Définition et histoire de la parentalité

Définition et histoire de la parentalité

Cadre théorique

Les concepts théoriques envisagés Pour mon questionnement, plusieurs théories peuvent être pertinentes. Dans ce chapitre, je vais tout d’abord expliquer la parentalité. Il est nécessaire de commencer avec la définition de la parentalité ainsi que les théories liées à celle-ci. Le second item important se situe dans la définition de l’évaluation. J’identifierai notamment les différents types d’évaluation selon Alföldi (2015), consultant en méthodologie. Cette théorie permettra de connaître les outils généraux que l’assistant social possède lorsqu’il est mandaté pour évaluer le milieu de vie de l’enfant. J’ai décidé d’analyser plusieurs ouvrages et de mettre en évidence les théories les plus citées au fil de mes lectures. Cette partie de recherche me permettra d’observer si les professionnels comparent les « bons » et les « mauvais » parents et s’il existe des critères qui décrivent comment agir pour être un « bon parent ». Pour terminer, le dernier concept expliquera le rôle des assistants sociaux en protection de l’enfant ainsi que le rôle des psychologues dans ce même milieu. Cela me permettra de comparer et saisir les missions de chacun. Afin de faire le lien entre ces théories et les services de protection de l’enfance en Suisse, je me réfèrerai aux différents articles de lois en rapport aux droits et devoirs de la population. 2.2 La parentalité 2.2.1 Définition et histoire de la parentalité Ce n’est que dans les années 1990 que la perception de la protection de l’enfant devient un intérêt d’ordre international. Pour cela, l’ONU rédige une « convention relative aux droits de l’enfant »4 . Les pays membres de l’Assemblée générale de l’ONU doivent se préoccuper de la sécurité des enfants et tenter de les protéger. Depuis cette entrée en vigueur, l’éducation de l’enfant quitte la sphère privée et devient un sujet public : « Les États parties s’engagent à assurer à l’enfant la protection et les soins nécessaires à son bien-être, compte tenu des droits et des devoirs et ses parents, de ses tuteurs ou des autres personnes légalement responsables de lui, et ils prennent à cette fin toutes les mesures législatifs et administratives appropriée. » (Convention relative aux droits de l’enfant, 1989, art.3 al. 2) Selon l’article 301 du Code civil suisse (2017) : « Les pères et mères déterminent les soins à donner à l’enfant, dirigent son éducation en vue de son bien et prennent les décisions nécessaires, sous réserve de sa propre capacité » (p. 90). Avant l’article sur la protection de l’enfant dans la convention relative aux droits de l’enfant, le questionnement sur la sécurité de l’enfant était apparu dans les années 80. Le 4Organisation des Nations https://www.humanrights.ch/fr/droits-humains-internationaux/onu-traites/enfant [consulté en ligne] 12 mot « parentalité » apparait dans ces années-là. Cependant, le Code civil suisse (2017) indique seulement dans l’article 302 alinéa 1 que « Les pères et mères sont tenus d’élever l’enfant selon leurs facultés et leurs moyens et qu’ils ont le devoir de favoriser et de protéger son développement corporel, intellectuel et moral » (p. 91). Ceci n’indique pas les points en détail et le degré de bonne ou de mauvaise éducation. La définition et les théories sur la parentalité changent constamment selon la perception de la société du rôle de parent. Les AS travaillant dans des institutions mandatées pour la protection de l’enfant depuis vingt ans ont dû s’adapter aux nouvelles règles de vie. Aujourd’hui, la parentalité se défini par « la capacité du père et de la mère ou de l’adulte de référence à identifier et à répondre aux besoins de l’enfant » (Robin, Grégoire & Corbet, 2012, p. 42). Selon l’ouvrage de Lacharité, Ethier et Nolin (2006), la société définit la parentalité de deux manières distinctes : « […] Lorsque des sociétés définissent la parentalité comme étant une responsabilité privée et personnelle, les probabilités de survie et de développement optimal de chaque enfant, pris individuellement, sont plus faibles que dans les sociétés qui définissent la parentalité comme étant une responsabilité collective et partagée. » (p. 384) Afin de connaître l’origine du concept de la parentalité, selon Barbe (2012) nous devons revenir dans le courant des années 60. « Le terme de “maternalité” apparaît chez le psychiatre et psychanalyse Paul-Claude Racamier. Il désigne le processus de maturation psychique que la mère (maternalité) suit en attendant ou en devenant parent » (p.1). Cependant, en 1980, la composition des familles change : des parents divorcent et un seul parent possède la garde de l’enfant. La société reconnait ces familles en tant que « monoparentalité », ce qui permet d’éviter de juger les personnes dans cette situation. Afin de regrouper toutes les différentes situations familiales, vers 1990 le concept de « parentalité » survient. Grâce à ce nouveau terme, les différents chercheurs et scientifiques ont pu approfondir les théories concernant les parents et découvrir des problèmes dans le milieu familial tels que la maltraitance physique, verbale, etc. Aujourd’hui, il n’existe pas de définition unique de la parentalité, comme expliqué ci-dessus. 2.2.2 La transition vers la parentalité Lorsque l’on parle de parentalité, nous sous-entendons souvent la question du changement. La transition vers la parentalité est une étape importante à prendre en compte. Je vais tout d’abord définir la transition et analyser quels sont les changements de base pour les parents ainsi que le rôle de chacun face à un enfant. a) Définition de la transition Une définition détaillée est donnée par Zittoun et Perret-Clemont (2001) sur ce qu’est la transition dans le milieu de la psychologie sociale : « La notion de transition inclut deux idées : d’un côté, que la personne vit une forme de « rupture » avec une forme de vie antérieure ; de l’autre, que la personne est nécessairement « en changement » pour s’adapter à de nou- 13 velles conditions. Cette notion laisse en revanche ouverte la question de savoir si la personne « arrachée » d’une forme de routine, d’un espace social, d’une manière de se définir, se « développe » nécessairement. » (p. 1). Devenir parent est un grand changement pour les personnes concernées. De nouvelles responsabilités morales et financières sont à prendre en compte. De plus, les parents doivent développer de nouvelles compétences telles que l’éducation ou la relation avec l’enfant.

