CYSTICERCOSE PORCINE ET TUBERCULOSE BOVINE A TRAVERS L’INSPECTION DE VIANDE

Cycle évolutif de Cysticercus cellulosae et mode de contamination

                L’homme représente l’hôte définitif connu du ver adulte : Taenia solium. Le ver, mesurant 2 à 4 m, est constitué d’un long strobile, de scolex s’attachant à la muqueuse de l’intestin grêle de l’hôte, et de plusieurs centaines de segments ou proglottis. Deux mois après l’infestation, les proglottis matures, se détachent de la partie distale du ver et sont excrétés dans les fécès. Chaque segment mature contient entre 50 et 60 000 œufs [15, 16, 19]. La durée de vie de Taenia solium adulte est très longue, elle peut dépasser 10 ans [20]. Le porc qui est coprophage sera contaminé en ingérant les selles infestées. Les œufs ainsi formés éclosent et libèrent l’embryon qui va pouvoir traverser la paroi stomacale ou intestinale, pour se localiser dans tout l’organisme via la circulation sanguine. Seuls les embryons parvenus dans les muscles striés restent viables; ils s’immobilisent dans les fibres musculaires, s’accroissent et donnent les larves infestantes (Cysticercus cellulosae). Le cysticerque se forme en trois à cinq mois et reste infestant pendant environ un an. L’homme en consommant de la viande de porc crue ou insuffisamment cuite contenant les cysticerques développe la taeniase, c’est-à-dire une infection intestinale souvent asymptomatique causée par le ver adulte et le cycle se ferme (Cycle 1). Parallèlement, les œufs peuvent contaminer l’eau et/ou les aliments comme les légumes et fruits en contact avec la terre, ainsi l’homme peut accidentellement remplacer le porc comme hôte intermédiaire en ingérant ces aliments infestés, ou par auto-ingestion [16], ou par retro-péristaltisme, ou par éclosion entérale des œufs [21] causant la cysticercose humaine. Dans ce cas comme chez le porc, les œufs ingérés, libérant des embryons s’enkystent au niveau des muscles, des yeux, du cerveau ou des tissus sous-cutané, ou dans tout autre organe bien irrigué. Cette branche du cycle représente une impasse parasitaire (Cycle 2). De même, la lyse de proglottis gravide par régurgitation dans l’estomac peut aussi, mais plus rarement, être à l’origine de l’infestation pour les porteurs de la forme adulte du Taenia [16,19].

Importance de la cysticercose porcine

               En tant que maladie zoonotique, à part la perte pour les éleveurs lors de la saisie et traitement des viandes ladres, la cysticercose induit des effets néfastes chez l’homme. La gravité dépend de la localisation du parasite. Les localisations les plus graves qui nécessitent une consultation sont en premier lieu le système nerveux central [26] et occasionnellement des signes oculaires ou musculaires chez l’homme [21]. En 1986 à Mexico, a peu près 15 millions de dollars américains ont été dépensé pour des soins hospitaliers pour les patients atteints de neurocysticercose [27]. Au Cameroun, l’évaluation du traitement de la neurocysticercose est estimée à 261 euros par cas [28]. Une étude réalisée à Madagascar en 2010 reflète les coûts totaux de santé humaine de la cysticercose qui sont de 981.512.448.000 Ariary [14]. Ceux-ci impliquent le coût de consultation, le dépistage et le traitement des malades, la perte de productivité (inaptitude de l’homme à travailler) due à la maladie. Chez le porc, le coût social engendré par la cysticercose du point de vue économique, et en termes de rendement en viande et la saisie totale de la viande infestée au niveau de l’abattoir. Parmi les pays pauvres, rien qu’en Inde, le coût social annuel de la cysticercose porcine est estimé à environ 150 millions de Dollar américains [4]. En Afrique de l’Ouest et Central, la perte due à la cysticercose porcine est évaluée à 25 millions d’Euros [29]. En Chine, la perte économique annuelle est estimée à peu près de 121 millions de Dollars américains. La perte pour la cysticercose porcine sur la saisie de la viande ladre dans les tueries est estimée à 35.254.292.034 Ariary à Madagascar en 2010 [14]

