La sémiologie psychomotrice des troubles du spectre autistique

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LA PREMIÈRE RENCONTRE 

La première fois que je rencontre Jean Luc, un éducateur l’accompagne jusqu’à la salle de psychomotricité dans laquelle je me trouve avec mon maître de stage. Il vient à l’heure et frappe à la porte. Il entre dans la pièce, j’essaye de croiser son regard mais je constate qu’il fuit le mien, comme si celui-ci pouvait être dangereux, cela me laisse quelque peu démunie. Il ne semble pas vouloir entrer en contact avec moi. Je le salue, il ne me répond pas.
Le psychomotricien explique qu’il aimerait lui proposer deux exercices pour observer l’organisation psychomotrice de Jean Luc. Premièrement, il l’invite à reproduire des gestes avec les mains en miroir, les mouvements sont inspirés de l’EMG12 . Jean Luc est très volontaire et exécute immédiatement la consigne. Il observe les gestes et les reproduit parfaitement mais ne regarde pas le psychomotricien dans les yeux. Je constate que la réversibilité est intégrée. Puis, comme convenu en amont avec le psychomotricien, je lui propose de reproduire un rythme que j’induis en frappant des mains, il y parvient sans difficulté. Cet exercice s’inspire du test sur le rythme de Mira Stamback13. Je cache mes mains en me retournant pour accentuer la difficulté et retirer le repère visuel, cela ne change aucunement son résultat : il réussit très bien. Par ailleurs, j’observe quelques balancements, il ne me paraît pas très à l’aise, il utilise sa vision périphérique. Le psychomotricien lui propose le test des somatognosies de Bergès14. Jean Luc montre sur son corps les parties proposées par le professionnel. Il réussit globalement bien, en revanche je repère des difficultés concernant les articulations, il a du mal situer son coude, ses genoux et ses hanches.
Le psychomotricien lui propose une dernière activité. Il invite Jean Luc à s’installer sur un tonneau en plastique et se place derrière lui. Le professionnel lui propose de se balancer et de déposer ses épaules dans les mains du psychomotricien, prêtes à le réceptionner. Jean Luc est très volontaire mais a beaucoup de difficultés à se laisser basculer, il a de nombreuses syncinésies bucco-faciales15 . Je constate une grande crispation au niveau des membres inférieurs et particulièrement des pieds. C’est comme s’il cherchait par eux à s’accrocher au sol. J’observe que son corps est extrêmement raide et tendu. Chacun de ses muscles sont contractés, ses jambes paraissent très toniques, la flexion n’est pas fluide, ses poings sont serrés, sa mâchoire est crispée et laisse apercevoir ses dents serrées, offrant alors un sourire figé. Il semble très hypertonique. La prise en charge ne dure que 15 minutes mais cela semble suffisamment long pour Jean Luc qui va régulièrement se rapprocher de la porte en faisant des allers-retours sans pour autant la franchir, donnant l’impression de vouloir quitter la pièce à plusieurs reprises. Ce qui m’a le plus frappé lors de cette première rencontre, au delà de l’hypertonie prégnante, c’est le son de sa voix que je n’ai quasiment pas entendu. Cela donne l’impression que les mots sont présents (qu’il sait mentalement ce qu’il veut répondre) mais que l’acte de parler, de prononcer un son, est physiquement et émotionnellement trop complexe. Il répond parfois « oui » s’il ne peut se faire comprendre autrement. Il utilise beaucoup la communication non verbale, avec des gestes et des expressions faciales. Ce qui est dit sur Jean Luc depuis plusieurs années auprès de l’équipe soignante revient souvent à ce qu’il provoque chez les gens au premier abord. En effet, la fixité de son regard perçant, le besoin de se cacher le visage sous une capuche permanente, le froncement de ses sourcils peut provoquer un certain malaise.

S’APPRIVOISER : QUAND LE TOUCHER EST PERÇU COMME UN DANGER

Nous avons commencé par des séances de psychomotricité d’une durée de 15 minutes. Au début du suivi, avant la fin de la séance, Jean Luc vient souvent attendre devant la porte et semble trouver le temps long. Il observe beaucoup mais ne parle quasiment pas, il reste dans une posture de retrait, il est cependant très volontaire et désireux de bien faire.
Les premières séances ont consisté à tisser une relation de confiance et favoriser l’alliance thérapeutique tout en observant les capacités et les difficultés de Jean Luc afin d’affiner le projet thérapeutique. Ces objectifs ont pu être réalisé grâce aux tests étalonnés19 mais également par le jeu. Par exemple, nous lui proposions de dessiner un parcours que nous venions de créer ensemble, de l’effectuer et de représenter son trajet sur le dessin. Puis, nous l’invitions à dessiner un chemin et à nous guider verbalement. Jean Luc utilise très peu de mots mais communique efficacement de manière non verbale, il sait se faire comprendre. Il pointe les éléments, fronce les sourcils pour exprimer un refus, hausse la tête pour affirmer un propos etc. Lors d’un des parcours, une épreuve à l’espalier est proposée. Je suis alors très étonnée par la façon dont il se déplace pour grimper à l’échelle comme s’il n’était qu’un bloc, il se hisse alors à l’aide de ses bras tendus, aucune flexion des membres inférieurs n’est repérable.