Les axes de la parentalité

Selon Houzel (2010), la parentalité est divisée en 3 axes : a) L’exercice de la parentalité L’exercice de la parentalité est le rôle des parents. Lorsque la personne devient parent, il intègre un nouveau rôle incluant de nouveaux droits et devoirs qui évoluent d’année en année. La société ainsi que les lois changent, mais aussi la perception de la parentalité. L’exercice de la parentalité est le pilier qui permet d’avoir un équilibre dans la vie familiale. b) L’expérience de la parentalité L’expérience est le ressenti de l’individu dans son rôle de parent. En effet, l’expérience parentale de l’individu se fonde en partie sur les relations, les valeurs et les transmissions intergénérationnelles. Ces représentations peuvent être à la fois conscientes ou inconscientes. Elles peuvent, par conséquent, influencer la perception de l’enfant/parent modèle. c) La pratique de la parentalité Cet axe est toujours lié à l’exercice et l’expérience de la parentalité. Il représente les tâches réelles qu’effectuent le parent envers l’enfant. Cela peut être des tâches pour les soins de base de l’enfant, des comportements face à une situation donnée, la manière d’éduquer. La pratique s’allie souvent à la théorie de l’attachement de John Bowlby qui a motivé les chercheurs à approfondir des sujets tels que la relation parent-enfant en analysant leurs interactions. Si les parents sont absents, cet axe est très rapidement substitué par un tiers. Si ce dernier est en présence d’un enfant, c’est à lui que revient le rôle de « parent ». Houzel (2010) remarque l’importance des soins à longue durée même si le parent est remplacé par un tiers : « la continuité des soins est, en effet, la condition première pour préserver la santé physique et psychique de l’enfant […] » (p. 161). Comme indiqué, on parle de parentalité lorsqu’une personne devient parent et répond aux besoins de l’enfant. Nous constatons alors que la pratique de la parentalité est l’axe s’approchant le plus de la définition de la parentalité car elle aborde les tâches quotidiennes des parents pour l’enfant. Néanmoins un parent réalisant peu ou mal cet axe n’est pas considéré comme parent incompétent car il ne prend pas en compte le contexte socio-économique de la famille qui pourrait changer considérablement la vision des parents. Ainsi, un enfant ayant uniquement du papier et des crayons afin de se divertir à son domicile ou que ce dernier ne s’alimente pas correctement peut ressembler à une incompétence des parents à répondre aux besoins de leur enfant. Cependant, si cette famille vit en situation économique très précaire, cette explication explique la carence dans l’alimentation et dans le matériel de l’enfant. 2.2.5 La responsabilité parentale Les parents sont soumis à des responsabilités et des devoirs envers leurs enfants. En effet, la définition de la responsabilité est différente selon les approches (sociologiques, juridiques ou éducatives, …). Dans le milieu juridique, par exemple, le parent a l’entière responsabilité de l’enfant jusqu’à l’âge majeur de 18 ans. Dans le milieu éducatif, le parent a la responsabilité de l’enfant mais doit lui apprendre l’autonomie afin qu’il puisse assumer les conséquences de ses actes. Dans le milieu social, les parents répondent 15 des actes effectués par leur enfant tant que celui-ci n’est pas en mesure de le faire dû à leur minorité. Il existe deux types de responsabilités : o La responsabilité causale : la personne assume les conséquences de son comportement et est donc responsable de ses actions. o La responsabilité finale : dès qu’une personne se croit ou est dans l’obligation et le devoir de s’occuper de quelqu’un, elle devient alors responsable pour un autre individu. 