MECANISMES DE LA REPONSE INFLAMMATOIRE
Modifications leucocytaires et diagnostic des syndromes inflammatoires
Neutrophilie ou neutropénie
Durant les premières vingt-quatre à quarante-huit heures d’inflammation aiguë sévère, une neutropénie marquée apparaît, due au recrutement massif des neutrophiles sur le site de l’inflammation et à la mobilisation des cellules souches de la moelle osseuse, plus lente que chez d’autres espèces (Roland et al. 2014). Ce recrutement local est particulièrement étudié chez les bovins en cas de bronchopneumonie à Mannheimia haemolytica. Il a lieu dans les deux heures suivant l’infection, par l’action des macrophages pulmonaires et alvéolaires qui sécrètent des cytokines pro-inflammatoires. Ces dernières, et notamment la TNF-α et l’IL-1, confèrent aux cellules endothéliales des capillaires alvéolaires des propriétés adhésives et pro-coagulantes. Ces propriétés adhésives sont dues à des sélectines (la sélectine L étant exprimée à la surface des leucocytes, la sélectine E à la surface des cellules endothéliales, la sélectine P à la surface des cellules endothéliales et des plaquettes) et des immunoglobulines spécifiques, les ICAM. Les neutrophiles peuvent donc s’y lier puis être activés par la production d’IL-8, de LTB4 et du facteur d’activation plaquettaire par les cellules endothéliales (Kaneko et al. 2008).Un syndrome inflammatoire peut se traduire par une déviation de la courbe d’Arneth à gauche, c’est-à-dire une augmentation du nombre de neutrophiles immatures dont le noyau est peu segmenté. Lorsque les neutrophiles matures sont majoritaires et qu’on observe une déviation de la courbe d’Arneth à gauche, cette dernière est qualifiée de « régénérative » (Smith 2009). Le nombre de neutrophiles, à la fois matures et immatures peut augmenter 3 à 5 jours après le début de la réponse inflammatoire. La leucocytose observée chez les bovins est moins importante que chez les autres espèces domestiques : un décompte de 20 000 à 30 000 leucocytes/µL de sang représente alors une leucocytose extrême. Une inversion du rapport neutrophiles/lymphocytes peut également être objectivée (Otter 2013), (Weiss et Wardrop, 2010). Si la déviation de la courbe d’Arneth persiste après plusieurs jours, un dysfonctionnement de la moelle osseuse sera à suspecter. Une inflammation chronique pourra se traduire par une neutrophilie modérée, qui ne sera alors pas à négliger, ou un nombre normal de neutrophiles. La mesure de marqueurs inflammatoires protéiques pourra donc améliorer la détection d’une réponse inflammatoire dans le cas d’inflammation aigüe peu sévère ou chronique. Une neutrophilie inflammatoire a été démontrée chez les bovins, caprins et ovins dans les cas d’infections virales, bactériennes (et notamment lors de pneumonie chronique, RPT chronique, péritonite, abcès internes, ombilicaux ou hépatiques, pyélonéphrite chronique, métrite chronique, salmonellose chronique, arthrite septique), fongiques, protozoaires et parasitaires (Smith 2009). Elle a également été rapportée en cas de syndrome néoplasique, de déplacement de caillette, d’intoxication, d’anémie auto-immune, de détresse respiratoire causée par une hypersensibilité. Au contraire, une neutropénie est fréquente lors de syndromes inflammatoires sévères aigus ou suraigus causés par une infection généralisée par des bactéries Gram négatif, une péritonite, une mammite, une métrite, une pneumonie et des affections de l’appareil gastrointestinal. Elle prédispose les bovins aux infections opportunistes mais se résout généralement après 48 heures et est alors un élément pronostique positif (Smith 2009), (Otter 2013).
