Le portrait d’inconnu, choix éditorial et morceau de bravoure pour le journalisme 

Les portraits d’inconnus révèlent l’intérêt journalistique du genre du portrait

Nous avons jusqu’à présent considéré les portraits d’inconnus comme une niche au sein du genre du portrait. Cela tend à les présenter comme un type d’articles à la marge de ce genre.
Cependant, nous avons vu que l’une des caractéristiques des portraits était de montrer le quotidien et la vie ordinaire de personnes célèbres. Les portraits d’inconnus, par essence, sont plus proches du quotidien et de l’ordinaire que ceux de célébrités. Les portraits d’inconnus apparaissent donc comme étant au cœur du genre des portraits plutôt qu’à la marge, et comme révélant l’intérêt journalistique des portraits. Certains portraits d’inconnus mettent ainsi l’accent sur la banalité, le quotidien, et présentent le choix d’une personne ordinaire comme une revendication. Nous allons voir comment ces portraits sont écrits et comment ils parviennent à être intéressants et attrayants malgré l’absence de sensationnel.

La célébrité remplacée par une représentation de la banalité

Les portraits de personnes malades ou défavorisées : écrire le portrait de ceux qui ne font normalement pas l’objet d’un portrait

Parmi les portraits d’inconnus, un certain type de portraits apparaît très fréquemment, celui de personnes malades, handicapées, de survivants, de victimes, de personnes vivant dans la misère… Il s’agit de personnes dont l’écriture du portrait est justifiée par le fait qu’elles sont le témoin d’une souffrance, qu’elles sont des exemples de ce qui est absent des autres portraits.
Ainsi, ces portraits prennent l’apparence d’une revendication d’investir un champ laissé inexploré par certains journaux, celui d’écrire des portraits sur des personnes qui ne sont habituellement pas sous les feux des projecteurs. L’article de Libération« Slavi Miroslavov, désorienté », que nous avons déjà évoqué, en est un exemple. Nous avons déjà évoqué le fait que le journal La Croix publiait beaucoup de portraits de ce type. La récurrence de ces portraits à dimension sociale peut surprendre, car à première vue le récit d’un cas particulier peut sembler moins informatif qu’une enquête fournie en chiffres ou qu’un reportage avec des explications médicales. Alors quel est l’intérêt de traiter ce genre de sujets par des portraits ?
Dans son article « Vies minuscules, vies exemplaires : récit d’individu et actualité» publié dans Réseaux, Adeline Wrona évoque le cas des Portraits of Grief, ces portraits des victimes de l’attentat du 11 septembre 2001 publiés dans le New York Times, et se pose cette même question : pourquoi le journal a-t-il choisi le genre du portrait pour traiter cet acte terroriste ? Adeline Wrona voit dans ces portraits une logique synecdochique : « La forme du portrait permet de résoudre une difficulté majeure –comment sentir le nombre, sinon par un travail de décomposition ? ». Selon elle, décomposer la masse des victimes en récits individuels permet de faire apparaître du sens dans la vie de chacun : « ces vignettes individuelles restaurent une causalité en donnant sens à leur vie » et ont ainsi « une fonction réparatrice».
« Le processus de recomposition pourrait se formuler selon ce paradoxe : la vie de tous ces disparus recompose l’image d’un gigantesque vivre-ensemble. Comment cela s’opère-t-il ? Par la reprise de scripts actionnels qui incarnent l’imaginaire national, et plus largement par la représentation de toutes les formes du lien. Le groupe se construit une identité narrative en se représentant comme groupe . »
Les Portraits of Grief ont en l’occurrence été écrits dans une période de deuil national et ont fait partie de ce travail de deuil. Mais cette notion de synecdoque, qui considère que le portrait d’un individu sert à illustrer la totalité d’un phénomène ou d’un groupe de personnes, peut s’appliquer de manière plus générale aux portraits à dimension sociale que nous avons évoqués. Le cas du portrait de Camille Beaurain dans La Croixpose par exemple la question de la façon de traiter le sujet des suicides d’agriculteurs. Aucun journal ne pourrait traiter les centaines de suicides d’agriculteurs par an comme autant de cas particuliers. Mais les traiter tous ensemble dans un article qui parlerait de ce phénomène dans sa globalité reviendrait à perdre ces cas particuliers, et ainsi l’émotion qui accompagne inévitablement ce sujet. Reste alors la possibilité de traiter un seul cas particulier. Cela évite de dépersonnaliser le sujet, permet d’en conserver toute l’émotion et donc toute la gravité. Le portrait de ce cas particulier ne fa it pas disparaître les nombreux autres exemples de ce phénomène, car lorsqu’après avoir été ému par l’article, le lecteur lit, dans la dernière phrase de l’articlequi est une citation de Camille Beaurain, « Si on peut arrêter ce drame de 600 suicides d’agriculteurs par an, ce serait énorme », il prend conscience du fait qu’il existe 600 personnes chaque année qui vivent la même situation, et ainsi de l’ampleur du sujet.

