbut de lโannรฉe, quand ils ne nous connaissent pas encore et que le lien de confiance nโest pas encore รฉtabli, surtout les secondaires I qui arrivent. Lร , on voit des cas de batailles et de tiraillage et tout รงa, lร cโest plus intense au dรฉbut de lโannรฉe et ils viennent quโils connaissent le fonctionnement et quโil y a toujours un intervenant sur le plancher. Alors la violence diminue beaucoup en courant dโannรฉe. (Alba, technicienne en รฉducation spรฉcialisรฉe) Parce quโil y a une capacitรฉ de contrรดle qui est parfois limitรฉe ร cause de lโadolescence, ร cause du dรฉveloppement, des hormones et tout lร . Il y a des contextes biologiques aussi, quโil faut tenir compte. (Diana, travailleuse sociale).
Dโautre part, deux rรฉpondants constatent plutรดt une diminution des comportements violents entre le primaire et le secondaire. Ayant moins dโhabiletรฉs afin dโexprimer ce quโils ressentent avec des mots, les รฉlรจves du primaire utiliseraient, selon eux, davantage de comportements violents lorsquโils vivent des frustrations. De leur cรดtรฉ, les adolescents auraient atteint davantage de maturitรฉ ainsi quโun niveau de jugement moral plus รฉlevรฉ, leur permettant de mieux contrรดler leurs rรฉactions lorsquโils sont contrariรฉs.
ร lโรฉcole secondaire, souvent les jeunes ont quand mรชme plus de conscience morale et ils savent quand mรชme plus se contrรดler que des enfants du primaire. (Ben, technicien en รฉducation spรฉcialisรฉe) .
Cโest diffรฉrent le primaire du secondaire, parce quโau primaire, les jeunes manquent beaucoupโฆ Ils manquent de mots justement pour sโexprimer, puis ils y vont beaucoup par tout ce quโil y a de physique [โฆ] Parce quโau primaire, il y a beaucoup dโexplosions physiques. Tandis quโau secondaire, ils ont plus de mots pour le dire. (Febe, psychoรฉducatrice) .
Par ailleurs, les rรฉpondants sโentendent pour dire que les situations de violence physique rencontrรฉes en milieu scolaire sont trรจs variรฉes, allant de bousculades ร des voies de fait causant des blessures. Les motifs engendrant les comportements violents semblent associรฉs, dans le discours des intervenants, ร lโรขge et au genre des jeunes impliquรฉs. Tout dโabord, certains participants (n=5) soulignent que la gravitรฉ des รฉvรฉnements tend ร augmenter avec lโรขge. Ainsi, alors que les รฉlรจves plus jeunes sont gรฉnรฉralement impliquรฉs dans des bousculades qui surviennent lors dโun jeu ou des querelles banales, les plus รขgรฉs utilisent davantage la violence dans des contextes dโintimidation ou de conflits plus sรฉrieux, quโils soient liรฉs ร des ruptures amoureuses ou des dettes de drogues. Selon trois intervenants, les filles utiliseraient surtout la violence lorsquโelles sont animรฉes par la jalousie ร la suite dโune rupture amoureuse, alors que les garรงons auraient des motivations plus variรฉes.
Des fois, on se rend compte que cโest une peine dโamour, il mโa volรฉ mon chum. Ou cโest une dette de drogueโฆ รงa, on nโembarque pas lร -dedans, mais on sait que quand il nโy a pas de motif, lร , il nโen reste plus bien bien, ce nโest pasโฆ jโai fait de mรชme pour le fun, lร . Alors lร , รงa nous donne beaucoup dโindices. (Gustave, psychoรฉducateur) .
รa peut รชtre aussi des banalitรฉs, ร la table de ping-pong, il y en a un qui vole le tour de lโautre, surtout chez les plus jeunes, lร . Alors, รงa peut varier, lร [โฆ] Et les filles, eux autres, cโest plus voler le chum de lโautre ou cโest des querelles entreโฆ cโest รงa, lร , souvent cโest reliรฉ ร la violence amoureuse. Je laisse mon chum, mais cโest lโamie qui pogne le chum, alors lร , รงa fait comme une guerre de filles avec รงa. (Alba, technicienne en รฉducation spรฉcialisรฉe).
