Analyse de la pauvreté dans les zones côtières

Le phénomène de pauvreté constitue une grande préoccupation pour les pays du Sud. Madagascar n’échappe pas à cette aire de préoccupation du développement, malgré ses hautes potentialités en ressources naturelles. Le pays connait un grand déséquilibre macroéconomique, marqué par une mauvaise performance de l’économie, et une quasi absence de progrès social. Cette récession économique a été renforcée par l’échec de bon nombre de programme de développement économique et social, en particulier le Document de Stratégie Pour la Réduction de la Pauvreté (DSRP) et le Plan d’Action de Madagascar (MAP., 2007).

Actuellement, on note une certaine dynamique de lutte contre la pauvreté à travers les programmes de Gestion Intégrée des Zones Côtières (GIZC) à Madagascar. Cette dynamique se traduit par la formulation de la politique de gestion des zones côtières, incluant la stratégie nationale et le Plan d’Action National. De plus un Comité National en charge de la mise en œuvre des stratégies de GIZC a été également mis sur pied. Ces efforts vont essentiellement dans le sens de réconcilier les préoccupations socio économiques et environnementales. En effet, les stratégies de GIZC ne s’auraient être efficaces à l’absence d’une bonne prise en compte des conditions micro économiques et sociales des communautés littorales (CCE., 1994). Dans ce sens, une analyse de la pauvreté est essentielle pour affiner des plans de GIZC qui tiennent compte du contexte environnemental, social et économique. Cette analyse requiert, d’une part, une identification des pauvres et, d’autre part, la détermination des facteurs qui expliquent globalement cette pauvreté. Cela implique nécessairement un cadre analytique cohérent, en vue de bien caractériser le phénomène de pauvreté. Ainsi, c’est dans cette mouvance que cette étude tente d’élucider les différents facteurs qui freinent le développement des communautés littorales et, de s’interroger sur des scénarios à partir desquels le PAN GIZC devra s’appuyer pour réduire la pauvreté côtière.

PROBLÉMATIQUE ET MÉTHODOLOGIE GÉNÉRALE

PROBLÉMATIQUE

Située au sud-est des côtes africaines, Madagascar possède une superficie de 587040 km² (ROBY., 1996). Il figure parmi les plus grands États insulaires. Madagascar dispose d’un linéaire côtier d’environ 5 600 km, constitué d’habitats naturels les plus riches, et les plus diversifiés du pays. Le relief de Madagascar est caractérisé par un ensemble de massifs montagneux coupant le territoire du Nord au sud (IRD., 2010). Madagascar connait aussi une grande diversité de climats, allant du climat équatorial humide sur la côte est, au climat semi-désertique au sud (Ibidem). Cette grande variété de milieux naturels et de climats positionne Madagascar au premier rang mondial des Hotspots de la biodiversité, ayant le plus grand nombre de familles et genres endémiques (MITTERMEIER et al. 2004 : in PRIMACK et RATSIRARSON, 2005). Cependant, malgré ses hautes potentialités, Madagascar s’illustre bien parmi les pays les moins avancés (PMA), et les plus pauvres de l’Afrique subsaharienne (IRD., 2010), avec un taux de pauvreté national de 76,5 % (INSTAT., 2010). Dans ses zones côtières, la pauvreté est conjuguée à une économie fragile, fortement dépendante du secteur primaire, et très menacée par la dégradation des ressources marines et côtières (IRD., 2010). En effet, force est de constater que les zones côtières de Madagascar sont sujettes à toutes sortes pressions. Les ressources halieutiques sont surexploitées (ROBY et al., 1996; ANDRIAMANAITRA, 2005; DRESY, 2006). Les superficies de mangroves diminuent progressivement (ANDRIAMALALA, 2007). Les récifs coralliens se dégradent à un rythme alarmant (MCKENNA et al., 2002; WILKINSON C., 2004). Ainsi, les chiffres témoignent que plus de 80 000 tonnes de produits halieutiques sont prélevées et exportées chaque année, principalement vers l’Europe et l’Asie (FREDERICK et al., 2012). Soit, 30 % des 1 400 ha des formations de mangroves les plus denses de l’île ont disparu entre 1970 et 2000 (ANDRIAMALA., 2007). Le littoral a connu une perte massive de la couverture corallienne entre 1962 et 2011, allant de 37 à 79 % (IRD., 2013). De plus, près de 20 % des industries, dont les épaves constituent un grand danger pour la faune et la flore aquatique, sont implantées en zones côtières. Ces différentes pressions menacent la survie des populations littorales (MIOSSEC., et al. 1998), entravent les efforts de conservation des zones côtières, et de réduction de la pauvreté. Face à ces constats, l’État malgache a déclenché le processus GIZC, en vue de renverser la tendance de la dégradation des zones côtières, et de promouvoir leur développement durable. La mise en œuvre d’un Plan d’Action National de Gestion Intégrée des Zones Côtières (PAN GIZC) a constitué un outil stratégique pour atteindre les objectifs précités. De manière spécifique, le PAN GIZC vise le renforcement de la gouvernance des zones marines et côtières à travers la sécurisation des espaces de production. Il assure l’intensification des transferts de gestion des ressources renouvelables, de la sensibilisation, de la formation, et de l’éducation de toutes les parties prenantes. Et de plus, renforce les mécanismes institutionnels de gestion au niveau national, régional et communal.

