Aspect épidémiologique, clinique et thérapeutique du cancer du larynx chez les personnes âgées

Le Sénégal est actuellement en phase de transition épidémiologique caractérisé par la coexistence de maladies aigues transmissibles (paludisme, tuberculose, sida…) et de maladies non transmissibles (hypertension artérielle, diabète, cancers…). Alors que les maladies aigües ne sont pas complétement éradiquées, le Sénégal est de plus en plus confronté aux pathologies chroniques qui actuellement posent un véritable problème de santé publique de par l’augmentation de leur prévalence et incidence, de leur mortalité, et du coût élevé de leur prise en charge.

Parmi ces pathologies, les cancers en particulier du larynx occupent une place primordiale. De plus ces cancers atteignent surtout les personnes âgées. En effet, les cancers du larynx représentent 5% de l’ensemble des cancers et 25% des voies aéro-digestives supérieures[100, 103, 110, 130]. Des cas de cancer du larynx ont été diagnostiqués à Dakar (Sénégal), plusieurs études ont été rapportées à ce sujet, mais peu concernait le sujet âgé.

D’ailleurs, dans nos pays, près de la moitié des cancers du larynx ne sont pas diagnostiqués ou diagnostiqués tardivement [100, 130]. Cette situation est liée à la longue période de latence de la maladie, l’insuffisance du plateau technique des structures, l’absence de formation du personnel médical, la priorité accordée à la lutte contre les maladies aiguës transmissibles, les croyances socioculturelles, l’inaccessibilité aux structures mais aussi le faible niveau de connaissance des populations sur les moyens de prévention du cancer du larynx. Les déterminants du cancer du larynx sont : le tabagisme chronique souvent associé à une consommation excessive d’alcool, la mauvaise hygiène buccodentaire, certains facteurs alimentaires (carence nutritionnelle en fer, en vitamine C…), environnementaux (amiante…), infectieux en particulier viraux (papillomavirus …) et génétiques .

DEFINITION

Le cancer du larynx est une maladie dans laquelle des cellules cancéreuses se développent dans au moins un de ses trois étages [21]:
➨ Étage sus-glottique : c’est la partie du larynx située au-dessus des cordes vocales. Elle comprend : la portion sus-hyoïdienne de l’épiglotte, repli aryépiglottique, aryténoïde et les bandes ventriculaires (fausses cordes) ;
➨ Étage glottique ou la glotte : c’est le plan des cordes vocales ; commissure antérieur et commissure postérieure ;
➨ Étage sous- glottique : c’est l’espace compris le bord inférieur du cartilage cricoïde et le 1er anneau de la trachée.

EPIDEMIOLOGIE

Epidémiologie descriptive
En 2017, un nombre total de 210 606 nouveaux cas de cancer du larynx ont été diagnostiqués (2,76 nouveaux cas pour 100 000 habitants) dans le monde, avec une prévalence, cette même année, de 1,09 million de cas (14,33 cas pour 100 000 habitants), entraînant pas moins de 126 471 décès (1,66 pour 100 000 habitants) [65]. L’incidence et la prévalence ont augmenté de 12,0 % et de 23,8 % respectivement au cours des trois dernières décennies, tandis que la mortalité a diminué d’environ 5% [65]. Parmi tous les types de cancer, les tumeurs malignes du larynx occupent la 22ème place en termes d’incidence, soit 0,89 % de l’ensemble des cancers, le 18e en termes de prévalence, soit 1,44 % de l’ensemble des cancers, et le 18e en termes de de mortalité, soit 1,39 % de tous les décès par cancer. En 2012, chez l’homme, le cancer du larynx (2900 nouveaux cas) était le plus fréquent parmi les cancers des voies aérodigestives supérieures (VADS) en France [16]. Il existe des disparités dans la distribution géographique du cancer du larynx. En effet, l’incidence actuelle semble la plus élevée en Europe avec 5,45 nouveaux cas pour 100 000), contre 0,61 pour 100 000 en Afrique [80] en raison probablement du sous diagnostic des cancers du larynx.

Epidémiologie analytique

Plusieurs déterminants ont été impliqués dans la pathogenèse du cancer du larynx ; le plus important d’entre eux est l’intoxication alcoolo-tabagique.

