La cavitรฉ buccale et la face sont des parties anatomo-physiologiques du corps humain, elles nโรฉchappent pas aux variations liรฉes ร lโรขge de lโindividu. Elles subissent, comme le reste de lโorganisme des phรฉnomรจnes de croissance et dโinvolution. Elles reprรฉsentent le miroir de la santรฉ. Le chirurgien dentiste est confrontรฉ ร des pathologies gรฉnรฉrales bucco- faciales qui sont le plus souvent le reflet fidรจle de lโรฉtat de santรฉ de ses patients. (1) Il existe un รฉventail de pathologies gรฉnรฉrales ayant des rรฉpercussions sur la cavitรฉ buccale et la face, le Virus de lโImmunodรฉficience Humaine (VIH) conduisant au Syndrome de lโImmunodรฉficience Acquise (SIDA) nโest pas en reste. Le SIDA est le nom donnรฉ ร un ensemble de symptรดmes consรฉcutifs ร la destruction des lymphocytes T CD4+, cellules majeures du systรจme immunitaire (2). Il reprรฉsente le stade final d’une maladie infectieuse ร VIH .
Le SIDA, une maladie pandรฉmique et contagieuse est un problรจme majeur de santรฉ publique et est actuellement lโun des plus grands flรฉaux qui touche le monde entier ; il figure toujours parmi les principales causes de dรฉcรจs dans le monde et reprรฉsente la premiรจre cause de dรฉcรจs en Afrique (3). Il a dรฉmarrรฉ dans les annรฉes 80 et chaque annรฉe, 4,3 millions de personnes sont contaminรฉes par le virus (4) (5). LโAfrique demeure la rรฉgion la plus touchรฉe par le VIH/SIDA car elle abrite prรจs des deux tiers de la population infectรฉe (6). Mais, Madagascar est classรฉe parmi les pays ร faible taux de prรฉvalence. Bien que Madagascar soit caractรฉrisรฉe par une faible sรฉroprรฉvalence (0,5% dans la population gรฉnรฉrale, 0,2% chez les femmes enceintes (7), la menace dโaggravation de lโรฉpidรฉmie est rรฉelle du fait de la prรฉsence de dรฉterminants favorisant la propagation du virus.
Des รฉtudes รฉpidรฉmiologiques ont dรฉmontrรฉ lโimportance du nombre de lรฉsions de la muqueuse buccale chez les sรฉropositifs (8). Ces lรฉsions sont le plus souvent de type fongique, viral et bactรฉrien ร lโorigine et contribuent ร lโinconfort des individus et pour beaucoup ร la morbiditรฉ. De plus, elle marque la progression dโune dรฉficience immunitaire. Les manifestations buccales de lโinfection ร VIH sont frรฉquentes au cours des phases symptomatiques de la maladie et sont liรฉes ร la chute des lymphocytes CD4 (9). Elles peuvent causer une incapacitรฉ ร avaler, des difficultรฉs de manger et de dรฉglutir et peuvent compromettre lโapparence physique ; conduisant ร la malnutrition, ร lโรฉmaciation et au stigmatisme. En juillet 2004, lors dโune confรฉrence de lโOrganisation Mondiale de la Santรฉ (OMS) ร Phuket en Thaรฏlande, les Odonto- Stomatologistes ont รฉtรฉ sollicitรฉs de mener des รฉtudes internationales sur les manifestations buccales de lโinfection ร VIH selon la philosophie sur la santรฉ:ยป Penser globalement, Agir localement ยป .
REVUE DE LA LITTERATURE
Rappels sur le SIDAย
Dรฉfinition
Le Syndrome de lโimmunodรฉficience acquise plus connu sous son acronyme SIDA est le nom donnรฉ ร lโensemble des symptรดmes consรฉcutifs ร la destruction des cellules du systรจme immunitaire (11). Il sera ร lโorigine dโune rรฉduction progressive de la capacitรฉ de l’organisme ร lutter contre les infections et certains cancers (12). Le SIDA reprรฉsente le stade final d’une maladie infectieuse provoquรฉe par le virus de l’immunodรฉficience humaine (VIH).
Historique du SIDA
Le Sida a รฉtรฉ signalรฉ pour la premiรจre fois aux USA dans les annรฉes 80 et depuis, il est devenu une vรฉritable รฉpidรฉmie mondiale ayant nรฉcessitรฉe la mise en place dโun certain nombre de mesures .
Dans le monde
โขย Les dรฉcouvertes
En 1981, les mรฉdecins de New York observent chez les jeunes homosexuels une forme rare de cancer (sarcome de Kaposi) ainsi quโune pneumonie ร pneumocytis carinii (13). En 1982, on soupรงonne la transmission sexuelle ou par le sang de la maladie. On lui donne le nom de SIDA (14). En 1983, le Professeur Luc Montagnier ร lโinstitut pasteur a dรฉcrit le VIH sous le nom de LAV (13). En 1984, Le Professeur Gallo isole ร son tour lโagent causal du SIDA et lui donne le nom de HTLV-3 (14). 1986, La communautรฉ scientifique adopte le nom de HIV ou VIH qui remplacent LAV et HTLV-3. Le Professeur Montagnier et son รฉquipe isolent un deuxiรจme virus, le VIH-2 (15).