Atteintes des autres cellules de la lignée blanche
Une lymphocytose peut être présente en fin de processus inflammatoire, lors de processus inflammatoires chroniques (et notamment lors de péricardite, péritonite, hépatite, néphrite, mammite bronchopneumonie, infection par le BVDV ou par le virus de la leucose bovine enzootique), lors de néoplasie (leucémie lymphocytaire) ou d’hypoadrénocorticisme. Une lymphopénie est couramment objectivée chez les bovins lors de stress, d’administration de corticoïdes, de septicémie à bactéries Gram négatif, d’endotoxémie, de mammite septique, de péritonite diffuse, d’ulcérations abomasales, de pneumonie dans la phase aiguë et de rhinotrachéite infectieuse bovine (Smith 2009). Une éosinopénie peut également apparaître en début d’inflammation, lors d’urémie, de néoplasie, de theilériose bovine, d’hypersensibilité médicamenteuse. Lors d’inflammation, elle rapidement remplacée par une éosinophilie, généralement lorsque des mécanismes d’hypersensibilité ou une infection parasitaire, rarement digestive, à larva migrans sont impliqués (et notamment lors de dictyocaulose, de fasciolose hépatique, de trichostrongylose ou d’hypodermose) (Smith 2009), (Otter 2013). Une basophilie est parfois rencontrée lors d’hyperlipémie, d’ulcérations, d’infections parasitaires ou des réactions d’hypersensibilité. La basopénie est très rarement décrite et difficilement interprétable puisque les bovins ne présentent que de très rares basophiles physiologiquement (Smith 2009), (Drieu 2009).
Modifications morphologiques
En cas d’inflammation aiguë sévère, un stimulus inflammatoire est délivré à la moelle osseuse. Les neutrophiles sont alors produits à un rythme accéléré et peuvent alors présenter des signes de toxicité qui sont des reliquats d’organites normalement éliminés après la maturation. Ils présentent alors une basophilie cytoplasmique anomale qui est la manifestation principale de stimuli inflammatoires, des granules azurophiles toxiques, un aspect mousseux du cytoplasme ou des vacuolisations. Le cytoplasme de ces neutrophiles présente parfois des inclusions bleutées, non collées à la membrane, appelées corps de Döhle. Ces éléments sont en fait des reliquats de réticulum endoplasmique rugueux des granulocytes immatures, témoins du raccourcissement du temps de transit aux différents stades de maturation lié à une production myéloïde accrue (Weiss et Wardrop, 2010).
Guide du mémoire de fin d’études avec la catégorie Les protéines sériques amyloïdes A (SAA) |
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Table des matières
TABLE DES FIGURES
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES ABBREVIATIONS
INTRODUCTION
ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE
I/ LES MARQUEURS DU SYNDROME INFLAMMATOIRE CHEZ LES BOVINS : NATURE, VARIATIONS PHYSIOLOGIQUES ET METHODES DE DOSAGE
1. MECANISMES DE LA REPONSE INFLAMMATOIRE
2. PARAMETRES HEMATOLOGIQUES
A. La lignée blanche chez les bovins
B. Intervalles de référence de la formule leucocytaire chez les bovins
C. Méthodes d’analyse
D. Modifications physiologiques de la formule leucocytaire
E. Modifications leucocytaires et diagnostic des syndromes inflammatoires
a. Neutrophilie ou neutropénie
b. Atteintes des autres cellules de la lignée blanche
c. Modifications morphologiques
F. Autres modifications hématologiques associées à un syndrome inflammatoire
3. LES PROTEINES DE LA PHASE AIGUË DE L’INFLAMMATION CHEZ LES BOVINS
A. Les protéines positives
a. Le fibrinogène
i. Nature