Lors des séances suivantes, il reprend cette montée à l’espalier à chaque début de prise en charge, comme un rituel lui permettant de se rendre disponible au travail. Ce temps est important pour lui, il s’isole, loin de la relation et des regards. Il ne fléchit toujours pas ses genoux et présente une grande hypertonie.
Il s’amuse à tenir en équilibre sur une boule chinoise20. Il tient très longtemps, son état tonique lui permet de rester immobile en étant gainé et agrippé à la balle. Avec le psychomotricien, nous comptons le temps passé avant que Jean Luc ne repose ses pied au sol tout en valorisant ces performances. Cela semble le rendre très fier et nous permet d’installer une certaine complicité à travers ce jeu, qu’il reprendra régulièrement au cours des premières séances.
D’un point de vue de la temporalité, je remarque qu’il semble complexe pour Jean Luc de rester un long moment en relation. Il fuit littéralement la séance dès qu’il comprend que la fin approche. Il ne nous salue pas, ne se retourne pas et ferme la porte. Je sens qu’il marque une certaine distance, comme s’il pressentait un danger et qu’il fallait surtout que nous respections son espace, ce que nous mettons en application avec précaution. Toutefois je remarque que Jean Luc semble dans une autre proximité avec le psychomotricien qu’il connaît déjà de vue (travaillant depuis de longues années dans l’institution) par rapport à la relation qu’il entretient avec moi. Après la cinquième séance, j’ai l’impression que Jean Luc réussit plus facilement à croiser mon regard. Il me regarde davantage dans les yeux lors de nos divers échanges, en utilisant à certains moments sa vision centrale. Il vient dans la salle le matin quand il arrive afin de saluer le psychomotricien et observe si je suis dans cet espace pour venir me saluer également.
Il me semble intéressant d’évoquer un moment important de la prise en charge. Lors d’une fin de séance, le psychomotricien se met à chanter « À la semaine prochaine cher Jean Luc » avec une mélodie spontanée et entraînante. Jean Luc, pris d’une excitation crie quelques mots inaudibles. Nous sentons, à l’émission de ce son spontané et fort, un réel plaisir, un certain lâcher-prise, le premier depuis le début de son suivi. Cela se confirme juste après : sur le visage de Jean-Luc naît un large et authentique sourire. Sa bouche n’est pas crispée comme lorsqu’il faisait des sourires figés, les dents serrées. Nous lui avons demandé ce qu’il venait de dire mais il avait déjà quitté la pièce très rapidement comme à son habitude sans se retourner. Nous avons ressenti alors comme un relâchement du contrôle omniprésent sur cette voix qui paraissait jusqu’alors bloquée.
Au retour des vacances de la Toussaint, Jean Luc semble capable de rester plus longtemps en séance. Nous décidons de les faire durer le temps imparti, c’est à dire 30 minutes. Lorsque Jean Luc entre dans la salle de psychomotricité il déambule, me fuit du regard, je le salue, il me serre la main tout en regardant en vision périphérique. Il se rapproche de la porte comme s’il voulait repartir. Cela semble insoutenable pour lui. Quant à moi, j’ai l’impression que ces vacances ont remis une certaine distance dans la relation. Il faudra alors au moins deux séances pour qu’il puisse réinvestir cette relation et que les échanges de regards et la communication s’installent de nouveau. Cela montre une certaine fragilité relationnelle mais une rapide réadaptation possible. Le psychomotricien propose à Jean Luc l’expérience permettant de favoriser le lâcher prise et le relâchement tonique, déjà effectuée lors de notre première rencontre21. Jean Luc s’assoit sur un tonneau rouge et commence à se balancer. Le professionnel l’invite à se laisser tomber dans ses bras en se plaçant juste derrière lui. Jean Luc a beaucoup de difficultés, il serre les dents mais il tente d’essayer de se jeter en arrière à plusieurs reprises. Il est extrêmement tonique. Il réussit légèrement mais cela semble très complexe pour lui, il fait preuve de courage. Le psychomotricien m’invite à mon tour à refaire cet exercice avec Jean Luc. Je me place derrière lui afin qu’il essaye une nouvelle fois l’exercice. Il ne semble pas convaincu par l’expérience car il fronce les sourcils. Après une démonstration avec le psychomotricien (pour prouver à Jean Luc que je suis en capacité de le rattraper) nous lui proposons à nouveau l’exercice. Il commence à se balancer mais je le sens extrêmement tonique. Il est recroquevillé et en flexion du tronc, je sens les tensions dans le bas de son dos. C’est la première fois que je prends contact avec son corps par le toucher. Ses épaules sont en tensions et ses muscles dorsaux contractés. J’ai l’image d’un bloc de bois dur et immobile. Je ressens à travers ce premier contact d’importantes tensions corporelles. À travers le dialogue tonique, je sens que mon corps se raidit également, mes bras qui le rattrapent sont à leur tour très toniques et certaines tensions corporelles commencent à s’installer dans mes membres supérieurs. Le psychomotricien propose de positionner un Fatboy22 juste derrière le tonneau et j’invite Jean Luc à déposer l’entièreté de son corps dessus. Le professionnel lui fait une démonstration en se laissant tomber en arrière sur le coussin. Cela laisse Jean Luc très perplexe au départ, cependant progressivement il se laisse tenter par cette expérience et se laisse tomber délicatement en contrôlant sa chute sur le Fatboy. Il est crispé, des petits sons de soulagement s’échappent alors de sa bouche. Ensuite, il recommence et à chaque fois il vérifie en amont la présence du coussin. Il semble prendre du plaisir, il esquisse un sourire et réitère inlassablement l’expérience.

