Les jeunes et la ville, prendre place dans l’espace et dans la société urbaine

La relation du traceur à l’espace par le parkour

Une pratique de la ville

En ce qu’il n’est pas seulement une pratique dans la ville car impliquant une relation spécifique et complexe à l’espace urbain, le parkour est une pratique de la ville. Plus précisément, il s’agit d’« une activité qui se nourrit du contexte urbain dans le but de s’en émanciper et d’y créer alors un « lieu de vie urbain alternatif » » (Lebreton, 2009 : 109), donc d’une pratique qui ne se réduit pas à évoluer dans son environnement de manière déconnectée mais qui s’inscrit dans une interrelation permanente avec l’espace. Pour simplifier la distinction, il peut être accepté qu’une pratique dans la ville s’y déploie alors qu’une pratique de la ville y devient légitime (Lefebvre, Roult & Augustin, 2013). Cela se vérifie d’ailleurs en s’intéressant à la dimension corporelle de la pratique dans laquelle « our body is not primarily in space: it is of it » (Lamb, 2011 : 171) puisque le traceur et son corps sont acteurs de l’espace à travers le parkour.

Le parkour, une communauté pratiquante dans la ville renouvelant le rapport à l’espace

Au sein de la pratique, le mode de socialisation est communautaire car s’organisant à travers un entre-soi et partageant plus qu’une pratique mais des idées, des valeurs, des expériences et des styles de vie (Lebreton, 2009). Le parkour est appréhendé comme communauté juvénile au prisme de trois dimensions : relationnelle, par l’intensité et la longévité des liens qui s’y construisent; corporelle, par la stimulation des aptitudes physiques de chacun dans une recherche de dépassement de soi mais toujours dans le respect des capacités individuelles ; et enfin spatiale, par la diversité desexpériences qui amènent à positionner le groupe dans la ville (Previtali, Coignet & Vieille-Marchiset,
2014). Le groupe est en effet un élément structurant la pratique, les traceurs développant une conscience d’appartenance à celui-ci, construisant par là leur identité et répondant à la quête de sens qu’ils engagent en s’investissant dans le parkour. Cette démarche s’inscrit pleinement dans la logique d’individuation (Augustin, 2001b), i.e. la réponse à des préoccupations individuelles passant par l’adhésion au groupe et/ou à la communauté. « Ainsi, la pratique auto-organisée s’inscrit pleinement dans une forme de solidarité éprouvée dans l’action motrice (encouragements, conseils),caractéristique des microsociétés communautaires où la proximité relationnelle est forte » (Gibout &
Lebreton, 2014 : 76), ces dernières connaissant une appréciation interne construite autour de ce qui fédère la communauté, mais impliquant une forme de stigmatisation externe de la part de ceux qui n’adhèrent pas à ce ou ces éléments fédérateurs.
Pour ces communautés pratiquantes, la ville, espace au sein duquel elles évoluent, devient un terraind’aventure. L’appropriation de l’environnement immédiat, saisissant notamment la quotidiennetémoderne de l’espace urbain, construit cette appréhension aventureuse (Kidder, 2013) menant àl’exploration d’espace-temps méconnus et transformant la ville en un ailleurs, bien que restant localisé en son sein (Thomson, 2008). Ainsi, la connexion à l’espace se renouvelle et se renforce, les traceurs testant la solidité des supports par exemple (Ameel & Tani, 2012a), et la pratique redonne du sens à la ville en explorant ses fonctions esthétiques et créatrices (Machemehl & Sirost, 2011) mobilisées dans le parkour. Ce renouvellement du rapport à l’espace est particulièrement perceptible en mobilisant le concept de « lieux anthropologiques ». Le parkour crée des espaces de sociabilités qui sont des lieux qui établissent du lien entre les pratiquants, tout en opérant une appropriation de ces mêmes lieux par le corps et l’attribution de sens dans des dynamiques identitaires aux échelles tant individuelle que collective, relevant bien ce que Marc Augé nomme les « lieux anthropologiques » (Lebreton & Héas, 2010 ; Machemehl & Sirost, 2011). Aussi, d’autres éléments complètent cette réflexion menant àestimer que le parkour renouvelle le rapport à la ville. Qualifiable de sport de rue, il implique uneappropriation de l’espace et une certaine autonomie visible par l’auto-organisation (Augustin, 2001b), investissant de manière informelle, entre autres, les interstices urbains (Lefebvre, Roult & Augustin, 2013), et revendiquant sa légalité et légitimité pour faire redécouvrir la ville (Lebreton & Héas, 2010). AUGE Marc, Non-lieux, introduction à une anthropologie de la surmodernité, Paris : Le Seuil, 1992.