โขย Les traitements
En Mai 1984, LโActivitรฉ antirรฉtrovirale de lโAZT est mise en รฉvidence .
En 1987, LโOMS crรฉe le Programme commun des Nations unies sur le VIH/SIDA : ONUSIDA (15).
En 1994, un essai amรฉricano-franรงais de prescription de lโAZT ou de la ZDV pendant la grossesse a permis de rรฉduire de 2/3 le risque de contamination materno-fลtale.
A Madagascar
En 1987, dรฉcouverte du premier individu infectรฉ dans le pays
En 1989, rรฉalisation de la premiรจre enquรชte nationale sur un รฉchantillon de19326 individus : 6 sรฉropositifs
En 1990, dรฉbut de la surveillance รฉpidรฉmiologique de lโinfection ร VIH
En 2003, enquรชte de sรฉroprรฉvalence chez les femmes enceintes.
Le VIHย
Le virus de lโimmunodรฉficience humaine (VIH) est lโagent รฉtiologique du SIDA. Cโest un rรฉtrovirus de la famille des lentivirus, agent de maladie ร รฉvolution lente (18) (19). Deux types de virus ont รฉtรฉ identifiรฉs : VIH-1 et VIH-2.
Caractรจres physico-chimiques du VIH
Le VIH est un virus relativement fragile ; il nโest pas trรจs rรฉsistant hors de lโorganisme ne pouvant survivre que 5 ร 6 heures (20). Il est dรฉtruit par la chaleur ร 60ยฐ, lโeau de javel ร 0,5% de concentration, lโalco ol ร 70ยฐ, lโeau oxygรฉnรฉe fraรฎche, presque tous les dรฉtergents et savons. Par contre, le VIH nโest pas dรฉtruit par le froid, les ultraviolets et les rayons x .
Structure du VIH
Le VIH mesure entre 80 et 120 nm (23). Il est constituรฉ de :
– une enveloppe virale formรฉe d’une bicouche lipidique et de deux sortes de glycoprotรฉines : gp120 et gp 41. La molรฉcule gp120 joue le rรดle de rรฉcepteur viral de la molรฉcule membranaire CD4 des cellules hรดtes.
– un core viral ou nuclรฉocapside qui inclut une couche de protรฉine p17 et une couche plus profonde de protรฉines p24 .
– Un gรฉnome constituรฉ de deux copies d’ARN simple brin associรฉes ร deux molรฉcules de transcriptase inverse p64 et ร d’autres protรฉines enzymatiques (protรฉase p10 et intรฉgrase p32) .
Cellules cibles du VIH
Le VIH attaque les systรจmes immunitaires en particulier les lymphocytes T contenant les molรฉcules CD4 (lymphocytes T CD4), les monocytes et les macrophages dans le sang ou dans les ganglions (26). Il attaque aussi mais ร un moindre degrรฉ les cellules dendritiques, les cellules de Langerhans et les cellules microgliales cรฉrรฉbrales.
Modes dโaction du VIHย ย
Le cycle de reproduction du VIH dans lโorganisme passe par plusieurs phases :
– La fixation du virus ร la cellule ou phase d’attachement
– La rรฉtrotranscription ou transcription de lโARN en ADN
– Entrรฉe dans le noyau et intรฉgration ร lโADN nuclรฉaire
– La transcription de lโADN viral en ARN
– Synthรจse des protรฉines
– Le bourgeonnement des nouveaux virus .
