La finance d’entreprise est le secteur de la finance qui s’intéresse à la structure financière, aux décisions et opérations financières, aux modes de financement et à l’équilibre financier des entreprises. Lorsque l’entreprise dispose d’une opportunité d’investissement, elle manifeste des besoins de financement importants. La multitude des modes de financement auxquels elle peut recourir et leurs caractéristiques différentes, notamment en termes de rentabilité et de risque, souligne le caractère stratégique du choix de la structure financière. C’est ainsi que l’étude de la structure financière intéresse depuis près d’un siècle, les théoriciens et les praticiens et constitue dès lors un thème central de la finance de l’entreprise.
L’entreprise est un agent économique qui occupe une place prépondérante dans le maillage économique national et contribue à son développement ; et pour qu’une telle entreprise puisse financer ses activités d’investissements et d’exploitations, elle exprime ses besoins de financement qui doivent être satisfaits par plusieurs modes de financement. Il s’agit de mode d’autonomie, d’endettement et de découvert. Le premier mode est fondé sur l’autofinancement des activités de l’entreprise. Le deuxième mode consiste à recourir aux dettes financières pour financer les actifs de la firme et le troisième mode concerne le financement des investissements par des fonds propres et des actifs circulants par les concours bancaires.
Les concepts de la structure financière de l’entreprise
Définition de la structure financière
La structure financière d’une entreprise peut être définie comme sa proportion de financement par dette et par fonds propres. Elle reflète alors le mélange réalisé par l’entreprise de dette à court et à long terme ainsi que d’actions ordinaires et privilégiées afin de financer ses investissements.
Dans le même sens en affirmant que l’analyse de la structure financière est de porter un jugement sur les équilibres financiers fondamentaux.
Dans son sens étroit, la structure financière est l’ensemble des proportions qui existent à un moment donné entre les différentes ressources de l’entreprise, propres ou empruntées, permanentes ou provisoires.
La structure financière, ou la structure du capital de l’entreprise se définit comme étant «La combinaison de dettes bancaires et financières nettes et de capitaux propres auxquels elle a recours pour son financement. » .
Finalement, la structure financière représente une des décisions financières les plus importantes pour une entreprise puisqu’elle déterminera la capacité de l’entreprise à survivre dans le long terme.
A partir de cette définition, la structure financière d’une entreprise représente donc le partage de ses sources de financement entre deux grandes catégories qui sont la dette et les fonds propres. Afin de mieux comprendre la problématique de la structure financière, il est important de souligner les différentes caractéristiques de ces deux types de financement. En effet, une grande distinction existe entre dette et fonds propres, fondée notamment sur le droit ayant trait aux différents flux de trésorerie de l’entreprise, sur l’administration fiscale de ces deux types de financement mais aussi sur leur degré de contrôle des activités de l’entreprise.
Une première distinction entre la dette et les fonds propres se rapporte aux différents droits qu’ont les actionnaires et les créanciers sur les flux de trésorerie de l’entreprise. En effet, un créancier détient un droit fixe sur une série de flux de trésorerie (remboursement du capital et intérêts) tandis qu’un actionnaire doit se contenter d’un droit résiduel sur ceux-ci, c’est-à-dire les flux de trésorerie restants après le remboursement de tous les engagements contractés par l’entreprise. Finalement, un créancier détient une forte priorité sur les flux de trésorerie de l’entreprise, pour les remboursements périodiques de capital et d’intérêts, mais aussi sur les actifs de la firme en cas de liquidation.
Une deuxième distinction entre dette et fonds propres découle de l’administration fiscale qui s’applique à ces deux types de financement. En effet, les frais financiers découlant de la dette sont souvent traités de manière bien plus avantageuse que les dividendes qui sont versés aux actionnaires. Ainsi, les frais financiers ayant trait à la dette sont généralement fiscalement déductibles ce qui va créer des avantages fiscaux pour la compagnie. Nous parlerons alors d’avantage fiscal de la dette.
Enfin, en conséquence de leur droit résiduel sur les flux de trésorerie de l’entreprise, les actionnaires disposent d’un contrôle partiel ou total sur le management de l’entreprise.
À l’inverse, les créanciers ont un rôle plus passif et ne peuvent souvent jouir que d’un pouvoir de veto sur les décisions financières significatives de l’entreprise, selon les différentes règles contractuelles mises en place.
Les fondements théoriques de la structure financière
L’étude de la structure financière intéresse depuis près d’un siècle les théoriciens et les praticiens et constitue dès lors un thème central de la finance de l’entreprise.
La structure financière dans un marché parfait
On distingue la structure financière selon les classiques et selon les néoclassiques.
La structure financière selon les classiques (approche traditionnelle)
L’approche traditionnelle avance l’hypothèse selon laquelle il existerait une structure optimale du capital qui maximiserait la valeur de l’entreprise ou de façon équivalente qui minimiserait le coût du capital en maximisant son endettement ou en opérant un choix entre dettes et fonds propres. La détermination de la structure financière optimal signifie la détermination du risque financier optimal sachant que le risque financier zéro n’est pas bon.