Les marges de l’urbain, ou le parkour comme pratique marginale de la ville

De prime abord, le parkour peut être appréhendé pour son caractère alternatif qui laisse croire qu’il est une pratique marginale car en dehors des normes. A cet effet, il est souvent lié à l’idée d’une liberté, recherchée par le pratiquant et effective dans le mouvement (Miaux, 2009). En s’extrayant de la ville, il devient « hors du monde » et construit des hétérotopies, ces micro-espaces où le temps ne devient plus relatif qu’à la pratique et ne considère plus toutes les normes sociales qui régissent l’espace urbain (Foucault, 1984). Ces zones d’autonomie, temporaires car relatives au temps de la pratique, sont alors la concrétisation d’utopies modernes (Lefebvre, Roult & Augustin, 2013). Mais cette acceptation reste questionnable, et ne semble pas correspondre à la réalité de la pratique.
En effet, la marge ne doit pas être considérée à l’extérieur de la norme, mais à l’intérieur de celle-ci, bien que située dans une situation périphérique vis-à-vis du centre. De cette manière, le parkourconserve un rapport au pouvoir normatif, et les corps en mouvement développent la capacité de lui
résister par un engagement direct avec le bâti qui remet en question les représentations sociales construites par le pouvoir codifié (Lamb, 2011). En effet, si les sports urbains comme le parkour développent bien un caractère « rebelle » dans une logique de contre-culture, ils n’en restent pas moins « de la ville » car revendiquant une liberté dans le choix des lieux et modalités de pratique (Augustin, 2001b), donc une forme de « hors-piste urbain » dans une vision complémentaire à celles des institutions dominantes (Lefebvre, Roult & Augustin, 2013). C’est donc bien le caractère culturellement alternatif du parkour comme sport de rue (Augustin, 2001b) qui l’installe dans cette marginalité urbaine. De cette manière, il se distingue par le développement d’un certain regard amenant à percevoir une autre dimension de la ville, qui est parfois nommée la Pk vision ou encore les parkour eyes, mode de lecture de l’environnement acquis avec le temps passé dans la pratique, puisque le « Parkour has been compared to martial arts, and like some of them, it is seen as a discipline that trains both the body and the mind. » (Ameel & Tani, 2012a :171). Les pratiquants relevant eux-mêmes que, à la manière de l’artiste, le traceur voit, perçoit et fait voir et percevoir le réel d’une manière différente (Bornaz, 2013), engageant un regard sur et un rapport à la ville alternatif qui « proposes an alternate way of interacting with and interpreting the urban landscape, one that has the potential to generate new gestures. » (Ortuzar, 2009 : 65). D’ailleurs, par son caractère marginal, le parkour semble devenir un mode de socialisation adapté aux individus euxaussi marginalisés, à l’image de certains migrants en Italie (De Martini & Moyer, 2016).

Le parkour, une dimension politique revendicative d’un certain droit à l’espace urbain