Dans le but de mieux comprendre le point de vue des rรฉpondants en ce qui a trait aux actes de violence physique commis par des jeunes en milieu scolaire, une technique dโassociation libre a รฉtรฉ utilisรฉe lors des entrevues. Les rรฉpondants devaient alors nommer spontanรฉment trois mots-clรฉs qui leur venaient ร lโesprit lorsquโils repensaient ร la conduite violente adoptรฉe par des jeunes en milieu scolaire. Lโanalyse des rรฉponses a permis de dรฉgager quatre principaux thรจmes dans le discours des intervenants interrogรฉs.
Tout dโabord, certains termes concernent les besoins du jeune et rรฉfรจrent ร des mots-clรฉs tels que ยซ besoin dโaide ยป et ยซ besoin dโaffirmation ยป. Quant ร elle, la deuxiรจme catรฉgorie est liรฉe aux sentiments du jeune et englobe les mots ยซ souffrance ยป et ยซ malheureux ยป. La troisiรจme catรฉgorie touche les rรฉactions du jeune par des mots-clรฉs tels que ยซ impulsif ยป et ยซ mal outillรฉ ยป. Finalement, la quatriรจme catรฉgorie regroupe le rรดle de lโentourage quant ร lโacte de violence posรฉ, par le biais du qualificatif ยซ modรฉlisation ยป. Le tableau 3 fait une synthรจse des mots-clรฉs (n=24) nommรฉs par les intervenants en fonction des quatre grandes catรฉgories.
La prise en charge des situations de violence physique
Cette section aborde la prise en charge des situations de violence par le milieu scolaire. Dโune part, les interventions mises en place lors de tels รฉvรฉnements et leurs retombรฉes sont abordรฉes. Les rรดles des diffรฉrents acteurs qui sont impliquรฉs dans les situations de violence physique sont ensuite prรฉsentรฉs.
Les interventions rรฉalisรฉes lors dโun รฉvรฉnement de violence physique en milieu scolaire
Lorsquโun รฉvรฉnement de violence physique se produit en milieu scolaire, certains rรฉpondants (n=3) soulignent que les interventions privilรฉgiรฉes peuvent varier en fonction de diffรฉrents facteurs, tels que la gravitรฉ de lโacte commis, les antรฉcรฉdents de violence du jeune, ainsi que le fait que la situation fasse ou non lโobjet dโune plainte policiรจre. Lโintervention choisie par le milieu scolaire est donc influencรฉe par lโinteraction de ces diffรฉrents รฉlรฉments, qui doivent faire lโobjet dโune รฉvaluation. Pour ce faire, les รฉlรจves concernรฉs et les tรฉmoins sont rencontrรฉs afin de bien comprendre la situation et lโhistorique de celle-ci.
Les retombรฉes des interventions mises en place
Selon plusieurs intervenants interrogรฉs (n=5), il est possible dโobserver des changements positifs chez certains jeunes qui commettent un acte de violence physique en milieu scolaire. Le jeune peut rรฉaliser lโintensitรฉ de son acte et dรฉcider par lui-mรชme de modifier ses comportements futurs. Ces changements peuvent รชtre attribuables au fait que le jeune prend conscience quโil est supervisรฉ par lโensemble de lโรฉquipe-รฉcole et quโil se voit contraint dโapporter des modifications ร ses comportements. ร cet effet, lorsque lโรฉquipe-รฉcole se mobilise et travaille en collaboration avec le parent, certains participants (n=4) notent que des rรฉsultats sont gรฉnรฉralement observables sur le jeune qui a commis lโacte. Une rรฉpondante mentionne que lโobservation de ce changement se fait par la diminution ou lโarrรชt des comportements de violence physique commis par le jeune.
Oui, et lร , le jeune se rend compte quโil est allรฉ trop loin et que lร il est comme au pied du mur, il a la loupe sur lui et il ne peut plus rien faire. Alors, il dรฉcide de bien faire รงa et de bien fonctionner. รa arrive aussi. (Alba, technicienne en รฉducation spรฉcialisรฉe) Bien, on souhaite quโil y ait du changement chez les jeunes, lโobjectif cโest รงa, ce nโest pas quโils demeurent avec les mรชmes patterns et les mรชmes comportements. Mais gรฉnรฉralement, dans lโensemble, quand on se mobilise comme รฉquipe, avec les parents, on voit du changement. Ce nโest pas des gestes qui vont se rรฉpรฉter dans le temps. [โฆ] Mais dans lโensemble, on observe des changements, oui assez positifs. Et on le mesure souvent avec le nombre de gestes de violence qui sont posรฉs aprรจs, on souhaite que รงa diminue ou que รงa cesse. (Hรฉla, psychoรฉducatrice) .
