LA MANGROVE D’AMBOHIDRAVY, UNE FORET EN DÉGRADATION

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Les Causes de la dégradation

La dégradation est généralement causée par des perturbations dont l’ampleur, la sévérité et l’origine sont variables. Les facteurs de changement peuvent être naturels comme le feu d’orage, le changement de température, la variation des précipitations, ou anthropique telle que l’exploitation forestière, la collecte excessive de bois, la propagation d’espèces exotiques envahissante. Les causes anthropiques sont qualifiées par différents auteurs comme intentionnelles et directes.
À échelle mondiale
L’ampleur mondiale de la dégradation de forêts de mangrove est surtout provoquée par les diverses actions anthropiques entre autres l’exploitation forestière, les pollutions d’origine industrielle, les divers aménagements de la zone littorale et maritime (installation portuaire, transformation pour l’agriculture et l’élevage de crevette).
– L’exploitation forestière est relative à d’autre cause profonde indirecte telle que la pauvreté, qui explique la dépendance de la population riveraine aux ressources procurées par l’écosystème mangrove.
– Les pollutions d’origine industrielle, touchent plus particulièrement les zones industrielles à l’exemple de la mangrove de Kalimantan Est en Pakistan. Sa dégradation est due aux déversements de pétrole.
– La reconversion des mangroves en d’autres usages : dans les régions de Java, Célèbres et Sumatra situées dans la partie orientale d’Indonésie, les mangroves sont converties en parc d’élevage crevettiers.
En Guinée et Sénégal situés en Afrique occidentale, les mangroves sont transformées en rizières ou marais salants.
En Amérique latine ; les mangroves sont détruites par la mise en place des différentes infrastructures touristiques et industrielles au total 90 000 ha de mangroves ont estimé disparu.
Dans les pays des Caraïbes une proportion importante de mangroves est transformée soit en marinas, soit en hôtels ou en zones résidentielles. En Barbade, les modifications de ces sites ont conduit à l’extinction locale des espèces telles que l’Acrostichum aureum et l’Avicennia schaueriana. (Anada Tiéga et Ouédraogo, 2012).
Les reconversions des zones de mangroves en d’autres formes d’utilisation ont débuté depuis les années 1980 jusqu’en 2000. Malgré l’absence de protection juridique, diverses initiatives pour protéger et réhabiliter les mangroves ont été observées durant ces dix dernières années (FAO, 2003,2005).
– Les facteurs naturels comme l’augmentation des précipitations, de la température et du niveau marin, provoquées par le processus du changement climatique qui ont des impacts sur le fonctionnement et l’évolution de l’écosystème mangrove.
À l’échelle nationale
La dépendance des populations locales aux ressources naturelles exerce des pressions sur l’utilisation des mangroves à Madagascar.
Entre 1903 jusqu’au début de la deuxième Guerre mondiale, 20000 hectares de mangrove furent détruits pour l’extraction des tanins des écorces de Rhizophoracées. En fait, environ 200 000 tonnes ont été exportées vers l’Allemagne durant cette période.6
Pendant l’époque coloniale, les mangroves des plaines de la basse Betsiboka et Mahavavy étaient converties en grands périmètres rizicoles de ceux Marovoay et de Namakia.
Actuellement, la forêt des palétuviers fournit des bois d’énergie et de construction des cases pour les populations riveraines.

Les conséquences de la dégradation de la mangrove

Des nombreux domaines (social, économique, environnemental) peuvent être affectés par la dégradation de la mangrove, mais les effets se diffèrent d’une région à l’autre selon le domaine concerné (Blue ventures, 2012). Actuellement, les impacts environnementaux de la dégradation de la mangrove sont désormais au centre de des travaux de recherche, car sa destruction représente un important rejet de carbone, étant donné sa capacité remarquable d’absorber et de capter le carbone atmosphérique.
En effet, à l’échelle mondiale, 55% du carbone atmosphérique sont capturés par les écosystèmes mangroves, bien que ces écosystèmes ne représentent que 3 % de la couverture forestière globale (Blue ventures, 2012). Ainsi la séquestration totale de carbone par ces écosystèmes est estimée à 1,39 TC/ha/an7 (UNEP, 2009) et plus de 800 Mg/ha sous son sol (Kauffman et Donato, 2012) De plus le sol de mangrove stocke une quantité importante de carbone avec 429,2 Mg/ha8 (JONES et al., 2014) par rapport aux sols des forêts terrestres soient 215 Mg/ha (RAKOTONARIVO, 2010, BNC-REDD+, 2017)
Ainsi, la surexploitation des bois de palétuviers entraine la diminution en surface de mangrove, et contribue à une augmentation de la concentration en CO2 dans l’atmosphère en rendant la zone côtière de plus en plus sensible au phénomène du changement climatique. En plus, l’augmentation de ce gaz accentue le phénomène de l’effet de serre qui se manifeste par une augmentation de la température globale et une augmentation de niveau de mer par la fonte des glaces polaires.

