GOUVERNANCE ET APPROCHE TERRITORIALE DU DEVELOPPEMENT

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Analyse conceptuelle

Le champ lexical de notre thème de recherche révèle un certain nombre de concepts dont il est important de clarifier le sens de leur opérationnalisation. Ainsi, nous avons retenu :
• Le territoire
Le territoire est avant toute définition un système. Et pourtant, il n’est jamais véritablement défini comme tel, même si certaines approches le sous-entendent. C’est dans ce sens qu’Alexandre Moine affirme que : « Le territoire doit aujourd’hui être abordé de manière globale, tant la recherche de consensus est nécessaire à toutes les étapes de son aménagement et de son utilisation21. » Ainsi, le territoire peut être considérer comme un espace délimité, approprié par un individu, une communauté sur lequel peut s’exercer l’autorité d’un Etat, d’une collectivité. Les territoires s’étudient donc en fonction des mailles de gestion de l’espace mais ils peuvent être emboités. C’est dans sens que Marc urbain Proulx cite Jean Louis Guigon dans son ouvrage intitulé territoires et développement : la richesse du Québec : « les territoires expriment les changements sociaux, économiques, politiques. Tous les projets de société sont des projets territoriaux. Par conséquent agir sur les territoires permet d’accélérer les mutations de la société 22».
Mais, comme nous venons de le voir, le territoire présente une double nature, à la fois matérielle et idéologique. Il s’agit de faire référence alors à l’espace géographique, sous-système du territoire et symbolique ou idéelle en relation cette fois avec les systèmes de représentation qui guident les sociétés dans l’appréhension qu’elles ont de leur « environnement
». Ainsi, comme le souligne Claude Raffestin : « le territoire est une réordination de l’espace […]. Le territoire peut être considéré comme de l’espace informé par la sémiosphère ». Comme le précise G. Di Méo : « le territoire est souvent abstrait, idéel, vécu et ressenti plus que visuellement repéré ».
Cette deuxième entrée fait donc référence aux processus d’organisation territoriale qui doivent selon Claude Raffestin, être analyser à deux niveaux : celui qui résulte de l’action des sociétés et également celui qui résulte des systèmes de représentations. En effet, comme le proposent F. Poulle et Y. Gorgeu en 1997 : « le sentiment d’appartenance n’est pas un héritage du passé mais l’adhésion à un projet ». Lorsqu’il y a territoire, l’appropriation est aussi importante que l’action locale, les deux phénomènes étant intimement liés et indissociables : « c’est le lieu de constitution d’une société historique et d’une possibilité de vivre ensemble ».23 De leur côté, les notions de territorialité et de territorialisation ont apporté une ouverture heuristique, contribuant à une amplification du territoire dans le dispositif conceptuel de la géographie.
• La territorialité
La territorialité qui exprime une relation au territoire, se déploie du collectif à l’individuel. A la fois aire d’extension d’une réalité politique autrement dit la territorialité du pouvoir, économique ou sociale, c’est ainsi que Raffestin relate que c’est la « multi dimensionnalité du vécu territorial » des individus, Ce qui fait dire Di Méo entre 1996 et 1999 qu’ elle s’inscrit dans une quotidienneté, qui pose la question de l’intentionnalité et de l’action par rapport à l’espace.