Toutefois, ces changements positifs, observables chez certains jeunes, ne se produisent pas instantanรฉment. ร cet รฉgard, deux rรฉpondants ont mentionnรฉ que ces changements peuvent รชtre perรงus aprรจs une longue pรฉriode, variant de quelques mois ร quelques annรฉes. Ils peuvent aussi fluctuer dans le temps, en fonction des diverses situations que vivent ces jeunes. Pour que les changements soient durables et quโils se reflรจtent dans diffรฉrentes sphรจres de la vie des jeunes, ces rรฉpondants soulignent quโils doivent faire lโobjet dโun suivi rรฉgulier et non seulement dโinterventions ponctuelles.
Les acteurs impliquรฉs dans la situation
Dans les situations de violence physique en milieu scolaire, les interventions mises en place peuvent varier dโun jeune ร un autre, amenant ainsi diffรฉrents acteurs ร sโimpliquer auprรจs dโeux. Outre les parents2, plusieurs membres du personnel scolaire et divers organismes du milieu sont susceptibles de jouer un rรดle dans la situation.
Les acteurs du milieu scolaire
Dโabord, en raison de son rรดle au sein de lโรฉtablissement, le directeur (ou son adjoint) est gรฉnรฉralement la personne mandatรฉe afin dโรฉtablir la communication avec les parents ร la suite dโune situation de violence physique en milieu scolaire. Il est aussi responsable de la mesure disciplinaire privilรฉgiรฉe, bien que cette derniรจre soit discutรฉe avec dโautres intervenants.
Donc, toujours un protocole assez similaire. Au niveau de la violence, cโest sรปr que toujours la direction est avisรฉe. Direction, souvent ce sont des adjoints qui sโoccupent de toutes les relations avec les parents. (Carrie, psychoรฉducatrice)
La direction, le gardien de sรฉcuritรฉ, va appeler la direction, va amener le jeune ร la direction et la direction va expulser le jeune ou va lโenvoyer ร la maison temporairement. (Diana, travailleuse sociale)
Les acteurs externes au milieu scolaire
Selon la situation de lโรฉlรจve et la gravitรฉ de lโacte commis, des acteurs externes au milieu scolaire peuvent รชtre appelรฉs ร intervenir dans une situation de violence. รtant donnรฉ le rรดle circonscrit des rรฉpondants, qui doivent centrer leurs actions sur la vie scolaire du jeune, quelques intervenants (n=3) mentionnent quโune rรฉfรฉrence peut parfois รชtre effectuรฉe, que ce soit au CLSC ou dans un organisme communautaire de la rรฉgion. ร cet รฉgard, plusieurs organismes sont mentionnรฉs par les rรฉpondants, notamment la Maison de lโespoir, le Havre du Fjord, la Maison dโhรฉbergement S.O.S jeunesse, รquiJustice Saguenay, les maisons des jeunes, lโAssociation de parents dโadolescent de Chicoutimi et Rรฉseau contact solution. Parallรจlement au travail que le jeune fait sur lui-mรชme, son parent peut alors bรฉnรฉficier dโun soutien afin de mieux encadrer et superviser son adolescent.
Les rรฉactions et les sentiments des parents ร la suite de lโacte de violence physique
Cette section explore les rรฉactions et les sentiments vรฉcus par les parents lorsque leur adolescent commet un acte de violence physique en milieu scolaire, et ce, du point de vue des intervenants.
Les sentiments des parents
Lorsquโils sont avisรฉs que leur adolescent a commis un acte de violence physique en milieu scolaire, les parents expriment diffรฉrents sentiments, comme de la colรจre, du stress ou mรชme de la fiertรฉ.