Résistance du bacille tuberculeux

                Les agents chimiques : les mycobactéries sont plus résistantes aux antiseptiques et désinfectants que les bactéries usuelles. Les bacilles tuberculeux résistent aux acides et aux bases en solution, d’où la difficulté d’une désinfection efficiente. Mais d’un cas pratique, cette propriété permet la décontamination des matières virulentes avant l’ensemencement. Pour la désinfection des matériels et locaux, l’utilisation d’une solution de phénol à 30g/L ou des hypochlorites est plus courante. Les mycobactéries sont également sensibles au formol, à l’iode et à l’alcool. Les agents physiques : les traitements thermiques ont fait leur preuve contre les mycobactéries ; ils sont tués 20 minutes à 60°C et 20 secondes à 75°C. Elles résistent au froid et à la dessiccation mais sont sensibles à la lumière et aux rayons UV. Une fois excrété dans le milieu extérieur, le bacille peut survivre pendant plusieurs mois. Les mauvaises conditions d’hygiène favorisent leur conservation et leur multiplication [52, 60, 70]. Le Centre National de Référence des Mycobactéries et de la Résistance aux Anti tuberculeux (CNRMyRMA) émet la possibilité que des protozoaires ubiquitaires de l’eau pourraient être des réservoirs de mycobactéries [71].

Principales lésions tuberculeuses chez les animaux de boucherie

 Bœuf : Le complexe primaire apparait le plus souvent au niveau des poumons. Des lésions caséo-calcaire sont alors observées. Il est par contre plus rare au niveau de l’intestin. Très souvent il y a stabilisation des lésions. Des complexes primaires dissociés sont alors observés. Mais au cas où les défenses de l’organisme sont diminuées, tous les tableaux lésionnels sont envisageables.
 Veau : Le complexe primaire se stabilise très rarement et il se situe préférentiellement au niveau du poumon puis du foie. C’est la tuberculose de généralisation progressive qui s’observe ensuite, la tuberculose miliaire aigüe étant rare. La difficulté dans l’inspection est de mettre en évidence la présence de caséum puisqu’il apparaît clair [54, 71, 73].