Ainsi, la territorialité se distingue de l’identité spatiale. Pour Denis Retaillé, l’identité spatiale est composée de deux termes, à savoir la territorialité et la géographicité.
• La territorialisation
Elle consiste en une appropriation qui peut être juridique et économique ou symbolique autrement dit le sentiment d’appartenance, de connivence. Territorialiser consiste donc à projeter un système d’intentions humain sur une portion de la surface terrestre, laquelle peut être qualifiée justement d’espace. Il s’agit des processus qui permettent aux systèmes territoriaux de production de maintenir ou de prendre leur capacité autonome de développement.
• Dynamiques locales
Dynamiques locales veut dire donc l’évolution d’un espace géographique occupés par les hommes, sur le plan socio-économique, sur le plan politico-institutionnel et environnemental.
• Le développement local
« Pour explorer le sens du développement territorial, on peut tout d’abord remonter à sa source, et plus exactement à l’expression qui l’a immédiatement précédée dans les discours relatifs au développement des territoires, à savoir le développement local. Le développement local mise avant tout sur les initiatives locales. Ce caractère local induit un fondement territorial du développement. »24
Selon Djibril DIOP dans son ouvrage intitulé la décentralisation et gouvernance locale : quelle pertinence pour le développement local. Le concept de développement local est né dans les années 1960-1970 en France. Au Sénégal, ce concept est perçu avant tout pour décrire les actions aussi diverses, entreprissent par les ONG, les organismes déconcentrés de l’Etat ou encore les collectivités locales en direction d’une localité. Pour d’autres encore, ce mouvement est lié à diverses dynamiques locales dans le cadre de collectivités locales ou non, notamment par la multiplication d’initiatives au travers de réseaux associatifs.25
Ceci dit, tenter de définir ce qu’est le développement local dévient un pari hasardeux. Car selon Lelievre C. en 1997 cité par Djibril Diop « ceux qui s’y s’exercent, utilisent en général des mots barbares » comme « développement endogène, de synergies, de partenariat complexes, de territoire pertinent. Au bout du compte, ces définitions compliquent d’avantage les choses ». 26 Selon toujours Lelievre C. au « développement par le haut » s’opposerait un autre mode de développement ou il s’agirait de partir des possibilités des individus en les élargissant les uns aux autres, en suscitant, à travers les territoires, des projets de développement qui mettent en synergies les ressources et les volontés au niveau local à partir des besoins ressentis.
Tenant compte de cette insuffisance, au vue de cette étude, nous allons retenir ensemble que le développement local est un processus par lequel, les initiatives entreprises par un ou plusieurs acteurs, pour la valorisation sociale et culturelle, mais surtout économique d’un territoire en vue d’améliorer les conditions d’existence de sa population.