Dโune part, les intervenants (n=3) soulignent que les pรจres peuvent exprimer de la colรจre et de lโagressivitรฉ lorsquโils apprennent que leur enfant a commis un acte de violence physique ร lโรฉcole. Cette colรจre est gรฉnรฉralement dirigรฉe vers le personnel scolaire ou lโenseignant qui avise le parent de la situation. Elle est exprimรฉe dans les minutes suivant lโannonce, par des pรจres qui jugent la sanction trop sรฉvรจre ou encore qui remettent en question son objectivitรฉ. De faรงon gรฉnรฉrale, cette colรจre se dissipe aprรจs une discussion avec le personnel scolaire, bien quโil arrive que certains parents continuent de nourrir de la rancoeur envers lโรฉcole ร la suite de lโรฉvรฉnement.
Les rรฉactions des parents
Les intervenants affirment majoritairement (n=6) que les parents rรฉagissent adรฉquatement lorsque lโรฉcole communique avec eux pour les informer de lโacte de violence physique commis par leur jeune. Ainsi, plusieurs parents formuleront des excuses au personnel du milieu scolaire, conscients que les actes commis par leur jeune ne sont pas acceptables. Aux yeux de certains intervenants (n=3), la plupart des parents vont donc collaborer aux mesures proposรฉes par lโรฉcole et faire รฉquipe avec le personnel afin dโรฉviter une rรฉcidive chez leur jeune. Toutefois, malgrรฉ leur reconnaissance du caractรจre inacceptable des comportements posรฉs par leur adolescent, certains parents peuvent exprimer leur dรฉsaccord avec les mesures ou les sanctions proposรฉes.
Bien, je vous dirais quโen gรฉnรฉral, รงa se passe bien, ils sont conscients que ce nโest pas acceptable ce qui sโest passรฉ, la situation, et ils embarquent avec nous, ils font รฉquipe avec nous, dans la grande, grande majoritรฉ des cas. (Alba, technicienne en รฉducation spรฉcialisรฉe) Mais la majoritรฉ va รชtre en accord, avec lโintervention qui est faite, puis des fois, ils vont dรฉbattre aussi des points. Des fois, ils reviennent quelques jours plus tard avecโฆ Mais tu sais, la majoritรฉ sont assez collaborateurs. (Carrie, psychoรฉducatrice) .
Bien que les rรฉactions des parents soient jugรฉes adรฉquates de faรงon gรฉnรฉrale, plusieurs intervenants interrogรฉs (n=6) soulignent nรฉanmoins avoir รฉtรฉ tรฉmoins de rรฉactions nรฉgatives chez une minoritรฉ de parents. Ces rรฉactions nรฉgatives peuvent prendre diffรฉrentes formes, comme la minimisation de lโacte posรฉ par leur jeune (n=2), la valorisation de lโacte, considรฉrรฉ comme un moyen de dรฉfense (n=1), ou la justification de lโacte de violence afin de rรฉduire la responsabilitรฉ de lโadolescent (n=1). Lorsque la violence nโest pas un comportement rรฉcurrent chez le jeune, il peut arriver que le parent ne considรจre pas que son enfant ait pu commettre un tel acte. Ainsi, leur perception de la situation en est influencรฉe. Dans certains cas, lโรฉcole possรจde des camรฉras qui ont enregistrรฉ lโรฉvรฉnement. Cet enregistrement peut alors รชtre utilisรฉ avec les parents pour quโils constatent eux-mรชmes lโacte de violence qui a eu lieu en milieu scolaire. Cette stratรฉgie permet de dissiper les doutes et les malentendus par rapport aux รฉvรฉnements.
La collaboration รฉcole-famille dans les situations de violence physique en milieu scolaire
Cette section porte un regard sur la collaboration entre le milieu scolaire et la famille lors de situations de violence physique. En premier lieu, le point de vue des intervenants scolaires sur lโimplication des parents dans ce type de situation est prรฉsentรฉ. Les attentes du milieu scolaire et, plus spรฉcifiquement, celles des intervenants sont ensuite dรฉcrites en ce qui concerne lโimplication parentale.
Lโimplication des parents dans les situations de violence physique en milieu scolaire
Lors des entrevues, le sujet de lโimplication parentale a รฉtรฉ abordรฉ avec les rรฉpondants en lien avec les situations oรน un adolescent commet un geste de violence physique en milieu scolaire. Les intervenants ont alors majoritairement affirmรฉ (n=7) que les parents ou les responsables lรฉgaux de lโenfant, lorsque les parents nโont pas la garde du jeune, sโimpliquent dans ces situations en collaborant avec le milieu scolaire.
