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Collecte des populations sauvages
La collecte d’ Astrochelys radiata sert à approvisionner le marché local, destiné essentiellement à des fins alimentaires. L’espèce est potentiellement convoitisée dans les marchés Asiatiques comme plats de préférence. L’utilisation dans le domaine de la médecine est également connue. Par ailleurs, l’animal sert aussi de compagnie pour beaucoup de gens.
Voici un aperçu des collectes illégales de cette espèce (Randria, 2009) :
Mai 2009 : Quatre charrettes de tortues radiées, soient 324 individus ont été saisies à Nisoa-Ambony par la brigade de gendarmerie d’Itam polo et le « Vondron’Olona Ifotony. 25 Octobre 2009 : Cinq cent carapaces vides de tortues radiées ont été trouvées à Ankirikiriky par le Cantonnement de l’Environnement et des Forêts de Beloha.
04 Novembre 2009 : Une tortue radiée vivante, huit sacs de viandes fumées, un sac (foie + œufs) et huit litres d’huiles de tortues on t été saisies à Lesa par le Cantonnement de l’Envoronnement et des Forêts de Betioky-Sud.
En revanche, Pyxis arachnoïdes, semble pour l’instant, rarement utiliser à des fins alimentaires (Huber, 2001; McDougal, 2000). La collecte pour consommation locale ne joue qu’un rôle minime ; les populations locales n’en mangent qu’occasionnel lement. Une augmentation de la consommation est cependant à cra indre du fait que cette espèce pourrait être utilisée en remplacement à la tortueradiée presque éteinte au niveau local. Sa principale menace reste le commerce illicite vers l’extérieur ; exemple : à Toliara et à Tolagnaro, des spécimens de tortues araignées ont té mis en vente pour 0,2 à 4 USD (Vetter, 2001).
Voici un aperçu du commerce illégal de cette espèce:
En mai 1999, plus de 330 tortues araignées ont étéconfisquées à l’aéroport de Roissy en France (Vetter, 2001).
En 2000 et 2001, deux cargaisons de 12 et de 230 spécimens respectivement ont été expédiées via l’Afrique du Sud alors qu’aucunermisp d’exportation correspondant n’a pu être trouvé auprès de l’Autorité de tutelle à Mad gascar (Reeve, 2005).
Certains faits indiquent que des spécimens sont passés en contrebande à des bateaux de pêche étrangers, en particulier japonais, au large de Madagascar ; en l’espace des 18 mois précédant novembre 2001, trois cas de aisie de tortues araignées sont enregistrées à Durban en Afrique du Sud, toutes sur des bateaux de pêches de l’Extrême Orient et totalisant près de 23 spécimens (Reeve, 2005).
L’espèce a également été trouvée sur les marchésalimentsd’ en Chine avec 126 spécimens relevés dans une enquête sur les marchésde 2000 à 2001 (Ades, 2002).
Statut de conservation
UICN
La tortue radiée : Astrochelys radiata et la tortue araignée : Pyxis arachnoïdes sont classées dans la catégorie « gravement menacée » dansla liste rouge de l’IUCN ( IUCN, 2009).
CITES
La tortue radiée : Astrochelys radiata et la tortue araignée : Pyxis arachnoïdes sont inscrites à l’Annexe I de cette convention (UNEP-WC MC, 2010). Leurs commerces sont strictement interdits.
COLLECTE ET ANALYSE DES DONNEES
Etude de l’habitat
Etablissement du profil structural
Le profil structural a été étudié selon la méthode GAUTIER (Gautier et al., 1994) permettant d’analyser le mode de recouvrement, ainsi que le niveau de stratification de la formation végétale dans les sites d’étude.
Pour cette étude, trois lignes de transects de 100 m chacune ont été établies dans chaque site. Les lignes sont orientées d’Ouest vers l’Est et espacées chacune de 100 m également afin de couvrir en majeure partie le site d’étude. Une boussole a été utilisée pour orienter la direction et une chevière métallique de 50 m, pour l’alignement des transects. Les coordonnées de chaque extrémité de la ligne de transect ont été enregistrées à l’aide d’un GPS (Global Positioning System). La collecte des données s’effectue tous les 2 m à l’aide d’une gaule de 7 m.
La hauteur de plante qui entre en contact avec la gaule a été enregistrée et groupée par classe de :] 0 – 0,1],] 0,1 – 0,2],] 0,2 – 0,4],] 0,4 – 0,6],] 0,6 – 1],] 1 – 2],] 2 – 3],] 3 – 4], ] 4 – 5],] 5 – 6] et] 6 – 7].
