Envisager les violences conjugales comme une expression des rapports de domination de genre

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Approcher la problématique des violences conjugales par l’espace

Au-delà de la spatialisation des violences et de l’utilisation de l’espace comme outil et moyen de contrôle, cette recherche montre en quoi les caractéristiques et spécificités spatiales peuvent aussi participer à renforcer ces processus de contrôle. Il s’agit ainsi, à partir de plusieurs exemples pris dans des campagnes situées en Normandie, d’envisager de quelle manière les différences observées dans l’occurrence, l’intensité et la nature des réponses proposées par les dispositifs de l’action publique vis-à-vis des violences, sont liées à des effets de contexte qu’il convient de mettre en évidence. Dans ce second chapitre, je traiterai donc de comment je compte approcher la problématique des violences conjugales. Il s’agira d’exposer dans un premier temps le positionnement dans lequel s’inscrit ce travail pour ensuite développer la méthodologie adoptée pour la réalisation de la recherche.

Étudier les violences conjugales en contexte : un effet spatial ?

Une recherche qui s’inscrit dans le champ de la géographie sociale et dans le sillon d’une géographie féministe

En interrogeant les possibles effets de contexte spatial dans la problématique des violences conjugales, ce mémoire s’inscrit dans le champ de la géographie sociale. Ce champ de la géographie a pour objectif d’étudier les rapports entre espaces et société, de « considérer la dimension spatiale du monde social » (Blanchard et al., 2021) au moyen d’un regard particulièrement attentif aux phénomènes sociaux, aux inégalités et aux injustices qui opèrent dans l’espace.
Pour cette géographie, l’espace est une entrée pertinente non seulement pour contribuer à la connaissance des sociétés, mais aussi pour interroger le contexte spatial de cette connaissance, susceptible d’influer sur les phénomènes sociaux : « Le moteur, la clé, c’est la société. L’espace est toujours second et si l’on commence par lui, on risque de ne pas comprendre. » Renée Rochefort, “Réflexions liminaires sur la géographie sociale”, Actes du Colloque de Lyon (1983), Géographie Sociale, octobre 1982
En prenant position vis-à-vis des questions sociales, la géographie formule un savoir susceptible d’agir sur le monde social. De cette façon, la•le géographe est impliqué•e dans les problèmes de société et cette science devient, dès lors, une science militante : « Le chercheur en science sociale, qu’il le reconnaisse ou non, est impliqué dans la société qu’il étudie et, qu’il le veuille ou non, par le savoir sur le social qu’il construit et diffuse, il intervient dans les relations sociales. Contrairement aux points de vue positivistes et à leurs expressions dans la géographie, la relation du chercheur à la société ne peut être celle d’un observateur extérieur et neutre. Il n’y a pas d’objectivité possible, ni de savoir sur la société qui soit indépendant des conditions historiques de sa production. » (Frémont et al., 1984)
Tout en ayant une place à part entière dans le champ des sciences sociales, la géographie en partage les méthodes et questionnements, empruntant les références, approches et outils de la sociologie, de l’anthropologie ou de l’histoire (Blanchard, et al., 2021). Une telle définition invite à ce que les géographes ne s’interdisent ou interdisent aucun thème de recherche dans leur analyse. La géographie se doit dont d’être dans l’air du temps pour toujours contribuer à une meilleure connaissance des problèmes de société actuels : « Le géographe doit être de son temps et contribuer à la prise de conscience collective et à la solution de problèmes de société » (Frémont et al., 1984)
Dès lors, il est aussi pertinent pour la géographie de s’intéresser aux questions relatives aux rapports de pouvoirs ancrés dans la société. Dans la perspective de notre étude, cela rend donc possible un travail engagé sur la dimension spatiale du rapport de domination patriarcal. En ce sens, s’intéresser aux violences issues du système de domination masculine en géographie participe à inscrire ce travail dans le courant d’une géographie féministe.