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Table des matiรจres
TABLE DES MATIรRES
LISTE DES TABLEAUXย
REMERCIEMENTSย
INTRODUCTIONย
CHAPITRE 1 : PROBLรMATIQUEย
1.1 Lโampleur de la violence physique en milieu scolaire
1.2 Les consรฉquences de la violence physique en milieu scolaire
1.3 Les facteurs de risque associรฉs ร la violence physique en milieu scolaire
1.4 Le rรดle des intervenants en milieu scolaire
1.5 La pertinence sociale et scientifique du mรฉmoire
CHAPITRE 2 : RECENSION DES รCRITSย
2.1 La dรฉfinition de la violence en milieu scolaire
2.2 Les rรฉactions et les sentiments des parents ร la suite dโun acte de violence physique commis par leur jeune
2.3 Les interventions rรฉalisรฉes en milieu scolaire ร la suite dโun acte de violence physique commis par un adolescent
2.4 Les facteurs qui favorisent ou qui entravent la collaboration entre les parents et le milieu scolaire
2.5 Les limites des recherches actuelles
CHAPITRE 3 : CADRE DE RรFรRENCEย
3.1 La typologie de lโimplication parentale dโEpstein
3.2 Le modรจle bioรฉcologique de Bronfenbrenner
CHAPITRE 4 : MรTHODOLOGIE DE LA RECHERCHEย
4.1 Les objectifs de recherche
4.2 Le type de recherche
4.3 La population ร lโรฉtude et lโรฉchantillonnage
4.4 Les modalitรฉs de recrutement des participants.
4.5 Les techniques de collecte de donnรฉes
4.6 Les instruments de collecte des donnรฉes
4.7 Lโanalyse et le traitement des donnรฉes
4.8 Les considรฉrations รฉthiques
CHAPITRE 5 : RรSULTATSย
5.1 Les caractรฉristiques sociodรฉmographiques et professionnelles des rรฉpondants
5.2 La description des actes de violence physique en milieu scolaire
5.2.1 Les principales caractรฉristiques individuelles et familiales des jeunes impliquรฉs
5.2.2 Le portrait gรฉnรฉral des actes de violence rapportรฉs
5.3 La prise en charge des situations de violence physique
5.3.1 Les interventions rรฉalisรฉes lors dโun รฉvรฉnement de violence physique en milieu scolaire
5.3.2 Les retombรฉes des interventions mises en place
5.3.3 Les acteurs impliquรฉs dans la situation
5.3.3.1 Les acteurs du milieu scolaire
5.3.3.2 Les acteurs externes au milieu scolaire
5.4 Les rรฉactions et les sentiments des parents ร la suite de lโacte de violence physique
5.4.1 Les sentiments des parents
5.4.2 Les rรฉactions des parents
5.5 La collaboration รฉcole-famille dans les situations de violence physique en milieu scolaire
5.5.1 Lโimplication des parents dans les situations de violence physique en milieu scolaire
5.5.2 Les attentes des intervenants et de lโรฉcole concernant lโimplication parentale
5.6 Les facteurs associรฉs ร la collaboration รฉcole-famille dans les situations de violence physique en milieu scolaire
5.6.1 Les facteurs qui favorisent la collaboration รฉcole-famille
5.6.2 Les obstacles ร la collaboration รฉcole-famille
5.7 Les recommandations des rรฉpondants
CHAPITRE 6 : DISCUSSION
6.1 La prise en charge des situations de violence physique en milieu scolaire
6.2 Les rรฉactions et les sentiments des parents ร la suite de lโacte de violence physique
6.3 Lโimplication parentale en milieu scolaire et les facteurs qui y sont associรฉs en contexte de violence physique
6.4 Les forces et les limites de ce mรฉmoire
6.5 Les implications pour les recherches futures
6.6 Les retombรฉes pour le domaine du travail social
CONCLUSIONย
RรFรRENCES
Annexe 1
Questionnaire sociodรฉmographiqueย
Annexe 2
Guide dโentrevue
Annexe 3
Approbation รฉthique de lโUniversitรฉ du Quรฉbec ร Chicoutimiย
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