CADRE METHODOLOGIQUE

Elle est une phase importante dans une recherche. Elle relate les différentes étapes pour mener à bien notre étude. La méthode adoptée dans le cadre de cette étude commence par une revue documentaire qui permet de recueillir des données secondaires ; puis une descente sur le terrain pour recueillir des données primaires auprès des ménages et des personnes ressources ; enfin l’exploitation des données. La faisabilité de ces étapes se fera grâce à l’utilisation de quelques outils : le questionnaire, le focus group et le guide d’entretien.

Revue documentaire

Plusieurs idées ont été émises par les auteurs sur les questions de collectivités locales, de décentralisation au Sénégal mais le développement territorial a été traité par des ouvrages généraux. Cependant, il n’existe pas d’ouvrages qui traitent spécifiquement les questions de développement territorial et de décentralisation dans la commune de Porokhane. Pour mieux comprendre les détails de notre sujet nous avons consulté des ouvrages qui ont traité le développement territorial de manière général et des ouvrages qui ont traité la décentralisation et le développement local au Sénégal et ailleurs dans les centres de recherches suivants :
• La bibliothèque centrale (BU),
• Groupe de Recherche et d’Appui au Développement (GERAD),
• Bibliothèque du département de géographie,
• l’Ecole Nationale d’Economie Appliquée (ENEA),
• Centre Suivi Ecologique (CSE),
• l’Environnement Développement Afrique / Tiers mondes (ENDA),
• Ministère de l’Aménagement du Territoire et des Collectivités Locales (MATCL)
• l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) via leurs sites de recherche
tels que scholarvox AUF, savoirenpartage, harmathéque.
Voici un certain nombre de documents généraux et spécifiques, consulté dans ces centres de recherches.
Ndiaye. D-S (2009), dans son document sur la gouvernance locale et la gestion décentralisée des ressources naturelles au Sénégal, 311 pages. Il évoque la question de la gestion foncière et des ressources naturelles dans les collectivités locales du Sénégal dont entre autre le département de Nioro du rip où se trouve la commune de Porokhane. Ce document relève l’essentiel des conflits et difficultés liés à la gestion des ressources naturelles et du foncier dans onze ancien communautés rurales du Sénégal. Du fait que la commune de Porokhane appartient à ce département, elle nous a permis d’identifier les axes d’intervention et les stratégies à adopter par les nouvelles autorités locales pour régler les problèmes liés à la question du foncier et des ressources naturelles qui constituent le socle de tout développement territorial.
En effet, il faut souligner que ce document traite de manière générale notre projet de recherche. Le document est une compilation d’un ensemble de séminaires et de CRD dans onze collectivités locales du Sénégal.
Hoeffel (D), Septembre 1996, la décentralisation en France, 432 pages. Cet ouvrage retrace l’état des politiques publiques et la dynamique des reformes locales, dans la dimension européenne. Elle montre de manière générale leurs efficacités et les difficultés qu’elle rencontre au niveau local. Ce document ne traite pas de manière particulière le développement territorial mais il nous a permis d’avoir une connaissance générale sur les enjeux et les contraintes de la décentralisation dans le développement des territoires.
Dans la même logique, l’ouvrage de Jacques(B) et Bruno(R), 1995,700 pages, nous a permis de connaitre l’avenir des collectivités locales et les finalités de la décentralisation dans les collectivités territoriales de base. Cet ouvrage définit les modalités d’interventions et les conséquences qui en découlent. En outre, il montre aussi le caractère relatif et absolu des services publics décentralisés de l’Etat. Ce document traite les questions de dynamiques de la décentralisation qui constitue une bonne partie de notre thème de recherche mais il faut souligner que le document ne traite pas le développement territorial de manière spécifique.
A l’ENDA, nous avons consulté un rapport de l’enda ecopop, 2005, sur les droits de la personne et gouvernance locale en collaboration avec le ministère des collectivités et de la décentralisation. Ce rapport traite les droits des populations locales en matière de gestion des affaires publiques au niveau locale, c’est dans ce sens qu’il affirme que « le principe général de la décentralisation au Sénégal se résume en deux mots, liberté et proximité. Elle repose sur l’autonomie des collectivités locales ». Ces propos sont étayés par l’article 102 au terme duquel « les collectivités locales constituent le cadre institutionnel de la participation des citoyens à la gestion des affaires publiques. Elles s’administrent librement par des assemblés élues ».40
Ce rapport de l’ENDA, va dans le même sens que l’ouvrage de John Clayton Thomas, 1995, intitulé action publique et participation des citoyens : pour une gestion démocratique revitalisée. Cet ouvrage va plus loin sur la question en considérant que la participation et l’engagement des citoyens comme un défi à relever car la façon dont les dirigeants prennent les décisions doivent changés. Selon lui « il n’est plus acceptable que celle-ci soient le fait d’un petit nombre de personnes puissants qui prétendent agir au nom du grand nombre tout en refusant de l’impliquer dans les délibérations41. ». En outre, il souligne que la participation populaire ne peut être effective qu’avec l’enseignement des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Ces deux documents nous ont permis de savoir la question de la participation citoyenne dans la décentralisation des actions publiques au niveau local.