Conception des tueries

a. Plan des tueries : Toutes les tueries ne possèdent pas de parc de stabulation à cause de l’insécurité. Le niveau d’hygiène y est très faible et il est difficile d’établir un plan pour les tueries. Le principe de 5 S (Séparation des Secteurs Sains et Secteurs Souillés) n’est donc pas respecté dans toutes les tueries.
b. Matériels et équipements : Parmi les tueries municipales, seule la tuerie d’Ambohitrarivo et l’une des deux tueries dans le quartier d’Atsimondrano possèdent de la salle à viande. La tuerie de Morarano Chrome ne possède pas de tables pour la préparation des abats. Toutes les tueries ne possèdent pas de treuils pour hisser les viandes sauf la tuerie d’Ambohitrarivo.
c. La biosécurité : Le principe de marche en avant ne peut pas être respecté vu l’emplacement des différents secteurs. Ces différents secteurs qui devraient exister sont englobés dans une seule et même surface. La proximité avec l’aire d’abattage des porcs expose les carcasses à de la suie (flambage des porcs avec des bozaka). L’organisation de l’inspection sanitaire par les inspecteurs devrait permettre une réaction immédiate et efficace contre l’apparition des maladies légalement réputées contagieuses.
d. Gestion des eaux usées et des déchets : Concernant les eaux usées, les tueries de Tanambe et d’Ambohitrarivo possèdent des canaux d’évacuation les transportant dans les rivières. Contrairement à la tuerie de Morarano Chrome, les canaux d’évacuation transportent ces eaux usées ainsi que les déchets dans une fosse à litière afin d’avoir des fumiers utilisables pour l’agriculture. Il y a donc accumulation de détritus issus de l’abattage en plus des ordures ménagères des habitants environnants dans les tueries de Tanambe et d’Ambohitrarivo.
e. Chaine d’abattage : A l’exception de l’étourdissement, toutes les étapes de la chaîne d’abattage ont lieu et respectent les délais maximum requis : saignée et décapitation, habillage, éviscération, séparation des quartiers, épuration des organes abdominaux. Concernant le respect des consignes générales, le repos de 24 heures n’est pas appliqué. L’acheminement des animaux dans l’aire d’abattage est très difficile faute de l’absence de couloir. Le nombre de bacs à boyaux devrait être augmenté pour l’épuration des organes abdominaux et les tables utilisées pour la présentation des viscères. A la tuerie de Morarano Chrome, le transport vers les étals sont assurés par des aides bouchers en transportant à dos ou par des calèches. Les viandes foraines sont transportées par une voiture ou par une bicyclette.
f. L’inspection sanitaire et les saisies : Le contrôle du respect des consignes générales n’est pas possible en raison de la dispersion des parcs particuliers des animaux dans toute la ville. En effet, il est préférable pour les propriétaires de les parquer chez eux ou de calculer le trajet de manière à ce qu’ils arrivent tôt pour l’abattage. Il en est de même pour l’inspection ante mortem. Elle se fait le jour de l’abattage au moment où les animaux sont menés dans l’aire d’abattage. Il est impossible de faire appliquer les règles de prophylaxie générale. L’examen post mortem n’est pas effectué exhaustivement, plusieurs animaux sont abattus simultanément. L’inspection des porcs est faite par les mêmes inspecteurs. De plus, les manipulations sont inconfortables ; les inspecteurs devraient imposer leurs organisations quant à la présentation des viscères à inspecter. Les saisies ne sont pas systématiquement appliquées à cause du rythme d’abattage et de l’organisation générale de l’inspection. Les viandes saisies en cas de tuberculose bovine sont données aux chiens, et en cas de cysticercose porcine, les viandes sont assainies par une cuisson pendant 4 heures.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS BIBLIOGRAPHIQUES
I. Rappels sur la cysticercose porcine
I.1. Historique
I.2. Définition de la cysticercose porcine
I.3. Agent pathogène de la cysticercose porcine
I.4. Cycle évolutif de Cysticercus cellulosae et mode de contamination
I.5. Situation mondiale de la cysticercose porcine
I.6. Importance de la cysticercose porcine
I.7. Diagnostic
I.8. L’examen ante mortem
I.9. Examen post mortem
I.10. Le test sérologique
I.11. Traitement de la cysticercose porcine
I.12. Prophylaxie de la cysticercose porcine
II. Rappels sur la tuberculose bovine
II.1. Historique
II.2. Définition et importance de la tuberculose bovine
II.2.1. Définition
II.2.2. Importance économique
II.2.3. Problème pour la santé publique
II.3. Situation de la tuberculose
II.3.1. Dans le monde
II.3.2. En Afrique
II.3.3. Situation de la tuberculose à Madagascar
II.4. Etiologie et pathogénie de la tuberculose bovine
II.4.1. M. bovis
II.4.2. Pouvoir pathogène du bacille
II.4.3. Contamination et dose infectante
II.4.4. Evolution de l’infection tuberculeuse
II.5. Immunité tuberculeuse
II.6. Lésions de la tuberculose bovine
II.6.1. Les formes évolutives
II.6.2. Les formes stabilisées
II.6.3. Principales lésions tuberculeuses chez les animaux de boucherie
II.7. Symptômes de la tuberculose bovine
II.8. Diagnostic de la tuberculose bovine
II.8.1. Clinique
II.8.2. ID-TEST
II.8.3. Bactériologique
II.8.4. Post- mortem
DEUXIEME PARTIE : METHODES ET RESULTATS
I. Méthodes
I.1. Caractéristiques du site d’étude
I.1.1. Cadre de l’étude
I.1.2. Présentation du site
I.1.3. Justification du choix des trois tueries municipales
I.1.4. Type d’étude
I.1.5. Période d’étude
I.1.6. Durée d’étude
I.1.7. Population de l’étude
I.1.8. Mode d’échantillonnage
I.1.9. Taille de l’échantillon
I.1.10. Modes de collecte, de saisie, et d’analyse des données
I.1.11. Considérations éthiques
I.2. Matériels
I.2.1. Animal
I.2.2. Documents d’archive
I.2.3. Matériels d’inspection et de récolte de données
I.3. Méthodes
I.3.1. L’inspection sanitaire des viandes
I.3.2. Description des tueries
II. Résultats
PORCS
II.1. Résultats de l’inspection
II.1.1. Résultat de l’inspection ante mortem
II.1.2. Résultats de l’inspection post mortem
II.2. Etude rétrospective
II.2.1. Evolution des cas de la cysticercose dans les trois tueries municipales d’Ambohitrarivo, de Tanambe et de Morarano Chrome
II.2.2. Evolution des cas de saisie dans les trois tueries municipales
II.2.3. Evolution des maladies observées dans les trois tueries municipales
BOVINS
II.3. Résultat de l’inspection
II.3.1. Résultat de l’inspection ante mortem
II.3.2. Résultats de l’examen post mortem
II.4. Etude rétrospective
II.4.1. Evolution des cas de tuberculose dans les trois tueries municipales de 2009 à 2013
II.4.2. Evolution des cas de saisies dans les trois tueries municipales de 2011 à 2013
II.4.3. Evolution des différentes maladies observées dans les trois tueries municipales
TROISIEME PARTIE : DISCUSSION
DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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