Avant d’en dire plus sur la géographie féministe, il convient de rappeler ici que ce champ d’analyse ne s’est pas imposé sans résistances dans la géographie française. Dans un contexte où le corps des femmes est pourtant au centre d’enjeux politiques (les années 1970 étant un temps fort des mobilisations pour les droits des femmes à disposer de leurs corps), les premiers essais de géographes françaises pour considérer la dimension spatiale de la domination masculine sont dès leurs prémices contenus voire réfrénés. C’est ce à quoi se confrontera notamment Jacqueline Coutras dans ses premiers travaux sur la dimension sexuée de l’espace public urbain (Coutras, 1996). Il y a là de premières réticences et freins au développement d’une approche géographique du genre que Raymonde Séchet décrira comme autant de symptômes d’une géographie marxiste puissante où « le poids de la « classe » a fait écran et obstacle au sexe » (Séchet, 2012). Pour Claire Hancock, ces résistances face à l’introduction des questions relatives au genre en géographie tiennent aussi à la nature même de la géographie féministe : en se proposant de mettre au cœur de son analyse une étude du système patriarcal, la géographie féministe présente pour la discipline géographique un important « potentiel transformateur tant dans les fondements de la discipline (son épistémologie) que dans l’exercice du métier (sa praxis) » (Blidon, 2021). De fait, un des premiers grands apports de la géographie féministe a aussi été de remettre en question un certain androcentrisme dans la discipline géographique (Hancock, 2002 ; Blidon, 2021).
Malgré ces résistances, ce courant parvient à imposer d’abondantes réflexions en géographie sur la place de l’espace dans le système de domination patriarcal. Dès l’après-guerre, des thèses sont soutenues en géographie sociale portent sur l’habitat et les conditions de vie des femmes en banlieue ou sur les mobilités des femmes en lien avec la périurbanisation (Ginsburger, 2017).
Figure pionnière d’une géographie féministe qui ne se qualifie pas encore comme telle, Jacqueline Coutras analyse la problématique des inégalités sexuées spatiales dans son ouvrage Crise urbaine et espaces sexués en 1996. Elle y étudie la crise urbaine au prisme de la division sexuelle du travail qui attribue aux hommes des tâches professionnelles et aux femmes des tâches davantage domestiques et familiales. La crise urbaine est alors expliquée par Jacqueline Coutras comme relevant partiellement de de cette répartition sexuée des rôles des uns et des unes qui, tandis que la mobilité et le travail salarié des femmes les amènent à pratiquer de nouveaux comportements spatiaux similaires à ceux réservés aux hommes, aboutit à un éclatement de l’organisation urbaine. Les femmes ont donc « conquis » la ville mais ne l’expérimentent pas de la même manière que les hommes. Elles demeurent à l’écart de son fonctionnement en tant qu’unité spatiale sécurisée. Marylène Lieber appuiera cette analyse plusieurs années plus tard en articulant son propos autour du sentiment de vulnérabilité des femmes dans leur pratique de l’espace urbain (Lieber, 2008). Ce sentiment d’insécurité serait, selon elle, fortement lié aux caractéristiques des espaces et aux rappels à l’ordre sexué que les femmes rencontrent lorsqu’elles expérimentent les espaces publics (harcèlement de rue par exemple). Guy Di Méo introduira ensuite le concept de « murs invisibles » pour expliciter ces interdits spatiaux incorporés par les femmes et renforcés par les caractéristiques spatiales des espaces urbains (Di Méo, 2011).
Les récents travaux de Marylène Lieber et Julien Debonneville prolongent ces réflexions en articulant les violences envers les femmes à d’autres formes de domination, nous invitant alors à penser les violences de genre dans l’espace urbain de façon intersectionnelle :
« Au-delà des violences interpersonnelles, il existe également des violences symboliques induites par certains partis pris en termes d’aménagement (par exemple, politique d’affichage, signalétiques) qui évincent certaines catégories de la population, leur dénient toute reconnaissance et réitèrent des représentations sociales dominantes dans l’espace public voire hégémoniques autour de l’homme (hétérosexuel et cisgenre) valide blanc de classe moyenne. » (Lieber & Debonneville, 2021).
En dressant un état d’une « ville androcentrique » (Raibaud, 2014) le thème des violences de genre et des rapports de genre dans les milieux urbains est parvenu à trouver une place à part entière au sein de la géographie. L’espace public urbain n’est donc pas neutre et (re)produit un ensemble d’oppressions qui participent à ce que certains corps y subissent des violences.
L’évolution des recherches et les apports de la géographie féministe ont donc montré en quoi l’espace est un outil pertinent pour analyser les rapports de domination de genre et leurs manifestations violences. Il s’agira, à présent, d’évoquer en quoi cette recherche tend à prolonger ces réflexions par l’étude des spécificités des espaces ruraux, ou plutôt, des « campagnes » dans la survenue des violences de genre.