Ainsi, Mamadou Niang, 2004, dans son article intitulé la décentralisation au Sénégal (enjeux et perspective) parut en 2008, montre que « le concept de décentralisation est polysémique, chargé et parfois plein d’ambiguïté. Dans certains aspects, la décentralisation peut ressembler à la déconcentration, à la délégation dont elle diffère dans les objectifs et la nature »42.En outre, il nous a fait un rappel historique de la décentralisation au Sénégal tout en montrant ces enjeux politique, économique, social et culturel de la décentralisation. Cet article est une base pour faire une bonne analyse des enjeux de l’acte 3 de la décentralisation au Sénégal. Cet article traite l’historique de la décentralisation au Sénégal mais aussi ces enjeux en matière de développement territorial avec la communalisation intégrale.
L’article d’Alain Piveteau, 2005, décentralisation et développement local au Sénégal, va dans la même perspective. Dans cet article, tiré de revue Tiers Monde numéro 181, 240 pages, Piveteau Alain se demande si «la décentralisation en Afrique de l’ouest facilite- t-elle le développement local 43». Ce qui montre ainsi que l’examen de la situation du Sénégal souligne les enjeux et les difficultés d’une maitrise décentralisée des actions publiques et des programmes de développement. A partir du cas du Sénégal, le présent article se penche sur les interactions et synergies possibles des dynamiques entre décentralisation et le développement local au Sénégal. L’article de Jean-Christophe DEBERRE 2007/1 (n° 221) a abordé le même thème en montrant les démarches pour construire le développement à la base. Selon DEBERRE « la notion de développement local est née en France de la prise de conscience que les politiques d’aménagement du territoire mises en œuvre pour corriger les grands déséquilibres géographiques et socio-économiques ne pouvaient trouver leur pleine efficacité qu’en s’appuyant sur une structuration des populations locales (….) et à valoriser les ressources des territoires par et pour les groupes qui l’occupent ».44
Grigori Lazarev et Mouloud Arab, 2002, dans son ouvrage intitulé développement local et communautés rurales, considère que « le développement local est une stratégie de promotion de l’urbanisation intermédiaire et de diversification des emplois offerts aux ruraux, enfin des stratégies de gestion des ressources naturelles ». 45En outre, il présente la notion de « développement local » dans les approches méthodologiques et les instruments de travail pour une mise en pratique des processus et des programmes d’action qui y sont associés.
Rosnert Ludovic, 2008, dans son ouvrage intitulé les défis du développement local au Sénégal, montre les tares des politiques publiques en Afrique noire. En outre, il montre aussi l’origine de l’échec des alternatives de développement locale au Sénégal. Cet ouvrage nous a permis de comprendre les problèmes liés à l’échec des initiatives de développement en Afrique et au Sénégal en particulier.
De manière générale, les ouvrages sur la décentralisation et le développement local au Sénégal et ailleurs traitent pratiquement les mêmes aspects. On constate aussi que ces ouvrages ne traitent pas de manière spécifique le développement territorial au Sénégal. De ce fait, certains auteurs ont traité la question du développement territorial de manière général. Parmi eux on peut retenir : Sylvie Lardon(AL), 2001, dans son ouvrage intitulé Représentations spatiales et Stratégies de développement territorial, nous rappelle les enjeux du développement territorial et la problématique des dynamiques spatiales. Cet ouvrage montre les différents fondements du développement territorial. Ce document nous aborde l’objectif principal de notre thème de recherche.
Christel Alvergne, 2008, abonde dans le même sens que Sylvie Lardon (AL) dans son ouvrage intitulé, les défis des territoires. Il pense que la valorisation des potentialités locales est un préalable pour tout développement territorial. Ainsi, il montre comment l’Afrique peut passer de la « géographie spatiale » à la « géographie des territoires » pour éradiquer les disparités spatiales. Amadou Diop, 2012, dans son ouvrage intitulé contribution pour une politique d’aménagement du territoire et de développement des territoires du Sénégal, montre les pistes pour faire émerger des régions fortes pouvant atténuer les disparités spatiales constatées depuis l’époque coloniale. Ainsi, il soutient que : « répondre l’impératif de reéquilibrage des fonctions territoriales qui passent par une politique d’aménagement globale et intégrée, pensée en fonction des spécificités et des potentialités de chaque région mais avec une vision d’ensemble, prenant en compte l’équilibre au plan national ». 46 Mamadou Dior Diaw, 2013, dans son article intitulé le Sénégal dans une dynamique d’approche territoriale du développement, met l’accent sur la problématique du développement sous l’angle de la dimension spatiale en faisant référence aux relations entre les dimensions économiques, sociales et environnementales. Ainsi, un regard territorial est de nature à appréhender différemment ce qui constitue le socle du développement.
Toutes ces études ont abordés la question des dynamiques locales, de la décentralisation et du développement territorial en général et au Sénégal en particulier. Ceux qui nous ont orientés dans nos travaux de recherche. Nous avons fait aussi des recherches sur internet qui nous a fourni des documents importants sur la décentralisation et le développement local au Sénégal et ailleurs.

