Médecine de premier recours

Médecine de premier recours

La médecine de premier recours est un des concepts de la médecine moderne réunissant la promotion et prévention de la santé, ainsi que des interventions de diagnostic, traitement ou d’orientation que reçoit toute personne indépendamment de son parcours thérapeutique (WHO, 2008). Elle est le point d’entrée dans le système de santé, pour cela il semble essentiel de prodiguer des soins de qualité, complets et intégrés pour une utilisation adéquate du système de santé par le patient (Poduval et al., 2015). Une autre composante importante de la médecine de premier recours est la notion de suivi du patient. Un mauvais suivi des migrants, surtout ceux qui ont une maladie chronique ou infectieuse, augmenterait les coûts de la santé et aurait des conséquences sur la santé publique en général. En effet, le fait que les migrants consultent uniquement lorsqu’ils sont vraiment malades favorise le gaspillage des ressources et soulève un risque de transmission de maladie au niveau de la population dans le cas des maladies infectieuses (Poduval et al., 2015). L’importance de la promotion et la prévention de la santé auprès de la population migrante, faisant partie des concepts clés de la médecine de premier recours, prend donc son sens.

Selon une étude qualitative faite par l’Office de la Santé Publique Suisse en 2004 dans le cadre du programme Migration et Santé – le GMI, l’état de santé physique et psychique des migrants est moins bon que celui de la population autochtone. Néanmoins, l’utilisation du réseau de santé n’est pas plus marquée chez les migrants. Il existe donc des inégalités entre les migrants et les autochtones (OFS, 2011) et les efforts pour faciliter l’intégration des personnes migrantes dans le réseau semblent peu efficaces. Ces inégalités ont une cause multifactorielle et sont dues aux différentes barrières des migrants, des soignants et du système (Saint-Jean et al., 2011).

Les infirmiers de premier recours font partie de la première ligne de soignants que le patient rencontre lorsqu’il présente un besoin de santé. De ce fait, ils sont garants d’assurer l’orientation adéquate des personnes migrantes dans le réseau de soins, ainsi que la bonne compréhension du système de santé souvent complexe. Il se pourrait, en effet, que la première impression que ces derniers vont retenir des soins offerts par le système de santé, joue un rôle déterminant quant à leur compliance thérapeutique et leur intégration au système de soins par la suite. Prendre en compte et comprendre le contexte et la réalité du patient, pour assurer des soins globaux et centrés sur la personne semble primordial (WHO, 2008). En tenant compte du nombre toujours croissant de consultations en médecine de premier recours par les migrants, l’approfondissement des connaissances culturelles auprès des soignants et des prises en soins multiculturelles pourrait avoir de nombreuses conséquences positives.

Notamment, cela pourrait avoir des répercussions sur la compréhension des besoins des migrants, la gestion des situations et du temps pour les soignants, ainsi que probablement sur l’utilisation efficiente des ressources. Le but final serait l’optimisation de la qualité des soins, l’efficience du système avec une diminution des coûts de la santé, et l’intégration des personnes migrantes au système de santé (Torán-Monserrat et al., 2013).

Impact de la culture

Selon Ingram (2014), la hausse des mouvements migratoires dans le monde provoque l’accroissement des minorités ethniques. Sachant que la culture affecte la façon de voir le monde d’une personne, l’importance qu’elle attache à la santé et comment elle aborde le système de santé, le défi des soignants serait le suivant: de prodiguer des soins en accord avec la culture du patient. En effet, il y a un lien très fort entre la culture des patients et leur santé. Les infirmiers culturellement compétents sont primordiaux pour établir des relations de soins basées sur la confiance et le respect avec les migrants ce qui favoriserait l’accès aux soins de ceux-ci dans le système de santé. Ingram (2014) préconise aussi la considération des barrières pouvant entraver la prise en soins. Selon elle, l’accès aux soins pour les migrants se base principalement sur la signification que les migrants donnent à leur maladie ainsi que leur compréhension du système de santé. En évaluant ces derniers, l’infirmier aurait une prise en soin plus efficace. Être compétent est donc l’habilité à piocher dans les croyances et les habitudes de la personne pour aller au-delà des obstacles (Ingram. 2014).

Selon l’étude mixte de Casillas et al. (2014), menée auprès des infirmiers de l’hôpital universitaire de Lausanne, les barrières contextuelles dans la prise en soin actuelle des migrants sont notamment le manque de temps accordé aux difficultés culturelles, le manque d’expérience dans la prise en soin de diverses populations, la formation inadéquate sur l’interculturalité, ainsi que la difficulté d’accès à des interprètes lorsqu’il y a une absence de langue commune. Par ailleurs, dans cette étude, les infirmiers ont pour la plupart exprimé leur difficulté dans la prise en soin et leur difficulté à faire entendre leurs besoins en lien avec l’accompagnement des personnes migrantes (Casillas et al., 2014).

