Le projet « Réaménagement de la Place des Jeanneret »

Le projet « Réaménagement de la Place des Jeanneret »

L’association Skate In

Le Locle En 2011, une quinzaine de jeunes habitants du Locle, âgés de 15 à 25 ans, se réunissent pour créer l’association Skate In Le Locle (SKILL), visant à promouvoir la pratique des sports de glisse urbains, tels que skateboard, BMX, trottinette, etc. Cette mobilisation fait suite à de nombreuses demandes, exprimées informellement depuis plusieurs années par les pratiquants de ces sports, pour bénéficier d’un skatepark réalisé par une entreprise spécialisée. Une piste de bicross BMX et une rampe de skate en bois avaient bien été construites, suite à un projet du Parlement des Jeunes de l’époque, mais elles ont été peu à peu délaissées, la piste de bicross s’adressant uniquement aux pratiquants de ce sport et la rampe provoquant de fortes nuisances sonores, pour le voisinage et l’école jouxtant celle-ci. Le développement et la pratique des sports de glisse au Locle n’ont cependant pas été freinés par les difficultés rencontrées. La cour d’école du collège des Jeanneret était en effet depuis longtemps un lieu que les pratiquants des sports de glisse appréciaient particulièrement, notamment en raison de ses caractéristiques architecturales. Son utilisation a perduré malgré l’absence d’infrastructures plus adaptées.

En 2011, l’association Skate In Le Locle se crée sous l’impulsion de Jérôme Heim, habitant du Locle, féru de skate depuis de nombreuses années et déjà engagé par le passé dans la création de skateparks, notamment à la Chaux-de-Fonds. Dr. en sciences humaines et chargé de recherche à l’Institut du Management des Villes et du Territoire de la He-Arc à Neuchâtel, Jérôme Heim s’intéresse particulièrement à la réhabilitation de l’habitat construit et ses enjeux patrimoniaux et urbanistiques. A l’écoute des jeunes avec qui il partage l’espace de la cour d’école des Jeanneret pour la pratique du skate durant son temps libre, Jérôme Heim propose à ceux-ci de les accompagner dans les démarches permettant la création d’une association. Ils espèrent alors gagner en légitimité et devenir ainsi un interlocuteur valable pour déposer, auprès des autorités communales, une demande en bonne et due forme pour la construction d’un skatepark Si l’association prévoyait plusieurs étapes pour réaliser un tel projet, (identification d’un lieu propice, rencontre avec les autorités, recherches de fonds, etc.), seule la création de SKILL et de ses statuts a finalement lieu et l’association reste dormante jusqu’en 2014, entre autres par manque de disponibilités de la part de Jérôme Heim pour accompagner pleinement ce groupe de jeunes.

En 2014, Jérôme Heim parvient à dégager du temps pour s’investir plus dans le projet. Il propose de réorganiser l’association au niveau du comité, accepte de prendre le poste de président : « Un peu par défaut et surtout dans le but d’être la locomotive du projet… ». L’association vise d’obtenir des autorités la construction d’un skatepark sur le site de l’espace sportif dit « du Communal », situé en bordure de la commune et comprenant déjà une piscine, une patinoire, des terrains de football et une salle de sport polyvalente. Cependant, les membres prennent rapidement conscience des nombreuses difficultés auxquelles ils vont se heurter : les coûts de construction d’une entreprise spécialisée sont très élevés et les démarches à effectuer auprès des autorités risquent d’être longues et laborieuses (concours d’architecture, demande de crédit, appel d’offres, délai d’opposition, etc.). De plus, la situation économique de la Ville du Locle est alors difficile et de nombreux clubs sportifs attendent un soutien financier pour l’amélioration de leurs installations. Jérôme Heim cherche d’autres solutions pour lancer ce projet et minimiser les risques de découragement parmi les jeunes membres de SKILL. Dans l’intervalle, des modules mobiles inutilisés du skatepark de La Chaux-de-Fonds sont récupérés et installés de façon provisoire.

