Caractéristiques et objectifs de la vaccination
Entrée de l’antigène vaccinal dans l’organisme et reconnaissance du danger
Les barrières immunologiques
Plusieurs barrières protègent l’organisme du contact ou de la colonisation par des agents infectieux ; ces barrières sont actives et doivent être prises en compte au moment de la vaccination. La première barrière est une barrière physique, comme la peau ou les muqueuses. L’étanchéité est assurée par les jonctions serrées entre les cellules épithéliales, la kératine et éventuellement les phanères. Certaines muqueuses possèdent également un mouvement mécanique, comme par exemple l’appareil muco-ciliaire des voies respiratoires, permettant de limiter l’entrée des agents pathogènes. Enfin, certaines muqueuses produisent des sécrétions protectrices, comme le mucus, la salive et le sébum. Les agents pathogènes franchissent ces barrières physiques et chimiques à la faveur de microlésions ou par inoculation. C’est le cas également des vaccins qui doivent être administrés au-delà de ces barrières physiques ou chimiques. Ainsi, les muqueuses constituent des interfaces majeures entre l’organisme et le milieu extérieur : elles sont la porte d’entrée de nombreux agents pathogènes, car les barrières physiques y sont moindres, expliquant que les muqueuses possèdent un système de défense immunitaire organisé pour suppléer le déficit des barrières physiques. Au sein des muqueuses digestive et respiratoire, la protection locale est principalement assurée par la production d’immunoglobulines de type A (IgA) à leur surface (Foucras et coll. 2008) (Mc Dermott et coll. 2014). (Holmgren 1991).
La reconnaissance des antigènes par les cellules du système immunitaire
Une fois ces différente barrières traversées, l’agent pathogène est pris en charge par l‘immunité de type inné. Cette réponse immunitaire, non spécifique, fait intervenir deux types d’acteurs. Tout d’abord une composante cellulaire, avec les macrophages tissulaires et les mastocytes, qui participent à la phagocytose, mais aussi les cellules cytotoxiques appelées Natural Killer ou les cellules lymphoïdes innées (ILC) productrices de cytokines. L’autre composante de la réponse immunitaire innée est humorale, avec des récepteurs solubles et le système du complément. (Espinosa et coll. 2010). La phase de reconnaissance de l’agent pathogène est très rapide. Elle fait intervenir des récepteurs, les PRRs (ou Pattern Recognition Receptors), à la surface et dans le cytoplasme des cellules de l’immunité qui permettent la reconnaissance des microbes. Sur un même type cellulaire, plusieurs PRRs différents sont exprimés. Ces récepteurs sont classés en deux grands groupes. Tout d’abord ceux capables de déclencher la phagocytose : les SR (Scavenger Receptors), les récepteurs de type lectine, qui sont liés aux membranes, et les pentraxines qui sont sécrétées. La deuxième catégorie correspond à ceux qui permettent l’activation de certaines cellules immunitaires : les TLRs (Toll-like Receptors) qui sont membranaires, les RLR (RIGLike Receptors), les NLR (NOD-Like Receptors) et les PGRP (Peptidoglycan Recognition Proteins), qui sont tous cytoplasmiques. Chaque PRR a une spécificité qui lui est propre vis à vis de motifs auxquels il est capable de se lier. À titre d’exemple, parmi les TLR, TLR2 et TLR4 sont les récepteurs des lipoprotéines et du lipopolysaccharide, respectivement. TLR7 est capable de reconnaitre l’ARN double brin, en général d’origine virale (Akira 2006). Les PRRs reconnaissent des motifs présents chez les agents pathogènes que l’on appelle des PAMPs pour Pathogen-Associated Molecular Patterns. Ce sont des ligands exogènes constituant des motifs conservés au cours de l’évolution, qui peuvent être communs à plusieurs microbes, mais qui sont absents chez les organismes supérieurs. Ces PAMPs sont souvent essentiels à la survie des micro-organismes (Palm et coll. 2009), (Peiser et coll. 2002), (Janeway et coll. 2002) (Bendtzen 2011) (Akira 2001). L’interaction entre un PAMP et le PRR est directe, mais il existe également une voie de reconnaissance indirecte de l’agent pathogène, par la voie du complément. Dans ce cas-là, ce sont des opsonines comme les anticorps qui vont permettre la reconnaissance puis déclencher la cascade d’activation du complément.Enfin, une troisième voie de reconnaissance est possible grâce aux cellules NK. Les cellules NK sont des lymphocytes impliqués dans l’immunité innée, dont la principale fonction est de détruire les cellules cancéreuses ou celles infectées par un virus. Pour ces cellules, le mécanisme de reconnaissance est plus complexe. Dans une situation physiologique, une cellule NK possède un récepteur-inhibiteur, capable de reconnaître le complexe majeur d’histocompatibilité de classe I (CMH-I), présent à la surface de toutes les cellules de l’organisme. Ainsi, lorsque ces cellules reconnaissent le CMH-I, leur activation est inhibée. Si la cellule est infectée,l’expression du CMHI diminue à sa surface, rendant alors l’activation possible : la cellule est activée et lyse la cellule cible. Une autre voie d’activation des cellules NK est possible via les molécules MICA, molécules de danger sécrétées par l’organisme, même si le CMH-I est toujours présent à la surface des cellules infectées (Lanier 1992) (Pandey 2007).