L’origine du modèle

La prise en compte de la culture dans les soins est un concept très récent. Il a été abordé pour la première fois par Madeleine M. Leininger dans les années soixante au travers de sa théorie de l’universalité et de la diversité de soins selon la culture. Leininger a créé sa théorie dans le but de permettre à l’infirmier de prodiguer des soins culturellement adéquats. En la développant, elle a identifié des concepts, des principes et des théories de soins interculturels pour guider, innover et expliquer la pratique infirmière. Son travail a été une innovation significative dans les soins infirmiers et à travers ce dernier, elle a ouvert la porte à une nouvelle dimension scientifique et humaniste de la prise en soins de personnes avec des cultures différentes ou similaires à celui des soignants.

Le but principal de cette théorie est d’établir une base de connaissances dans le but de guider les infirmiers dans la découverte des pratiques basées sur les soins interculturels et l’utilisation de ces derniers (Parker & Smith, 2010, p. 318). La théorie de l’universalité et de la diversité de soins selon la culture a été développée après la deuxième guerre mondiale lorsque beaucoup d’immigrants et de réfugiés ont commencé à se rendre aux Etats-Unis. C’est en ce moment que Leininger réalisa l’importance des compétences interculturelles chez les infirmiers pour soigner des personnes de diverses cultures du monde entier. Selon Leininger, apprendre à soigner des personnes de diverses cultures était essentiel, néanmoins, beaucoup de soignants n’étaient pas prêts à faire face à ce défi mondial (Parker & Smith, 2010, p. 318).

Malgré les connaissances théoriques et empiriques des infirmiers, Leininger a constaté qu’il y avait une nécessité de développer leurs compétences culturelles pour assurer une prise en charge de qualité pour les personnes migrantes. Néanmoins, d’après la théoricienne, beaucoup d’infirmiers ne semblent pas avoir les compétences culturelles nécessaires. Ces compétences paraissent inéluctables pour surmonter les barrières linguistiques, culturelles, financières, sociales et psychologiques des migrants. Et ainsi, pouvoir créer une relation de confiance de qualité qui favoriserait une prise en charge répondant aux besoins et aux attentes des patients migrants (Parker & Smith, 2010, p. 318).

Selon Pépin, la théorie de Leininger appartient à l’école du caring et s’inscrit, dans le paradigme de la transformation. Le paradigme de la transformation définit la personne et l’environnement comme un système complexe, indivisible qui s’influence et se développe mutuellement et de façon continue et simultanée (Pépin, Kérouac & Ducharme, 2010). Quant à la pratique infirmière, elle est centrée sur l’expérience de santé.

L’infirmier accompagne la personne en misant sur le bien-être tel que la personne et son entourage le définit. Les préoccupations de la personne et de son entourage deviennent donc sa ligne directrice, tout en disposant des connaissances et des compétences nécessaires (Pépin, Kérouac & Ducharme, 2010, p.81). L’école du caring se constitue des théoriciennes qui ont essayé de répondre à la question “comment les infirmières font-elles ce qu’elles font?” Elles centralisent le concept de caring qui comprend les aspects affectifs ou humanistes et les aspects instrumentaux ou techniques. Selon cette école, se baser sur le caring en rajoutant la culture et la spiritualité améliore la qualité des soins (Pépin, Kérouac & Ducharme, 2010, p.69). À travers sa théorie, Leininger a défini plusieurs termes. La culture se définit donc comme des modèles de valeurs, de croyances, de normes, de symboles et de pratiques d’individus, de groupes ou d’institutions. Ils sont appris et partagés entre individus et normalement, transmis d’une génération à une autre (Alligood & Tomey, 2010, p.460).

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Table des matières

1.INTRODUCTION
2.PROBLÉMATIQUE
2.1CONTEXTE
2.1.1POPULATION MIGRANTE
2.1.2 POLITIQUE MIGRATOIRE ET SYSTÈME DE SANTÉ
2.2 DÉFIS DES MIGRANTS
2.3 MÉDECINE DE PREMIER RECOURS
2.3.1 IMPACT DE LA CULTURE
3. ANCRAGE SELON CAMPINHA-­BACOTE
3.1 L’ORIGINE DU MODÈLE
3.2 LA COMPÉTENCE CULTURELLE SELON CAMPINHA-­BACOTE
4. QUESTION DE RECHERCHE
5. MÉTHODE
5.1 MÉTHODE DE RECHERCHE DOCUMENTAIRE
5.2 DIAGRAMME DE FLUX
5.2.1 CARACTÉRISTIQUES DES ARTICLES RETENUS
6. RÉSULTATS
6.1 TABLEAU SYNOPTIQUE
6.2 ANALYSE CRITIQUE
6.3 SYNTHÈSE DES RÉSULTATS
7. DISCUSSION
7.1 INFIRMIERS DE PREMIER RECOURS
7.2 SYSTÈME DE SANTÉ
7.3 MIGRANTS
8. CONCLUSION
8.1 FORCES ET LIMITES
8.2 RECOMMANDATIONS
9. BIBLIOGRAPHIE 10. ANNEXES
10.1 TABLEAUX SYNTHÉTIQUES
10.2 PROPOSITION PERSONNELLE D’OUTIL SCIENTIQUE PROPOSITION D’ANAMNÈSE

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