Un travail de recherche dans les « campagnes » normandes

L’analyse des mondes ruraux est fertile en sciences sociales et n’a de cesse de se renouveler depuis une vingtaine d’années (Bessière et al., 2007). Les campagnes françaises sont étudiées dans leur diversité à travers, par exemple, des rapports de classes qui les traversent ou des sociabilités à l’œuvre (Bruneau et al, 2018). La géographie a beaucoup participé et participe encore à apporter de nombreuses connaissances sur ce sujet. Les relations ville/campagnes, l’étude de la périurbanisation ou encore la question de la territorialisation des politiques publiques dans le contexte des espaces peu denses, éloignés des villes, sont autant de phénomènes abordés de manière spécifique par les géographes. Il reste pourtant un angle moins abordé dans ce flot de recherches : le cas des violences de genre et, plus spécifiquement, des violences conjugales, dans les espaces situés en dehors des villes. Si depuis les années 2000, sociologues et géographes ont commencé à se positionner sur le sujet, leurs recherches se sont davantage focalisées sur l’étude des classes populaires rurales. On peut ici citer les travaux de Nicolas Renahy, de Benoît Coquard, ou plus récemment, ceux de Yaëlle Amsellem Mainguy qui analysent de manière précises les dynamiques de socialisation de genre à l’œuvre dans les milieux ruraux (Nicolas Renahy, Les gars du coin, 2005 ; Benoît Coquard, Ceux qui restent, 2019 ; Yaëlle Amsellem-Mainguy, Les filles du coin, 2021). Les violences conjugales, parce qu’elles concernent tous les milieux sociaux et sont présentes dans tous les types d’espaces, constituent dès lors un angle d’analyse transversal pour poursuivre l’étude des dynamiques récentes des campagnes françaises. Ainsi, analyser cette question invite à s’interroger sur les rapports de genre en lien avec les transformations contemporaines des mondes ruraux.
Dans ces territoires, des populations aux profils très hétérogènes cohabitent et composent différents types d’appartenances aux lieux (Sencebe, 2011). En d’autres termes : les manières dont les individus s’inscrivent dans l’espace dit « rural » et les façons dont ils y entretiennent des relations sociales ne peuvent uniformément être appréhendées. Cette acception des mondes ruraux contemporains réduit donc en éclats les visions misérabilistes d’un espace rural homogène fait de « coins pommés », esseulés et hors du temps (Coquart, 2019). En plus de polir un vernis populiste en mystifiant une supposée « France des marges », une telle vision gomme toutes les particularités des espaces situés en dehors des grandes villes.
Afin de prolonger cette conception et de s’affranchir d’une vision réductrice pour traiter de ces espaces dans toute leur diversité, il semble pertinent de se référer à ces espaces au moyen de la notion de « campagnes ». Cette notion, en effet, permet de prendre en considération les caractères distincts de ces espaces communément désignés comme « ruraux » sans pour autant en faire un concept « fourre-tout » où tout ce qui serait en dehors de la ville serait regroupé et s’y opposerait radicalement. Les campagnes sont plurielles, elles concernent aussi bien les espaces périurbains que les lieux de l’hyper-ruralité mais elles sont aussi et surtout définies par les pratiques de leurs habitant•es (Poulot, 2008). Ainsi, la lutte contre les violences conjugales en milieu non-urbain doit s’adapter à un certain nombre de spécificités propres à ces campagnes.
Pour analyser mon objet de recherche dans ces espaces tout en étudiant leur diversité et les transformations à l’œuvre, j’ai donc choisi de mener mon travail à l’échelle de deux départements normands qui présentent une forte proportion de « campagnes » : le département de l’Orne et celui de la Manche. Le choix de ces départements est motivé par plusieurs critères établis par l’INSEE pour délimiter les ruralités.