Dans la fiche des relevés, le point de rencontre dela gaule avec la végétation est représenté par un fond sombre et le point vide par un fond clair.
Le recouvrement vertical (RV) des plantes a été évalué en calculant pour chaque point de contact, le rapport entre le nombre de cages pleines (CP : fond sombre) sur le nombre total de cages (CT) suivant la classe de hauteur.
Ce paramètre permet de comprendre le degré d’ouverture ainsi que le type de formation végétale qui se développent au niveau des sites d’études, s’il s’agit d’une formation ouverte ou fermée, basse ou haute.
Le recouvrement linéaire (RL), en revanche, a étéstimée en calculant pour chaque classe de hauteur, le pourcentage représenté par les cagespleines (CP) par rapport au nombre total de cages (CT) suivant la distance.
Ce deuxième paramètre permet surtout de comprendre la présence ou l’absence de strate ainsi que le niveau de développement de chacune d’entre-elles. RV ou RL (%)=CP/CT x 100
Structure de la population
Evaluation de l’abondance relative
L’abondance détermine le nombre total d’individus d’une population donnée à un moment donné. En générale, l’estimation de l’abondance d’une population est obtenue à partir d’échantillonnage fait dans un habitat donné.
Deux méthodes différentes ont été utilisées à l’estimation de l’abondance relative :
Comptage direct
Les individus rencontrés le long des transects sontenregistrés. Chaque animal n’est compté qu’une seule fois ; les individus déjà marqués ne sont pas pris en compte.
Estimation de Jolly-Seber
Principe
La méthode de Jolly-Seber (Krebs, 1999) est basée urs la technique de « marquage-recapture », pris sur une série de trois ou plusieur occasions.
Les individus sont marqués par un numéro ou toute utrea marque permettant de les identifier ultérieurement. Dans chaque échantillonnage t, il y a deux fractions : les individus marqués et les individus non marqués. Pour les individus marqués, il est important de savoir, quand l’animal a été capturé ourp la dernière fois. Les animaux capturés lors du premier échantillonnage sont considérés comme étant non marqués.
Détermination des sexes
Le sexe des animaux a été déterminé par des critères classiques utilisés pour le sexage des tortues (El Mouden et al., 2002 ; Slimani et al., 2002). La surface du plastron et la forme de l’écaille supra-caudale sont les critères les plus utiles. En effet les mâles présentent un plastron avec une concavité dans sa partie postérieure et une écaille supracaudale fortement convexe, alors que chez les femelles, le plastron et l’écaille supracaudale sont plats. La queue des mâles est aussi plus longue et plus épaisse que celle des femelles.
Richesse floristique
Dans le Parc National, 56 espèces de plantes (a), appartenant à 44 genres, regroupées dans 33 familles (2 indéterminées) ont été inventoriées,dont 47 ne se retrouvent que dans le Parc. Les familles les mieux représentées sont : FABACEAE (10 espèces), ACANTHACEAE (6 espèces), BURSERACEAE et EUPHORBIACEAE (4 espèces), BIGNONIACEAE, BRASSICACEAE, MALVACEAE, POLYGALACEAE et RUBIACEAE (2 espèces) voir Annexe III.
Dans la forêt littorale, en revanche, 32 espèces deplantes (b), appartenant à 28 genres, regroupées dans 18 familles ont été inventoriées,ontd 22 sont typiques des zones littorales ; les familles les mieux représentées sont : POACEAE (4 espèces), APOCYNACEAE, ASTERACEAE, EUPHORBIACEAE et FABACEAE (3 espèces), BIGNONIACEAE, MALVACEAE et SALVADORACEAE (2 espèces) voir Annexe III. b
Entre les deux sites, 10 espèces sont communes (c) : simplicifolia, Crotalaria sp, Croton sp1, Croton sp2, madagascariensis, Salvadora angustifolia, Stereospernum dipauperatum.
Structure de la population
Estimation de l’abondance relative
Comptage direct
Chez la tortue radiée, 59 individus ont été trouvésdont 49 dans le P N, contre 10 dans la forêt littorale. Chez la tortue araignée, en revanche, 119 animaux ont été recensés dont 14 dans le P N, contre 105 dans la forêt littorale.
Estimation de Jolly-Seber
Chez la tortue radiée, la taille de population varie de 3,5 à 118,1 dans le Parc contre 1 à 63 sur le littoral (voir Annexe IV. a).
Une différence significative a été notée (Test de annM-Whitney, U=53,5 ; p 0,001) concernant la variation de l’abondance de population de la tortue radiée entre les deux sites.