La collecte des données

L’observation directe

Pour réaliser et entrer dans le quotidien des populations, nous avons visité certaines familles et personnes ressources. Nous les avons assistées dans leur travail au quotidien. Ainsi, en étant avec eux, il nous a été possible de comprendre leur vie, leurs habitudes, leurs désirs pour leur zone. Elle a été directe et participative et permet de faire un diagnostic très sommaire du milieu et des activités qui y sont pratiquées. L’observation a permis de pouvoir faire des confrontations entre les données quantitatives recueillies et l’état des lieux surtout par rapport aux activités qui sont facteurs de développement territorial

TERRITOIRE ET TERRITORIALITE

L’HISTORIQUE DE POROKHANE

Située à quelques encablures de la frontière avec la Gambie, la commune de Porokhane est séparée du chef-lieu de département, Nioro du Rip par huit kilomètres. L’histoire de Porokhane et celle de la communauté mouride sont intimement liées. De ce constat, il est impossible de faire l’historique de Porokhane sans toucher la communauté mouride qui est actuellement majoritaire dans la cité religieuse de Mariama Bousso47.
Il est important de souligner que l’histoire de Porokhane remonte loin vers les années 1848 au moment où Maba Diakhou Ba, débarrassant le Badibou48 de toute influence et domination païennes, impose à ces sujets les pratiques islamiques, refuse toute négociation sur la guerre qu’il menait contre les soninkés « récalcitrants » dont le régime politique était maintenu grâce aux pillages de la propriété d’autrui. C’est en ce moment que l’Al mamy du Rip fait des visites dans les villages aux alentours de Nioro dont Porokhane. Durant cette période, beaucoup de guides religieux fréquentaient le village de Porokhane dont EL Hadji Omar Tall, Momar Anta Saly Mbacké, Maba Diakhou Ba ce dernier avait des soldats dans le village.
Ainsi par le Jihad, Maba Diakhou Ba construit des villages religieux en y installant des hommes capables de vulgariser le message coranique. C’est dans cette optique qu’il amena Mor Anta Saly père d’Ahmadou Bamba. Ainsi, il obtient la confiance de l’Al mamy du Rip qui lui ouvre une école coranique et lui confie l’éducation de son propre fils Saer Maty. Malheureusement à la suite de la mort de la mère d’Ahmadou Bamba, nommé Mariama Bosso, la famille retourne à Patar dans le Baol, puis à Mbacké Cayor de 1871 à 1878. Deux ans après le père d’Ahmadou Bamba, nommé Mor Anta Saly, meurt en 1880 laissant ces propos :
« continue d’apprendre le Coran et les textes sacrés, lui avait dit-il, le pays est, en ce moment dans une situation confuse. Le seul moyen que tu as d’aider les autres et d’aider toi-même sera de fuir les choses du monde. Veille sur tes frères ; je te les confie car c’est à toi que j’ai le plus de confiance. Aide-les à acquérir les qualités qui sont les tiennes » nous rapporte Moussa Mbacké49.

Les facteurs sociaux et religieux

Le dynamisme sociétal et religieux a joué un rôle fondamental dans le processus de construction de la commune de Porokhane. Ceci a commencé depuis la création du village dans les années 1800 53jusqu’à nos jours. Les étapes les plus marquantes de ce processus sont parties du village de Porokhane avec l’arrivée de Mame Mor Anta Sally grand père de l’actuel calife de Porokhane dans le village. Avec l’arrivée du marabout, le village qui était considéré auparavant comme les autres villages de son temps, a pris une nouvelle allure constituant ainsi un point focal pour la construction du territoire jadis habité par quelques peuples qui s’enfuyaient la répression de Maba Diakhou Ba, l’Al mamy du Rip.
La construction du territoire s’est fait de manière progressive dans le temps et dans l’espace principalement autour du village de Porokhane. Les premiers villages furent construits vers 1800. Ces villages sont constituées majoritaire de villages peulhs. Parmi ces villages on distingue Keur Yougo, Keur Yoro Sy, Porokhane toucouleur, Mamby toucouleur, Sam coumba, Sam Abdou, Sam toubay, Keur Mary et Darou Mouniaguene. Ce dernier était le seule village wolof à l’époque installé près du village de Porokhane. Ces peuples peulhs étaient installés autour de la cité religieuse pour avoir un lieu d’abreuvement pour leur bétail mais aussi pour s’enfouir les représailles du roi de Nioro du Rip.
Ces peuples peulhs grâce au mariage, ont fondé un cordon ombilical autour de Porokhane. Ce cordon s’est réalisé par la reproduction des villages peulhs. Par exemple cette reproduction est partie du village du keur Yoro Sy qui a donné naissance au village de Porokhane toucouleur et ce dernier donna naissance au village de Mamby toucouleur. A ceux-ci s’ajoutent les trois Sam installés au Nord-Est du village de Porokhane. Ces peulhs bénéficieraient également des allégeances du marabout dans le domaine agricole et religieux car toutes les ethnies étaient bien intégrées dans la famille religieuse. Ces facteurs ont été déterminants dans le processus de construction de la commune de Porokhane sans oubliés les facteurs économiques.

