Trouble du sommeil signal d’alarme ou facteur de risque?

Trouble du sommeil : signal d’alarme ou facteur de risque?

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS, 2012), la période de l’adolescence se situe entre l’ âge de 10 et 19 ans. Dans nos sociétés occidentales, c’est au XXe siècle qu’est née cette catégorisation des garçons et des filles dans une étape de la vie appelée l’adolescence (Huerre, 2001). Auparavant, l’ intégration des jeunes dans le monde des adultes était plus rapide, sans réelle transition avec l’enfance. En regard des besoins économiques et de main-d’œuvre, les garçons travaillaient tôt, étaient peu scolarisés, tandis que les jeunes filles, introduites de manière précoce dans des rôles familiaux, devenaient parfois mères avant l’âge de la majorité internationale.

En 1971 , les trois quarts des jeunes adultes de 22 ans avaient quitté l’école, près de la moitié étaient mariés et 1 sur 4 avait des enfants. En revanche, en 2001 , la moitié des jeunes adultes de 22 ans fréquentaient encore l’école, seulement 1 sur 5 était dans une union conjugale (habituellement une union libre) et 1 sur Il avait des enfants. (Statistique Canada, 2007, p. 17)

La Révolution tranquille et l’école obligatoire jusqu’ à 16 ans au Québec repoussent les rôles sociaux de quelques années et enlèvent le statut d’adulte aux jeunes pour les réunir dans le monde institutionnel des études. Conséquemment, ils développeront une culture, une façon d’ être et de vivre qui leur sont propres.

Dès lors, on porte un intérêt grandissant aux multiples changements que vivent les adolescents durant cette période de transition vers l’ âge adulte, si l’on en croit l’imposante littérature sur le sujet. Nombreux et importants, ces bouleversements ont un impact non négligeable sur plusieurs aspects de leur vie: changements physiologiques dus à la modification hormonale, impacts psychologiques, ajustements socioaffectifs transformations intellectuelles, comportementales et morales, modulation de la personnalité, apparition des comportements sexuels, réflexion sur l’ avenir, choix de vie, etc. (Laviola & Marco, 2011; Roane & Taylor, 2008).

Stades développementaux 

Préadolescence 

Il s’agit de la courte période (aussi appelée prépubertaire) qui précède l’arrivée de la puberté et le début de [‘adolescence. Elle constitue une période de transition entre la fin de l’enfance et l’ entrée dans l’ adolescence (Richard, 1998; Valet, 2007). Elle se situe environ à l’âge de Il ans (Richard, 1998). Dans le présent essai, l’ utilisation du terme préadolescent, rapporté de la recension des écrits, servira essentiellement à discuter des individus approchant l’adolescence, mais chez lesquels le déclenchement des changements hormonaux n’ a pas encore eu lieu.

Puberté 

La puberté est une période de la vie qui s’amorce avec l’apparition de changements hormonaux cruciaux. Elle est marquée par des transformations corporelles et psychologiques importantes et prend fin à la maturité sexuelle de l’ individu (Fize, 2010). L’âge de son apparition et sa durée varient selon le sexe, le niveau socioéconomique, la culture (Bee & Boyd, 2011; Lafont, 2011) et l’ époque, puisqu’elle serait plus précoce aujourd’hui que lors des siècles précédents (Fize, 2010; Lafont, 2011). Chez les filles, le développement pubertaire s’ amorcerait plus tôt, environ entre 9 et 13 ans, tandis que chez les garçons, il débute environ entre 12 et 15 ans (Fize, 2010). Selon l’OMS (2012), la durée de la période pubertaire est de deux à cinq ans. Elle se termine en moyenne entre l’âge de 14 et 16 ans pour les filles et vers l’âge de 15 ou 16 ans chez les garçons. Des facteurs tels que les conditions de vie (Fize, 2010), l’ alimentation (Bee & Boyd, 2011 ; Fize, 2010), l’ hérédité et l’ activité physique seraient aussi liés au moment d’apparition des premiers changements pubertaires (Bee & Boyd, 2011 ).

Adolescence 

L’adolescence est définie comme la période de la vie qui sépare l’enfance de l’âge adulte (Fize, 2010). Elle commence et est marquée par une phase importante pendant laquelle se produisent de nombreux changements physiologiques, c’ est-à-dire la puberté (Lafont, 2011). Conséquemment, malgré les facteurs qui influencent le moment d’apparition de la puberté, le début de l’ adolescence chez un individu est facile à établir puisqu’ il est lié à l’arrivée de la puberté (Jeammet, 2007). Cependant, le moment où l’ adolescence prend fin devient plus complexe à déterminer, compte tenu des implications sociales et psychologiques liées au concept d’adolescence, plus vaste, qui ne se résume pas uniquement aux changements physiologiques (Jeammet, 2007).