Physiopathologie de lโinfection ร VIH
Dรจs que le virus est entrรฉ dans le lymphocyte LT4, il se multiplie avec une grande rapiditรฉ et diffuse dans tout l’organisme. En rรฉaction ร sa prรฉsence, le systรจme immunitaire (notamment les lymphocytes B) va commencer ร produire des anticorps anti-VIH spรฉcifiques, qui pourront รชtre mis en รฉvidence par les tests ELISA et Western Blot la fin d’une pรฉriode dite de sรฉroconversion. Cette pรฉriode, pendant laquelle une personne est porteuse du virus sans que cela soit dรฉcelable par des tests, est dโenviron trois mois. Aujourd’hui, avec des tests dits de 3รจ et 4รจ gรฉnรฉration, de plus en plus sensibles et fiables, ce dรฉlai est en constante diminution. C’est ร partir du moment oรน ces anticorps anti-VIH peuvent รชtre dรฉtectรฉs que lโon parle de sรฉropositivitรฉ pour le VIH. La prรฉsence des anticorps prouve que le sujet se dรฉfend contre l’infection. Son systรจme immunitaire est incapable de dรฉtruire ces virus car le VIH modifie constamment sa structure. Dans les semaines qui suivent l’infection, les sujets rรฉagissent trรจs diffรฉremment : soit ils ne ressentent aucun symptรดme, soit ils vont prรฉsenter un ensemble de troubles passagers connus sous le nom de primo infection. Par la suite, pendant 7 ร 11 ans en moyenne, le VIH continue ร se multiplier et les manifestations cliniques du SIDA apparaissent chez la majoritรฉ des malades, ร des degrรฉs pouvant encore รชtre trรจs variables : d’aprรจs certaines รฉtudes, 60% dรฉveloppent des troubles majeurs, 20% des troubles mineurs et 20% ne dรฉveloppent aucun trouble. Certains malades, dits LTS (Long Term Survivors ou survivants ร long terme) n’ont toujours pas dรฉveloppรฉ de symptรดmes aprรจs plus de 15 ans. (30) Pour chaque sujet, un รฉquilibre immuno-virologique spรฉcifique sโรฉtablit dรจs la primo-infection. Il est reflรฉtรฉ par un taux de virus relativement stable mรชme sโil progresse rรฉguliรจrement au fur et ร mesure que le taux de CD4 diminue. Au stade Sida et en fin de maladie, la rรฉplication virale est รฉlevรฉe et nโest plus contrรดlรฉe : les pertes en CD4 ne sont plus compensรฉes. Il sโinstalle donc progressivement un dรฉficit quantitatif en CD4 auquel sโajoute un dรฉficit qualitatif des fonctions du systรจme immunitaire conduisant au dรฉficit immunitaire constitutif du SIDA. En quelque sorte, on peut dire que le VIH a trouvรฉ le refuge ยซ idรฉal ยป dans les cellules les plus importantes du systรจme immunitaire : les lymphocytes T CD4. De plus, la persistance du virus dans lโorganisme se fait non seulement par la rรฉplication virale dans des cellules productrices qui conduisent ร lโinfection de nouvelles cellules, mais aussi par la division cellulaire des cellules mรฉmoires. Contenant du pro virus. Lโinfection de lโorganisme est donc dรฉfinitive, elle va persister toute la vie du sujet infectรฉ .
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
1-REVUE DE LA LITTERATURE
1.1-Rappels sur le SIDA
1.11- Dรฉfinition
1.12- Historique du SIDA
1.121-Dans le monde
1.122- A Madagascar
1.2. Le VIH
ะ.2.1.Caractรจres physico-chimiques du VIH
ะ.2.2.. Structure du VIH
ะ.2.3.. Cellules cibles du VIH
ะ.2.4.. Modes dโaction du VIH
ะ.3. Physiopathologie de lโinfection ร VIH
ะ.4.Transmission du virus
ะ.5.Mode de transmission du VIH
ะ.5.1. Par voie sexuelle
ะ.5.2. Par voie sanguine
ะ.5.3. Transmission mรจre- enfant
1.6.Rappels sur les manifestations bucco- faciales รฉvocatrices de lโinfection au VIH
1.6.1 Lโรฉtat des dents
1.6.2. Les gingivites et gingivo- stomatites
1.6.3. Les parodontopathies
1.6. 4. Les papillomes
1.6.5. Lโherpรจs
1.6.5.1. Herpรจs simplex
1.6.5.2. Herpรจs varicellae
1.7. Manifestations bucco-faciales plus habituelles de lโinfection au VIH
1.7.1. Les candidoses
1.7.1.1. Candidose รฉrythรฉmateuse
1.7.1.2. Candidose pseudomembraneuse
1.7.1. 3. Candidose commissurale
1.7.1. 4. La forme hyperplasique
1.7.2. Les รฉrosions et surtout les ulcรฉrations
1.8. Manifestations buccales spรฉcifiques de lโinfection au VIH
1.8.1. La leucoplasie chevelue
1.8.2. Le sarcome de Kaposi
1.8.3. Les lymphomes non hodgkiniens de type B
2. POPULATION DโETUDE ET METHODE
2.1. Population dโรฉtude
2.2. Etude proprement dite
2.2.1. Lieu
2.2.2. Contexte gรฉographique et dรฉmographique
2.2.3. Pรฉriode de dรฉroulement
2.2.4. Type
2.2.5. Recrutement
2.2.6. Considรฉrations รฉthiques
2.3. Matรฉriels utilisรฉs
2.3.1. Fiche dโenquรชte
2.3.2. les matรฉriels dโexamen
2.4. Technique dโanalyse
2.5. Sรฉlection de la population
2.5.1 Critรจres dโinclusion
2.5.2 Critรจres dโexclusion
3. Nos rรฉsultats
4. DISCUSSIONS
4.1. Frรฉquence hospitaliรจre
4.2. Lโรขge
4.3. Le sexe
4.4. La profession
4.5. Le mode de transmission
4.6 Aspect bucco facial
4.7. Statut immunologie
4.8. suggestions
CONCLUSION
REFERENCES
ANNEXES