L’autoconstruction

En connaisseur des pratiques liées au skateboard au niveau international, Jérôme Heim propose aux membres de SKILL de se tourner vers le choix de l’autoconstruction. C’est en effet un choix courant que font les adeptes de skateboard quant à la réalisation d’espaces permettant la pratique de leur sport. Aux Etats-Unis, les skateurs choisissent des lieux éloignés des activités économiques et sociales pour construire leurs propres infrastructures. Les usines abandonnées, les terrains en friches et autres non-lieux sont privilégiés, car généralement négligés par le reste de la population. Préférant le béton au bois, car moins coûteux, plus facile à mettre en forme et plus résistant aux dégradations, un mouvement du Do It Yourself (ou DIY) se développe dès les années 1990, d’abord aux États-Unis, à San Diego, San Pedro ou Philadelphie, puis en Europe et dans le reste du monde (Heim, 2017). C’est en leur présentant une vidéo suédoise publiée en 2005 (Strongest of the Strange, de Pontus Alv, 2005) que Jérôme Heim réussit à convaincre les membres de l’association qu’un projet d’autoconstruction est une solution viable et réalisable pour la réalisation d’un skatepark en ville du Locle. Ce choix permettra aux utilisateurs de disposer de possibilités presque immédiates de s’entraîner et favorisera ainsi l’augmentation de personnes intéressées à s’impliquer dans le projet. L’autoconstruction par la réalisation progressive d’éléments sur plusieurs années est dès lors décidée.

Recherche de soutiens politiques et financiers Par le passé, la plupart des projets DIY de construction de skateparks étaient réalisés sans autorisations légales. Depuis quelques années, de plus en plus sont menés en collaboration avec les collectivités publiques et celui de Skate In Le Locle s’inscrira dans cette tendance. Des discussions concernant un skatepark au Locle avaient déjà eu lieu entre Jérôme Heim et le Conseiller communal en charge des sports. Ce dernier lui avait alors conseillé d’inscrire ce projet dans le cadre du réaménagement du site sportif communal et un contact avait déjà été pris avec le service de l’urbanisme. En 2014, l’association SKILL reprend contact avec ce service pour obtenir son soutien et accélérer ainsi le processus auprès des autorités communales. A cette même période, le Centre de Loisirs et d’Animation de l’Ancienne Poste (CLAAP) est créé, suite à l’acceptation par le conseil général de la Ville du Locle d’un rapport du conseil communal demandant un crédit et la mise en place d’une nouvelle structure d’application de la politique communale de la Jeunesse. Jérôme Heim et l’association SKILL s’approchent également de cette nouvelle structure afin d’obtenir un soutien supplémentaire dans leur démarche. L’équipe d’animation socioculturelle du CLAAP, fraîchement créée, montre un intérêt immédiat pour cette démarche de mobilisation d’un groupe de jeunes autour d’un projet de réaménagement urbain.

Dans un premier temps, un soutien essentiellement logistique est apporté, en mettant notamment à disposition les locaux du CLAAP pour les réunions de l’association. Lorsque la solution de l’autoconstruction est définitivement choisie par SKILL en automne 2014, le soutien du CLAAP prend progressivement de l’ampleur, et celui-ci devient un acteur à part entière du processus. L’équipe d’animation socioculturelle apporte une aide précieuse en matière de coordination du projet, de négociation avec les autorités communales et les services communaux concernés, d’organisation des chantiers ponctuels 3 à 4 fois par année et de communication ou de promotion du projet global auprès de la jeunesse, visant ainsi à y inclure une plus large frange de la jeunesse locloise et à favoriser sa participation. Pour le CLAAP, accompagner un projet visant simultanément à impliquer la jeunesse dans la promotion du sport et à participer à l’aménagement de l’espace urbain, apparaissait comme une évidence en regard à ses missions et, au-delà, aux principes de l’animation socioculturelle. Après une rencontre avec le directeur du Cercle Scolaire du Locle, séduit par la démarche, l’association SKILL est invitée à présenter son projet au conseil communal, suite à un soutien de l’élu en charge du dicastère de la jeunesse.

Les conseillers communaux donnent leur assentiment et l’association peut déposer une demande de permis de construire auprès du service de l’urbanisme, sur la base d’illustrations et de plans réalisés par les membres lors d’ateliers contributifs. La demande de permis n’ayant rencontré aucune opposition, le conseil communal accorde à l’association la gratuité des prestations des Travaux publics et du CLAAP, ainsi qu’un soutien financier pour le matériel nécessaire aux premiers chantiers. En juillet 2015 a donc lieu le premier chantier organisé par SKILL et le CLAAP. Durant trois jours, membres de l’association et volontaires externes créent deux modules et un muret. Cette action marquera le début d’un processus aujourd’hui toujours en cours, comprenant deux à trois chantiers par année, allant de trois jours à une semaine.