Ainsi, chez Astrochelys radiata, la taille de population est plus grande dans le P N que dans la forêt littorale ; autrement dit, la persistance des pressions de collecte en dehors des zones protégées diminue de plus en plus le stock dela population.
Chez la tortue araignée, la taille de population varie de 0 à 15 dans le Parc contre 21,6 à 264,5 sur le littoral (voir Annexe IV. b).
Une différence significative a été notée (Test de annM-Whitney, U=0 ; p 0,001) concernant la variation de l’abondance de population de la tortue araignée entre les deux sites.
Ainsi, contrairement chez la tortue radiée, chez Pyxis arachnoïdes, la taille de population est plus grande dans la forêt littorale qu’à l’intérieur du P N. Cette espèce n’est pas donc affectée directement par les pressions de collecte.
De même, une différence significative de l’abondance de population a été également enregistrée entre les deux espèces dans le Parc (Test de Mann-Whitney, n=23 ; U=9,5 ; p 0,001) et sur le littoral (Test de Mann-Whitney, n= 17 ; U=12 ; p 0,001).
Ainsi, dans le P N, l’abondance de population est plus élevée chez la tortue radiée que chez la tortue araignée. Dans la forêt littorale, en revanche, elle est plus grande chez Pyxis
Résultats et Interprétations
arachnoïdes. Autrement dit, Astrochelys radiata est plus adaptée à vivre dans la forêt que son sympatrique, Pyxis arachnoïdes qui préfère les endroits ouverts comme sur le littoral.
Structure des végétations
La structure des végétations montre une importantedifférence entre les deux sites. En analysant le recouvrement vertical des plantes, le recouvrement horizontal des végétations et la richesse floristique, on constate :
Le premier site (forêt rive : Parc National) est constitué d’une forêt basse de 6 à 7 m de haut, à Cedrelopsis grevei et Didierea madagascariensis. La canopée est ouverte et la végétation est formée par 3 strates bien distinguée:
Une strate herbacée de 0 à 2 m de hauteur, moins développée. Les plantes de petite taille sont souvent piétinées par le bétail lors deleur passage. Parfois, les espèces qu’il fréquente sont déracinées lors de leur prise de nourriture.
Une strate arbustive de 2 à 4 m de hauteur, développée. Dès fois, les zébus en se frottant font tomber les arbustes par terre.
Une strate arborescente de 4 à 7 m de hauteur, moin s développées. Durant les cérémonies funèbres, lors de la construction du tombeau, les populations locales abattent des arbres, causant ainsi beaucoup de dégâts sur la forêt.
Le deuxième site (Forêt littorale), en revanche, est constitué d’un fourré à Euphorbia stenoclada. Cette espèce d’arbuste est utilisée par les éleveurs du bétail pour nourrir les troupeaux pendant la saison sèche. Elle est donc « protégée » par la population locale contre toutes autres formes d’exploitation. En dehors de cette espèce, la végétation est constituée en grande partie par une formation buissonnante et herbacée, ne dépassant pas 4 m de hauteur. Les grands arbres sont absents et la végétation est complètement ouverte. La coupe sélective des bois et la conversion des terrains à l’agriculture sont à l’origine de cette catastrophe.
Discussion
Etude des tortues
Rythme d’activité
Les tortues sont actives aussi bien le matin que l’après-midi ; au milieu de la journée, elles prennent de repos à l’abri du soleil sous l’ombre d es grands arbres pour éviter la chaleur rude de la journée. Ce sont les diverses perturbations que subissent les espèces qui font qu’elles soient actives seulement le matin ou l’apr ès-midi. Goodmann et al., 2002 sur l’étude que son équipe a menée à Tsimanampetsotsa urs la tortue radiée ont rapporté que l’espèce ne reste plus active que seulement le matin ; selon toujours ce même auteur, les différentes pressions que subissent l’espèce sont probablement à l’origine de ce changement du comportement.
Structure de la population
Densité de la population
Efficacité des méthodes utilisées
Parmi les résultats obtenus des différentes méthodes utilisées, celui issu de comptage direct et l’estimation de Jolly-Seber semblent être les plus fiables étant donné qu’ils reflètent l’observation fait sur le terrain. Le résultat issu de l’estimation par Distance paraît plus faible par rapport à la réalité. En effet, les échantillonnages obtenus sont trop faible, excepté chezPyxis arachnoïdes dans la Forêt littorale (n=105) pour utiliser laDistance. Le programme s’applique de préférence pour un niveau d’échantillonnage suffisamment élevé (n≥60individus) pour éviter que le résultat ne soit pas biaisé.