Démarche de la recherche

La démarche déductive a permis de venir à bout pour la réalisation de cette recherche. 3 phases ont été adoptées à savoir : la phase préliminaire, les travaux de terrain, la phase d’interprétation

Phase préliminaire :

La phase préliminaire contribue à la recherche bibliographique ainsi qu’à la conception des supports de recherche utilisés lors des travaux sur terrain ; les fiches questionnaire, les fiches d’inventaire floristique. Conception des prés-cartes ; carte de localisation, carte topographique, cartes des réseaux hydrographiques, aperçu de la mangrove dans la réserve d’Ambohidravy.
La recherche bibliographique
C’est la première étape de la démarche, elle est nécessaire afin d’enrichir les connaissances sur l’écosystème mangrove. Les consultations des ouvrages et des documents sont basées sur l’écosystème mangrove, le changement climatique, la dégradation des forêts. Nombreuses mémoires étaient choisies afin d’apporter les connaissances sur l’émission de carbone due à la déforestation et dégradation des forêts, ainsi que les différentes techniques nécessaires pour la quantification du taux de carbone. Au total, 61 ouvrages ont été consultés (20 mémoires, 15, ouvrages généraux, 11 rapports, 5 publications, 4 résumés,4 revues et 2 articles.).
La documentation a été effectuée auprès des différents centres de recherche et bibliothèque à Antananarivo : centre de documentation de la mention géographie, bibliothèque de la ESSA ou Ecole Supérieure du Science Agronomique, IRD ou Institut de Recherche pour le Développement, le CIDST ou Centre d’Information et de Documentation Scientifique et Technique, Bibliothèque et Archive Universitaire ou BAU. La consultation des sites internet aussi a été très fructueuse lors de la phase préliminaire, par l’avantage de l’actualisation des données, richesse en ouvrage, facilitation des recherches et gain du temps. Nombreux sites étaient consultés ; (mémoire en ligne de l’Université d’Antananarivo, FAO, Persée, WWF, IRD, Blue Venture, L’homme et l’Environnement).
Les critiques et analyses des ouvrages antérieurs ont apporté des nombreuses informations et connaissances pour l’accomplissement de cette recherche. Les ouvrages généraux portent, les savoirs sur le milieu d’étude. Les travaux de J. HERVIEU (1969), JEAN KOECHLIN et al (1974), WILSON R. LOURENGO (1996), P. SEGALEN (1956) ont permis de mieux connaitre l’aspect physique de la région de la zone d’étude ; le climat, les caractéristiques du sol et du relief, les types de végétation rencontrés dans la région. Les autres ouvrages généraux comme celle de C. MARIUS (1989), ANDRIAMALALA (2007), F. BLASCO (1982) ont apporté des connaissances nécessaires sur la mangrove : ses caractéristiques, les différentes espèces composant la forêt de mangrove, les différents rôles joués par la forêt de mangrove, ainsi que ses importances économiques et écologiques.
Les différentes mémoires comme celle de RANOELISON Volahasina Tsilavina (2011), RAJOELINA Jacques Berthieu (2012), RATEFINJANAHARY Andrianantenaina Ismaël Philippe (2015), portent les savoirs sur la capacité de stockage de carbone de l’écosystème mangrove. Parmi toutes les forêts, les mangroves ont une capacité remarquable d’absorber et de capter le carbone atmosphérique car le sol où se plantent des mangroves stocke une quantité importante de carbone avec 429,2 Mg/ha (JONES et al. 2014) par rapport aux sols des forêts terrestres soient 215Mg/ha (RAKOTONARIVO, 2010).
La recherche bibliographique a abouti à l’élaboration de la problématique et justification des hypothèses posées (tableau 3).
La conception des outils de recherche
Cette étape consiste à la conception des cartes et des questionnaires pour les enquêtes.
La conception des prés cartes
L’élaboration des cartes a été basée essentiellement sur l’utilisation d’image Google Earth. du fait de la taille plus ou moins limitée du site de recherche, la résolution de l’Image Google Earth permet facilement de distinguer les différentes unités du paysage, qui sera ensuite vérifié lors des travaux de terrain. La cartographie topographique et hydrologique a été effectuée à partir des DB 500 FTM et BNGRC et MNT 30m. La réalisation cartographique est faite par le logiciel QGIS 2.18.