Mettre l’accent sur la banalité pour que le lecteur s’identifie au portrait

Nous avons vu que certains portraits d’inconnus mettaient l’accent sur ce qui est hors du commun chez la personne dont le portrait est dressé pour être divertissants. Mais le cas opposé existe également, c’est-à-dire des portraits d’inconnus dans lesquelsla personne est présentée comme n’ayant rien de plus que le lecteur et ayant étéchoisie au hasard parmi des milliers.
C’est une façon d’appuyer l’effet synecdochique que nous avons mentionné plus tôt, et aussi de toucher au cœur du genre du portrait. Ces articles invitent à penser que l’essence du portrait est de donner à voir le lecteur lambda, ou toute la société à travers une seule personne.
Le choix d’une personne qui n’est pas connue prend donc son sens, car les célébrités se distinguent justement par cela du reste de la société.
L’article du Parisien « Conditions de travail des femmes de chambre : le quotidien d’Amina, 37 ans, lingère et gréviste» fait partie de ces portraits qui insistent sur la banalité de la personne décrite. L’écriture passe régulièrement du collectif au singulier, comme dans le titre lorsque la journaliste mentionne d’abord les «femmes de chambres », c’est-à-dire le groupe auquel appartient Amina,  puis seulement cette dernière avec une qualification qui l’inclut dans ce groupe : « lingère ». L’article est accompagné d’une infographie qui donne « les chiffres du secteur de la propreté ». Le récit personnel concernant Amina est donc séparé des informations plus générales sur la situation de ses collègues.
De plus, Amina n’est pas décrite sur son lieu de travail, ni en train de faire la grève, mais sur son temps de trajet le matin. Le portrait commence avec Amina sortant de chez elle pour partir travailler : « Le jour se lève à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) où nous venons de retrouver Amina en bas de chez elle », et se termine lorsqu’elle arrive sur son lieu de travail pour faire grève : « Il est presque huit heures, le trajet prend fin ». Amina est donc montrée dans une situation que presque tous les lecteurs du Parisien connaissent et vivent quotidiennement. Il s’agit d’une façon de rendre le quotidien d’Amina familier à un plus grand nombre encore de lecteurs, dont beaucoup auront peut-être le sentiment que c’est un peu leur portrait aussi.

Porter l’attention sur un détail significatif pour représenter la personne

La façon dont la personne qui fait l’objet d’un portrait est décrite physiquement dans l’article est également caractéristique de l’accentuationde la banalité de la personne ou de son originalité au contraire. La description de l’apparence de la personne dont parle l’article est un élément qui est propre au genre du portrait, comme l’expliquent Marc-François Bernier et Banafsheh Karamifar dans leur article « Enjeux contextuels et écriture du genre du portrait dans la presse canadienne », paru dans la revue Communication. Les deux auteurs parcourent les différentes analyses du genre du portrait qui ont été faites. Parmi les éléments caractéristiques de ce genre, ils relèvent notamment « la présence des comparaisons et des adjectifs, ainsi que celle des descriptions et des citations pour décrire les aspects physiques, le comportement, le langage et les habitudes du personnage (Montant, 1995 ) » et « les séquences descriptives et narratives ». Pour eux, le portrait « est au journalisme ce que la biographie est à la littérature.
Il a pour fonction, notamment, de dire le « collectif  » à partir de  » la singularité d’un individu » ».
Ces descriptions physiques sont pourtant en générales très brèves. Cela nous amène donc à nous demander quels éléments de l’apparence d’une personne sont évoqués dans les portraits, et donc considérés comme suffisamment intéressants pour apporter quelque chose à l’article.
La description physique prend souvent la forme d’un détail significatif, c’est-à-dire un élément anecdotique de l’apparence de la personne qui est suffisamment parlant ou caractéristique pour donner une idée de la personne toute entière. C’est une autre technique rhétorique pour susciter l’intérêt du lecteur, et ce même dans les portraits qui décrivent volontairement une personne qui n’a rien d’extraordinaire. C’est encore une fois une façon de rendre la personne décrite plus vivante et plus proche des lecteurs.
Le détail dans l’apparence de la personne qui est mentionné dans le portrait est donc un détail qui a du sens au sein de l’article et qui participe à l’angle global du portrait. Par exemple, dans l’articlede Libération« Luc Pinto Barreto, livre comme l’air », la description physique de Luc Pinto Barreto tient en une phrase : « Sourire franc, il arbore un tee-shirt noir avec l’adage : « Don’t agonize. Organize  » ». Cette inscription sur son tee-shirt a donc été considérée comme suffisamment parlante pour permettre de se faire une idée de l’apparence globale de Luc Pinto Barreto. Cette phrase en anglais est en accord avec le thème général du portrait, qui présente Luc Pinto Barreto comme ayant travaillé dur pour exercer le métier qu’il souhaitait et comme redoublant d’inventivité.