Variation de la densité
La densité de population varie considérablement suivant les zones ; à l’intérieur du Parc National et à l’extérieur et dans les différentes régions du Sud et du Sud-ouest de l’île, ce paramètre change.
Exemple : chez la tortue radiée, autour du lac Tsimanampetsotsa, la densité moyenne issue du comptage direct a été estimée à 168,5 individus/km2 lors de la présente étude, autour de la région d’Itampolo, elle a été estimée à 1546 individus/km2 (Rakotondrainy, 2008) et à l’extrême Sud de l’île (Cap Sainte-Marie), elle est de 27,5 à 5744 individus/km 2 (Leuteritz, 2002).
Dans un même site, la densité peut varier égalementselon les espèces ; exemple : dans le Parc National, la densité de population est plus élevée chez la tortue radiée (D=280 2 2 individus/km ) que chez la tortue araignée (D=80 individus/km).
Ces variations dépendent de plusieurs paramètres :
Le degré de perturbation des sites :
Les tortues sont fortement chassées le long des routes et pistes et dans les zones proches de la mer. Exemple : dans la forêt littorale, la densité de population de la tortue radiée (D=57 individus/km2) est largement au-dessous de celle du Parc National (D=280 individus/km2) à cause du niveau élevé des pressions humaines, notamment des collectes des tortues qui existent dans cette zone.
Ces collectes touchent particulièrement les tortues radiées à cause des demandes incessantes en viandes par les consommateurs à Tuléar. L’étude menée par Rakotondrainy dans la région d’Itampolo (Rakotondrainy, 2008) concernant l’origine de la mort de cette espèce, en se basant sur l’analyse des carapaces vides trouvées, montre que 61% présentaient des trous, signe de prédation par l’homme.
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Table des matières
INTRODUCTION
I. MATERIELS ET METHODES
A. MILIEU D’ETUDE
1. Localisation
2. Description
2.1. Sol et géomorphologie
2.2. Hydrologie
2.3. Climat
2.4. Flore et végétation
2.5. Faune
2.6. Sites d’étude
B. PRESENTATION DES ESPECES
1. Classification
2. Description
3. Distribution
4. Habitat
5. Menaces
5.1. Perte de l’habitat
5.2. Collecte des populations sauvages
6. Statut de Conservation
6.1. UICN
6.2. CITES
C. COLLECTE ET ANALYSE DES DONNEES
1. Etude de l’habitat
1.1. Etablissement du profil structural
1.2. Détermination des plantes
1.3. Analyse de similarité
1.4. Perturbation de l’habitat
2. Méthode d’échantillonnage
2.1. Transect
2.2. Capture-Marquage-Recapture
3. Structure de la population
3.1. Evaluation de l’abondance relative
3.1.1. Comptage direct
3.1.2. Estimation de Jolly-Seber
3.2. Estimation de la densité
3.2.1. Estimation simple
3.2.2. Estimation par Distance
3.3. Mensuration
3.4. Détermination de l’âge
3.5. Détermination des sexes
4. Analyse et Test statistiques
II. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
A. Etude d’habitat
1. Structure des végétations
1.1. Recouvrement vertical des plantes
1.2. Recouvrement linéaire des végétations
2. Richesse floristique
3. Perturbation de l’habitat
B. Etude des tortues
1. Observation.
1.1. Tortue radiée
1.2. Tortue araignée
2. Structure de la population
2.1. Estimation de l’abondance relative
2.1.1. Comptage direct
2.1.2. Estimation de Jolly-Seber
2.2. Estimation de la densité
2.2.1. Estimation simple
2.2.2. Estimation par Distance
Détection et Distance
Densité
2.3. Taille des individus
2.4. Structure d’âge
2.4.1. Pyramide des âges.
2.4.2. Distribution des classes d’âge
2.5. Sex-ratio
III. DISCUSSION
A. Etude de l’habitat
1. Analyse des pressions
2. Structure des végétations
B. Etude des tortues
1. Rythme d’activité
2. Structure de la population
2.1. Densité de la population
2.1.1. Efficacité des méthodes utilisées
2.1.2. Variation de la densité
2.2. Taille des individus
2.3. Structure d’âge
2.4. Sex-ratio
3. Conservation et gestion durable
3.1. Conservation communautaire
3.2. Conservation de l’habitat
3.3. Education
3.4. Ecotourisme
3.5. Réintroduction des espèces
3.6. Renforcement des lois
CONCLUSION
Bibliographie
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