Les Enjeux Environnementaux du Corridor Forestier

Historique de la commune

Avant l’arrivé des colons, le village s’appelait « Mahavelo », alors que les zones d’habitation étaient concentrées au pied de la grande falaise. Ce n’est qu’à partir de 1947 que les survivants de la guerre ont réjouit leur lieu d’habitation d’autrefois. Et depuis, leur région a pris le nom d’Ankarimbelo. La riziculture est l’activité agricole de base à laquelle s’ajoute la culture du café qui est toutefois en net recul en raison notamment de la vieillesse des plants et de la baisse continue des cours mondiaux. A l’heure actuelle, de nombreuses familles de la commune transforment tout ou une partie de leurs champs de café en rizières, avec ce que cela suppose d’action en terme de maîtrise de l’eau. Une vaste action de renouvellement des plants de caféiers est aussi en cours. L’élevage bovin, d’une importance sociale et productive, est assez développé. La production locale de riz, base de l’alimentation, est insuffisante et, de ce fait, les périodes de soudure sont très difficiles dans une région où le taux de natalité dépasse les 3 pour cent.

Structure sociale/us et coutume

Les habitants de la commune, formés à majoritaire par des Tanala, s’accrochent encore à leurs traditions. Tous les évènements marquants la vie de l’homme doivent se dérouler au niveau du ‘’ TRANOBE ’’ (naissance, circoncision, mariage, funérailles…) qui constitue la grande maison communautaire. Au sein du Tranobe, la structure sociale, fortement hiérarchisés est basée sur l’âge et le sexe

– Au sommet, les hommes âgés qui décident de la vie de la communauté ;

– Au milieu, les hommes adultes qui transmettent et exécutent les décisions de l’ ‘’ AMPANJAKA ’’ et l’ ’’ANAKANDRIA’’ (le chef choisi parmi les nobles) et des notables sous forme de ‘’ didy ’ ou ‘’ dina ’’ ;

– Au bas de la hiérarchie, les jeunes et les femmes qui ont rarement le droit de parole lors de la prise de décision au sein du Tranobe. En effet, la maison d’Ampanjaka abrite les palabres, lors desquels prennent les décisions concernant la vie sociale du village et tous les litiges. Un ‘’Kabaro’’ réunit les anciens et les notables, ainsi que la représentante des femmes, la ‘’ princesse du ciel’’, épouse ou soeur de l’Ampanjaka dont on doit solliciter l’avis avant toute prise de décision. Des hommes plus jeunes sont également présents, notamment le chef des jeunes ainsi qu’un certain nombre de femmes. Le palabre se caractérise comme une véritable sacralisation de la parole, une manière détournée de présenter un problème, d’avancer ou de combattre une idée, de mettre en cause une personne, une nécessaire modestie dans le propos. Les anciens parlent les premiers, mais chaque participant peut ensuite intervenir. Lorsqu’une idée, une décision, se dégagent de la discussion, l’Anakandria prend la parole, reformule cette décision, et présente le palabre au Mpanjaka. Ce dernier ou son porte parole, reprend la décision, qui devient loi royale, ‘’didim-panzaka’’. Tout le monde doit s’y conformer. Les paysans Tanala ne séjournent pas qu’une petite partie de l’année dans leur maison du village. La majeure partie du temps, chaque ménage ou la famille restreinte réside dans la maison située près des terrains de culture, ‘’an-karena’’. Ce mode de vie représente un réel espace de liberté où le paysan n’a pas à subir la pression constante et la surveillance de la vie au village.

CONTEXE DES FORETS DE L’EST

Les forêts humides de l’Est de Madagascar sont réputées à la fois pour leur richesse en espèces, un taux d’endémisme exceptionnel, la valeur de leurs essences de bois précieux, et pour leurs dynamiques rapides de déforestation (Humbert, 1927 ; Green & Sussman ; 1990). Les populations rurales ont été désignées comme responsables du recul du couvert forestier. A travers ces populations, des phénomènes ont été identifiés comme étant à l’origine de la déforestation la croissance démographique et le ‘’tavy’’, la culture vivrière temporaire sur défriche-brûlis. Les multiples actions de conservations menées depuis la fin des années quatre-vingt dix symbolisent désormais la volonté de l’Etat malgache, appuyée par des ONG internationales de conservation de la nature et de grands bailleurs de fonds, d’enrayer la déforestation. Les forêts produisent du bois, dont certaines essences offrent des matériaux de grande qualité à des artisans locaux au savoir-faire réputé, divers produits (miel, bambous, plantes médicinales…) et abritent du gibier. Elles sont susceptibles de rendre des services écologiques la protection des versants et des sources, des effets sur les climats environnants et sur l’atmosphère car elles représentent un stock de carbone. Enfin, elles portent des valeurs esthétiques, patrimoniale, symbolique et identitaire, qui justifient aussi des mesures de protection, la participation des populations riveraines à leur gestion; et l’aménagement de sites touristiques.