Les traceurs sont porteurs d’un message qu’ils exposent dans la sphère publique, leurs choix de localisation étant des actes discursifs quant à la reconfiguration des espaces publics et de la ville, faisant la promotion d’une participation accrue et d’une normativité restreinte (Gibout, 2016). En cesens, ils développent un message politique puisque leur pratique devient le vecteur de négociations sur l’espace, ses usages et ses sociabilités (Gibout & Lebreton, 2014). L’appropriation de l’espace urbain est en effet l’affirmation d’une existence politique pour les pratiquants, voire même une forme de revendication pour plus de reconnaissance et pour une démocratie plus participative. Cet engagement dans la vie de la cité passe alors par une forme originale, prônant des valeurs de solidarité et de tolérance. Les pratiquants développent un réel intérêt pour les préoccupations politiques, et ne sont pas en retrait mais dans une conscience politique singulière (Vieille-Marchiset, 2003).
Parmi tous les engagements politiques qu’implique le parkour, le droit à la ville est certainement le plus évident. Cette pratique correspond bien à divers besoins des citadins identifiés par Henri
Lefebvre, à savoir l’ouverture, l’aventure, le jeu, l’imprévu, l’immédiateté, se dépenser et enfin de percevoir le monde à travers ses cinq sens (2009). De cette manière, le parkour permet de sortir les individus de la vie en ville qualifiée de « misérable » par cet auteur (au regard de la somme decontraintes et prescriptions qui s’y déploient), et s’inscrivant là pleinement dans ce droit à la ville. Celui-ci se formalise particulièrement dans les pays scandinaves où s’applique un « Everyman’s Right » qui être interprétable comme un droit d’accès de tous et partout dans la mesure où il nedérange pas, ne dégrade pas et ne laisse pas de trace de son passage (Ameel & Tani, 2012b). Dans le contexte français, ce droit n’existe pas de manière explicite. Dans cette mesure, lutter pour le droit à l’espace est une activité permanente à laquelle le parkour participe, admettant que ce droit n’est jamais totalement acquis. Comme vu précédemment, cette pratique est utilisée par les migrants. En effet, elle permet également de revendiquer sa place dans l’espace, et notamment une place alternative : « practitioners were able temporarily to negotiate such conditions and transform public spaces intosites where they could contest their marginal positioning as members of the Italian public. » (DeMartini & Moyer, 2016 : 202).
Le traceur est donc bien ancré dans la ville, il n’est ni dans une lutte constante en opposition avec le système dominant et cherchant à démontrer la légitimité de sa position extérieure à celui-ci, ni dans une reproduction naïve des modèles par conformisme aux représentations sociales les pluscourantes, ni dans une utopie libérée de la ville. Le parkour est une pratique active qui évolue dans laville, avec la ville, et qui agit directement sur la ville, donc une pratique de la ville.

Repenser l’offre d’équipements publics avec l’évolution des pratiques sportives et/ou spatiales

L’étude menée sur le skate-board à New York City par Chihsin Chiu (2009) mène à la conclusion que la gouvernance de l’espace public doit s’adapter aux changements des besoins des différents usagers, et ne pas exclure ceux pour lesquels l’accommodation apparait trop complexe. Dans ce champ, la demande locale pour des équipements adaptés aux sports informels est croissante etancienne (Bach, 1993). Ces « pratiques sociales autonomes » (Adamkiewicz, 2002) relèvent des low politics car elles rassemblent des individus au cœur de leur vie quotidienne et impliquent de repenser la gouvernance : « shedding light on how non-ideological everyday practises performed by youths also contribute to socio-political change in the city » (Geertman, 2016 : 596). Pour prendre en compte ces évolutions sportives et spatiales des pratiques, la forme participative semble préconisée. La priorité est de ne pas chercher à intégrer les pratiquants du fait de leur caractère alternatif, mais simplement les accompagner (Gibout & Lebreton, 2014) de manière pédagogique. Bien que l’enjeu de comprendre, appréhender et trouver des outils pour traiter ces ludo-sports semble de taille, il constitue une double opportunité pour les villes. D’une part, « les pratiques sportives libres sont une opportunité pour le développement de la pratique du sport pour tous, et en particulier pour les enfants, les seniors ou les femmes. » (Ville de Nantes, 2017a). D’autre part, parce qu’elles les investissent, ces pratiques reconfigurent les espaces publics des villes qui peuvent s’en saisir pour entamer des projets novateurs.
La mutation sportive et spatiale des activités ludosportives engage un défi auprès des pouvoirs publics : celui de considérer cette diversification des loisirs mais aussi des sphères de pratiques (Augustin, 2002), donc de développer une conception plus ouverte des cultures sportives. A l’échelle locale, des réflexions émergent dans l’objectif de proposer de nouvelles installations adaptées à ces pratiques relevant pourtant parfois de l’informel (L’Aoustet & Griffet, 2001) et répondant à leurs besoins (Bessy & Hillairet, 2002). Ce qui constitue le point fort des équipements pensés entre les services sportifs et aménagistes, c’est leur facilité d’utilisation de manière alternative (Hillairet, 2002) BAYAT Asef, Life as politics: How ordinary people change the Middle East, Stanford : Stanford University Press, 2013.
qui les rend évolutifs et intégrés à l’environnement social, culturel et sportif. Cette orientation de la politique locale en matière d’équipement sportif correspond à une priorité mise en avant dans les Etats Généraux du Sport de Strasbourg : la valorisation de la réappropriation de l’espace urbain, public ou non, par ses habitants, à travers leurs pratiques physiques et/ou sportives (Morales & Gasparini, 2014).
L’émergence et l’importance accrue des ludo-sports illustrent la diversification que connait la société urbaine renouvelant ses pratiques dans de multiples domaines, dont les activités physiques et sportives, mais aussi les déplacements (segways, coursiers à vélos, etc.) pour ne citer qu’eux. Pour les pouvoirs publics, l’enjeu de prendre en considération toutes ces formes est donc croissant, d’autant plus que certaines relèvent plus de l’implicite. En matière de sports, la tendance incite à repenser les équipements sportifs traditionnels et à améliorer les partages et échanges entre servicesmunicipaux.

