De la phase de création à celle de développement ou de croissance, l’entreprise doit constamment mobiliser des ressources pour la couverture des besoins incessants de son activité. En effet, cette dernière requiert la mobilisation de ressources financières pour assurer la couverture des besoins à court terme liés à l’exploitation et des besoins à long et moyen termes pour le financement du cycle de l’investissement.
La plupart des événements vécus par l’entreprise ont une traduction financière, de ce fait, la politique financière occupe une place privilégiée au sein de celle-ci. Effectivement, la fonction financière fournie aux autres fonctions les moyens financiers dont elles ont besoins pour atteindre leurs objectifs propres concourant à l’objectif global de l’entité. Elle assure la cohérence financière de l’entreprise en agissant sous contrainte de rentabilité, de solvabilité et de flexibilité. Pour faire face à ces contraintes, l’entreprise doit choisir une bonne politique financière.
La politique financière s’intéresse à toutes les décisions qui affectent la finance de l’entreprise. Elle s’articule principalement autour de trois grandes décisions : la décision d’investissement, la décision de financement et la décision de rémunération des actionnaires (dividendes). Ces trois décisions ne sont pas indépendantes les unes des autres étant donné que la politique de financement ne peut se concevoir sans investissement et que la politique de dividendes suppose que la société ait réalisé des bénéfices et donc qu’elle ait investi dans des projets rentables.
Décision d’investissement
L’investissement représente un acte courant dans la vie d’une entreprise spécialement si elle est en recherche de développement, c’est un acte complexe dont la finalité reste toujours la création de richesses tout en supportant ses conséquences économiques et financières qui vont peser sur l’entreprise durant plusieurs exercices. C’est pourquoi un projet d’investissement doit être analysé avec un soin attentif d’autant plus s’il revêt une dimension importante.
Fondements théoriques de la notion d’investissement
Avant d’entamer toute démarche d’analyse, il est indispensable de connaitre ce qu’est l’investissement et d’expliquer les différents concepts liés à ce dernier, nous allons donc dans un premier lieu définir l’investissement et les différents types d’investissement qu’on peut retrouver, puis nous présenterons les paramètres et les caractéristiques d’un projet d’investissement.
Définition de l’investissement
L’investissement pour une entreprise peut être définit comme un ensemble de capitaux sous forme diverses (matérielles ou immatérielles) à engager durablement dans l’espoir d’en obtenir un retour satisfaisant étant donné les risques assumés.
De la définition ci-dessus, l’investissement est une opération qui permet à une entreprise d’engager des capitaux dans l’immédiat, dans l’espoir d’en tirer profit dans le futur et d’améliorer sa situation économique.
En comptabilité, un investissement est un flux de capitaux qui modifie le niveau des actifs immobilisés dans l’entreprise. Il devient donc une immobilisation. De ce point de vue, l’investissement est constitué de l’ensemble des actifs : corporels, incorporels et financiers.
En finance, l’investissement est défini comme étant un engagement de capitaux à long terme dans l’entreprise afin de percevoir des bénéfices (gains) futurs répartis dans le temps pour créer de la valeur.
Notions de base de la politique financière
La politique financière de l’entreprise consiste en la prise de différentes décisions afin de maximiser la création de valeurs aux pourvoyeurs de fonds spécialement les actionnaires, bien que le plus souvent, cet objectif peut être ramené à un but plus simple, le maintien de la valeur de l’entreprise .
Définition de la politique financière
La politique financière n’est envisagée qu’à l’intérieur du cadre, plus large, de la politique générale de l’entreprise et de sa stratégie. Son étude doit porter sur la recherche et l’optimisation des moyens afin d’atteindre les objectifs indiqués par la politique générale.
Les décisions mises en œuvre ont trait aux actes financiers qui engagent l’avenir de l’entreprise sur le long ou le moyen terme. On retrouve d’une part les dépenses et de l’autre les ressources.