Dans un contexte de décentralisation pour la gestion des forêts, plusieurs ONG tentent d’organiser, dans les cadres stratégiques du Plan d’Actions Environnementales 3 (PAE 3, 2003-2007) et du Madagascar Action Plan, la conservation de ces forêts. Ces ONG appliquent les nouvelles législations relatives au transfert de gestion des forêts aux populations locales et accompagnent les effets collatéraux de la conservation par des projets d’intensification et de diversification agricole, de reboisement, d’éducation environnementale et d’aménagement des infrastructures économiques.

Le » couloir Ranomafana-Andringitra » constitue la partie continue, d’une dizaine de kilomètres de largeur, qui relie les deux parcs nationaux de Ranomafana et d’Andringitra, et ce dernier à la Réserve Spéciale du Pic d’Ivohibe. Sa richesse biologique, en particulier son taux exceptionnel d’endémisme, est très reconnue. Ce couloir a été le premier site à faire l’objet de mesures de conservation, depuis 2000. Alors que leur efficacité et leurs conséquences ne sont pas encore identifiées, les projets d’extension des aires protégées, avec la création de nouvelles catégories (les NAP) sont déjà en cours dans ce site. En 2006, ces mesures ont été étendues jusqu’à Fandriana au Nord et Vondrozo au Sud.

L’urgence de la conservation forestière doit prendre en compte la diversité des processus de déforestation et, la recherche de compromis avec les dynamiques de développement locales. Il convient donc de nuancer les constats alarmistes de déforestation affichés par les acteurs de la conservation, non seulement pour se rapprocher d’une analyse plus fine des processus, mais aussi Photo 4 Aperçu du corridor dans la commune pour identifier les pistes d’une meilleure intégration du développement rural et de la conservation des forêts. Les populations ‘’Tanala’’ pratiquent une agriculture itinérante sur défriche-brûlis relativement extensive (sur forêt ou sur jachères arbustives) associée à diverses cultures de rente (café, canne à sucre, banane). Peu de données sont disponibles sur l’intensité de la déforestation et sur les causes et les conséquences de l’activité humaine sur le milieu et sa biodiversité. Les lieux où une action serait la plus nécessaire et la plus urgente sont encore mal connue.

Cartographie et Système d’Information Géographique (SIG)

La production des cartes est nécessaire pour faciliter la compréhension de la réalité sur terrain. Avant la production des cartes, nous avons travaillé sur l’image satellite, le LANDSAT TM 2005. Le traitement de l’image Landsat nous a permis de mieux identifier et délimiter de nouvelles associations végétales et ainsi définir de nouveaux faciès pastoraux provenant des processus de dégradation, allant de la forêt dense au stade ultime de dégradation de la forêt, et ce en fonction des transformations et des changements de l’occupation des sols en relation avec la dynamique de la population (croissance démographique, déplacement, pâturage, utilisation du bois de feu, défrichement, etc.). L’étude a été réalisée dans l‘élaboration de cartographie de l’occupation du sol par télédétection spatiale utilisant les logiciels IDRISI, ArcGIS, MapInfo, ArcView et son intégration dans des modèles d’étude de la dynamique de dégradation des forêts. L’image TM de Landsat a fait l’objet de traitements à savoir d’une part le traitement sur le logiciel IDRISI permettant de faire une classification supervisée préliminaire, et d’autre part le traitement sur ArcView contribuant à la mise en page de l’image obtenue dans IDRISI. L’évaluation de l’exactitude des classifications a été réalisée dans le SIG en superposant les cartes obtenues, l’unité d’occupation du sol identifié sur le terrain à partir des points levés par un GPS.

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Table des matières

Liste des Acronymes
1.PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D’INTERVENTION
1.1. Délimitation administrative
1.2. Historique de la commune
1.3. Origine de la population
1.4. Structure sociale/us et coutume
1.5. Caractéristiques des occupations du sol
ı Relief
ı Sols
ı Bassins Versants
2.CONTEXE DES FORETS DE L’EST
3.METHODOLOGIE
3.1. Documentation
3.2. Cartographie et Système d’Information Géographique (SIG)
3.3. Modélisation
3.3.1. Définition
3.3.2. Pourquoi modéliser les caractéristiques du corridor?
3.3.3. Description et cycle de modélisation
3.3.4. Les étapes de la modélisation
4.RESULTATS ET DISCUSSIONS
4.1. Les différentes occupations du sol dans la Commune Rurale d’Ankarimbelo
4.2. Simulation de la déforestation
5.RECOMMANDATIONS ET APPUIS POUR LA STRATEGIES DE CONSERVATION
5.1. Les Enjeux Environnementaux du Corridor Forestier de la Commune Rurale d’Ankarimbelo
ı Enjeux écologiques
ı Enjeux sociaux
ı Enjeux économiques
5.2. Les Orientations Stratégiques par Rapport au Contexte Mondial
ANNEXES