La posture adoptée : militantisme et engagement sur le terrain

Dans une perspective féministe, je vais à présent conclure la présentation de ma recherche en éclairant la posture adoptée pour ce mémoire. Tout d’abord, je peux affirmer que je fais partie d’une génération qui a grandi et s’est politisée en même temps que l’explosion mobilisatrice autour des violences faites aux femmes (MeToo, Balancetonporc, …). Nos objets de recherches n’étant pas imperméables à nos expériences de vie, ce fait a forcément des incidences sur la façon dont j’approche ma recherche aujourd’hui. D’abord parce que cela m’a amenée à participer aux temps forts des mobilisations féministes et par là découvrir et entretenir une certaine « joie militante » (Bergman, 2021) qui m’a inévitablement poussée à me questionner toujours plus sur les mécanismes d’oppressions liés au système patriarcal. Ensuite, parce que cet engagement militant m’a aussi donné l’opportunité de m’investir dans des associations féministes locales. En 2019, après avoir vadrouillé ici et là dans différentes associations, j’ai pris la décision de dépenser l’intégralité de mon énergie associative dans un collectif local de lutte contre la précarité menstruelle. A travers nos actions, j’ai alors été amenée à rencontrer et échanger avec différentes associations et structures d’accueil calvadosiennes pour femmes et familles en situations de précarités.
Malgré cela, engagements personnels et études me semblaient devoir tout de même être dissociés : étudiante à la fac, féministe dans la rue. Mais le féminisme a cette capacité de questionner l’intégralité des sphères de la société, si bien qu’il m’est très rapidement apparu que le « scientifique » peut y être mis en cause au même titre que le « personnel ». Dès lors, vouloir dissocier mes convictions de mes travaux étudiants est devenue une entreprise de plus en plus périlleuse. Développer un certain intérêt pour la géographie sociale – qui plus est, quand on suit son cursus à l’Université de Caen – n’a pas non plus participé à ce que cet exercice soit facilité. Par sa portée critique, la géographie sociale permet incontestablement de conjuguer une posture militante à une démarche scientifique de recherche. Une implication militante sur le terrain permet en plus de développer certains apports scientifiques au cours de la recherche (Fourment, 2019). En participant à des évènements militants, je pense avoir saisi certains aspects de mes terrains qui me seraient restés inconnus si j’étais restée dans une posture différente. Le simple fait d’aller en manifestation sur mes terrains d’étude lors des temps de mobilisations féministes (08 mars, 25 novembre) m’a par exemple permis de travailler sur le militantisme et ses implications dans la sensibilisation collective aux violences faites aux femmes.
Autre élément vis-à-vis de la posture adoptée : j’ai pris plaisir à interroger l’ensemble de ma population d’enquête, il me semble ici important de l’évoquer. Si mes entretiens ont duré en moyenne 1h20, c’est sûrement aussi car je n’étais pas dans une unique posture d’enquête. Très subjectivement, je pense pouvoir ici affirmer que lors de certains entretiens, il y a eu une réduction de la distance avec les enquêtées du fait qu’il m’est parfois arrivée d’aborder spontanément des éléments de mon expérience associative. Des entretiens ont été plus formels que d’autres bien sûr mais s’il est indiqué « entretien semi-dirigé » dans ma méthodologie, il convient ici de soulever le fait qu’une fois l’entretien lancé, seules mes grilles d’entretiens et mon travail d’écoute active me renvoyaient à une posture de recherche. Pour le reste : nous discutions. Ce type d’échanges a participé à ce que des sujets plus ou moins sensibles puissent être évoqués, complétant dès lors mes grilles d’entretiens par des aspects que je n’avais pas initialement prévu d’évoquer.

Des contextes socio-spatiaux propres aux campagnes

En approchant la ruralité par des seuils de densité, sont ruraux tous les espaces peu denses et très peu denses. Avec cette définition, plus de 80% des communes de la Manche et de l’Orne sont des « communes rurales » (INSEE, 2017). Pour saisir et comprendre ce contexte rural commun aux deux départements d’étude, il est ici question d’étudier en contexte leurs caractéristiques socio-géographiques. En ce sens, il sera à présent question de développer un propos autour des différentes dynamiques territoriales propres aux campagnes (maillage communal en campagnes autonomes, dispersion de l’habitat, faible mixité de l’offre d’emplois, …), qui présentent un ensemble de facteurs qui pourront, comme nous le verrons après, amplifier les difficultés lors de processus de sortie des violences conjugales.