Les travaux de terrain

Les travaux de terrain consistent à la collecte des données afin de vérifier les hypothèses. La collecte des informations est faite à partir des enquêtes qui sont ensuite complétées par des observations directes. Cette phase de la recherche a duré une vingtaine de jours.
Les enquêtes proprement dites
Les enquêtes sont effectuées sous deux formes différentes selon les personnes ciblées : les enquêtes au niveau des ménages sous forme de questionnaire et les entretiens en focus pour les différents responsables (ONG, services techniques, autorités, association villageoise).
L’entretien est utilisé en complémentarité avec la méthode d’enquête par questionnaire pour enrichir et regrouper les données récoltées.
Il s’agit d’une enquête ethnobotanique c’est-à-dire étudier et connaitre les relations entre les espèces végétales et les usages des populations riveraines.
L’objectif des enquêtes
Vise à avoir des informations sur les différentes utilisations des palétuviers, son exploitation, leurs valeurs économiques, perception de la forêt de mangrove (cause de la dégradation ainsi que ses conséquences).
Les sites d’observation et le taux d’échantillonnage
Les enquêtes ont été faites au niveau de deux fokontany qui sont inclus dans la réserve ainsi que dans des hameaux hors des fokontany mais qui bordent la forêt de mangrove (tableau 4)
Au total 50 ménages ont été enquête avec un taux d’échantillonnage autour de 39 % pour le total de ménages plus de 43, et en dessous 20 ménages il varie entre 55% et 66% (tableau 4).
Les entretiens
Au total, 13 personnes ont fait l’objet des entretiens (tableau 5) au niveau du membre de l’ONG, le chef du VOI, les gardes forestiers les entretiens s’orientent sur les mesures de protection et la gestion de la forêt de mangrove, la localisation des différentes zones dégradées et reboisées. L’entretien avec le maire et les chefs fokontany ont permis de mieux connaitre la situation démographique de la zone et les ménages cibles à enquêter. L’entretien avec le président de l’association des pêcheurs a permis d’avoir des informations utiles sur l’activité de pêche.

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Table des matières

INTRODUCTION
Problématique de la recherche
Intérêt du sujet
Les objectifs de la recherche
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET DEMARCHE DE LA RECHERCHE
Chapitre I : Analyse rétrospective sur la dégradation de la mangrove et démarche de la recherche
1.1. La dégradation de la forêt de mangrove
? À l’échelle mondiale
? À échelle nationale
1.2. Les Causes de la dégradation
? À échelle mondiale
À l’échelle nationale
1.3. Les conséquences de la dégradation de la mangrove
1.4. Démarche de la recherche
1.4.1. Phase préliminaire :
La recherche bibliographique
La conception des outils de recherche
1.4.2. Les travaux de terrain
Les enquêtes proprement dites
Les entretiens
Les inventaires floristiques
Les inventaires des terriers des crabes violonistes
1.4.3. La phase de traitement et d’interprétation
1.5. Difficultés rencontrées
Limite de la recherche
Chapitre II : La mangrove d’Ambohidravy : riche mais fragile
2.1. Répartition spatiale
2.2 La richesse floristique de la mangrove d’Ambohidravy
2.3 La zonation de la mangrove
2.4 L‘état actuel de la mangrove d’Ambohidravy
Conclusion de la première partie
DEUXIÈME PARTIE :LA MANGROVE D’AMBOHIDRAVY, UNE FORET EN DÉGRADATION
Chapitre III : l’évolution de la mangrove de la réserve d’Ambohidravy
3.1 l’ouverture de la canopée forestière
3.2 La diminution de la surface de la mangrove
3.3. La Formation des tannes et l’assèchement de la mangrove
3.3.1. L’acidification et la salinisation du sol de mangrove
3.3.2. L’assèchement des palétuviers
Chapitre VI : les facteurs de la dégradation de la mangrove a Ambohidravy
4. 1. La population d’Ambohidravy : dépendante des ressources de la mangrove
4.1.1 les exploitations contrôlées et autorisées
L’usage pour bois de chauffe
Les usages dans la construction
4.1.2. Les exploitations illicites
La vente des bois de palétuvier
L’activité de charbonnage
4.2. La faiblesse des autorités locales
4.3. Les modifications des conditions climatiques : facteur de dégradation de la mangrove
4.3.1. Une diminution progressive des précipitations mensuelles
4.3.2. Une tendance à l’élévation de la température
Conclusion de la deuxième partie
TROISIEME PARTIE : LES IMPACTS DE LA DEGRADATION DE LA MAGROVE DANS LA RESERVE D’AMBOHIDRAVY
Chapitre V : Impacts écologiques
5. 1. La dégradation de la mangrove, une source d’émission de carbone
5.1.1. La capacité de stockage de carbone par les mangroves
5.1.2. La capacité de stockage de carbone de la mangrove à Ambohidravy
La Quantification de la biomasse de la mangrove d’Ambohidravy
La Quantification du taux de carbone séquestré
5.2. La dégradation de la mangrove accentue l’effet de Serre
5.3.l’érosion des berges et élargissement du lit du fleuve
5.4. La turbidité des eaux
5.6. La réduction des faunes aquatiques
5.6.1. La réduction des trous à crabes violonistes
5.6.2. La réduction des terriers crabes Scylla serrata
Chapitre VI : les impacts sociaux et économiques de la dégradation de la mangrove
6.1. La Réduction des produits de pêche
6.2. La Diminution du revenu familial
6.3. La reconversion professionnelle, et exode de la population.
6.3.1. L’Abandon de la pêche et la reconversion professionnelle
6.3.2. L’exode de la population
6 .4. La dégradation de la mangrove, un atout pour la riziculture
? Conclusion de la troisième partie
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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