❖ Déterminants liés aux habitudes de vie
➤ Tabac
Le tabagisme, qui comprend l’usage de cigarettes, de cigares et de pipes est le principal facteur de risque du cancer du larynx. En effet, il a été démontré que le tabagisme présente une association linéaire avec le développement du cancer du larynx, le risque pour les fumeurs étant 10 à 15 fois supérieur à celui des nonfumeurs et les plus gros fumeurs ont un risque jusqu’à 30 fois plus élevé [92, 118]. La cigarette cause une brûlure chronique [18] et agit aussi par ses composants carcinogènes. En effet, plus de 30 agents ont été identifiés (hydrocarbures aromatiques polycycliques et nitrosamines en particulier), véhiculés par la fumée ou dissous dans la salive. Le risque de développer un cancer du larynx augmente avec le nombre de cigarettes fumées et avec la durée du tabagisme. Ce risque diminue à l’arrêt de l’intoxication tabagique [114]. Cependant, le risque de cancer du larynx est également plus élevé chez les non-fumeurs exposés à la fumée secondaire.
➤ Alcool
L’alcool est un cancérogène reconnu par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ). Il est même la deuxième cause évitable de décès par cancer, après le tabac. 10 % des cancers, toutes localisations confondues des VADS seraient liés à une consommation régulière d’alcool. Cette proportion atteint 50 % pour les cancers du larynx [24]. Le risque apparait dés un verre par jour et augmente avec la dose d’alcool pur ingérée. Un verre d’alcool correspond à 10 g d’alcool pur, soit 25 cl de bière ou encore 12.5 cl de vin.
➤ Association tabac et alcool
Dans une étude portant sur le rôle de l’alcool et du tabac dans le cancer du larynx, le rapport des cotes était de 2,46 pour les gros buveurs non-fumeurs (définis comme>8 verres par jour) et 9,38 pour les fumeurs qui ne boivent pas [59]. Il a également été démontré que les effets conjugués du tabac et de l’alcool augmentent énormément le risque de cancers du larynx ; en effet ;une consommation d’alcool de plus d’un litre de vin par jour pourrait effectivement décupler le risque chez un gros fumeur mais ne l’augmenterait que d’un facteur 4 à 5 chez un petit fumeur [23]. D’autres études trouvent également des risques multiplicatifs ou sur multiplicatifs ; c’est ce qu’on appelle l’effet synergique sur le risque de cancer du larynx.
➤ Facteurs alimentaires
Des facteurs alimentaires ont également été incriminés, la viande rouge augmentant le risque de cancer du larynx, tandis qu’une alimentation variée en fruits et légumes a potentiellement un effet protecteur .

Cependant, de manière générale, le rôle de l’alimentation a été surtout envisagé sous l’aspect protecteur qu’impliquait un apport élevé en vitamines A et C, sans qu’il soit possible de chiffrer le rôle de cet apport, notamment du fait de la difficulté à estimer la quantité réellement ingérée de ces vitamines .

❖ Déterminants liés à l’environnement
Un cancer du larynx peut aussi être lié à une exposition professionnelle à des facteurs cancérigènes et être ainsi reconnu comme maladie professionnelle .

➤ Amiante
L’exposition aux fibres d’amiante présentes dans l’air accroît le risque de cancer du larynx. Le risque d’exposition est plus élevé pour les personnes qui travaillent dans les mines ou les industries manufacturières. Le Centre international de recherche contre le cancer (CIRC) a classé l’amiante comme cancérogène du groupe 1 pour le larynx depuis 2009 [85]. La relation entre amiante et cancer du larynx a été retrouvée dans de nombreuses études [105, 107], dont une métaanalyse récente (Peng et al.) mettant en évidence un Ratio Standardisé de Mortalité (SMR) de 1,69 (IC à 95% [1,45-1,97]) .
➤ Acide sulfurique
Plusieurs études [85] montrent que le taux de cancer du larynx est plus élevé chez les travailleurs exposés aux vapeurs d’acide sulfurique. Les brouillards d’acides forts inorganiques, classés comme cancérogènes de groupe 1 avec preuves suffisantes pour le larynx depuis 2012.
➤ Autres facteurs
D’autres facteurs comme les hydrocarbures aromatiques polycycliques, la poussière textile, les gaz d’échappement moteur et les laines minérales sont aussi incriminés dans la survenue du cancer du larynx .