Deux « départements ruraux »

Dans l’Orne et la Manche, une mosaïque de « campagnes autonomes »

La définition des espaces ruraux demeure jusqu’à aujourd’hui problématique, tant ces espaces sont caractérisés depuis plusieurs siècles par des transformations et des recompositions majeures, à la fois du point de vue spatial, démographique et socio-économique. L’étalement urbain, qui traduit la rapide urbanisation d’espaces longtemps caractérisés par les mondes dépendant fortement de l’agriculture et marqués par des modes de vie paysans, contribue à rendre flou ce qui est longtemps apparu comme « deux mondes séparés » (Rieutort et al., 2018). Par le fort taux de motorisation des ménages, révélant un monde de mobilité généralisé, et les transformations des modes de vie qu’ils entraînent, ces espaces connaissent progressivement pendant plusieurs siècles, puis de manière plus rapide depuis les années 1960, des connexions inédites, si bien que leurs traditionnelles limites s’assombrissent (Mathieu, 2017). Ces phénomènes, largement étudiés, ne signifient pas pour autant la disparition de toute différence. Ils mettent plutôt en évidence une diversification des dynamiques associées à différents types campagnes. Pour les délimiter, il est d’abord possible de les parcourir à travers leurs différents gradients d’influence urbaine : certaines sont très liées aux centres urbains là où d’autres s’en trouvent plus isolées (sans pour autant en être totalement déconnectées).
D’après la classification des espaces ruraux de l’INSEE en 2017, la répartition des communes rurales normandes selon les types d’espaces s’articule autour de 4 catégories. D’abord il y a les « espaces ruraux sous forte influence d’un pôle ». Ces communes regroupent les campagnes directement connectées aux ensembles urbains par les navettes domicile-travail des actifs y résidant ou du fait des dynamiques de migrations résidentielles. Ces flux de populations dessinent
une aire d’influence d’un pôle d’emplois et de services fortement structurant. Cette aire peut également s’étendre sur d’autres campagnes qui, à un degré plus faible, sont aussi attachées à ce même pôle : ce sont les « espaces ruraux sous faible influence d’un pôle ». À ce premier ensemble de communes rurales qui peuvent également regrouper des communes que l’on a eu coutume de définir comme « périurbaines » pour la plupart, vient s’agréger un autre ensemble de communes au gradient de ruralité cette fois-ci plus conséquent : les espaces ruraux dits « autonomes ». Ce second groupe de campagnes fonctionne sous l’influence de petits pôles ou en grande autonomie par rapport aux pôles départementaux. Ces campagnes sont caractérisées par leur faible densité qui s’étend des « espaces ruraux autonomes peu denses » aux « espaces ruraux autonomes très peu denses ».
En regroupant sur 92% de la superficie de son territoire des communes marquées par une faible densité, la Normandie figure parmi les régions françaises les plus rurales derrière la Bourgogne-Franche-Comté et la Bretagne. La classification des espaces ruraux normands vient compléter cette observation, révélant l’inégale répartition de ces différents types de campagnes au sein de l’espace régional. Assez logiquement, on retrouve les « espaces ruraux sous influence d’un pôle » autour des ensembles urbains régionaux (Le Havre, Caen, Cherbourg-en-Cotentin, Évreux, etc…). En revanche, la majeure partie des « campagnes autonomes » recouvrent les départements de l’Orne et de la Manche.