LES PREMIÈRES EXPÉRIENCES DE CHUTE PERMETTANT UN TOUCHER MÉDIATISÉ

Lors d’une des séances, alors qu’il reprend l’expérience de chute, en se laissant chuter sur le Fatboy, il fronce les sourcils, son visage exprime une émotion de colère ou de malaise. Il se met dans une position qui me questionne car je la trouve particulièrement inconfortable : il est crispé et ses bras sont repliés en croix sur son corps comme s’il voulait se faire un câlin. À travers cette position, j’imagine qu’il se trouve dans une recherche de repli sur soi, qu’il éprouve un besoin de contenance. Sa mâchoire est serrée et il semble très gêné. Je lui demande ce qu’il a et il me répond « froid », j’essaye de mieux comprendre ce qu’il ressent en le questionnant davantage mais il répond une nouvelle fois « froid ». Il se relève et continue à s’asseoir sur le tonneau et à se laisser tomber en arrière. Après chaque retombée, nous l’invitons à verbaliser ce qu’il ressent, il répond « chaude » puis « agréable ». Je lui demande : « C’est agréable dans quelle partie de ton corps ? » il me répond « le dos ». Du fait de ses réponses fluctuantes nous n’avons pas eu le temps de lui proposer une couverture. Il me fait comprendre qu’il ne veut pas que je lui pose trop de question, il répond de manière sèche et rapide de cette voix toujours si tendue. Cependant, après quelques passages, avant de tomber il me parle d’une flaque de boue, cela semble l’amuser puis il se laisse entièrement reposer sur le support. Il parle également de la mer, des vagues. Il mime une vague qui le submergerait, ses yeux sont mi-clos, il gesticule dans tous les sens tel un personnage de dessin animé. Nous décidons alors de faire comme si l’on produisait la vague avec un grand tissus, le psychomotricien se place au niveau de la tête de Jean Luc, pour ma part je me positionne au niveau de ses pied. Cela m’offre une vue me permettant de voir distinctement son visage. Nous passons un long drap léger au dessus de son corps allongé sur le Fatboy. Je peux observer son visage crispé, ses yeux sont fermés, ses paupières sont plissées et ses sourcils froncés. Sous la vague, son corps est très tonique et recroquevillé mais j’observe également un grand sourire, il semble prendre du plaisir. Est-ce dû à la sensation de l’air sur son corps ? Il se relève et nous dit « encore ». À sa demande nous répétons cette expérience de nombreuses fois. Il met ses doigts dans sa bouche, il ferme les yeux, sa mâchoire semble crispée et les muscles de son visage contractés. Je le sens dans une position délicate et inconfortable, cela me donne vraiment envie d’arrêter, il paraît comme bloqué dans son corps. Cependant il ne se lasse pas, et demande « une dernière ». Au fur et à mesure des expériences, je remarque qu’il reste plus longtemps allongé sur le Fatboy, il prend un temps, il se repose, je peux observer un léger abaissement tonique.