Suicide chez les adolescents 

Il est complexe d’obtenir des données récentes sur le taux de suicide à l’échelle mondiale, car les méthodes de compilation de chaque pays diffèrent et la mise à jour n’ est pas systématique. Ainsi, pour l’année 2000, l’OMS (2002) rapportait un taux mondial de 14,5 suicides par 100 000 personnes, tous âges confondus (les taux sont toujours rapportés sur 100000 habitants). Concernant le suicide chez les adolescents, certaines statistiques sont difficilement comparables sur le plan mondial, en raison des différences entre les tranches d’âges associées à l’adolescence. Plusieurs études rapportent des statistiques ciblant les 15-24 ans, confondant ainsi adolescents et jeunes adultes, alors que l’OMS situe l’ adolescence entre 10 et 19 ans. Par ailleurs, dans son Rapport mondial sur la violence et la santé, l’OMS (2002) indique que l’âge serait un facteur important dans le risque suicidaire. En général, on constate dans la littérature que les taux de suicide sont plus élevés chez les jeunes adultes que chez les adolescents. Par exemple, dans les statistiques (INSPQ, 2013) des décès et taux de mortalité selon la cause, le sexe et le groupe d’ âge au Québec en 2009, le groupe des 15-19 ans enregistre un taux de suicide de 8 sur 100 000 (le suicide représente 24,6 % des causes de décès) et les 20-24 ans un taux de 15 sur 100000 (soit 29,4 % des causes de décès). Ainsi, lorsque les statistiques reflètent les données pour les 15-24 ans, elles n’ exprimeraient pas de façon juste la réalité des adolescents à cause de l’ incorporation de la tranche d’âge des jeunes adultes qui influence le taux à la hausse.

Néanmoins, l’OMS indique qu ‘environ 20 % des jeunes de moins de 19 ans vivent des difficultés psychologiques telles que la dépression et les comportements suicidaires et, toujours selon cette organisation, le suicide serait la 2 e cause de décès chez les jeunes de 15 à 19 ans (OMS, 2013b).

Suicide chez les jeunes au Québec 

Selon plusieurs publications du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (2005, 2008), le Québec demeure un des endroits dans le monde où le taux de suicide dans la population générale est le plus élevé. Bien que les taux de suicide québécois tendent à diminuer depuis environ une décennie, ces mêmes publications rapportent un taux de suicide de 13 pour 100000 en 2003-2005 chez les 15 à 19 ans.

Selon l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ, 2013), dans son Rapport sur la mortalité par suicide au Québec, la donnée la plus récente sur le taux de suicide des 15-19 ans est de 10,8 par 100 000 pour la période de 2008 à 2010.

Selon le Tableau des Décès et taux de mortalité selon la cause, le sexe et le groupe d’âge de l’Institut de la statistique du Québec (2013), plus de 16 % des décès chez les jeunes de 15 à 19 ans seraient attribuables au suicide en 2006 comparativement à près de 25 % en 2009. En regard de ces statistiques, il s’agit également de la deuxième cause de décès chez les adolescents québécois, derrière les accidents de véhicules divers. L’augmentation du pourcentage de décès attribuables au suicide pourrait s’expliquer, entre autres raisons, par la diminution du pourcentage des autres causes de décès, telles que les accidents (2006 : 49,5 % vs 2009: 37,1 %). Les taux de suicide des 15 à 19 ans demeurent parmi les plus faibles taux de toutes les tranches d’âge, malgré l’importance du suicide parmi les causes de décès chez les jeunes. Dans la population générale, tous âges confondus, le suicide ne représente que 2 % des causes de décès, malgré des taux de suicide parfois beaucoup plus élevés (22,7 sur 100 000 chez les hommes et 6,7 sur 100 000 chez les femmes). Bien que, parmi toutes les tranches d’âge, le taux de suicide le plus bas soit chez les adolescents de 15 à 19 ans, sa responsabilité dans les causes de décès (deuxième en importance) de cette tranche d’âge mérite certainement notre attention.