Les usages de l’anonymat dans les portraits d’inconnus

L’une des particularités des portraits d’inconnus par rapport aux portraits de personnes célèbres est aussi le fait que dans certains, la personne qui est décrite est seulement désignée par son prénom, ce qui la rend presque anonyme. C’est là aussi une caractéristique de la volonté de faire apparaître la banalité de la personne et de donner une impression de proximité à la lecture. Ce n’est cependant pas systématique et nous pouvons nous demander ce qui motive le choix de donner le nom de famille ou non de la personne. Florimond Rakotonoelina fait une comparaison des différentes façons dont les personnes qui témoignent pour la journée mondiale contre le sida sont appelées, dans son article « Aspects du témoignage dans la presse écrite », paru dans Les Cahiers du Cediscor. En ce qui concerne les patients atteints du sida, il décrit trois paliers, du plus anonyme au plus identifié :

Le portrait d’inconnu, choix éditorial et morceau de bravoure pour le journalisme

Nous avons d’une part vu que l’accentuation de l’originalité dans le portrait d’un inconnu tend à rendre ce genre surtout divertissant, et d’autre part que le portrait d’inconn u était informatif par une opération de synecdoque. Cela fait donc du portrait d’inconnu un genre hybride. Nous allons voir que le portrait d’inconnu est une carte blanche pour la subjectivité et le style du journaliste, et que cela met en évidence la façon dont le portrait d’inconnu informe de cette manière hybride : il est composé d’un ensemble de choix éditoriaux et informe donc sur le journal et sur le journalisme.

Un exercice de style pour le journaliste

Un lieu d’expression de la subjectivité du journaliste

Le genre du portrait, et particulièrement le portrait d’inconnu, laisse une grande liberté au journaliste. En effet, celui-ci peut écrire le portrait de la personne de son choix, tandis que pour d’autres types d’articles il peut y avoir des personnes incontournables à interviewer, et il peut également choisir quels aspects de la vie de la personne il mettra en avant et sur quels détails il s’attardera.
Dans son ouvrage Face au portrait, de Sainte-Beuve à Facebook, Adeline Wrona décrit le genre du portrait comme laissant place à la subjectivité du journaliste : « Si le portrait en art met en œuvre la relation intersubjective de l’auteur au modèle, et du modèle au spectateur, le portrait journalistique, en régime informatif, sauvegarde les termes de ce carrefour relationnel : la subjectivité du portraitiste, lisible dans le traitement toujourstrès écrit de l’information, multiplie les signes de sa présence, qui seule rend possible la relation avec le modèle du portrait. Le portrait de presse, même dans un journal dédié à l’information, et dans un milieu discursif promouvant l’objectivité, constitue l’un des lieux où s’épanouit ce « je » du reporter, qui, comme l’écrit Marie-Eve Thérenty, « est corporéité, corps exposé, exhibé ». »
Le journaliste a tendance à se mettre en scène dans la rédaction du portrait, tandis qu’il est absent de la plupart des autres genres journalistiques. Dans les portraits publiés quotidiennement dans Libérationpar exemple, le journaliste raconte presque systématiquement sa rencontre avec la personne, livre ses pensées pendant leur conversation, mais en employant la première personne du pluriel. Ainsi, dans l’article «Augure des ténèbres », qui est le portrait d’Arnauld Miguet, confiné à Wuhan au moment de l’écriture de l’article, il est écrit: « Nous, on est dans notre appartement, à Paris, confiné aussi, avec nos ficus».
Le portrait est aussi un genre qui laisse au journaliste une liberté de style. Situés à la fin du journal, les portraits sont souvent plutôt longs par rapports aux articles d’actualité chaude. Comme ils ont moins une urgence d’information, ils peuvent déployer du style et laisser la place aux citations et aux anecdotes. Le portrait peut donc être vu comme un morceau de bravoure pour le journaliste, c’est-à-dire une carte blanche dans laquelle le journaliste peut montrer l’étendue de ses talents d’écritureet son regard sur le monde.