Définition du risque financier
Il s’agit du risque qui n’est pas lié à la nature des activités de l’entreprise, mais à son mode de financement. En effet, la structure financière de chaque entreprise repose sur des fonds propres et des dettes. Le mode de financement par dette présente aussi un inconvénient non négligeable : plus l’entreprise est endettée plus la probabilité qu’elle soit incapable d’honorer ses engagements envers ces créanciers augmente. Le fondement de cette approche est basé sur deux notions fondamentales : l’effet levier de l’endettement et le coût du capital.
Effet de levier
C’est la variable qui dissocie le capital financier du capital économique et l’endettement dont la rémunération est fixée contractuellement alors que la rentabilité du capital économique est soumise aux aléas de l’activité économique, la rentabilité du capital financier dépend donc du volume et de la structure de l’endettement. C’est cette relation entre l’endettement et la rentabilité des capitaux propres que l’on appelle l’effet de levier. L’effet de levier est un mécanisme qui est connu depuis très longtemps mais il a été à nouveau à l’occasion des développements de la théorie financière moderne et des recherches menées sur la structure financière optimale de l’entreprise.
Le coût du capital
Il représente le taux de rentabilité minimal que les actionnaires doivent exiger des projets d’investissement de manière à ce qu’au pire, la valeur sur le marché des actions reste inchangée.
La détention d’un capital économique par l’entreprise implique une immobilisation de monnaie pour ceux qui en ont fait l’apport en qualité d’associés ou de prêteurs. Où les intérêts constituent pour l’entreprise un coût de détention, ce coût explicite est un coût réel et monétaire, il en est de même pour les bénéfices dont les associés attendent la distribution. Sachant que, le coût de l’emprunt résulte d’un accord contractuel et la distribution des bénéfices dépendent d’une décision des associés, Il correspond au coût moyen pondéré des dettes et des fonds propres (CMPC). Le coefficient de pondération est égal à la part relative des différents moyens de financement dans le financement total de l’entreprise.
CMPC = D/E+D*KD*(1-t) + E/E+D *KE.
Critique de cette approche
L’approche traditionnelle est plutôt une approche intuitive car selon les classiques il existe une structure financière optimal qu’elle revient aux responsables financiers de la déterminer, cette approche a été remise en cause par Modigliani et Miller en 1958 qui ont adopté une démarche plus rigoureuse.
Les déterminants de la structure financière
Plusieurs études empiriques ont examiné les déterminants de la structure financière optimale des entreprises et déterminé plusieurs facteurs en relation directe avec le niveau d’endettement choisi. Parmi ces variables, des variables liées à la fiscalité, telles qu’elles ont été décrites dans le modèle de Modigliani et Miller, et des variables liées à la taille de l’entreprise et à son secteur d’activité jouent un rôle déterminant.
D’autres déterminants possibles sont le niveau de risque de l’entreprise et la conjoncture économique. Ainsi, la structure des coûts de l’entreprise qui est un déterminant important de la structure du capital, dans la mesure où la variabilité élevée du chiffre d’affaires devrait être associée à un risque financier faible. De même, il semble que les perspectives de croissance jouent un rôle dans la détermination de la structure financière. Les déterminants les plus fréquents dans les études antérieures sont comme suite :
La taille de l’entreprise
L’effet de la taille de l’entreprise sur la structure financière n’a pas été démontré dans le cadre d’un modèle théorique bien particulier mais que dans la plupart des études empiriques, les grandes entreprises devraient avoir un niveau d’endettement plus élevé que les petites entreprises. En effet, les grandes entreprises disposent d’un niveau élevé de diversification des activités. D’après l’étude de Rajan et Zingales 1995, les chercheurs ont constaté qu’il existe une relation positive et significative entre la taille de l’entreprise et le niveau d’endettement et cela veut dire que le niveau d’endettement augmente avec l’augmentation de la taille de l’entreprise.
Selon Mahfuzah Salim, Dr. Raj Yadav, il n’existe aucune relation entre la taille de l’entreprise et la performance et cela est conforme aux plusieurs études empiriques.
La tangibilité de l’actif
La présence d’immobilisations corporelles au bilan de l’entreprise a un impact non négligeable sur son endettement. En effet, ces immobilisations corporelles constituent des garanties importantes aux yeux des créanciers (leur valeur liquidative étant importante), ce qui facilite son accès aux crédits bancaires. D’après les travaux empiriques, il existe une relation positive et significative entre l’endettement et la tangibilité de l’actif qui a été démontré par Rajan et Zingales 1995, ainsi Mouna Zerriaa et Hedi Noubbigh 2015 (Tunisie). Cette variable a été aussi utilisée dans plusieurs travaux empiriques comme une variable de contrôle pour tester la relation entre la performance de l’entreprise et sa structure financière ou les résultats ont été différentes.
La rentabilité
L’impact de la rentabilité et de la profitabilité sur la structure financière des entreprises est assez ambigu car souvent ces deux notions se confondent. D’après la POT (Pecking order theory), au plus une entreprise est rentable au plus elle sera capable de s’autofinancer et par conséquent, au moins elle recourra à l’endettement. L’argument avancé par la POT se base sur la rentabilité économique comme mesure de la rentabilité de l’entreprise. Or cette mesure peut également être perçue comme étant celle de la profitabilité de l’entreprise.
Cependant, les conclusions de la théorie du compromis «TOT» (Trade off theory) contrarient celles de la POT dans la mesure où, plus une entreprise est rentable, plus elle devra s’endetter pour profiter au maximum du principe de déductibilité fiscale des charges des dettes. La théorie de signal offre également un argument assez fort dans la mesure où l’entreprise rentable qui s’endette envoie un signal positif au marché quant à sa bonne santé financière.
D’après la majorité des études empiriques, il existe une relation négative et significative entre l’endettement de l’entreprise et sa rentabilité qui est conforme aux résultats de Rajan et Zingales 1995, ainsi les résultats de Mouna Zerriaa et Hedi Noubbigh 2015.
Les modes de financement
Toute entreprise présente un besoin de moyens financiers. Il est donc primordial de bien connaître, au préalable, les différents modes de financement possibles et les critères du choix de ces modes de financement.
Les différents modes de financement
Le choix d’une structure financière pour l’entreprise consiste à répartir ses ressources entre les ressources internes et externes. Néanmoins, ces deux catégories de ressources comprennent une variété d’instruments de financement.
Le financement par des ressources internes
Il est définit comme le surplus monétaire conservé par l’entreprise après distribution des dividendes, du fait de l’activité de l’entreprise. L’autofinancement est connu par son importance fondamentale pour la survie et la croissance de l’entreprise. Le calcul de l’autofinancement se fera donc très simplement à partir du surplus monétaire avant distribution du bénéfice, encore appelé la Capacité d’Autofinancement. L’autofinancement joue donc un rôle fondamental tant au niveau de l’entreprise qu’au niveau de l’économie, au niveau de l’entreprise et d’un point de vue strictement financier, l’autofinancement :
Est un financement interne disponible pour l’investissement tant en vue de maintenir le capital économique qu’en vue d’assurer la croissance de l’entreprise ;
Est un garant du remboursement des emprunts, donc un élément essentiel de la capacité d’endettement de l’entreprise, il évite à l’entreprise de s’endetter de manière trop lourde car il n’entraîne aucune charge d’intérêt et de remboursement, et évité aussi les frais importants consécutifs aux opérations financières.
Le financement par des ressources externes
Le financement externe s’oppose au financement interne mesuré par l’autofinancement. Il implique le recours par l’entreprise à des tiers, autres agents économiques et intermédiaires financiers.
L’augmentation du capital
Est une opération de financement externe car l’entreprise s’adresse à des associés qui sont juridiquement des tiers par rapport à elle. Cette opération fait partie des capitaux propres, elle n’entraine pas d’engagement de remboursement suivant un échéancier. Ces apports prennent plusieurs formes à savoir :
L’augmentation du capital en numéraire, en nature, par incorporation des réserves ou par conversion des dettes. L’augmentation du capital est une opération qui consiste à augmenter le nombre de titres par la création d’actions nouvelles, les droits attachées à chacune d’elles concernant le partage du capital, du bénéfice, des droits de vote.
Financement par emprunts bancaires
L’emprunt est le capital prêté par la banque à une personne physique ou morale pour leur financement à travers un contrat qui prévoit la stipulation d’un intérêt et le remboursement en une ou plusieurs échéances fixées lors de la conclusion du contrat. Tout emprunt se caractérise par les paramètres déterminants à savoir : le montant, la durée, le taux et le profil de remboursement (linéaire, infinie, différé, …). Le recours à l’emprunt bancaire paraît avantageux dans la mesure où il est rapide et simple, il permet un financement important en valeur, les intérêts bancaires sont fiscalement déductibles…Toutefois, l’endettement augmente la dépendance financière de l’emprunteur à l’égard du bailleur de fonds.
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Table des matières
Liste des abréviations
Introduction générale
Chapitre I : Les concepts et les fondements théoriques de la structure financière de l’entreprise
Introduction au chapitre I
Section 01 : Les concepts de la structure financière de l’entreprise
Section 02 : Les modes de financement
Section 03 : Le coût de financement et la structure du capital
Conclusion au chapitre I
Chapitre II : Généralité sur la performance et sa relation avec la structure financière
Introduction au chapitre II
Section 01 : Les concepts généraux de la performance et sa relation avec la structure financière
Section 02 : Les notions de performance financière
Section 03 : Les outils d’évaluation de la performance financière
Conclusion au chapitre II
Chapitre III : Etude empirique sur l’impact de la structure financière sur la performance de l’entreprise
Introduction au chapitre III
Section 01 : La Démarche méthodologique
Section 02 : L’étude descriptive
Section 03 : L’estimation du modèle et test des hypothèses
Conclusion au chapitre III
Conclusion générale
Bibliographie
Annexes
Liste des tableaux
Liste des Figures