Les dépenses d’une entreprise résultent d’opérations courantes et d’opérations qui, par leurs caractères stratégiques ou tactiques, méritent une étude approfondie. L’investissement est le moyen de création de valeur le plus avantageux grâce à sa nature et son ampleur, c’est également la variable qui fait courir le plus de risque à l’entreprise lorsqu’il ne s’agit pas d’un simple renouvèlement d’un actif productif. L’investissement est donc une variable clé dont l’application ne doit pas être improvisée.
Enfin, on retrouve certaines contraintes de l’exploitation courante dans l’entreprise qui engendrent des besoins de financement stables, ces derniers ne peuvent être couverts uniquement par les encaissements des ventes et donc, il est nécessaire de prévoir leur évolution à moyen terme.
Les ressources financières quant à elles, nécessaires au financement des besoins à long terme ne sont pas neutres sur la valeur de l’entreprise. En effet, sur le plan théorique, l’entreprise dispose d’un large choix d’opportunités de financement longs, notamment l’autofinancement, les financements externes et les financements par quasi-fonds propres.
Les besoins de financement
De la phase de création à celle de développement ou de croissance, l’activité de l’entreprise engendre des besoins de financement. En effet, l’entreprise doit d’abord acquérir des machines de production, acheter des marchandises ou des matières premières, rémunérer ses employés…etc. avant de passer à la vente des marchandises, des produits ou des services. Il existe donc un décalage dans le temps, entre les dépenses et les recettes, qui détermine les besoins de financement de l’entreprise.
Investissement
Comme préalablement définis, l’investissement est un processus qui engage durablement l’entreprise. C’est un engagement qui nécessite une dépense initiale dans le but de dégager des flux financiers futurs dont la somme est supérieure à la dépense initiale.
La politique d’investissement conditionne le développement futur de l’entreprise, elle est la traduction concrète des stratégies générales adoptées par la direction. On retrouve plusieurs types d’investissement correspondant à des stratégies différentes. Une fois le type d’investissement définis, l’entreprise doit procéder à l’étude financière de son projet et après avoir déterminé le taux d’actualisation nécessaire, l’entreprise peut effectuer les calculs destinés à évaluer la rentabilité du projet.
Évaluer la rentabilité d’un projet d’investissement consiste à effectuer une comparaison entre les gains futurs actualisés et le capital investi. On ne peut accepter un investissement que lorsque les gains attendus sont supérieurs au capital investi. Mais on note que tous les investissements susceptibles d’être réalisés par l’entreprise ne peuvent faire l’objet d’un calcul de rentabilité du moment que pour ce faire, ce calcul exige que les gains attendus puissent être évalués avec une précision suffisante, ce qui est possible pour les investissements productifs (techniques et financiers) dont l’impact sur le chiffre d’affaires et les coûts est mesurable.
Le besoin en fonds de roulement (BFR)
Grace à l’observation du cycle d’exploitation d’une entreprise et de son activité, nous constatons que l’entreprise engendre des besoins de financements qui peuvent être considérés comme permanents grâce à leur reproduction périodique. Selon l’approche traditionnelle, le rôle du fonds de roulement est de financer ces besoins, dits besoins en fonds de roulement.
Les besoins en fonds de roulement (BFR) naissent des décalages temporels qui existent dans le cycle d’exploitation et de leur reproduction d’un cycle à l’autre. En partant du postulat que le cycle d’exploitation est le résultat de flux physiques et financiers, on constate donc que les besoins en fonds de roulement surviennent suite aux décalages constatés entre ces deux catégories de flux.
Le décalage entre le règlement des fournisseurs et l’encaissement des ventes crée des besoins de financement, et comme ce décalage survient d’un cycle à l’autre, on considère que ces besoins sont stables ou permanents et doivent donc être financés par des capitaux stables. Le fonds de roulement représente le financement naturel de ces besoins, il est constitué de la différence entre les capitaux permanents et les actifs immobilisés (comme on peut le calculer en retranchant les actifs circulants des dettes à court terme).
On déduit alors la formule de calcul du BFR suivante :
BFR = (ACE + ACHE) – (DE + DHE) .
Le besoin en fonds de roulement est formé de deux composantes, le besoin en fonds de roulement d’exploitation (BFRE) et le besoin en fonds de roulement hors exploitation (BFRHE).