2.2.6 Types de parents (Braconnier, 2012) Dans la parentalité, on parle de trois axes différents mais aussi des types de parents qui existent. Les parents ne réagissent pas de la même manière face à leur enfant. Leurs comportements sont donc classés dans une des trois catégories. Bien entendu, ils peuvent adapter leurs comportements selon la situation et donc changer de type de parentalité. Le parent « planeur » est un parent qui ne s’implique pas dans l’éducation de l’enfant ni dans son développement. Le risque d’un parent trop « planeur » serait que l’enfant puisse se sentir abandonné par son père ou sa mère. Le parent « commandeur » , père ou mère, contrôle tous les comportements de son enfant. Les parents veulent changer uniquement pour leurs propres besoins et sans l’avis de l’enfant. Le trop-plein de cette attitude peut engendrer pour l’enfant un manque de confiance en soi et un sentiment constant de peur sur ce qu’il fait ou dit. Le parent « constructeur » observe et tient compte du développement personnel et social de l’enfant. C’est un parent qui est à l’écoute de l’enfant ou de l’adolescent. Ce comportement devrait être majoritairement utilisé par les parents car il permet à l’enfant de « construire » plus facilement son autonomie et son bon développement. 2.2.7 L’hyper-parentalité Aujourd’hui, il existe de nouveaux types de parents caractérisés par « le syndrome d’hyper-parentalité » selon Humbeeck (2016), psychopédagogue et formateur au centre de formation pour enseignants de l’université de Mons. Dans l’ouvrage de Honoré (2008), l’hyper-parentalité est décrit comme l’excès de la bonne parentalité. Pour Houssonloge (2015), les hyper-parents sont « […] des parents qui exigent trop de leur enfant comme d’eux-mêmes. » (p.3). Il s’agit d’un parent qui souhaite que son enfant soit heureux et qui le comble de bonheur en lui offrant ce qu’il considère comme meilleur. Nous distinguons trois niveaux d’hyper-parentalité. Tout d’abord, il y a le « parent-hélicoptère » (Humbeeck, 2016) qui manifeste une hypervigilance sur l’enfant, par crainte de le perdre de vue. Il contrôle alors tout ce qui rapporte à l’enfant en le questionnant constamment, en l’observant et en lui donnant tout ce dont il a besoin à la maison. Un parent-hélicoptère voudra offrir le meilleur pour l’enfant afin qu’il soit, à l’avenir, le meilleur Cependant, dans ce cadre d’éducation, un enfant ne pourra pas apprendre à gérer et contrôler sa frustration si le parent lui offre tout ce qu’il réclame. En bref, « les parents hélicoptère essaient de résoudre les problèmes de leurs enfants et de les protéger de tous dangers […] » (Ranger, 2017, p. 2). 16 Le « parent drone » représente une forme plus intensifiée du parent-hélicoptère. Humbeeck (2016) considère cette manière d’agir comme un trouble du comportement du parent. Ce parent veut uniquement le meilleur pour son enfant et choisira, selon sa vision de l’éducation et pour son développement individuel, tout ce qu’il estime le meilleur pour son enfant. Un parent drone n’adhère pas l’idée que l’enfant puisse avoir des comportements négatifs et voudra alors qu’il soit constamment dans une aptitude positive. En résumé, un parent drone tente de protéger son enfant des dangers venant de l’extérieur. Pour cela, il utilise des appareils de contrôle tel que des caméras ou des capteurs permettant de savoir où l’enfant se situe lorsqu’il est à l’extérieur. Pour finir, le « parent curling » est celui qui va vouloir influencer toute la trajectoire de l’enfant. L’idée de contrôle permanent est également présente dans l’optique de garantir le meilleur avenir possible. C’est un parent qui déploie énormément d’énergie et se surinvestit pour son enfant. C’est une personne qui, dès qu’une petite difficulté survient ou que le mineur vit un échec, devient anxieux et stressé. L’enfant d’un parent curling va vivre constamment sous pression et aura peur que ses propos ou ses comportements divergent des attentes parentales. Force est de constater que l’hyper-parentalité est tout autant négative pour l’enfant qu’une carence de parentalité. Cet excès d’exigence du parent sur lui-même mais aussi sur l’enfant risque, pour l’un comme pour l’autre, de développer un épuisement mental et physique. À la période de l’adolescence, le jeune se sent fatigué par la rigidité et le besoin de contrôle de son parent ce qui peut engendrer de nombreuses crises chez le jeune. Dès lors, l’hyper-parent aura tendance à solliciter souvent les urgences hospitalières lors de ces crises.