Tous ces mécanismes de reconnaissance conduisent au déclenchement de la réaction inflammatoire, et ce quel que soit l’agent pathogène, qu’il soit d’origine vaccinale ou non. Cette réaction inflammatoire fait intervenir plusieurs types cellulaires et moléculaires, et a pour but de détruire l’agent pathogène. Pour y parvenir, plusieurs mécanismes se mettent en place, comme la phagocytose, l’activation du complément et celle des cellules NK.
L’immunité adaptative
Reconnaissance de l’antigène et apprêtement des CPA
En parallèle, la reconnaissance de l’agent pathogène par les cellules présentatrices d’antigène (CPA) comme les cellules dendritiques permet d’activer les mécanismes de l’immunité adaptative. Les cellules dendritiques, qui sont présentes aux barrières, dans la peau et les muqueuses sont spécialisées dans la capture des antigènes, et dégradent leurs protéines en fragments peptidiques (Espinosa 2010). A l’état immature, les CPA vont capturer l’antigène au sein des tissus infectés. Pour cela, les DC possèdent une grande diversité de PRR à leur surface, leur permettant de détecter à peu près n’importe quel micro-organisme. La reconnaissance et l’internalisation de l’antigène peuvent se faire par pinocytose ou endocytose, voire phagocytose en fonction de sa taille ou de sa présentation physique. L’agent pathogène est alors pris en charge par ces cellules, ses protéines sont dégradées en peptides de petites tailles qui sont immunogènes lorsqu’ils sont associés à une molécule du Complexe Majeur d’Histocompatibilité de classe I ou de classe II en fonction des modalités d’apprêtage de l’antigène. Le couple CMH-peptide est ensuite exprimé à la surface de la CPA, comme le montre la figure 1. (Regnault 1999) (Akira 2006).
Le CMH de classe 1 présente en priorité des peptides d’origine endogène, c’est à dire présents dans le cytoplasme de la cellule. Le plus souvent il s’agit de protéines virales ou bactériennes lors d’infection, ou éventuellement des protéines produites par la cellule elle-même. Il existe aussi un phénomène dit de présentation croisée, qui permet la prise en charge de protéines exogènes par le CMH-1. Ce phénomène est facilité par la reconnaissance par les TLR ou CD40.
Le CMH de classe II présente des peptides d’origine exogène, c’est-à-dire des peptides produits à partir de protéines extracellulaires comme par exemple des micro-organismes (virus, bactéries ou parasites), ou intracellulaires mais confinés aux endosomes (Amigorena 1999) (Guermonprez 2002).
Guide du mémoire de fin d’études avec la catégorie La réponse immunitaire à médiation cellulaire |
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Table des matières
1. Partie 1 : Étude bibliographique
1.1. La vaccination : principe et modalités
1.1.1. Caractéristiques et objectifs de la vaccination
1.1.2. Principes de la vaccination
1.1.2.1. Entrée de l’antigène vaccinal dans l’organisme et reconnaissance du danger
1.1.2.1.1. Les barrières immunologiques
1.1.2.1.2. La reconnaissance des antigènes par les cellules du système immunitaire
1.1.2.2. L’immunité adaptative
1.1.2.2.1. Reconnaissance de l’antigène et apprêtement des CPA
1.1.2.2.2. Les lymphocytes T auxilliaires (LTh)
1.1.2.2.3. La réponse immunitaire adaptative à médiation humorale
1.1.2.2.4. La réponse immunitaire à médiation cellulaire
1.1.2.3. La mémoire immunitaire
1.1.2.3.1. Les cellules impliquées dans la mémoire immunitaire
1.1.2.3.2. Cinétique de la mémoire immunitaire
1.1.2.3.3. Application aux vaccins
1.1.3. Vaccins et vaccinations
1.1.3.1. Les différents types de vaccins
1.1.3.1.1. Les vaccins vivants
1.1.3.1.2. Les vaccins inertes
1.1.3.2. Les adjuvants
1.1.3.3. Les différentes voies d’administration
1.1.3.4. Développement et commercialisation du médicament vétérinaire
1.1.3.4.1. De la conception à l’AMM
1.1.3.4.2. Obtention de l’AMM
1.2. Aspect appliqué de la vaccination en élevage bovin
1.2.1. Objectifs de la vaccination en élevage bovin
1.2.1.1. Stratégies vaccinales
1.2.1.2. Vaccination et épidémiologie
1.2.1.2.1. Vaccination contre des maladies épizootiques
1.2.1.2.2. Vaccination contre des maladies enzootiques