Provenant de la différence entre les besoins de financement d’exploitation et les ressources d’exploitation, les besoins en fonds de roulement d’exploitation représentent la composante la plus importante du BFR de par leur liaison directe au chiffre d’affaires. En effet, lorsque ce dernier augmente, les BFRE augmente sensiblement dans les mêmes proportions, en revanche la diminution de celui-ci n’entraîne pas nécessairement instantanément la diminution des BFRE dans les mêmes proportions.
On note la formule suivante :
BFRE = Actif circulant d’exploitation – passif circulant d’exploitation .
Le BFRHE quant à lui est une composante généralement mineure du BFR, il peut être très variable d’un exercice à l’autre et il représente les autres composantes de créances et de dettes financières.
BFRE = Actif circulant hors exploitation – dettes hors exploitation.
Politique de dividendes
La distribution des dividendes revient à priver l’entreprise d’une partie plus ou moins considérable de son autofinancement, mais il ne faut tout de même pas omettre le fait que la distribution des dividendes permet d’assurer la stabilité de la rémunération des capitaux placés par les actionnaires.
En apparence, on peut attendre de la politique des dividendes la réalisation d’un compromis entre les besoins de l’entreprise, notamment l’autofinancement nécessaire à la réalisation des investissements, et le besoin des actionnaires qui est nul autre que la rémunération de leurs placements. Assurément, les actionnaires qui accepteraient de renoncer aux dividendes pourraient, plus tard, retirer une valorisation de leur placement plus importante sous forme de plus-value. Mais, cette dernière est trop aléatoire pour les associés non intégrés à la gestion de la firme, ce qui est souvent le cas dans les grandes entreprises et donc, les entreprises cotées ne peuvent se passer de la distribution des dividendes que dans les cas extrêmes.
Il faut aussi noter que la politique de dividendes ne signifie pas seulement la distribution de dividendes, en effet, l’entreprise peut recourir à plusieurs formes comme la distribution d’actions gratuites, ce qui signifie la distribution d’une partie de ses réserves, ou encore fractionner son capital par la diminution du nominal d’un titre, et le rachat d’une partie de ses actions. Toutefois, ces opérations sont rares et ne sont pas motivées par la finalité de la rémunération des actionnaires.
On distingue souvent deux possibilités concernant la nature de la politique de dividendes, en effet, cette dernière peut être passive, c’est-à-dire déterminée par les autres aspects de la politique financière tels que la politique d’investissement ou de financement, comme elle peut être active, c’est-à-dire ayant sa propre finalité qui serait indépendante de la politique d’investissement.
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Table des matières
Introduction générale
Chapitre I : La politique d’investissement
Introduction
Section 01 : Décision d’investissement
1. Fondements théoriques de la notion d’investissement
1.1 Définition de l’investissement
1.2 Typologie des investissements
1.2.1 Classification des investissements selon leur nature
1.2.2 Classification selon les objectifs
1.2.3 Classification selon la nature des relations entre les projets
1.3 Paramètres caractéristiques d’un projet d’investissement
1.3.1 Le capital investi (I0)
1.3.2 La durée du projet
1.3.3 La valeur résiduelle
1.3.4 Les flux nets de trésorerie (Cash-flows)
1.3.5 Le taux d’actualisation (t)
1.3.6 La récupération du BFR
2. Critères d’évaluation de la rentabilité d’un investissement
2.1 Critères de choix en avenir certain
2.1.1 La valeur actuelle nette (VAN)
2.1.2 L’indice de profitabilité (IP)
2.1.3 Le taux de rentabilité interne (TRI)
2.1.4 Le délai de récupération du capital investi (DR)
2.2 Critères de choix en avenir incertain
2.2.1 Les méthodes basées sur la théorie des jeux