❖ Déterminants liés aux systèmes de soins
➤ Papillomavirus humain (HPV)
C’est un facteur de risque connu du cancer du col de l’utérus et du cancer de l’oropharynx, et on peut l’associer au cancer du larynx [13]. On estime que la prévalence du HPV est comprise entre 20 % et 30 % dans les tumeurs laryngées. Toutefois, ce pourcentage varie considérablement d’une étude à l’autre et dépend de la méthode de détection utilisée .
➤ Rôle du reflux gastro-œsophagien
Le passage de l’acidité gastrique au-delà du sphincter supérieur de l’œsophage permet à celle-ci d’atteindre le larynx et d’y induire des lésions variées. Le reflux gastro œsophagien est responsable d’une inflammation aigue puis chronique de la muqueuse laryngée, aboutissant à une laryngite chronique, une entité précancéreuse bien connue. Le RGO doit être diagnostiqué et traité avant toute laryngectomie totale, en effet, la laryngectomie totale aggrave le RGO, ce dernier retarde la cicatrisation du pharyngostome et par conséquent, il entrave le protocole thérapeutique (retard de la radiothérapie). Toutefois, cette théorie est encore controversée et fait l’objet de recherches.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
I. DEFINITION
II. EPIDEMIOLOGIE
II.1. Epidémiologie descriptive
II.2. Epidémiologie analytique
III. DIAGNOSTIC
III.1. Circonstance de découverte
III.2. Examen clinique
III.3. Examens complémentaires
IV. CLASSIFICATION ETSTADIFICATION DU CANCER DU LARYNX
IV.1. Classification
IV.2. Stadification
V. PREVENTION DU CANCER DU LARYNX
V.1. Prévention primaire
V.2. Prévention secondaire
V.3. Prévention tertiaire
V.4. Prévention quaternaire
DEUXIEME PARTIE
I. MATERIELS ET METHODES
I.1. Cadre d’étude
I.2. Patients et méthodes
I.3. Saisie et analyse
II. RESULTATS
II.1. Profil épidémiologique
II.1.1. Age
II.1.2. Sexe
II.1.3. Situation matrimoniale
II.1.4. Profession
II.1.5. Facteurs de risque
II.1.5.1. Tabac et alcool
II.1.5.2. Infections virales
II.1.5.3. Exposition aux produits chimiques
II.1.6. Antécédents
II.2. Clinique et paraclinique
II.2.1. Délai de consultation
II.2.2. Symptomatologie de découverte
II.2.3. Etat général
II.2.4. Nasofibroscopie
II.2.5. Paraclinique
II.2.5.1. Panendoscopie
II.2.5.2. Laryngoscopie indirecte
II.2.5.3. TDM cervicale
II.2.5.4. Echographie cervicale
II.2.6. Localisation de la tumeur
II.2.7. Aspect macroscopique
II.2.8. Type histologique
II.2.9. Bilan d’extension
II.3. Classification et stadification
II.4. Prise en charge thérapeutique
II.4.1. Chirurgie
II.4.2. Radiochimiothérapie
II.5. Evolution
III. DISCUSSION
III.1. Profil épidémiologique
III.1.1. Age
III.1.2. Facteurs de risque
III.1.2.1. Le tabac
III.1.2.2. Alcool
III.1.2.3. Expositions aux produits chimiques
III.1.2.4. Les infections virales
III.2. Clinique et paraclinique
III.2.1. Délai de consultation
III.2.2. Symptomatologie de découverte
III.2.3. Exploration du larynx
III.2.3.1. Examen clinique
III.2.3.1.1. La nasofibroscopie
III.2.3.2. Examen paraclinique
III.2.3.2.1. Bilan à visé diagnostique
III.2.3.2.1.1. La panendoscopie
III.2.3.2.1.2. Etude histologique
III.2.3.2.2. Imagerie
III.3. Stadification
III.4. Prise en charge thérapeutique
III.4.1. La chirurgie
III.4.1.1. La laryngectomie totale
III.4.1.2. Chirurgie partielle par voie externe
III.4.1.3. La trachéotomie
III.4.1.4. Evidement ganglionnaire cervicaux
III.4.2. La radiothérapie post opératoire
III.4.3. La chimiothérapie
III.5. Evolution
CONCLUSION
RECOMMANDATIONS
REFERENCES
ANNEXES

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