Suicides complétés 

Par suicide complété, on entend tous les actes de lésions auto-infligées menant à la mort d’ un individu. On retrouve généralement les statistiques de cette catégorie dans les données des États relativement aux taux de décès par causes. Les taux de suicide indiquent le nombre de décès reliés à cette cause, le plus souvent sur un ratio de 100000 personnes. Les taux de suicide rapportés dans les statistiques des États (sociétés) dénombrent les suicides répertoriés officiellement, confirmés généralement par le bureau du coroner. On peut penser que, dans certains cas, ces taux pourraient être plus élevés, puisque tous les suicides ne sont pas rapportés officiellement comme cause effective du décès.

Au Canada, les statistiques nationales rapportent depuis des décennies un taux plus élevé de suicide au Québec qu ‘ailleurs au pays. Bien que les derniers chiffres de 2008-2009 soient indiqués à titre provisoire, l’ INSPQ dénote, dans la mise à jour de 2014, que pour les années 2007 à 2009, le taux de suicide de la population générale au Québec se situe à environ 14,0 pour 100 000 personnes, comparativement au taux de Il ,5 dans la population générale canadienne (INSPQ, 2014).

Suicides non complétés et autoagressions 

Les comportements suicidaires non fatals les plus courants sont connus sous les appellations « tentatives de suicide » et « idéations suicidaires» et s’ expriment selon divers degrés de gravité. Les comportements automutilatoires ne sont pas toujours reconnus par les chercheurs parmi les comportements suicidaires comme étant liés à l’intention de mettre fin à ses jours. Dans leur définition de l’ automutilation, Winchel et Stanley (1991) ne lient pas le geste à l’intention de mort consciente (Caillard & Chastang, 20] 0). Conséquemment, ce type d ‘ autoagression correspondrait davantage à la définition des comportements parasuicidaires, dont l’ objectif n’ est pas nécessairement la mort, mais plutôt un appel à l’ aide (Caillard & Chastang, 20] 0), indice d’ une souffrance. Néanmoins, ces comportements demeurent un facteur de risque important à considérer dans la problématique suicidaire (Hawton, Zahl, & Weatherall, 2003).

Conclusion 

Le but de notre travail était de réaliser une recension critique des écrits portant sur le thème du sommeil et d’ analyser plus spécifiquement les liens entre les troubles du sommeil et le taux de suicide chez les adolescents québécois.

Il ressort de cette analyse qu’ en plus de constituer des signaux d’ alarme, les troubles du sommeil chez les adolescents s’ inscriraient parmi les facteurs contributeurs et aggravants quant au risque suicidaire. Bien qu ‘ on ne puisse conclure qu’ à eux seuls les troubles du sommeil peuvent provoquer des comportements suicidaires, des liens importants entre certains facteurs de risque du passage à l’ acte tels que la consommation, l’ impulsivité ou la dépression, ont été présentés dans cet essai. Ainsi, nous croyons qu ‘en présence de perturbations de sommeil, les probabilités de présenter de la détresse psychologique sont augmentées. Conséquemment, le risque du passage à l’ acte suicidaire s’ en voit accru.

La contribution spécifique de cet essai réside dans la présentation de données récentes sur le suicide et sur le sommeil des adolescents québécois, sur des comparaisons statistiques mondiales et nationales, sur l’ établissement de liens avec plusieurs autres problématiques, ainsi sur que des recommandations cliniques visant les institutions québécoises, le rôle parental et la responsabilité personnelle des adolescents québécois.

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Table des matières

Introduction 
Contexte théorique 
Stades développementaux
Préadolescence
Puberté
Adolescence
Suicide chez les adolescents
Suicide chez les jeunes au Québec
Suicides complétés
Suicides non complétés et autoagressions
Sommeil
Structure du sommeil
Rythme circadien
Cycles de sommeil – le rythme ultradien
Sommeil lent
Sommeil paradoxal
Besoins en matière de sommeil
Troubles du sommeil à l’ adolescence
Insomnie
Trouble du sommeil lié au rythme circadien, type retard de phase
Prévalence
Origines des troubles du sommeil chez les adolescents
Biologiques et physiologiques
Environnementales
Comportementales
Émotionnelles et psychopathologiques
Conséquences des troubles du sommeil chez les adolescents
Développementales et cognitives
Consommation précoce de médicaments
Obésité
Émotionnelles et psychopathologiques
Discussion
Liens possibles entre les troubles du sommeil et le suicide chez les adolescents
Dépression
Impulsivité
Consommation
Genre
Trouble du sommeil: signal d’alarme ou facteur de risque?
Contribution spécifique du présent essai
Recommandations cliniques
Rôle des institutions
Implication parentale et responsabilité de l’ adolescent
Prévention du suicide
Recherche
Conclusion

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