2.2.2 Les méthodes basées sur la prise en compte des probabilités
Section 02 : La décision de financement
1. Les différents modes de financement
1.1 Financement par fonds propres
1.1.1 La capacité d’autofinancement (CAF)
1.1.2 Les cessions d’éléments de l’actif immobilisé
1.1.3 L’augmentation de capital
1.1.4 Les primes et subventions
1.2 Financement par quasi-fonds propres
1.2.1 Les titres participatifs
1.2.2 Les prêts participatifs
1.2.3 Les titres subordonnés
1.3 Financement par endettement
1.3.1 Les emprunts auprès des établissements de crédit
1.3.2 L’emprunt obligataire
1.3.3 Le crédit-bail
2. Le coût de financement de l’entreprise
2.1 Définition du coût du capital
2.2 Le coût des capitaux propres
2.3 Le coût de l’emprunt
2.4 Le coût moyen pondéré du capital CMPC
Conclusion
Chapitre II : La politique financière de l’entreprise
Introduction
Section 01 : Notions de base de la politique financière
1. Définition de la politique financière
2. Les besoins de financement
2.1 Investissement
2.2 Le besoin en fonds de roulement (BFR)
2.3 Politique de dividendes
2.4 Remboursement d’emprunts
Section 02 : Politique de financement
1. Le choix d’un mode de financement
1.1 Les principes de base de choix d’un mode de financement
1.1.1 L’équilibre financier
1.1.2 Le risque financier
1.1.3 L’effet de levier
1.1.4 Le coût de financement
1.2 Les critères de choix des modes de financement
1.2.1 Les taux actuariels
1.2.2 La valeur actuelle nette ajustée
1.2.3 Le taux interne de rentabilité des fonds propres
2. Le plan de financement
2.1 Éléments de définition
2.2 Missions et objectifs du plan de financement
2.3 Processus d’élaboration
2.4 La structure et les composantes du plan de financement
Conclusion
Chapitre III : Analyse de la politique financière de BMT
Introduction
Section 01 : Présentation de l’organisme d’accueil
1. Historique, présentation et situation géographique de BMT
1.1 Historique de BMT
1.2 Présentation de BMT
1.3 Situation géographique
2. Activités, valeurs et objectifs de BMT
2.1 Activité principale de BMT
2.2 Les valeurs de BMT
2.3 Les objectifs de BMT
3. Organisation de BMT
3.1 Direction Générale
3.2 Direction des Ressources Humaines et Moyens
3.3 Direction des Finances et Comptabilité
3.4 Direction Marketing
3.5 Direction des Opérations
3.6 Direction Technique
Section 02 : Analyse de la politique et de la structure financières de BMT
1. Analyse de la structure financière de BMT
1.1 Analyse de l’équilibre financier
1.1.1 Calcul du fonds de roulement net global
1.1.2 Calcul du besoin en fonds de roulement
1.1.3 Calcul de la trésorerie nette
1.2 Analyse de l’activité de l’entreprise
1.2.1 Calcul des soldes intermédiaires de gestion
1.2.2 Calcul de la capacité d’autofinancement
1.3 Analyse des ratios
2. Analyse de la politique d’investissement
2.1 Identification du projet d’investissement
2.1.1 La durée de vie du projet
2.1.2 Estimation du chiffre d’affaires prévisionnel du projet
2.1.3 Estimation des dépenses prévisionnelles
2.1.4 Calcul de la valeur résiduelle
2.1.5 Calcul du besoin en fonds de roulement
2.1.6 Estimation des résultats nets prévisionnels
2.2 Étude de la rentabilité du projet d’investissement et de son financement
2.2.1 Étude de la rentabilité du projet avant financement : cas d’autofinancement
2.2.1.1 Calcul de la capacité d’autofinancement (CAF) avant financement
2.2.1.2 Détermination des critères de rentabilité avant financement
2.2.1.3 Élaboration du plan de financement avant financement
2.2.2 Étude de la rentabilité du projet et de son financement après financement (financement mixte : emprunt bancaire et capitaux propres)
2.2.2.1 Échéancier de remboursement de l’emprunt
2.2.2.2 Calcul de la capacité d’autofinancement (CAF) après financement
2.2.2.3 Détermination des critères de rentabilité après financement
2.2.2.4 L’effet de levier financier
2.2.2.5 Calcul du coût moyen pondéré du capital
2.2.2.6 Élaboration du plan de financement après financement
Conclusion
Conclusion générale