Etude éco-biologique de la population de Phelsuma klemmeri (Seipp, 1991)

L’isolement précoce de Madagascar associé à l’hétérogénéité de ses habitats naturels est à l’origine de sa grande diversité floristique et faunique, caractérisée par un taux d’endémicité élevé sans égal (Ganzhorn et al., 2001). La Grande île, figure parmi les pays les plus riches en herpétofaune avec environ 317 espèces d’amphibiens (Amphibiaweb, 2017) et plus de 419 espèces de reptiles décrites (The reptile database, 2017). Ces espèces fréquentent les différents types d’écosystèmes forestiers et les zones humides qui y sont associées. Les forêts sèches de Madagascar hébergent une richesse remarquable d’herpétofaune, en particulier les reptiles (Raselimanana, 2008). Elles occupent surtout les régions occidentales et Centre-Ouest du pays (Mayaux et al., 2000).

La faune reptilienne malgache comprend 15 familles (Glaw & Vences, 2007), y compris les Gekkonidae. Cette famille compte environ 1180 espèces dans le monde (Uetz, 2009, Razafimahatratra et al., 2010), mais Madagascar en possède 110 (The reptile database, 2017), réparties dans 12 genres, qui appartiennent à la sous-famille de Gekkoninae. Parmi ces geckos, figure le genre Phelsuma (Gray, 1825), représenté par 44 espèces à Madagascar (Rocha et al., 2010). Le genre Phelsuma inclut un groupe de geckos diurnes, arboricoles ou rupicoles et ovipares avec une splendide coloration, distribués sur les îles de l’Ouest de l’Océan Indien. D’après la répartition des nombres d’espèces de Phelsuma endémiques hébergées, Madagascar occupe le premier rang avec 34 espèces, suivi par les îles de Mascarene (neuf espèces dont deux sont en voie d’extinction), puis l’archipel de Comores (cinq espèces), et Seychelles (deux espèces). L’île Pemba abrite aussi une espèce endémique. Il faut aussi noter que quelques espèces se rencontrent également à Andaman dans l’Est de l’Océan Indien.

GENERALITES

Phelsuma klemmeri fait partie des espèces de geckos au trait morphologique particulier et à aire de répartition très restreinte à Madagascar. Il y a déjà plus d’un quart de siècle qu’elle a été décrite (Seipp, 1991), cependant il reste beaucoup des lacunes de connaissance sur cette espèce emblématique de la côte ouest malgache.

POSITION SYSTEMATIQUE

La structure macroscopique des lamelles adhésives est importante pour distinguer les différents genres de Gekkonidae. Le genre Phelsuma présente par exemple des lamelles sous digitales non fragmentées . La position systématique de Phelsuma klemmeri est la suivante (Glaw & Vences, 2007) :

Règne : ANIMALIA
Embranchement : CHORDATA
Classe : REPTILIA
Ordre : SQUAMATA
Sous-ordre : SAURIA
Famille : GEKKONIDAE
Sous-famille : GEKKONINAE
Genre : Phelsuma, GRAY, 1825
Espèce : klemmeri, SEIPP, 1991
Nom vernaculaire malagasy: Atsatsa maitso anaty volo, Katsatsaka, Atsatsaka
Nom communs : Phelsume de Klemmer, Gecko diurne à tête jaune, Gecko diurne de Klemmer (Français)
Klemmer’s Day Gecko (Anglais)

CARACTERES DIAGNOSTIQUES

Phelsuma klemmeri est une espèce de gecko de taille moyenne d’environ 38 à 39 mm pour la longueur du museau cloaque (LMC) (Rakotozafy, sous presse). Son corps est aplati dorsoventralement et élargi au niveau de l’abdomen . L’orbite oculaire est un peu proéminente et située assez loin de l’extrémité du museau. Comme tous les autres geckos, les doigts et les orteils portent en dessous des lamelles formant une sorte d’éléments adhésifs, permettant à l’animal de s’agripper au substrat lisse comme le bambou, même à la position verticale. Chaque lamelle comporte des millions de selles microscopiques et contribue à la force d’adhésion par un phénomène physique appelé « force Van der Waals » (Glaw & Vences, 2007). Selon Anders (2002), cette espèce est caractérisée par sa coloration frappante. La tête est d’un jaune vive, chatouillant, souvent parsemé de points noirs ou marron sombre. La région nucale porte de bande marron grisâtre. Les yeux sont entourés d’un anneau jaune. La région tympanique est noirâtre, virée au brun sombre en arrière. Des rayures jaunes verticales se trouvent sur la face latérale de la tête. La face dorsale est d’un bleu turquoise maculé des pointillés marron qui sont plus denses au niveau lombaire. La queue est d’un bleu turquoise assez homogène, parfois grisâtre. Les jambes sont brunes et mouchetée avec des points bleus. Une bande longitudinale noire délimite la face latéro-ventrale. Elle part à michemin entre la région tympanique et au-dessus du point d’insertion du membre antérieur, se prolonge vers l’arrière jusqu’au niveau inguinal. Elle porte antérieurement des points bleu clairs. Cette bande est doublée vers le bas par une ligne claire qui parte de la commissure du museau et se poursuit jusqu’au point d’insertion du membre postérieur.

BIOLOGIE ET ECOLOGIE

Phelsuma klemmeri est une espèce diurne (Glaw & Rösler, 2015). Elle est arboricole et utilise exclusivement le bambou comme biotope. Toutefois, l’utilisation des arbres aux environs est parfois constatée. Comme la plupart des geckos, c’est une espèce principalement insectivore. D’après Akeret (2012), c’est une espèce forestière qui exploite principalement les bambous. Les zones d’occurrence sont caractérisées par un climat tropical chaud et humide, avec des températures moyennes de faible variation 28° à 30 °C et pendant la nuit elle descend rarement en dessous de 25 °C.

Du point de vue de reproduction, cette espèce présente un dimorphisme sexuel marqué par la présence des pores fémoraux bien développés chez les mâles et des poches calciques pour les femelles. C’est une espèce ovipare et selon Glaw et Vences (2007), les femelles pondent deux œufs de forme arrondie, non soudés, d’environ 6 mm de diamètre. Ils sont déposés dans les fissurations des bambous morts. En milieu naturel, l’éclosion a eu lieu 62 à 65 jours après la ponte sous une température d’environ 25°C. Les nouveaux éclos ont une longueur totale de 22 à 30 mm. La durée de vie de ce gecko est de 6 à 8 ans (Akeret, 2012). L’étude effectuée par Razafimahatratra et ses collaborateurs (2010) a conclu que la distribution de Phelsuma klemmeri n’est pas seulement affectée par le climat et le type d’habitat, mais aussi par le type de forêt et le niveau d’altitude. Dans le Nord Ouest de Madagascar (région Sambirano), elle a été trouvée dans une forêt de galerie humide et dans une forêt de transition dans la Péninsule d’Ampasindava , sur les pentes de la montagne, environ 400 m d’altitude (Van Heygen, 2004). Pourtant, dans l’Ouest, elle est recensée dans la zone de basse altitude, dans la forêt sèche d’Antsakoamalinika à Mandrozo. Les deux régions ont un point commun caractérisé par un type de microhabitats constitué par de forêt secondaire de bambou où cette espèce de gecko est particulièrement spécialisée. Il s’agit des bambous de taille moyenne ou un peu plus grande qui sont les plus fréquentés par ce gecko (Van Heygen, 2004). En plus, cette espèce est recensée à l’intérieur ou à la lisière de la forêt primaire dominée par le bambou à Sambirano.

Dans la région de Sambirano, Phelsuma klemmeri vit en sympatrie avec P. grandis, P. seippi et P. vanheygeni. Alors que dans le site Mandrozo, elle partage son habitat avec P. kochi et P. mutabilis, mais il n’y a pas de chevauchement entre leur microhabitat et celui des deux autres geckos (Razafimahatratra et al., 2010).

Du point de vue phylogénétique et en se basant sur les caractères phénétiques, Phelsuma klemmeri constitue un groupe à part et diffère particulièrement des autres espèces de Phelsuma par sa coloration. Toutefois, la présence des œufs non soudés et l’absence du contact des narines rostrales sont des caractères qu’il partage avec le groupe de Phelsuma lineata et avec celui de Phelsuma laticauda (Rocha et al., 2010).