 

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Table des matières

Abréviations
Remerciements
Mention
Résumé
Mots clés
1. Introduction
1.1 Choix de la thématique
1.2 Motivations personnelles
1.3 Lien de l’expérience pratique et le travail social
1.4 Objectifs du questionnement
2. Cadre théorique
2.1 Les concepts théoriques envisagés
2.2 La parentalité
2.2.1 Définition et histoire de la parentalité
2.2.2 La transition vers la parentalité
2.2.3 La parenté et la parentalité
2.2.4 Les axes de la parentalité
2.2.5 La responsabilité parentale
2.2.6 Types de parents (Braconnier, 2012
2.2.7 L’hyper-parentalité
2.2.8 La culture et la parentalité
2.3 Les compétences parentales
2.3.1 Un moment de jeu avec les enfants
2.3.2 Les activités récréatives
2.3.3 Les devoirs des enfants
2.3.4 L’autonomisation et la socialisation des enfants
3. L’évaluation
3.1 Tâches des assistants sociaux à l’Office de protection de l’enfance
3.1.1 Définition
3.1.2 Types d’évaluation
3.2 Outils d’évaluation rencontrées
3.3 Grille d’évaluation des capacités parentales de Steinhauer
3.3.1 « Le contexte socio familial
3.3.2 « La santé et le développement de l’enfant »
3.3.3 « L’attachement
3.3.4 « Les compétences et les habiletés parentales »
3.3.5 « Contrôle des impulsions »
3.3.6 « La reconnaissance de sa responsabilité
3.3.7 « Les facteurs personnels affectant les capacités parentales
3.3.8 « Le réseau social
3.3.9 « L’histoire des services cliniques
3.4 La méthode Alföldi
3.5 Rôle de l’assistant social et du psychologue
3.6 Conclusion
4. Hypothèses et objectifs
5. Partie empirique
5.1 Terrain d’enquête
5.2 Échantillon de récolte de données
5.3 Déroulement des entretiens
5.4 L’analyse
5.4.1 Contexte institutionnel
5.4.2 Formation et rôle des intervenants
6. Analyse des hypothèses
6.1 Hypothèse 1
6.1.1 Risques des outils du type Steinhauer
6.1.2 La méthode Alföldi
6.1.3 Autres outils
6.1.4 Conclusion de l’hypothèse n°1
6.2 Hypothèse 2
6.2.1 Le rôle des intervenants
6.2.2 Le rôle des psychologues en protection de l’enfant
6.2.3 Des psychologues dans toutes les situations
6.2.4 Désaccords entre psychologue et intervenants
6.2.5 Conclusion de l’hypothèse n°2
6.3 Hypothèse 3
6.3.1 1ère compétence parentale : Répondre aux besoins de l’enfant
6.3.2 2ème compétence parentale : Collaborer avec les professionnels
6.3.3 Autres compétences importantes
6.3.4 Conclusion de l’hypothèse n°3
7. Conclusion
7.1 Réponse à la question de recherche
7.2 Limites de la recherche
7.3 Pistes d’action et de recherches
7.3.1 Du côté des professionnels
7.3.2 Du côté des parents / Méthodologie
7.4 Bilan personnel
7.5 Lien de ma recherche avec le travail social
8. Bibliographie
8.1 Sitographies
8.2 Reportages
8.3 Page de titre
9. Annexes
9.1 Annexe 1 : l’outil Steinhauer
9.2 Annexe 2 : le Mouton à 5 pattes (Alföldi)
9.3 Annexe 3 : Définition F. Alföldi (2015) sur les critères de maltraitance
9.4 Annexe 4 : Mail envoyé aux professionnels
9.5 Annexe 5 : Grille d’entretien

 

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