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Table des matières

Introduction générale
PARTIE 1 Violences conjugales, violences de genre et étude des mondes ruraux. Positionnement du problème et de la recherche
CHAPITRE 1 – Le problème des violences conjugales : éléments de cadrage
1.1 Les violences conjugales : une « affaire privée » devenue un problème public
1.1.1 L’institutionnalisation du problème des violences conjugales
1.1.2 De premières mesures statistiques des violences conjugales en France
1.2 Envisager les violences conjugales comme une expression des rapports de domination de genre
1.2.1 Mobiliser le genre pour analyser les violences conjugales : les apports du féminisme
matérialiste
1.2.2 Enjeux d’une conception genrée des violences conjugales
1.3 L’espace comme outil pour exercer une emprise intime : la spatialisation des violences conjugales
CHAPITRE 2 – Approcher la problématique des violences conjugales par l’espace
2.1 Étudier les violences conjugales en contexte : un effet spatial ?
2.1.1 Une recherche qui s’inscrit dans le champ de la géographie sociale et dans le sillon d’une géographie féministe
2.2.2 Un travail de recherche dans les « campagnes » normandes
2.2 Approcher le terrain
2.2.1 Quelle population d’enquête ?
2.2.2 La posture adoptée : militantisme et engagement sur le terrain
PARTIE 2 L’espace des campagnes : un contexte socio-géographique spécifique ? Problématiques des terrains d’étude
CHAPITRE 3 – Des contextes socio-spatiaux propres aux campagnes
3.1 Deux « départements ruraux »
3.1.1 Dans l’Orne et la Manche, une mosaïque de « campagnes autonomes »
3.1.2 Des ensembles ruraux structurés par des bourgs et petites villes
3.1.3 Des départements où l’habitat est dispersé
3.2 Des contextes socio-économiques propres aux dynamiques des campagnes
3.2.1 Croissance démographique en déclin et vieillissement de la population
3.2.2 Niveau de diplôme et situation face à l’emploi : des départements marqués par une faible qualification et des emplois peu mixtes
3.2.3 Dans l’Orne et la Manche : une forte proportion de « communes rurales au caractère préservé »
CHAPITRE 4 – Des spécificités sociales propres aux campagnes ?
4.1 Des sociabilités spécifiques dans les mondes ruraux
4.1.1 Dans les campagnes, des sociétés locales en renouvellement
4.1.2 « Ici tout le monde se connaît » : le poids de l’interconnaissance encore présent dans l’espace social des campagnes
4.1.3 Les élu·es locaux : figures publiques et figures de proximité
4.2 Rapports aux territoires et construction des normes de genre en campagnes
4.2.1 Espace vécu et espaces de vie : les représentations de l’espace en campagnes
4.2.2 Les « gars du coin » et les « filles du coin » : une socialisation genrée dans les mondes ruraux ?
4.2.3 Conjugalité et ruralités
PARTIE 3 L’effet de contexte spatial sur les violences conjugales en campagnes. Résultats de la recherche
CHAPITRE 5 – En campagnes, des victimes éloignées des possibilités de sortie des violences
5.1 Des spécificités spatiales qui participent à renforcer l’isolement des victimes
5.1.1 La dispersion de l’habitat et le manque de transports en communs : des obstacles pour entamer un parcours de sortie des violences
5.1.2 Des territoires étendus où l’action des services de sécurité y est complexifiée
5.2 Une difficile couverture territoriale des campagnes pour les services d’accompagnement des victimes
5.2.1 Des services sociaux concentrés dans bourgs et petites villes
5.2.2 Des associations spécialisées qui essayent d’atteindre les campagnes
CHAPITRE 6 – Dans les mondes ruraux, des freins à l’identification des victimes de violences conjugales
6.1 Un contexte où se dressent des « barrières » dans le processus d’identification des victimes
6.1.1 Représentation de l’espace et interconnaissance en milieu rural
6.1.2 « Ici les questions de violences ça reste un sujet difficile à aborder » : la question de la sensibilisation collective aux violences faites aux femmes dans les mondes ruraux
6.2 – La présence de populations vulnérables dans les territoires ruraux
6.2.1 « je pense qu’elles, on n’arrivera jamais assez à les toucher » : la question des violences faites aux femmes âgées en campagnes
6.2.2 Dans les mondes ruraux populaires, des freins quant au départ du domicile
CHAPITRE 7 – En zones rurales, des dispositifs d’ « allers-vers » pour lutter contre les violences
7.1 Une adaptation spatiale de la politique de lutte contre les violences
7.1.1 L’utilisation de l’espace des pôles ruraux pour améliorer l’identification des victimes et sensibiliser aux violences
7.1.2 En campagnes : des initiatives de plus en plus itinérantes
7.2 S’adapter aux mondes ruraux pour identifier et prendre en charge des victimes de violences conjugales en campagnes
7.2.1 Garantir et préserver l’anonymat dans l’intervention sur la problématique des violences conjugales en contexte rural
7.2.2 L’espace des communes rurales : mobilisation des élu·es locaux et émergences d’initiatives locales
Conclusion générale
Bibliographie

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