L’écornage du rhinocéros noir Diceros bicornis
Avantages et inconvénients de la technique d’écornage
La technique d’écornage présente certains avantages : Le premier, et non des moindres, n’est autre que sa première fonction : diminuer le risque de braconnage. En effet, lorsque des braconniers apprennent que les rhinocéros d’une réserve sont écornés, ils se déplacent vers d’autres réserves (Morkel, Gelvenhuys, 1993 ; Berger et al., 1993). Ensuite, l’écornage est une opération réversible : les cornes des rhinocéros noirs adultes repoussent en moyenne, chez les adultes, de 6,9 centimètres par an pour la corne antérieure et de 3,3 centimètres par an pour la corne postérieure, d’après une étude sur 16 individus (Berger et al., 1993). Les cornes cassées naturellement retrouveraient leur taille initiale après 3 à 5 ans (Lindeque, 1990). Enfin, la contention de l’animal pour l’écorner donne l’opportunité de poser des colliers radio-émetteurs (si pas déjà en place) et des implants électroniques (permettent d’identifier les individus et leurs cornes), de réaliser des prélèvements (ADN…), etc.
Mais cette technique n’est pas sans inconvénients : Le braconnage n’est pas complètement aboli par l’écornage : si cette pratique rend les réserves moins intéressantes pour les braconniers, elle est inefficace pour prévenir le braconnage une fois que les chasseurs sont entrés dans la réserve (Lindsey, Taylor, 2011). En effet, lors de l’écornage, 90 à 93 % de la corne est coupée, mais la couche germinative doit être préservée car c’est un tissu vivant, irrigué et sensible, et si elle coupée, la corne repousse malformée. (Save the Rhino, 2017). Le moignon de corne conserve une haute valeur commerciale, et un an après la coupe, la nouvelle corne était évaluée, en 1990, entre 1 520 et 6 618 € (en considérant les valeurs extrêmes des prix au kilo en 1990 : 3 193 € (3 737 $) à Taïwan à 13 845 € (16 205 $) à Hong Kong) (Berger et al., 1993). Elle vaut aujourd’hui bien plus, le kilo de corne atteignant 51 000 € (60 000 $) (Le Monde, 2017). Les braconniers, lorsqu’ils traquent un rhinocéros, ne voient pas la longueur de sa corne : si l’animal est écorné, il sera tué pour son moignon et pour ne pas être traqué de nouveau. La Photographie 5 montre le moignon sur le chanfrein d’un mâle 40 jours après l’écornage.
L’écornage est une opération coûteuse, estimée à presque 1 200 € par rhino en Namibie, ou à 600€ par individu au Zimbabwe dans une région à forte densité de rhinocéros (Berger et al., 1993). Son coût comprend la mobilisation de nombreuses personnes et de matériel : hélicoptère et pilote, vétérinaire et assistant vétérinaire, produits anesthésiques, professionnels de la capture et de la contention des rhinocéros, manager et rangers de la réserve… Cette opération comporte des risques liés à l’anesthésie (abcès au niveau du site d’injection de l’anesthésique (croupe), hyperthermie…) et liés à la coupe de la corne (infection au niveau du moignon si la corne est coupée trop courte…). Les cornes doivent être coupées régulièrement (tous les 18 mois) car elles repoussent de plusieurs centimètres par an ; ce qui est à la fois un avantage (réversibilité) et un inconvénient.
Que faire des cornes coupées ? Faut-il les détruire ? Les stocker en attendant une légalisation du commerce ? Elles sont pour la plupart répertoriées et stockées, malgré les risques que cela représente. L’écornage est une mesure à court terme : intéressante lorsque la pression de braconnage est forte, mais insuffisante au long terme (Berger et al., 1993). Enfin, l’écornage défigure l’animal : la corne n’est-elle pas La caractéristique de cet animal ? Le rhinocéros est bien le seul mammifère à posséder des cornes impaires centrées sur le chanfrein…
Méthodes
Le rhinocéros à écorner est tout d’abord repéré par les monitors (en utilisant la télémétrie ou en les pistant seulement). Puis le vétérinaire, depuis l’hélicoptère, télé-anesthésie l’animal. Les sites préférentiels depuis l’hélicoptère sont la croupe et la région lombaire.Le mélange utilisé dans la seringue comporte une forte dose d’un puissant opioïde (étorphine ou thiafentanil, analgésique, 2 à 4 mg d’étorphine pour un adulte ou un subadulte), associé à un tranquillisant ou sédatif (azapérone (40 à 150 mg), xylazine (20 à 100 mg) ou détomidine (10 à 45 mg) pour un adulte ou un subadulte), ainsi que de la hyaluronidase (2 000 UI) (augmente l’absorption et donc réduit le temps d’induction (Fowler, Miller, 2008)). L’induction prend quelques minutes, au cours desquelles l’animal court puis ralentit et tombe. L’animal est alors immobilisé chimiquement et non réellement anesthésié : s’il