Le developpement de la comprehension orale

LE DEVELOPPEMENT DE LA COMPREHENSION ORALE 

L’ACQUISITION DU LANGAGE ORAL : COMPRENDRE ET PRODUIRE 

Le langage est la « faculté que les hommes possèdent d’exprimer leur pensée et de communiquer entre eux au moyen d’un système de signes conventionnels vocaux et/ou graphiques constituant une langue » (CNRTL, ORTOLANG). Le langage oral est l’un des premiers apprentissages de la vie, qui commence à se construire avant même la venue au monde. Apprendre une langue c’est se construire un répertoire de mots, des règles syntaxiques et des contextes d’utilisation des énoncés (Agnès Florin, 2016).

Maîtriser le langage oral c’est à la fois pouvoir comprendre et produire des énoncés verbaux. Dans l’acquisition du langage oral, la compréhension précède la production (Monique Plaza, 2014) :
– Sur le plan lexical : dès 9 mois, l’enfant est capable de compréhension lexicale en contexte tandis que les premières productions lexicales stables apparaissent autour de 12 mois (Frédérique Brin, 1997)
– Sur le plan morphosyntaxique : dès 12 mois l’enfant comprend des phrases courtes en situation tandis que les premières juxtapositions de mots n’apparaissent pas avant 18 mois (Frédérique Brin, 1997) .

Ce décalage entre compréhension et expression est d’ailleurs décrit lors du stade holophrastique, par lequel l’enfant passe entre 18 et 24 mois. Durant ce stade, l’enfant s’exprime essentiellement par des mots isolés dont le sens est en réalité plus large que le simple mot. Le mot a alors une fonction de phrase et l’entourage, notamment grâce à la prosodie, l’interprète comme porteur d’une intention visant à désigner, exprimer ou demander (Dodane, 2008). L’enfant comprend alors plus de choses qu’il ne peut en exprimer. Vers l’âge de 30 mois, la compréhension est encore à dominance lexicale : pour comprendre le langage, l’enfant identifie un mot qu’il met en rapport avec le contexte dans lequel il est produit. C’est autour de trois ans et demi que l’enfant parvient à fonder sa compréhension sur des aspects morphosyntaxiques qui permettent la construction d’une représentation mentale plus fine et plus précise. Dès l’âge de 4-5 ans, l’enfant investit progressivement la compréhension du langage oral selon une modalité narrative qui rendra plus tard possible la compréhension et l’élaboration de récit. Cette modalité narrative implique l’identification de la successivité temporelle et des relations causales entre les événements (Delahaie, 2009).

Ces points mettent en évidence l’importance de la compréhension dans la construction du langage oral, car c’est sur cette dernière que se construisent et se développent les autres composantes langagières, à savoir :
– la production orale, qui va permettre à l’enfant de s’exprimer d’abord à travers le babillage, les premiers mots, puis par des phrases, pour finalement être capable de construire un discours.
– le jugement oral qui est la faculté à porter une réflexion métalinguistique sur la langue. Son rôle est particulièrement important dans la lecture et l’écriture dont le développement s’appuie sur une connaissance explicite de la structure, du fonctionnement et de l’usage du langage.

COMPRENDRE : DEFINITION ET IMPLICATIONS 

Comprendre, c’est « saisir par l’esprit, l’intelligence ou le raisonnement quelque chose, le sens des paroles, des actes de quelqu’un » (Larousse). En d’autres termes, comprendre du langage oral c’est accéder au sens de ce que l’on entend, de ce que l’autre dit. C’est saisir un message, intégrer une information que l’on sera alors capable de traiter.

IMPLICATION DES PROCESSUS PERCEPTIFS, COGNITIFS ET RELATIONNELS 

La faculté de comprendre du langage oral repose à la fois sur des processus perceptifs (mécanismes de bas niveau), cognitifs (mécanismes de haut niveau) et relationnels (Frédérique Coquet, 2006).