Le partage de l’espace public

S’il est un enjeu majeur soulevé par toutes ces activités récréatives, c’est bien le partage des nouveaux espaces de pratique. En investissant, parfois massivement, l’espace public, les ludo sports y apportent une forme d’usage supplémentaire, d’autant plus que la diversité de ces pratiques impliquent des formes d’occupation multiples complexifiant leur appréhension.

L’expérience de l’altérité et de la différence

Les rues et espaces publics sont le domaine d’expression de la différence, voire de l’intolérance, au sein de la société (Malone, 2002). Les valeurs sociales s’y affirment e t s’y contestent, certaines barrières s’y érigent, et l’acceptabilité des usages et usagers s’y définit. Au sein d’un même espace, les expériences sont multiples, ce qui entraine des rapports quasi-uniques, qualifiés par les dimensions de vie que les personnes ou groupes lui attribuent (Gasnier, 1994). Ces différences peuvent être sources de richesse. L’anonymat et la possibilité d’affirmer sa singularité font des espaces publics les lieux de connexion des cultures (Augustin, 2001a) favorables au renouvelle ment des normes sociales (Brown, 2012). Mais face à l’altérité, certains comportements ou points de vue se développent dans une logique bien moins vertueuse. En se regroupant, les jeunes participent à une urbanité basée sur la confrontation (Boissonade, 2006). Si ce processus permet de se construire comme individu prenant place dans l’espace public et donc dans la société, il engendre une exclusion pour non adoption des usages rationnels et appropriés attendus, telle la pratique du skate-board (Nemeth, 2006).
En effet, en devenant également sportif, l’espace public voit son altérité accrue de par la mixité des usages qui s’y développent (Michenaud, 2016), ce qui interroge directement les relations entre les usagers ludosportifs et les autres et riverains, qui peuvent y percevoir des nuisances voire desconcurrents à leurs pratiques (Vieille-Marchiset, 2003), impliquant une entrée en conflit. Unemauvaise expérience de l’altérité physique, « could move subjects from a position of congeniality, openness, and endeavouring to attune, to one where they began to resist the claims of differently embodied others in principle and/or to stake their own claim with neither care nor need for the tacit acceptance of others. » (Brown, 2012 : 817), i.e. qu’elle peut réduire la tolérance en faisant émerger une revendication à l’espace qui n’accepte plus celle des autres usagers. Au sein des espaces sportifs ouverts s’érigent alors des frontières symboliques permettant le marquage et la revendication d’appartenance. Plusieurs sas mènent à l’intérieur de la pratique et de son territoire, passant parune incorporation progressive des codes internes (Vieille-Marchiset, 2007).