Un genre associé au privé et aux sentiments

Cette place ménagée pour la subjectivité du journaliste dans le portrait d’inconnu nous amène à penser que le portrait d’inconnu est le genre privilégié pour ce qui est privé, intime, ou relevant des sentiments.
C’est ce qui se remarque par exemple dans l’article de La Croix« Courir plus vite que la maladie », qui dresse le portrait d’Anaïs Quemener, une athlète qui a survécu à un cancer du sein. L’article est forcément émouvant par le sujet qu’il évoque, mais le choix a été fait d’évoquer également la relation d’Anaïs Quemener avec son père: « Très fusionnels, père et fille essuient les réprimandes de leur entourage ». Les relations familiales et la vie privée sont donc un sujet privilégié par les portraits d’inconnus.
De plus, parmi tous les portraits d’inconnus que nous avons étudiés durant tout le mémoire, quatorze sur dix-huit ont été écrits par des femmes (sans compter les deux portraits écrits collectivement par un groupe mixte de journalistes). Cela nous amène à nous demander s’il y a un lien entre la sur-représentation des femmes journalistes et la place laissée aux thématiques que nous avons évoquées. Dans son article « L’apport des femmes au renouvellement des pratiques professionnelles : le cas des journalistes », Armande Saint-Jean étudie comment le journalisme a évolué à partir de l’insertion des femmes dans la profession.
Elle se fonde sur des enquêtes menées auprès de journalistes : « Il en est de même, quoique de manière encore plus subtile et tacite, de ce que l’on place sous le vocable de « privatisation », que Charron et De Bonville définissent comme l’élargissement des préoccupations des médias, assorti d’une simplification du discours journalistique. En somme, ce qui est signifié ici n’est rien d’autre que l’ouverture de l’information à toute cette face cachée de la réalité qui se nomme la « sphère privée ». (…) À propos de la plus grande variété des sujets, qui coïnciderait avec l’augmentation des effectifs féminins, les « nouveaux » domaines cités le plus fréquemment par les répondantes et les répondants rejoignent précisément cette sphère privée invoquée plus haut, notamment la santé, l’éducation, la consommation, la pauvreté, la vie familiale, la délinquance. »
Les thématiques qu’Armande Saint-Jean évoque comme ayant été amenées dans le journalisme par les femmes correspondent à celles qui sont régulièrement présentes dans les portraits d’inconnus. Cela nous confirme que les portraits d’inconnus sont un lieu privilégié pour l’expression de la subjectivité, de l’émotion, et l’évocation de la vie privée.

Le portrait d’inconnu informe sur le journal et sur le journalisme

Un genre hybride

L’une des particularités du portrait d’inconnu que nous avons mises en évidence est le fait que le portrait d’inconnu aborde des thématiques d’actualité froide, divertissantes, et qu’à la fois il informe sur des sujets de société. Il est donc dans un entre-deux, à la fois plus léger que les articles qui font la une d’un journal, et comportant en même temps des analyses très poussées par les journalistes.
Dans son article « Unités rédactionnelles et genres discursifs : cadre général pour une approche de la presse écrite » paru dans Pratiques, Jean-Michel Adam étudie la façon dont les genres journalistiques sont classés par différents auteurs. Le portrait n’est pas considéré au même titre par tous les chercheurs en communication, ce qui nous confirme que c’estun genre plutôt intermédiaire.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières
Introduction 
I. Le portrait d’inconnu, un sous-genre à part au sein du genre des portraits 
1. Les portraits d’inconnus sont écrits différemment des portraits de célébrités
2. La célébrité remplacée par une autre forme d’intérêt
a. Le portrait d’un métier plutôt que d’une personne
b. Un journal peut se permettre le portrait d’un inconnu si les lecteurs sont déjà intéressés par le sujet
c. Des portraits qui mettent l’accent sur l’originalité pour divertir
II. Les portraits d’inconnus révèlent l’intérêt journalistique du genre du portrait
1. La célébrité remplacée par une représentation de la banalité
a. Les portraits de personnes malades ou défavorisées : écrire le portrait de ceux qui ne font normalement pas l’objet d’un portrait
b. Mettre l’accent sur la banalité pour que le lecteur s’identifie au portrait
2. Rendre le portrait attrayant tout en montrant la banalité
a. Le portrait d’inconnu donne au lecteur une impression de proximité
b. Porter l’attention sur undétail significatif pour représenter la personne
c. Les usages de l’anonymat dans les portraits d’inconnus
3. Informer par un effet de synecdoque
III. Le portrait d’inconnu, choix éditorial et morceau de bravoure pour le journalisme 
1. Un exercice de style pour le journaliste
a. Un lieu d’expression de la subjectivité du journaliste
b. Un genre associé au privé et aux sentiments
2. Le portrait d’inconnu informe sur le journal et sur le journalisme
a. Un genre hybride
b. Le portrait d’inconnu, un ensemble de choix éditoriaux
3. Comment le portrait d’inconnu informe
Conclusion

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *