LA PECHE TRADITIONNELLE EN EAU DOUCE

Un riche chevelu hydrographique

                Beaucoup de petits cours d’eau se jettent dans l’Océan Indien de part et d’autre de la ville de Fort-Dauphin. Ils forment des bassins fluviaux plus ou moins étendus. On peut noter la rivière de Mandromodromotra, celle de Lanirano, l’Ifaho. Entre ces cours d’eau sont des bassins tels que le bassin de Fort-Dauphin, le bassin de l’Ifaho, etc… Les cours d’eau de l’Anosy prennent leur source dans les Chaînes Anosyennes. Ainsi, l’Ifaho reçoit directement ses eaux par l’intermédiaire du Lagune d’Andriambe, de Manampanga, de Manamparihy. L’Ifaho a un régime régulier toute l’année à cause des abondantes précipitations bien réparties dans le temps et dans l’espace. Ses crues sont brutales et violentes. Elles sont aggravées par les déboisements de plus en plus intenses. Quelques barrages de retenue ont été construits aux fins de l’irrigation des zones agricoles du bassin fluvial. Ambinanibe est en liaison permanente avec les lagunes Loharano et Andranasy. La commune urbaine de Fort-Dauphin est principalement caractérisée par un chapelet de lacs et de lagunes souvent saumâtres situées le long de la côte et en arrière du cordon dunaire ; d’Ouest en Est, on pourrait citer Ambinanibe, Ambinanikely, Lanirano, Besaroy, Ambavarano, Manarivo. Ces lacs sont alimentés en eau douce par des rivières dont les plus importantes sont Antetezambe, Lanirano, Mandromodromotra et Andranomasay. Les réserves en eaux souterraines sont localisées à l’intérieur du substrat rocheux et dans les dépôts meubles. Les productions abondantes alimentent principalement les dépôts meubles. Les eaux souterraines, sur la côte et à proximité de la lagune, sont menacées par un point d’eaux salées sous-jacentes au réseau d’eau douce. Dans la commune urbaine de Fort-Dauphin, les 4 petits lacs (Lac Lanirano, Lacd’Amparihy, Lac d’Ambinanibe et le petit Lac d’Ambinanikely) témoignent de laprédominance de l’humidité du climat. L’eau potable de la ville de Fort-Dauphin provient de deux sources gravitaires. La deuxième lagune est reliée directement avec Ambinanibe. Celle-ci a une liaison directe avec la mer. On dit que cette lagune est une lagune d’échange : elle reçoit en amont les eaux de l’Ifaho et elle possède en aval une passe la reliant à la mer. Le fleuve Ifaho constitue la limite Ouest et Sud de la commune et enrichit les réseaux hydrographiques. Beaucoup d’autres lagunes (Ambalo, Ambetandily) existent dans la commune. La lagune d’Ambinanibe a une surface de 795 km² et elle constitue la zone d’étude. Elle est permanente durant toute l’année, mais elle connaît une variation de salinité à cause de sa relation directe avec la mer. Quand l’embouchure est ouverte, l’eau du lac prend la couleur bleue de la mer, de novembre en mars, c’est-à-dire, à la saison des pluies. A la saison fraîche, cette eau prend une couleur grise métallisée parce que l’embouchure est fermée

Relations entre les populations des trois villages de pêcheurs

             Les gens d’Ambovo et de Lafitsinana collaborent pour travailler les terrains selon le principe du proverbe malgache « Izay mitambatra vato » que l’on peut traduire par « l’union fait la force ». Pour Lafitsinana, un village de la commune rurale de Soanierana, la riziculture est la principale activité agricole, tandis qu’Ambinanibe s’adonne à la culture du maïs. Cependant, certains pêcheurs Antandroy qui ont pu s’acheter du terrain pratiquent la riziculture en « horake »10 ou riziculture en terrain irrigué en permanence. Deux cas semblables existent à Lohalovoka. Les conditions pédologiques et climatiques sont favorables à la riziculture dans la localité : le bas-fond est fertile, le climat frais et humide est favorable à la culture du riz. Le toponyme Ambovo est issu du mot « vovo » qui désigne la nacelle ou casier en osier qui sert à piéger la faune aquatique. C’est l’engin de capture le plus fréquemment utilisé dans le village et qui a fini par lui donner son nom. Les pêcheurs de ces trois villages peuvent indifféremment exploiter les ressources dulcicoles du lac compris entre Lovokaomby, Ambovo que les « razambe11 » avaient créé dans le site ou dans le lac Andranasy et la rivière Marotaolana. Le village d’Ambovo est fondé par « Ratsiavaha » issu d’une femme Zafiraminia. Celui-ci avait choisi ce site car il était un point stratégique à l’époque royale (20ème siècle). Le village fait partie de la commune rurale de Manambaro. Il est relié avec la ville de FortDauphin par la RN13. Il y a aussi la piste reliant le village de Loharano et celui d’Ambovo. La plupart des habitats sont en bois. Le village est composé de deux hameaux : Ambovo et Lovokaomby. Il est situé tout près de la rivière d’Ifaho. Ce village possède aussi une richesse naturelle telle que la forêt du Petriky. La population protège farouchement cette forêt, car elle lui fournit beaucoup de ressources naturelles ; sa disparition compromettrait la survie de la communauté villageoise. La forêt de Petriky donne aux villageois non seulement des bois de chauffe, de construction, des plantes médicinales, mais elle est également un pâturage forestier utile pour le bétail. Le village ne dispose d’aucune infrastructure sociale. En effet, il n’a ni école, ni centre de santé de base. Pour se soigner, il faut aller à pied jusqu’à Manambaro qui se trouve 7 kilomètres plus loin. De la fin de la colonisation au début de la troisième république, un notable appelé Tsiro a été élu chef du village. Il n’a été remplacé que vers la moitié de la troisième République. Le recensement communal de 2005 fait état de 692 habitants à Ambovo comprenant 362 hommes et 330 femmes ; ils sont logés dans plus de 200 maisons. La population se caractérise par sa jeunesse. Elle est composée d’un seul groupe ethnique, notamment les Anakandriana (une lignée issue des Zafiraminia). Comme Ratsiavaha était un bigame. La population actuelle d’Ambovo descend de la deuxième femme de Ratsiavaha. Les enfants issus la première épouse avaient migré vers le chef-lieu de la commune rurale (Soanierana) qui inclut le village de Lafitsinana. L’Anakandriana possède sa marque d’oreille de bovidés appropriée ou « sofin’omby », un tracé spécifique du troupeau qui sert à identifier le propriétaire. C’est la lignée princière féminine ou Tarika Hovavavy. Ce tracé reproduit la forme caractéristique d’une liane du nom « vahipiky » (Flagellaria indica) qui pousse dans la forêt de Petriky. Le vahipiky est le symbole de ce clan puisque cette plante est une des ressources fondamentales de cette population, notamment dans la fabrication de casier qui sert à capturer les poissons et les crevettes. Le village d’Ilafitsinana12 est situé tout près d’Ambovo, mais il est séparé de ce dernier par le lac d’Andriambe. Après l’installation de Ratsiavaha à Ambovo, sa sœur a traversé le lac Andriambe pour s’installer juste en face, d’où le nom de « lafiny atsinana ». Ilafitsinana fait donc partie d’Ambovo. Actuellement, la population issue de l’Antanosy s’équilibre avec et celle des migrants Antesaka du Sud-Est. Les Antandroy sont peu représentés dans ce village. L’activité principale du village est la pêche dans le lac suivie de près par l’agriculture. L’élevage bovin, bien que revêtant une importance capitale pour les événements de la vie, est une activité traditionnelle reléguée au second plan. Le catholicisme prédomine par rapport au protestantisme. Comme pour Ambovo, Ilafitsinana dispose de peu d’infrastructures sociales, notamment une seule école primaire publique. La population se soigne et accouche à Ambinanibe. L’élevage de chèvre n’est jamais pratiqué dans les trois villages car le caprin est tabou chez les Antanosy. Cet interdit est respecté par les migrants Antandroy et Antesaka dans le cadre de préserver la bonne cohabitation. De la même manière, il est aussi interdit d’élever du zébu à Ambinanibe en respect à la parole propitiatoire de Marohoala13. Aussi, les zébus sontils envoyés à Ambovo sous la garde d’un membre de la famille ou d’un gardien salarié. Pour terminer ce chapitre de la relation entre les villageois, nous présentons ci après la population respective des trois villages. L’artisanat tient une place importante après l’élevage pour l’amélioration de revenu d’une certaine partie de la population d’Ambovo grâce à la présence de la forêt de Petriky.

Les différents types de pêcheurs

                 A Fort-Dauphin, il existe plusieurs types de pêcheurs. Presque toutes les catégories sociales se trouvent impliquées dans la pêche. Nous avons d’abord une première classification liée à l’intensité de la pêche : Les femmes et les enfants pratiquent la pêche parce que cette dernière comporte peu de risques. Les adultes et les jeunes gens pratiquent la pêche en pirogue qui nécessite du courage et de la force ; en quelque sorte, c’est une chasse qui se fait en eau profonde. La fourchette d’âges de cette catégorie se situe entre 20 et 45 ans. Le dernier type est constitué par les vieillards qui ne sont plus suffisamment forts pour s’aventurer en mer ; ils se contentent de poser des nasses dans le lac où l’eau est sereine. Ils déposent leurs casiers l’après-midi, puis ils les reprennent le lendemain matin. Les casiers retirés sont exposés au soleil pour qu’ils ne soient pas abîmés par l’humidité. Par contre, les pirogues sont laissées à l’eau pour éviter la dessiccation du bois lorsque ce dernier est exposé au soleil. On pourrait signaler l’existence des agents de la Fonction Publique qui participent à la pêche pendant leurs heures libres. Ils possèdent des pirogues et des filets et s’adonnent à cette activité qui apporte un appoint monétaire supplémentaire à leur salaire de misère. Ce sont pour la plupart des instituteurs des écoles primaires publiques (EPP) ou des enseignants des collèges d’enseignement général (CEG) ou encore divers agents de la commune urbaine et de la préfecture. Les femmes qui font de la pêche jouent un rôle important dans la filière d’eau douce de la région enquêtée. En effet, en tant que mères de familles, elles ont multiples responsabilités : elles s’occupent des enfants, elles cherchent la nourriture. Elles sont, au nom de la division sexuelle du travail, responsables de la commercialisation des produits de la pêche. Elles prennent aussi une grande place dans les cultures de subsistance et dans les petits élevages comme celui des volailles en plus des tâches ménagères. Si les femmes pratiquent essentiellement la pêche à pied, elles aident leur mari à déposer les cages dans la lagune au bout d’une haie de gaulettes garnies de feuilles vertes pour attirer les crevettes. C’est le « fahibovo », littéralement enclos de nasse. Certaines femmes peuvent aussi aider leur mari dans la construction de « vovo » ou nasse et dans la confection des filets. Autrement dit, les femmes sont soumises à des contraintes plus fortes parce qu’à côté de la pêche, il y a le ménage, les enfants, la recherche de quoi à manger et la préparation du repas. Concernant les enfants pêcheurs, on peut distinguer deux catégorie : la catégorie des enfants scolarisés et celle des analphabètes. Ils sont le plus souvent des fils de pêcheurs. Ils travaillent en tant qu’auxiliaires de leurs parents et ils contribuent à augmenter la rentabilité en même temps qu’ils s’initient au métier de la pêche. La moyenne d’âge de ces enfants est entre huit et quinze ans. Les écoliers aident leurs parents après l’école ou quasiment tous les après-midi et les week-ends (samedi et dimanche). La plupart du temps, ces enfants pratiquent l’école à mi-temps, soit le matin seulement pendant une semaine et l’après-midi seulement la semaine suivante. De cette manière, ces enfants peuvent s’acheter des  vêtements ou des fournitures scolaires. Mais parfois, les poissons pêchés par les enfants sont destinés à la consommation de la famille. Les fils de pêcheurs considèrent cette forme d’éducation tout à fait logique car il leur appartient d’assurer la relève. C’est pourquoi, la majorité des enfants abandonnent prématurément leurs activités scolaires (vers l’âge de 14 ans) au bénéfice de la pêche traditionnelle alors qu’ils sont en fin de cycle de l’enseignement primaire. Cette attitude pourrait être associée à la pauvreté de la population des pêcheurs. Les enfants abandonnent très vite l’école dès le niveau primaire parce que l’enseignement scolaire perçu comme une perte de temps. Cela n’exclut pas les exceptions, car quelques fils de pêcheurs parviennent à un niveau supérieur : ils ont le diplôme de baccalauréat, voire la licence de l’enseignement supérieur. La division sexuelle des activités est très remarquable aussi chez les enfants des pêcheurs ; en effet, les garçons suivent leurs pères dans la pêche en pirogue, tandis que les filles aident leurs mères dans la pêche à pied. Dès que les garçons arrivent à conduire tout seuls une pirogue, ils empruntent celle de son père ou d’un proche parent. Si les fonctionnaires s’adonnent à la pêche à cause d’un salaire insuffisant, on peut dire que les migrants l’adoptent à cause de l’insuffisance de terrains de culture et de terrains de pâturage. Cette restriction de surface s’aggrave avec la construction du port par le QMM.

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Table des matières

Première partie : Cadre géographique et historique
Chapitre 1 : Géographie physique de la zone d’étude
1.1.- Le relief
1.2.- D’abondantes précipitations
1.3.- Un riche chevelu hydrographique
1.4.- Une végétation primaire menacée de disparition
1.5.- Des vents dominés par l’alizé
1.6.- Un climat tropical humide à deux saisons
Chap.II.- Le peuplement de la zone d’étude
2.1.- Aperçu général
2.2.- Les migrants ou nouveaux occupants
2.3.- Relations entre les populations des trois villages des pêcheurs
2.4.- Associations des pêcheurs
2.5.- Caractéristiques du lac d’Andriambe
2.6.- La turbidité de l’eau du lac
2.7.- La salinité des eaux de la lagune
Deuxième partie : – Caractéristiques de la pêche traditionnelle dans la Lagune d’Ambinanibe
Chap. III : – Les différents types de pêche et les catégories de pêcheurs
3.1.- Généralités sur l’occupation du lac en matière de pêche
3.2.- Les activités de pêche et les pêcheurs
3.3.- Les différents types des pêcheurs
Chap. IV : – Outils et engins de pêche
4.1.- Généralités
4.2.- Matériels de pêche
4.2.1.- Les matériels de pêche pour la capture des crevettes
4.2.2.- Les matériels de pêche « valavovo » ou fahi-bovo »
4.2.3.- Les cages
4.2.4.- Les filets maillants
4.2.5.- La senne de plage ou « harato be »
4.2.6.- L’embarcation ou la pirogue
4.3.- Les caractéristiques des engins de pêche
4.3.1.- Le « takeba »
4.3.2.- L’ « asidy »
4.3.3.- Le « tsilitolito »
4.3.4.- Le harpon
4.4.- Les produits de pêche
4.4.1.- La production
4.4.2.- Les petits poissons
4.4.2.1.- Les bichiques
4.4.2.2.- Le « vilivary »
4.4.2.3.- Le « vily tsoniky » ou « viliolitra » ou « botriky »
4.4.2.4.- Le « vilibemaso »
4.4.2.5.- Le « vilimena »
4.4.2.6.- Le « tsikilibo »
4.4.3.- L’anguille
4.4.4.- Les poissons d’eau douce
4.4.4.1.- Le « kelivondraky » ou mulet
4.4.4.2.- Le « saifotsy » ou « vahoho » ou « menaheliky »
4.4.4.3.- Le « lanora » ou « carangue »
4.4.4.4.- Les crevettes
4.4.4.4.1.- Le Penaeus inducus
4.4.4.4.2.- Le Penaeus monodon
4.4.4.4.3.- L e Macrobrachium
4.4.4.4.4.- Le Metapenaeus monoceros
4.4.4.4.5.- Le Penaeus japonicus
Chapitre V : – La commercialisation des produits halieutiques et dulcicoles
5.1.- Généralités
5.2.- Le débarquement et l’écoulement des produits pêchés
Troisième partie : – Problèmes actuels de la pêche traditionnelle à Ambinanibe
Chap. VI : – Les problèmes de la pêche dans la lagune
6.1.- Généralités
6.2.- Techniques de la pêche archaïque
6.3.- L’installation du nouveau port international d’Ehoala à Fort-Dauphin
6.3.1.- Le statut du projet d’exploitation de l’ilménite à Fort-Dauphin
6.3.2.- Le choix du site d’installation du nouveau port minéralier
6.3.3.- Le secteur d’extraction, les infrastructures de base et le nouveau port
6.3.4.- Le processus de délocalisation des habitants d’Andriambe
6.3.5.- Les premiers impacts de l’implantation du nouveau port à Ehoala
Chap. VII- Les impacts de l’implantation du nouveau port sur la vie de la population des pêcheurs d’Andriambe
7.1.- Les impacts immédiats de l’installation du nouveau port à Ehoala
7.2.- Les impacts du projet sur la pêche à Ambinanibe
7.3.- Solutions proposées
Conclusion
Bibliographie
Liste des tableaux
Liste des cartes
Liste des photos

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