Ainsi, face à la grande complexité des zones côtières, le PAN GIZC, après quelques années de mise en œuvre, rencontre un grand nombre d’obstacles. Au plan juridique, les grandes orientations réglementaires des conventions internationales présentent souvent une certaine contradiction avec les réalités locales, et certaines législations nationales en vigueur. De plus, dans un contexte de crise politique, la pauvreté des communautés littorales s’intensifie, et les pressions sur les ressources côtières augmentent. Ces constats alimentent donc, une réflexion à propos de l’amélioration de la mise en œuvre du PAN GIZC dans un contexte de pauvreté.

Approche méthodologique

Approche monétaire de la pauvreté
L’approche monétaire d’inspiration néo-classique, soutenue par les utilitaristes, est basée sur le concept du bien-être économique (OXLEY H. et al., 2000 ; BOURREAU-DUBOIS C. et al., 2003; VALLETTA R., 2006). Elle place la conceptualisation du bien-être dans l’espace de l’utilité (RAVALLION., 1994), dont la satisfaction définit le niveau de bien-être. Le seul critère pris en compte pour la mesure de cette utilité (bien-être) dans cette étude, est la consommation de biens. Cette approche monétaire traduit, de ce fait, le caractère unidimensionnel de la pauvreté (BOTH., 1969 ; ROWNTREE., 1901). Elle suppose la définition d’un minimum de capital requise pour satisfaire les besoins ou seuil de pauvreté (RAVALIONS., 1994). Le seuil de pauvreté utilisé dans cette étude, a été le même que celui retenu lors des Enquêtes Périodiques au près de Ménages (EMP) de l’INSTAT en 2010, qui est estimé à 469 000 Ar/personne/an. Ainsi, tout individu dont le niveau de consommation est inférieur à ce seuil, est considéré comme étant pauvre.

Indices de pauvreté monétaire
Les indices de pauvreté utilisés dans cette étude sont ceux de la famille P(α) proposés par FOSTER, GREER ET THORBECKE (1984). Ils sont également dénommés les indicateurs FGT. Ils permettent de décomposer la pauvreté monétaire en trois dimensions très importantes pour la construction d’un profil de pauvreté basé sur le revenu ou la consommation. La décomposition donne les différents indices suivants :

→ Le Ratio de Pauvreté ou Taux de Pauvreté qui donne le pourcentage de pauvre dans la population totale ;
→ Le Gap de Pauvreté est un indicateur qui mesure la profondeur de la pauvreté, c’est-à-dire la part de revenu moyen qu’il faut affecter aux pauvres pour les ramener au niveau du seuil de pauvreté ;
→ La Sévérité de la Pauvreté ou encore Écart de Pauvreté au carré qui prend en compte l’écart entre les pauvres.