ii. Fonctions biologiques
iii. Rôle dans le syndrome inflammatoire
iv. Concentrations et variations physiologiques
v. Méthodes de dosage
b. L’haptoglobine
i. Nature
ii. Fonctions biologiques
iii. Rôle dans la réponse inflammatoire
iv. Concentrations et variations physiologiques
v. Méthodes de dosage
c. Les protéines sériques amyloïdes A (SAA)
i. Nature
ii. Fonctions biologiques et rôle dans le syndrome inflammatoire
iii. Concentrations et variations physiologiques
iv. Méthodes de dosage
B. Les protéines négatives
a. L’albumine
i. Nature
ii. Fonctions biologiques
b. Les immunoglobulines
i. Concentrations et variations physiologiques des protéines totales, de l’albumine et des globulines
ii. Méthodes de dosage
C. Autres marqueurs de l’inflammation utilisables chez les bovins
a. La lactoferrine et le fer sérique
b. L’orosomucoïde ou l’α-1- acide glycoprotéine
c. La céruloplasmine (ou céruléoplasmine)
II/ APPLICATION EN MEDECINE BOVINE : INTERETS DIAGNOSTIQUES DES MARQUEURS DE L’INFLAMMATION
1. LESIONS DE L’APPAREIL DIGESTIF
A. Les réticulopéritonites traumatiques
a. Phase aiguë
b. Phase chronique
B. Les péritonites
a. Définition et symptômes
b. Analyses hématologiques et biochimiques
c. Analyse du liquide d’épanchement
2. LESIONS DE L’APPAREIL URO-‐GENITAL
A. Les mammites
a. Variations des PPA dans le lait
b. Mécanismes de variations des PPA dans le lait
c. Variations des PPA selon l’étiologie
d. Variations des PPA selon la sévérité de l’atteinte
B. Les pyélonéphrites
a. Définition et expression clinique
b. Examens complémentaires et intérêts des marqueurs de l’inflammation
3. LESIONS DE L’APPAREIL CARDIO-‐RESPIRATOIRE
A. Les bronchopneumonies
a. Définition et expression clinique
b. Examens complémentaires et intérêts des marqueurs de l’inflammation
B. Les péricardites
a. Définition et expression clinique
b. Examens complémentaires et intérêts des marqueurs de l’inflammation
4. AFFECTIONS INFLAMMATOIRES NERVEUSES PRINCIPALES CHEZ LES BOVINS: LES MENINGITES ET MENINGO-‐ENCEPHALITES
A. Définition et symptômes
B. Diagnostic biochimique et intérêts des marqueurs de l’inflammation
5. AFFECTIONS LOCOMOTRICES PRINCIPALES CHEZ LES BOVINS : LES ARTHRITES
A. Définition et étiologie
B. Examens complémentaires
C. Intérêts des marqueurs de l’inflammation
ETUDE RETROSPECTIVE
III/ CORRELATIONS ENTRE LES MARQUEURS DE L’INFLAMMATION ET L’EXAMEN POST-‐ MORTEM
1. OBJECTIF
2. MATERIEL ET METHODES
3. RESULTATS
A. Comparaison des animaux présentant un processus inflammatoire et ceux n’en présentant pas
a. Comparaison des valeurs de fibrinogène
b. Comparaison des valeurs de protéines totales
c. Comparaison des valeurs d’albumine
d. Comparaison des valeurs de globulines
B. Effet de l’administration d’un traitement anti-inflammatoire préalable à l’admission
a. Comparaison des valeurs de fibrinogène
b. Comparaison des valeurs de protéines totales
c. Comparaison des valeurs de l’albumine
C. Effet de la sévérité de l’atteinte inflammatoire
a. Comparaison des valeurs de fibrinogène
b. Comparaison des valeurs de protéines totales
c. Comparaison des valeurs d’albumine
d. Comparaison des valeurs de globulines
D. Valeurs du fibrinogène, des protéines totales et de l’albumine chez des bovins présentant différentes affections à composante inflammatoire
E. Affections digestives
F. Affections nerveuses
4. DISCUSSION
A. Performance diagnostique
B. Atteintes digestives
C. Sévérité
D. Effets des anti-inflammatoires
E. Biais
CONCLUSIONS
BIBLIOGRAPHIE
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