– Perceptifs (ou mécanismes de bas niveau) :
Dès sa première année de vie, l’enfant est déjà très sensible à la voix maternelle. Cette sensibilité lui permet de distinguer les nuances prosodiques et phonétiques de la parole, et ainsi de scinder les mots et les énoncés. Sur le plan perceptif, la compréhension orale repose donc sur un équipement permettant de traiter la parole en la percevant, la détectant et la catégorisant : ce sont les mécanismes de bas niveau (perception), constitués notamment des récepteurs visuels et auditifs. La perception repose sur la fusion entre ces deux types de récepteurs, et permet donc à l’enfant d’organiser les données sensorielles multimodales qu’il perçoit pour comprendre le langage. Ces mécanismes de bas niveau sont constamment en lien étroit avec les mécanismes de haut niveau (compréhension).
– Cognitifs (ou mécanismes de haut niveau) :
Dès l’âge de 3 mois, l’enfant commence à développer sa mémoire. Celle-ci lui permet de structurer le temps et de repérer les situations routinières, les invariants. Elle lui permettra également à partir de l’âge de 9 mois, de construire la notion de permanence de l’objet et de représentation mentale (Olivier Houdé, 2011). Ces étapes sont essentielles dans la construction de la compréhension car elles permettent à l’enfant de comprendre qu’un objet absent continue d’exister, et donc que l’on peut saisir des informations sur quelque chose d’absent, en parler. Lorsque la permanence de l’objet et la représentation mentale sont acquises, la mémoire reste essentielle dans la compréhension du langage, chez l’enfant comme chez l’adulte. En effet, pour pouvoir comprendre les informations d’un énoncé, il faut d’abord être capable de les retenir : c’est ici la mémoire de travail qui entre en jeu. La mémoire de travail est le stockage temporaire et limité d’informations qui seront traitées lors de tâches cognitives (Baddeley, 1983). En parallèle au développement de la permanence de l’objet, l’enfant va progressivement développer une autre compétence essentielle à la compréhension orale : la théorie de l’esprit. Il s’agit de la capacité à inférer des états mentaux à autrui (affectifs et cognitifs) ; en d’autres termes c’est être capable de comprendre que l’autre n’a pas nécessairement les mêmes connaissances ou affects que moi. Elle débute sa construction entre 12 et 18 mois, lorsque l’enfant commence à s’individualiser et à se différencier clairement des autres. Elle est essentielle dans la compréhension orale car pour comprendre quelque chose provenant de l’extérieur, il faut faire clairement la différence entre soi et l’extérieur : la théorie de l’esprit permet ainsi d’accéder à un point de vue extérieur au nôtre (Frédérique Coquet, 2006).  Par ailleurs, comprendre, c’est notamment pouvoir faire preuve de raisonnement déductif pour reconnaître l’implicite (« lire entre les lignes », humour, ironie…). En effet, comprendre du langage ne fait pas seulement entrer en jeu des aspects formels. C’est également être capable de se fonder sur d’autres indices tout aussi essentiels qui constituent ensemble la situation de communication : c’est mettre du sens sur le contexte, mais aussi sur tous les aspects perceptifs évoqués précédemment (le ton de la voix, la prosodie, l’expression faciale du locuteur) (Laval & al., 2016). Par conséquent, la compréhension orale repose également sur cette faculté à analyser le réel, à percevoir les relations entre les personnes et les objets, présents ou non. Enfin, les fonctions exécutives et l’attention sont également des mécanismes de haut niveau essentiels au fonctionnement de la compréhension orale. Les fonctions exécutives « constituent les fonctions cognitives les plus élaborées » (Godefroy, 2008) : leur mobilisation s’avère utile dans la compréhension orale lorsqu’il est par exemple nécessaire de prioriser une hypothèse d’interprétation, ou de mettre en œuvre une stratégie de compréhension nouvelle ou inhabituelle. Quant à l’attention, cette dernière permet de sélectionner une information verbale en inhibant le reste (attention sélective), de traiter simultanément plusieurs informations (attention divisée) et de se focaliser sur une information de manière stable et suffisamment longtemps (attention soutenue) (Azouvi, 2011).
– Relationnels : c’est au contact de son entourage et plus particulièrement grâce aux interactions avec ses parents, remplies de feed-back, que l’enfant va acquérir ses premières compétences interactives. Le contexte de sécurité affective dans ses échanges va servir de terreau fertile pour le développement des premières compétences langagières (élan à l’interaction, attention conjointe, respect des tours de parole…) permettant l’émergence de la compréhension du langage oral.

Par conséquent, la compréhension orale du langage ne dépend pas que du champ linguistique. Il faut également prendre en compte les champs neuropsychologique, environnemental et cognitif pour comprendre tous les mécanismes qui entrent en jeu lorsque nous comprenons.

« La compréhension d’un énoncé, c’est-à-dire son traitement dans l’esprit/cerveau d’un compreneur, y produit causalement, d’abord une suite de sous-processus et d’états mentaux transitoires, qui aboutissent finalement à la construction d’une représentation sémantique terminale, mentale, qui est composée et structurée : c’est cette représentation qui constitue le sens (individuel) d’un énoncé » (Le Ny, in Frédérique Coquet).