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE I : PROBLÉMATIQUE ET MÉTHODOLOGIE GÉNÉRALE
I-1. PROBLÉMATIQUE
I-1-1. Hypothèses
I-1-2. Objectifs spécifiques
I-2. MÉTHODOLOGIE GÉNÉRALE
I-2-1. Méthodes d’investigation et de collecte de données
I-2-1-1. Les investigations bibliographiques
I-2-1-2. Collecte de données
I-2-2. Approche méthodologique
I-2-2-1. Approche monétaire de la pauvreté
I-2-2-2. Indices de pauvreté monétaire
I-2-2-3. Approche systémique
I-2-3. Traitement et analyse des données
I-2-3-1. Statistique descriptive
I-2-3-2. Statistique analytique
I-2-3-3. Logiciels de traitement de données
I-2-4. Cadre théorique de la pauvreté
I-2-5. Limites de l’étude
I-2-6. Schéma de la méthodologie
I-2-7. Cadre opératoire
PARTIE II. MILIEU D’ETUDE
II-1. SITUATION GÉOGRAPHIQUE ET ADMINISTRATIVE
II-2. MILIEU SOCIO ÉCONOMIQUE
II-2-1. Activités économiques
II-2-2. Le sous-emploi
II-2-3. Éducation
II-3. MILIEU PHYSIQUE ET BIOTIQUE
II-3-1. Milieu physique
II-3-1-1. Le climat
II-3-1-2. Les vents et les cyclones
II-3-2. Le milieu biotique
II-3-2-1. Les écosystèmes de mangrove
II-3-2-2. Les zones humides littorales
II-3-2-3. Les forêts littorales
II-3-2-4. Les récifs coralliens
PARTIE III: ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS
CHAPITRE 1. ÉTAT ET DÉTERMINANTS DE LA PAUVRETÉ CÔTIÈRE
1-1. Introduction
1-2. Méthodologie
1-2-1. Les facteurs déterminants de la pauvreté : Choix des variables et indicateurs
1-2-2. Méthodes de vérification de l’hypothèse
1-2-2-1. Test de différence des moyennes
1-2-2-2. Tests de corrélation
1-2-2-3. Régression linéaire multiple
1-3. Résultats
1-3-1. État de la pauvreté dans les zones côtières
1-3-2. Corrélation entre taux de pauvreté et les variables sociaux et environnementaux
1-3-3. Synthèse des corrélations
1-3-4. Les déterminants de la pauvreté côtière : contribution relative des variables
1-3-3. Discussion partielle
CHAPITRE 2: MODELISATION THEORIQUE DE LA PAUVRETE
2-1. Introduction
2-2. Méthodologie
2-2-1. Approche systémique : base de la modélisation
2-2-3. Identification des variables à modéliser
2-3. Résultats
2-3-1. Modélisation théorique de la pauvreté
2-3-2. Analyse et interprétation du modèle
2-3-3. Scénarios de réduction de la pauvreté
2-3-3-1. Scénario 1 : Renforcement des investissements publics
2-3-3-2. Scénario 2 : Réduction de la vulnérabilité aux chocs environnementaux et climatiques
2-4. Discussion partielle
PARTIE IV : DISCUSSION GÉNÉRALE ET RECOMMANDATIONS
IV-1. Discussion
IV-1-1. Sur l’approche méthodologique
IV-1-2. Sur les résultats
IV-1-2-1. Éducation, Santé et Pauvreté
IV-1-2-2. Pauvreté et Chocs environnementaux et climatiques
IV-1-2-3. Pauvreté et déforestation
IV-2. Recommandations
IV-2-1. Améliorer le bien-être social
IV-2-2. Autres considérations de la pauvreté et de la GIZC
IV-2-3. Réduction de la vulnérabilité, et adaptation des populations aux effets du changement climatiques
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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