Accéder à l’espace, accéder au domaine public, l’enjeu de l’inégalité

En prenant place dans l’espace, les individus y développent une forme d’appartenance qui se construit par l’évolution et l’occupation quotidienne et par l’articulation des sociabilités du groupe (Bordes, 2007), ce qui explique l’importance pour tous de pouvoir accéder à l’espace public. L’enjeu
est alors celui d’une harmonie entre usagers diversifiés, impliquant pour les pratiques ludosportives la liberté de mettre en mouvement son corps sans « gêner » les autres (Brown, 2012). Face aux difficultés d’atteindre cette situation, la conquête des espaces publics par les sports de rue participe à une revendication politique pour plus de reconnaissance (Vieille-Marchiset, 2003) afin d’obtenir l’égalité dans l’accès à la ville, de limiter les conflits (Miaux, 2009), et de parer au flou juridique de leur statut (Michenaud, 2016). Si les ludo-sports sont victimes d’une certaine inégalité d’acceptabilité de leur présence dans l’espace public, c’est aussi le cas, y compris dans les pratiques, des filles, subissant un certain contrôle masculin (Danic, 2012), ou des jeunes, qui font face à de multiplesbarrières matérielles et symboliques dans leur accès à l’espace public (White, 2001).
Ces derniers, parce qu’ils représentent le public dominant dans les ludo-sports, méritent un intérêt plus précis ici. En prenant l’exemple du skate-board pratiqué par une communauté locale plutôt juvénile àPhiladelphie, Jeremy Nemeth décrit que « The skateboarders were considered out of place in the space due to the inherently transgressive and alternative nature of their activity. Officials saw their use of LOVE Park as confrontational because public space is viewed predominantly as adult space; in this context these youth are often seen as “out of order”. » (2006 : 309). Ainsi, à l’inégalité d’accès à l’espace public induite par le caractère alternatif de cette pratique – out of order dans cet article, et donc plus généralement des activités ludosportives, s’ajoute la dimension juvénile des groupes de pratiquants – ce même auteur parlant du jugement d’une situation out of place pour ces jeunes par lesautres usagers – qui n’ont pas leur place dans cet espace « adulte ». Il s’agit d’une inégalité générationnelle d’accès à l’espace dans la mesure où une classe d’agents sociaux d’âges similaires, partageant des événements, expériences, aspirations, sentiments, idées, contraintes et occasions, et se distinguant par un « habitus générationnel » constitué de schémas de perception, d’appréciation et de disposition qui lui sont propres (Lefebvre, Roult & Augustin, 2013), voit sa capacité de prendreplacedans l’espace public limitée de manière symbolique et matérielle.

Entre conflits et compromis, un espace à négocier

La diversité des usages des espaces publics, renforcée par les occupations ludosportives relativement contemporaines, mène à des situations de conflits – exprimées ou latentes – entre les différents types d’usagers, et bien identifiées par les collectivités locales (Ville de Nantes, 2017a). Parce que les lieux sont sujets à des rapports singuliers des individus qui les occupent, se voyant attribuer des sens, les actes d’appropriation et d’attribution sont sources de tension (Parazelli, 2002) pour ceux dont la relation à l’espace se voit perturbée. En reprenant une analyse menée sur la pratique du skate-board dans l’espace public à La Plata en Argentine (Savari et al., 2011), il est possible de décrire la construction du conflit lié à l’investissement spatial des pratiques récréatives auto organisées comme suit (Figure 1).