ne sent rien, il conserve l’ouïe, l’odorat et la vue. (Kock, Burroughs, 2012 ; Fahlman, 2008). Une fois l’animal au sol, l’assistant vétérinaire et l’équipe de capture se rendent sur place au plus vite. Les yeux du rhinocéros sont couverts, ses oreilles sont bouchées, et l’animal est positionné en décubitus sternal. Si besoin, les arbres ou buissons alentours sont tronçonnés. Les fonctions vitales du rhinocéros sont surveillées et de l’oxygène est donné par voie intranasale (5 à 15 L /min) pour soutenir la fonction respiratoire. Si la dépression respiratoire est trop importante, du butorphanol peut être utilisé (antagoniste des mu-récepteurs des opioïdes) (5 mg IV), ou de la nalorphine (antagoniste des opioïdes) (5 à 10 mg en titration IV) (Kock, Burroughs, 2012). La fléchette est retirée et des antibiotiques sont injectés en intramusculaire ou directement dans le trou laissé par la fléchette, pour prévenir les infections (la peau du rhinocéros est très épaisse et l’animal est sujet aux abcès sous-cutanés). De l’eau fraîche est répandue sur le corps de l’animal pour prévenir l’hyperthermie (les rhinocéros y sont très sensibles lors d’anesthésie).Enfin vient l’écornage à proprement parler : la corne antérieure est tronçonnée à 7 cm de sa base (soit un travers de main, cf. Photographie 6), et la corne postérieure à 5 cm (largeur de 3 doigts), pour respecter la papille dermique.Puis la souche de corne est râpée à la meuleuse (cf. Photographie 7). Parfois, de l’huile ou de l’onguent pour sabot ou du goudron de Norvège est appliqué sur le moignon pour prévenir les gerçures et craquelures. Des prélèvements d’ADN sont réalisés (poils de la queue, cartilage auriculaire…), et l’animal et ses cornes sont identifiés à l’aide de puces électroniques (une souscutanée dans l’encolure, et une dans chaque corne, pour pouvoir retrouver l’origine des cornes si elles venaient à se perdre…).
Guide du mémoire de fin d’études avec la catégorie Ecorner et remplacer la corne par une prothèse en résine |
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Table des matières
Dédicaces et remerciements
Table des annexes
Table des illustrations
Sigles utilisés
Introduction
Première partie : L’écornage du rhinocéros noir Diceros bicornis
I. Le rhinocéros noir
1. Aspects biologiques et écologiques
2. Statut de conservation UICN
3. Actions menées par le WWF
II. L’écornage
1. Définition
2. Historique
3. Situation actuelle : état des lieux
4. Avantages et inconvénients
5. Méthodes
Deuxième partie : Conséquences de l’écornage des mâles et de la mort d’un mâle adulte sur le comportement, l’état corporel et le domaine vital du rhinocéros noir à l’état sauvage
Chapitre 1 : Présentation du site d’étude
I. La réserve
1. Climat, précipitations et points d’eau
2. Habitats, faune et flore
3. Histoire de la réserve
4. Moyens matériels et humains
II. La population de rhinocéros noirs (Diceros bicornis) au sein de la réserve
1. Historique de la population
2. Individus
Chapitre 2 : Mise en œuvre de l’étude
I. Introduction
II. Matériels et méthodes : organisation sur le terrain
1. Moyens matériels pour la récolte des données
2. Ressources humaines
3. Moyens financiers
4. Technique de tracking
5. Analyse des données
III. Résultats
1. Activités, comportement, hiérarchie
2. Répartition au sein de la réserve ; évolution des domaines vitaux
3. Etat corporel
IV. Conclusion
Chapitre 3 : Discussion générale
I. Résumé de l’étude
II. Difficultés pratiques
liées au rhinocéros noir
liées à la réserve
III. Biais de l’étude
liés au sexe
liés au moment de la journée
liés à l’évaluation de l’état corporel
IV. Difficultés concernant l’analyse des données et les résultats
Nombre d’individus
Méthode des PMC
Et les autres réserves ?
V. Points forts
Troisième partie : Alternatives et compléments à l’écornage
I. Empoisonner les cornes
1. Pourquoi empoisonner les cornes ?
2. Comment empoisonne-t-on les cornes ?
3. Limites de l’empoisonnement
II. Teindre les cornes
1. Technique de teinte des cornes
2. Avantages de la teinte des cornes
3. Inconvénients de la teinte des cornes
III. Fabriquer de fausses cornes
1. Ecorner et remplacer la corne par une prothèse en résine
2. Produire et commercialiser de fausses cornes
IV. Décorner les tout petits ?
1. Quelques points de biologie
2. Ecornage et décornage des bovins
V. Des drones pour aider au monitoring
1. Utilisation et efficacité sur le terrain
2. Avantages et inconvénients
3. Conclusion sur les drones
VI. Et les éléphants ?
1. Braconnage
2. Couper les défenses ?
3. Teindre les défenses ?
4. Technologies de surveillance
Conclusion
Bibliographie
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