La Ville du Locle et sa jeunesse

Le Locle est une ville des Montagnes Neuchâteloises, située à la périphérie de La Chauxde- Fonds. La population de ce territoire frontalier et rurbain compte 10’382 habitants à fin 2017 (Ville du Locle, 2018). Inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2009 pour son urbanisme horloger, Le Locle est une ville à forte majorité de gauche, avec le POP (Parti Ouvrier et Populaire) comme parti le plus représenté au sein de son parlement. Environ 30% de la population du Locle est composé de ressortissants étrangers, de 88 nationalités différentes. Les huit pays les plus représentés sont : le Portugal (35,9%), l’Italie (17,2%), la France (12,6%), l’Espagne (7,7%), le Kosovo (2,4%), la République Démocratique du Congo (1,8%), la Bosnie et Herzégovine (1,5%) et la Syrie (1,3%). Avec un taux de chômage de 6% (avril 2018) et un taux d’aide sociale de 9,5% (en 2014), Le Locle est une commune comptant une forte proportion de la population en situation socioéconomique difficile (République et Canton de Neuchâtel, 2018). Les finances publiques subissent également ce contexte difficile, l’exercice de l’année 2017 s’étant terminé sur un déficit de 1,5 mio de francs (Ville du Locle, 2017).

La jeunesse représente une forte tranche de la population. La moyenne d’âge est de 42,5 ans en 2017, avec plus d’un quart des habitants âgés de moins de 25 ans. La tranche des 0-19 ans représente, elle, plus de 20% de la population (Ville du Locle, 2018). En termes d’infrastructures en lien avec à la jeunesse, le Locle compte sept collèges différents, accueillant les trois cycles scolaires, un lieu de formation professionnelle (la division École Technique du CIFOM – Centre Interrégional de Formation des Montagnes Neuchâteloises – appelée communément Le TECH), un centre pédagogique, une antenne régionale de l’AEMO (Action Éducative en Milieu Ouvert) et du SER (Service d’Éducation de Rue), de nombreux clubs sportifs et associations diverses, un centre d’animation socioculturelle, un parlement des jeunes et des infrastructures sportives telles que piscine, patinoire, terrains de basket et de football, halle de sport polyvalente, etc. Les services variés offerts ne parviennent cependant pas à contenter les jeunes de la commune, qui dès l’âge de 15 ans environ, étendent leur territoire jusqu’ à la Chaux-de- Fonds, centre urbain situé à moins de 10km et très facilement accessible en transports publics, pour bon nombre d’activités ou de consommation de services (Ait El Cadi et Dollat, 2012).

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Table des matières

1. Le projet « Réaménagement de la Place des Jeanneret »
1.1 L’association Skate In Le Locle
1.2 L’autoconstruction
1.3 Le lieu idéal pour construire un skatepark
1.4 Recherche de soutiens politiques et financiers
1.5 Un projet élargi
1.6 Le projet en 2018
2. Contextes du projet de réaménagement de la Place des Jeanneret
2.1 La Ville du Locle et sa jeunesse
2.2 Du DJ’13 au Centre de Loisirs et d’Animation de l’Ancienne Poste
2.3 Le lieu-dit « Les Jeanneret
3. L’animation socioculturelle, quel sens et quelle définition ?
4. Mon engagement dans le projet
5. Buts de la recherche
6. Démarches et processus méthodologiques
6.1 Première approche (non retenue) : l’observation participante
6.1.1 La grille d’observation comme outil de l’observation participante
6.1.2 Limites et risques de l’observation participante
6.2 Changement d’outil méthodologique
6.3 Deuxième approche (retenue) : l’entretien semi-directif
6.4 Le chantier participatif comme terrain de recherche
6.5 Population choisie pour la recherche
6.6 Résultat des entretiens
7. Dimensions explorées et axes d’analyse
7.1 Diversité de genre
7.1.1 Diversité de genre dans la pratique du skate
7.1.2 Diversité de genre dans le projet de réaménagement des Jeanneret
7.2 Participation et participation citoyenne
7.2.1 Les conditions de la participation
7.2.2 La participation des jeunes
7.2.3 La notion de citoyenneté
7.3 L’appropriation de l’espace public
8. Analyse des données et résultats
8.1 Traitement des données
8.2 Analyse des données et résultats
8.2.1 Diversité de genre dans le projet
HES-SO Valais//Wallis Bachelor of Arts en Travail Social
8.2.2 La participation
8.2.3 L’appropriation de l’espace public
9. Conclusion
9. Références bibliographiques
10. Annexes
10.1 Guide d’entretien

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