Les facteurs économiques

Les énormes potentialités agricoles et d’élevage mais aussi culturelles ont contribués au processus de construction socio-spatiale de la commune de Porokhane. A partir de 1966, Serigne Moustapha Bassirou fils du marabout en fait de la réorganisation du village une de ses priorités. Ainsi, en 1972 il ajouta à cette localité essentiellement spirituelle un cachet économique. A cet effet, il réalisa une exploitation agricole découpée en blocs de plusieurs hectares.54
Comme dans tout le bassin arachidier, on y cultive du mil, du maïs, de l’arachide mais aussi du riz pluvial. A cela s’ajoute les essais très concluants qui ont permis de faire des cultures maraichères comme le melon, le pastéque, le gombo, la pomme de terre. Cela a permis de diversifier les cultures traditionnelles sur des centaines d’hectares. Il est aussi utile de préciser que les premières activités maraichères ont été effectuées dans le verger autonome du chef religieux situé à l’extrême nord-ouest du village à quatre kilomètre de la grande exploitation.
Tout cela a été rendu possible grâce à d’importantes ressources en eau assurées par l’hivernage, l’eau du forage, un puit artisanal mais aussi à la qualité et à l’engagement d’un personnel nombreux et discipliné sans parlé de la volonté du maitre des lieux qui était parfaitement conscient des enjeux et des retombés pour l’ensemble des populations.
Ces activités économiques ont très tôt attiré beaucoup de populations en particuliers les fidèles mourides. Ces populations sont venues s’installer dans le territoire pour développer eux aussi leurs propres activités en s’inspirant du modèle développer par le marabout sur son terroir. Ainsi, cette dynamique économique accéléra le processus de production du territoire jusqu’à l’avènement de la décentralisation de 1972. Cette dernière érigea ainsi le village en communauté rurale. Ce statut donna ainsi au village un cachet institutionnel et religieux. Cette dernière a beaucoup joué sur la transformation du village.

Les facteurs institutionnels

Envisagée à l’époque coloniale, la création des communautés rurales a connu ses prémisses avec la loi 60-015 du 13 janvier 1960 portant Réforme de l’organisation de l’administration de la République. C’est la loi 64-46 de 1964, relative au domaine national qui, en y faisant allusion dans plusieurs de ses articles, notamment l’article 8, fixe quelques principes de son organisation : « les terres de la zone des terroirs rurales sont affectées aux membres des communautés rurales qui assurent leur mise en valeur…ces communautés sont créés par décret sur proposition du gouverneur après avis du conseil régional de développement … 55».
Selon l’article premier de la réforme de l’administration territoriale, La communauté rurale est constituée par un certain nombre de villages appartenant au même terroir unis par une solidarité résultante notamment du voisinage possédant des intérêts communs et capables de trouver les ressources nécessaires à leur développement. La communauté rurale est une personne morale de droit public dotée de l’autonomie financière. Ces organes représentatifs sont le conseil rural et le président du conseil rural qui exercent en son sein, les attributions définies par la présente loi.56 Cette réforme de l’administration territoriale et locale entrée en vigueur en 1972, a pour objectif :
– La décentralisation des institutions administratives,
– La participation responsable des groupements socio-économique,
– La déconcentration de certains pouvoirs de décision en faveur des gouverneurs, préfets et sous-préfet.
La communauté rurale est au centre de la réforme de 1972. Elle mérite une attention toute particulière dans le cadre de notre étude car la communauté rurale de Porokhane a été créée dans le cadre de cette réforme de l’administration territoriale. Les textes de référence de la création de communauté rurale sont :
– La loi n° 72. 02 du 1 er février 1972 qui institue, notamment les communautés rurales en tant que collectivités rurales,
– La loi n° 72. 25 du 19 avril 1972 relative aux communautés rurales,
– La loi n° 72.27 du 26 mai 1972 notamment en ce qu’elle fixe la représentation des communautés rurales dans les conseils d’arrondissements,
– Le décret n° 72. 636 du 29 mai 1972 relatif aux attributions des chefs de circonscriptions administratives et des chefs de villages,
– Le décret n° 72. 761 du 24 juin 1972 portant création des communautés rurales dans la région de Thiès57.
Porokhane quand elle, fait partie des territoires du sine-Saloum qui étaient érigés en communautés rurales en 1974, par décret d’application 74-136 du 09 février 1974. En 2013, elle est érigé commune rurale par la loi sur l’Acte 3 de la décentralisation.