1.2.1.3. Place de la vaccination dans les plans
1.2.2. Mise en place d’un protocole vaccinal en élevage bovin
1.2.2.1. Maladies majeures justifiant le recours à la vaccination dans les troupeaux bovins
1.2.2.1.1. La diarrhée virale bovine (BVD)
1.2.2.1.2. Les entérites néonatales (ENN)
1.2.2.1.3. Les bronchopneumonies infectieuses enzootiques (BPIE)
1.2.2.1.4. Les mammites
1.2.2.2.1. Choix des valences vaccinales
1.2.2.2.2. Choix des animaux à vacciner
1.2.2.2.3. Choix de la proportion d’animaux à vacciner dans un cheptel
1.2.2.2.4. Détermination de la période de vaccination
1.2.3. Modalités de vaccination des bovins en pratique
1.2.3.1. L’acte vaccinal
1.2.3.2. Modalités de conservation du vaccin
1.2.4.3. Promotion de la vaccination en élevage bovin
1.2.5.1. Effets indésirables : défaut d’innocuité
1.2.5.1.1. Effets indésirables liés au type de vaccin utilisé et au principe actif vaccinal
1.2.5.1.2. Effets indésirables liés à l’animal
1.2.5.1.3. Effets indésirables et pharmacovigilance
1.2.5.3. Gestion des échecs vaccinaux
1.2.5.3.1. Vaccinovigilance
1.2.5.3.2. Qualification de l’échec
1.2.5.3.4. Conclusion
2. Partie 2
2.1. Contexte et motivations de l’étude
2.2. Matériel et méthodes
2.2.1. Élaboration du questionnaire
2.2.1.1. Choix de la population d’étude
2.2.1.2. Construction du questionnaire
2.2.1.3. Choix du mode de diffusion
2.2.2. Analyse des données
2.2.2.1. Protocole de récolte des données
2.2.2.2. Méthode d’analyse des données
2.3. Résultats
2.3.1. Données générales sur les réponses et répondants
2.3.1.1. Nombre de réponses collectées et évolution dans le temps
2.3.1.2. Appareil utilisé pour la saisie des réponses
2.3.1.3. Complétion et durée des réponses
2.3.2. Statut du vétérinaire et de sa clientèle vis-à-vis de la vaccination
2.3.2.1. Type de clientèle
2.3.2.3. Nombre de protocoles vaccinaux mis en place dans les élevages en moyenne
2.3.2.4. Vaccination et attente des éleveurs
2.3.2.6. Maladies concernées par les échecs vaccinaux
2.3.3. BVD et échec vaccinal
2.3.3.1. Signes qui conduisent le vétérinaire interrogé à suspecter un échec vaccinal contre la BVD
2.3.3.2. Attitude(s) adoptée(s) face à un échec vaccinal contre la BVD
2.3.4. Échec vaccinal et entérites néonatales des veaux (ENN)
2.3.4.1. Signes qui conduisent le vétérinaire interrogé à suspecter un échec vaccinal contre les ENN
2.3.4.2. Cause principale d’échec vaccinal contre les ENN
2.3.4.3. Propositions faites à l’éleveur suite à un échec vaccinal contre les ENN
2.3.5. Échec vaccinal et bronchopneumonies infectieuses enzootiques (BPIE)
2.3.5.1. Signes qui conduisent le vétérinaire interrogé à suspecter un échec vaccinal contre les BPIE
2.3.5.2. Principales causes d’échec vaccinal contre les BPIE
2.3.5.3. Propositions à l’éleveur suite à un échec vaccinal contre les BPIE
2.3.6. Échec vaccinal et mammites
2.3.6.1. Principales motivations de l’éleveur à vacciner contre les mammites
2.3.6.2. Causes principales d’échec vaccinal contre les mammites
2.3.6.3. Propositions à l’éleveur suite à un échec vaccinal contre les mammites
2.3.7. L’échec vaccinal en élevage bovin
2.3.7.1. Informations pour la gestion des échecs vaccinaux
2.3.7.2. Sources d’informations dans le cadre des échecs vaccinaux
2.3.7.3. Principaux moyens de déclarer un défaut d’efficacité
2.3.7.4. Degré de répercussion d’un échec vaccinal et impact sur la clientèle
2.3.7.5. Mise en situation
2.3.7.6. Actions de promotion de la vaccination en élevage bovin à court-terme
2.3.7.7. Actions de promotion de la vaccination en élevage bovin à long terme
2.4. Discussion
2.4.1. Analyse des modalités de diffusion du questionnaire
2.4.1.1. Envoi du questionnaire par courriel
2.4.2. Analyse du contenu du questionnaire
2.4.2.1. Statut des vétérinaires et des élevages face à la vaccination
2.4.2.2. Étude de l’échec vaccinal dans le cas des différentes maladies
2.4.2.3. Promotion de l’acte vaccinal en élevage
2.5. .Conclusion
ANNEXE 1 : Tableau récapitulatif des vaccins avec une AMM bovin en France
ANNEXE 2 : Questionnaire diffusé en ligne
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