IMPLICATION DES COMPETENCES LANGAGIERES 

Ce sont sur ces trois principaux processus que se développent les compétences langagières permettant à l’enfant de comprendre du langage oral, compétences que l’on peut notamment retrouver dans un bilan de langage oral. Parmi ces compétences on retient notamment (Monique Plaza, 2014) :
– La maîtrise des relations d’inclusion (« un chat est un animal »)
– Les relations entre les parties et le tout (« le doigt est une partie de la main »)
– Les incompatibilités lexicales (« un chien ne peut pas être un chat »)
– Les différentes significations / polysémie ou les mêmes prononciations (homophonie) de deux mots
– Les similarités sémantiques entre des mots / synonymie
– L’intégration des indices morphologiques (genre, nombre, temps) et de la catégorie grammaticale (nom, verbe) de chaque terme lexical .

Par conséquent, la compréhension du langage oral repose sur des compétences phonologiques, lexicales et morphosyntaxiques.

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE THEORIQUE
1. LE DEVELOPPEMENT DE LA COMPREHENSION ORALE
1.1 L’ACQUISITION DU LANGAGE ORAL : COMPRENDRE ET PRODUIRE
1.2 COMPRENDRE : DEFINITION ET IMPLICATIONS
2. SYSTEME DE NEGATION EN FRANÇAIS
2.1 NEGATION SENTENTIELLE
2.2 INTERPRETATION DES ENONCES NEGATIFS : NEGATION POLEMIQUE ET DESCRIPTIVE
2.3 NEGATION SIMPLE ET NEGATION COMPLEXE
2.4 DEVELOPPEMENT DE LA NEGATION DANS LE LANGAGE ORAL
3. ATTENTION, MEMOIRE DE TRAVAIL ET INHIBITION
3.1 L’ATTENTION : DEFINITION ET REVUE DES PRINCIPAUX MODELES THEORIQUES
3.2 LA MEMOIRE DE TRAVAIL : DEFINITION ET IMPLICATIONS
3.3 L’INHIBITION : DEFINITION ET IMPLICATIONS
4. LE TROUBLE DEFICITAIRE DE L’ATTENTION AVEC OU SANS HYPERACTIVITE
4.1 DEFINITION ET CRITERES DIAGNOSTIQUES
4.2 DONNEES ETIOLOGIQUES
4.3 RETENTISSEMENT ET COMORBIDITES
4.4 LE TROUBLE D’INHIBITION DANS LE TDAH
4.5 LE DEFICIT DE MEMOIRE DE TRAVAIL DANS LE TDAH
PARTIE METHODOLOGIQUE
1. PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES
1.1 PROBLEMATIQUE
1.2 HYPOTHESE GENERALE
1.3 HYPOTHESES OPERATIONNELLES
2. PRESENTATION DES SUJETS
2.1 SELECTION DES CRITERES D’INCLUSION DES SUJETS
2.2 SUJET « CAS »
2.3 SUJET « TEMOIN »
2.4 RECUEIL DES DONNEES ANAMNESTIQUES
3. DESCRIPTION DU MATERIEL
3.1 BILO 3C & EC2 (Khomsi, Khomsi & Pasquet, 2007)
3.2 WISC-V (Wechsler, 2016)
3.3 REEDUCOS (Leblanc, 2005)
3.4 HAYLING TEST JUNIOR (Shallice & al.)
4. DESCRIPTION DE LA PROCEDURE
4.1 PHASE D’INCLUSION : EVALUATION DU LANGAGE ORAL ET DE LA MEMOIRE DE TRAVAIL
4.2 EVALUATION DE LA COMPREHENSION ORALE DE PHRASES NEGATIVES: REEDUCOS
4.3 EVALUATION DE L’INHIBITION COGNITIVE : HAYLING TEST JUNIOR
RESULTATS
1. RESULTATS AUX EPREUVES D’INCLUSION : LANGAGE ORAL ET MEMOIRE DE TRAVAIL
1.1 RESULTATS AUX EPREUVES DE LANGAGE ORAL : BILO 3C & EC2
1.2 RESULTATS AUX EPREUVES DE MEMOIRE DE TRAVAIL : WISC-V
2. RESULTATS A L’EPREUVE DE COMPREHENSION ORALE DE LA NEGATION: REEDUCOS
3. RESULTATS A L’EPREUVE D’INHIBITION COGNITIVE : HAYLING TEST JUNIOR
3.1 RESULTATS PARTIE A : « COMPLETION NORMALE »
3.2 RESULTATS PARTIE B : « COMPLETION ANORMALE »
DISCUSSION
1. RE-CONTEXTUALISATION
2. SYNTHESE DES RESULTATS OBTENUS
2.1. HYPOTHESES OPERATIONNELLES 1 & 2
2.2. HYPOTHESE OPERATIONNELLE 3
2.3. SYNTHESE HYPOTHESES OPERATIONNELLES
3. QUESTIONNEMENTS, LIMITES ET PERSPECTIVES
3.1. QUESTIONNEMENTS & LIMITES
3.2. PERSPECTIVES
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
LISTE DES ABREVIATIONS
ANNEXES

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