De la théorie à la pratique, le parkour nantais et rennais

Afin d’apporter des éléments de réponse aux objectifs précédemment fixés, il est nécessaire d’aller à la rencontre des acteurs du parkour, les pratiquants mais aussi tous les représentants des institutions ayant une influence sur cette pratique de près comme de loin. En croisant ce retour de terrain avec les implications théoriques présentées en amont, la démarche peut revendiquer s’inscrire dans le champ disciplinaire de la géographie sociale. En effet, ce sont les individus qui sont au cœur de l’analyse, l’espace n’étant qu’une dimension parmi d’autres – la société, le soi – qui n’est étudié ni pour lui-même ni de manière prioritaire. C’est parce qu’il est subjectif, i.e. vécu, pratiqué, et le produit de l’expérience, de la conception et des représentations humaines (Di Méo, 2014) qu’il ne peut pas passer avant l’individu : « la géographie sociale commence avec un renversement de l’ordre des facteurs, un renversement d’intérêt, pour ne pas dire de direction de pensée, lorsque le géographe décide d’accorder plus d’importance au groupe humain qu’à l’espace ou plus exactement décide d’accorder de l’importance au groupe humain d’abord, à l’espace ensuite, étant entendu que ce groupe humain baigne dans l’hétérogénéité de l’espace. » (Rochefort, 1963 : 20). L’espace est un produit social, celui des rapports entre les objets spatialisés (Di Méo, 2014), ce qui le positionne de façon nonprioritaire dans l’analyse. « M. Monbeig. — La géographie sociale que M lle Rochefort a présentée avec flamme est, somme toute, la géographie humaine intelligente. Et, comme nous sommes tous intelligents, nous faisons tous de la géographie sociale.
Mlle Rochefort. — Je suis parfaitement d’accord. Mais j’emploie ce mot pour caractériser un état d’esprit. » (Rochefort, 1963 : 31).
Dans la géographie sociale, plusieurs intérêts sont mobilisables pour la problématique ici présente.
Elle apporte des explications à des faits géographiques à caractère social, étudiant les liens entre les rapports sociaux – neutres ou conflictuels, spontanés ou codifiés, formels ou informels – et les rapports spatiaux, influencés par les dimensions affective, culturelle, fonctionnelle, économique, politique ou encore juridique. Elle porte un intérêt particulier pour les représentations sociales et leurs influences sur les perceptions. Elle considère les attachements et appropriations de l’espace en ce qu’ils alimentent les politiques publiques (Di Méo, 2014). Enfin, les chercheurs en géographie sociale s’orientent spécifiquement sur l’étude des regroupements humains dans certains espaces et sur le partage de ceux-ci entre usagers (Rochefort, 1963). Or rapports sociaux, rapports spatiaux, représentations et appropriations spatiales, et regroupements humains partageant l’espace sont des éléments jugés nécessaires pour mieux comprendre les traceurs et les démarches dans les projets de parkour-park. Aussi, plusieurs méthodes, qui ne sont pas propres à cette discipline mais qui y sont fréquentes, sont mobilisées, notamment l’entretien compréhensif et l’observation interactive. Mises à l’essai lors d’une phase exploratoire, elles se sont avérées concluantes de par la qualité des données qu’elles ont permis de récupérer en matière de diversité,précision, pertinence et pour leur capacité à révéler des éléments de compréhension peu explicites.

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Table des matières
Introduction générale 
Des loisirs, du sport et des jeunes 
Présentation de l’objet de recherche 
Organisation de la réflexion
I – Le parkour, une activité ludosportive juvénile subversive ? 
Chapitre 1 : La relation du traceur à l’espace par le parkour
Chapitre 2 : La ville face aux activités ludosportives, un enjeu d’aménagement
Chapitre 3 : Les jeunes et la ville, prendre place dans l’espace et dans la société urbaine
Conclusion
II – De la théorie à la pratique, le parkour nantais et rennais 
Chapitre 4 : Matériel et méthodes
Chapitre 5 : La pratique du parkour
Chapitre 6 : Les espaces de pratiques
Chapitre 7 : Positionnements et actions des pouvoirs publics
Conclusion
III – Le parkour-park, bien plus qu’un équipement sportif ? 
Chapitre 8 : Pratique de la ville et espace dédié, le parkour-park interroge le rapport du traceur à
l’espace urbain
Chapitre 9 : Questionner les outils que sont les parkour-parks et toutes les actions institutionnelles
en direction du parkour pour les pouvoirs publics
Chapitre 10 : Le parkour, dans ses formes street et en park, tend à faire évoluer la société urbaine
Conclusion
Conclusion générale 
Ressources mobilisée 
Annexes
Table des matières
Résumé 

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