CARACTERISTIQUE DU BIOTOPE VEGETAL (BAMBOU)

La plus grande diversité de bambous ligneux a été enregistrée dans la région de l’Asie Pacifique tel que la Chine (plus de 600 espèces décrites) suivi par l’Inde (plus de 100 espèces) et le Japon (plus de 80 espèces) (Bystriakova & Kapos, 2006). Madagascar est remarquablement plus riche que l‘Afrique continentale en bambou ligneux. Il compte 33 espèces dont 32 sont endémiques, (Bystriakova et al., 2004). La majorité des forêts de bambou de Madagascar est localisée dans la partie orientale, mais, quelques espèces se développent dans les forêts sèches de l’Ouest. L’Aire Protégée de Mandrozo renferme Dendrocalamus sp. (Razafimahatratra et al., 2010) qui est une espèce introduite à Madagascar. Cette espèce de bambou est originaire de Chine, d’Asie tropicale et subtropicale (Dezhu & Stapleton, 2006).

Le bambou fait partie des plantes à croissance rapide dans le monde, avec un taux allant de 30 à 100 cm par jour. Il peut atteindre une hauteur de 36 m avec un diamètre de 1 à 30 cm (Zhou et al., 2005). Un chaume peut atteindre toute sa hauteur entre deux à trois mois. Le bambou comporte différentes parties morphologiques : le rhizome, le chaume, les feuilles, les fleurs, les fruits et les graines.

Les bambous sont à usage multiple. Quelques espèces d’animaux l’utilisent pour la reproduction, d’autres pour l’abri ou refuge, et certaines espèces pour échapper aux prédateurs (Bystriakova et al., 2004). Pourtant, cette plante est aussi largement utilisée par la communauté locale à Madagascar. Elle est exploitée pour la construction des murs, des toits, et aussi des matériels artisanaux comme des instruments de musique (Ferraro, 2001, Bystriakova et al., 2004). L’utilisation de ce biotope végétal peut alors avoir une influence sur la répartition et la dispersion des espèces qui en sont dépendantes. Les chaumes peuvent contenir des œufs qui vont être alors transportés en dehors de la zone d’occurrence et à l’éclosion peuvent former une population viable, si le nouveau environnement est favorable pour sa survie.

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Table des matières

INTRODUCTION
I. GENERALITES
I.1. POSITION SYSTEMATIQUE
I.2. CARACTERES DIAGNOSTIQUES
I.3. BIOLOGIE ET ECOLOGIE
I.4. CARACTERISTIQUE DU BIOTOPE VEGETAL (BAMBOU)
II. MATERIELS ET METHODES
II.1. MILIEU D’ETUDE
II.1.1. Localisation géographique
II.1.2. Période et site d’étude
II.1.3.Climat
II.1.4. Géologie et topographie
II.1.5. Hydrographie
II.1.6. Végétation
II.1.7. Faune
II.2. METHODES ET TECHNIQUES D’ECHANTILLONNAGE
II.2.1. Lignes de transect
II.2.2. Recensement par observation directe
II.2.3.Fouilles systématique des bambous fissurés
II.2.4. Méthode de Capture et de marquage
II.2.5. Collecte des données éco-biologiques
II.2.6. Méthode d’identification des pressions et des menaces
II.2.7. Analyse des données
III. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
III.1. STRUCTURE DE LA POPULATION
III.1.1. Densité
III.1.2. Structure d’âge
III.1.3. Sex-ratio
III.2. ACTIVITE ET MECANISME DE THERMOREGULATION
III.2.1. Rythme d’activité journalière
III.2.2. Relation entre les différents types de températures
III.2.3. Relation entre activité par rapport au rayonnement solaire, sexe, âge et saison
III.3. DISTRIBUTION SPATIALE
III.3.1. Distribution horizontale
III.3.2. Distribution verticale
III.4. PRESSION ET MENACE
IV. DISCUSSION
CONCLUSION 
BIBLIOGRAPHIE

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