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Table des matières

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
AVANT PROPOS
INTRODUCTION GENERALE
I. CONTEXTE ET JUSTIFICATION
1.1. Contexte de l’étude
1.2. Justification de l’étude
II. PROBLEMATIQUE
2.1. Analyse conceptuelle
2.2. Objectif de l’étude
2.3. Hypothèse de travail
III. CADRE METHODOLOGIQUE
3.1. Revue documentaire
3.2. La collecte des données
3.2.1. L’observation directe
3.2.2. Les enquêtes de terrain
3.2.2.1. Les enquêtes ménages
3.2.2.2. Les enquêtes auprès des marchands
3.2.2.3. Le focus group
3.2.2.4. Le guide d’entretien
3.3. Traitement des données et rédaction
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA COMMUNE RUTRALE DE POROKHANE
CHAPITRE I : TERRITOIRE ET TERRITORIALITE A POROKHANE
I. L’HISTORIQUE DE POROKHANE
II. LA CONSRUCTION DU TERRITOIRE
2.1. Les facteurs sociaux et religieux
2.2. Les facteurs économiques
2.3. Les facteurs institutionnels
CHAPITRE II : CADRE PHYSIQUE ET ASPECTS DEMOGRAPHIQUES
I.CARACTERISTIQUES PHYSIQUES
1.1. Relief, sols et le climat
1. 2. Les ressources hydrographiques
1.3. Les ressources forestières
1.4. Le Zonage de la commune
II : LES ASPECTS DEMOGRAPHIQUES
2.1. La structure par sexe et par age
2.2. La répartition de la population par éthnie
2.4. Les catégories socioprofessionnelles
DEUXIEME PARTIE : DYNAMIQUES TERRITORIALES
CHAPITRE I : DYNAMIQUES ECONOMIQUES
I. L’AGRICULTURE
II. L’ELEVAGE
III. LES CONTRAINTES DU SECTEUR PRIMAIRE
IV. LE COMMERCE
3.1. Le marché de Porokhane
3.2. Le marché hebdomadaire
3.2.1. Le rôle du marché hebdomadaire
V. LES CONTRAINTES DU COMMERCE
CHAPITRE II: DYNAMIQUES SOCIALES
V. LES EQUIPEMENTS SOCIAUX
a. Les équipements sanitaires
b. Les flux sanitaires
1.2.1. Les Flux sanitaires vers le poste santé de Porokhane
1.2.2. Les sanitaires vers le poste de Keur Moussa frontière
1.2.3. Les flux sanitaires le poste de santé de keur Sountou
c. Les contraintes dans le domaine de la santé…..
1.4. Les équipements scolaires
1.5. Les flux scolaires
1.5. 1. Les flux scolaires de la Gambie vers la commune de Porokhane
1.6. Les contraintes dans le domaine de l’éducation
1.7. Les équipements hydrauliques
1.8. Polarisation des forages
1.9. Les contraintes d’accès à l’eau
1.10. Les infrastructures routières
II. REVENUS DES MENAGES
CHAPITRE III : DYNAMIQUES RELIGIEUSES
I. L’ORGANISATION RELIGIEUSE DE LA COMMUNE
1.1. La secte Tidiane
1.2. La secte mouride
1.2.1. Le mausolée et le puit de Mame Diarra Bousso
1.2.2. Le puit de de Mame Diarra Bousso
1.2.3. Le magal de de Mame Diarra Bousso
TROISIEME PARTIE : GOUVERNANCE ET APPROCHE TERRITORIALE DU DEVELOPPEMENT
CHAPITRE I : ACTEURS, GOUVERNANCE LOCALE ET TERRITORIALE
I. ANALYSE DU ROLE DES ACTEURS
1.1. Les services Etatiques
1.2. La municipalité
1.2.1. Les ressources humaines
1.2.2. Les ressources financières
1.3. La société civile
1.3.1. Les groupements d’intérêts économiques
1.3.2. Les comités de gestion
1.4. Les partenaires au développement
CHAPITRE I : GOUVERNANCE LOCALE ET TERRITORIALE
I. LA GOUVERNANCE LOCALE
II. LA GOUVERNANCE TERRITORIALE
CHAPITRE II : APPROCHE TERRITORIALE DU DEVELOPPEMENT
I. STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT TERRITORIAL
1.1. Impulsion d’un pôle territorial économique
1.1.1. Promouvoir la chaine de valeur du primaire
1.1.1.1. Valoriser le potentiel agricole
1.1.1.2. Assurer la productivité de l’élevage
1.1.1.3. Soutenir l’exploitation forestière
1.1.2. Développer les secteurs économiques porteurs
II. PERSPECTIVEMENT DE DEVELOPPEMENT
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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