Sa vigilance semble s’abaisser au cours des séances, son corps semble un peu plus ancré dans le sol car il laisse plus de poids sur le support, par exemple il dépose sa tête sans la retenir en contractant sa nuque comme à son habitude. Voyant que les mots ne sont pas forcément la voie d’entrée la plus facile pour communiquer avec Jean Luc et afin d’apprécier son rapport avec les différentes sensations, je lui propose de jouer à un « mémory des sensations ». Ce jeu consiste à tirer dans un sac deux carrés ayant la même texture (rugueux, doux, dur, mou…). Le patient ne voit pas à travers le sac et doit deviner les paires uniquement par le toucher. Je sors volontairement deux exemples et je l’invite à me dire quelle sensation cela lui procure. Il utilise beaucoup de négation, il répond « pas dur » pour un carré plutôt « mou », « pas désagréable » peut-être pour signifier un toucher agréable. Il joue et réussit à sortir les paires mais attire uniquement ce qui est doux dans un premier temps. Nous insistons pour qu’il récupère le reste des paires, il a envie de partir à plusieurs moments, il se lève marche vers la porte mais revient sans difficulté. Je me questionne alors : est ce le fait de tenir la relation face à deux adultes ? Est ce parce que ça ne l’intéresse pas ? Il a du mal à dire ce qu’il préfère, il dit « agréable, agréable » sans vraiment montrer sa matière préférée, nous comprenons tout de même que c’est un petit coussin un peu plus doux que les autres. Je lui montre qu’il peut se le passer sur la main afin de l’emmener progressivement vers des auto-mobilisations. Il effectue très rapidement la demande mais semble coupé de ses sensations corporelles, son geste est très mécanique. Je le questionne sur ce qu’il sent, il répond « la main ». Jean Luc semble en difficulté pour verbaliser ses sensations. Est ce un manque de vocabulaire ? Un manque de sensations, de conscience corporelle ou un manque de représentation ? Nous tâcherons de tenter de répondre à toutes ces interrogations dans la dernière partie de ce travail.
Jean Luc demande de réutiliser le drap lors des séances suivantes. Après s’être laissé tomber du tonneau, il reste plus longtemps sur le coussin et profite des sensations que nous induisons avec le drap au dessus de son corps. Il semble réussir à poser progressivement sa tête sur le support en relâchant ses abdominaux, qui jusque là étaient contractés (lui permettant de rester gainé et de maintenir sa tête). En revanche, il reste très tendu et crispé au niveau du visage (sourcils froncés et paupières serrées). Il effectue beaucoup de gestes situés dans la zone orale : des mouvements de succion, de grandes ouvertures de la bouche, il serre ses dents puis les desserre. Parfois il me renvoie l’image d’un bébé dans son lit, avec des mimiques au niveau bucco-faciale. Un trou est situé au centre du tissu et Jean Luc regarde à travers cette ouverture. Il joue avec les sensations du dedans et du dehors en sortant et rentrant sa tête de ce trou. Le tissu recouvre tout son corps hormis sa tête lorsqu’il la sort par l’ouverture. Nous décidons de bouger le tissu en faisant des vagues, il semble aimer cela car il sourit, sa mâchoire se desserre. Il émet des onomatopées tels que « Brhhhh », ressemblant au bruit de l’eau. Voyant que son gilet le dérange je lui propose de l’ôter mais il le referme et met sa capuche comme pour se protéger. Il ferme fréquemment ses yeux comme si le regard de l’autre était trop imposant. On peut avoir l’image du nageur qui sort de la vague pour reprendre son souffle mais également l’image de bébé qui naît et qui sort sa tête. Jean Luc n’atteint pas encore la détente mais cette expérience semble être au coeur de sensation d’enveloppement et de contenance et d’expérimentations du dedans et du dehors. Il s’amuse à sortir sa tête du tissu puis replonge sous le tissu et recommence cela de nombreuses fois. Progressivement, il sort sa tête plus longtemps et parvient à ouvrir quelque temps ses yeux mais son regard est périphérique. Nos verbalisations accompagnent chacune de ces expériences. Je dis au psychomotricien « Oh regardez il sort sa tête, il a l’air d’apprécier », le professionnel me répond « Regarde, ses mains sont toutes serrées il a l’air très tendu ». Jean Luc montre qu’il aime que l’on s’occupe de lui. Il essaye de modifier certaines postures. Il se saisit de cette communication indirecte pour modifier son installation, il est très présent à ce qu’il se passe et à nos échanges. Cette triangulation de la relation, la mise en mots, influent sur l’expérience corporelle qu’est en train de vivre Jean Luc. Par exemple, lorsque je fais remarquer ses sourcils froncés au psychomotricien, Jean Luc les relâche et son visage apparaît plus apaisé. Je reprends alors « Regardez ! Ses sourcils se sont relâchés, il a l’air beaucoup plus apaisé ». Jean Luc sourit comme pour me le confirmer. Il parle très peu, uniquement de manière fonctionnel pour nous dire « encore », « une dernière fois », quand il ne peut se faire comprendre autrement. Lorsque j’essaie de le faire verbaliser sur ses ressentis il me répond très souvent « agréable » et fuit du regard pour que je n’insiste pas.
Un matin, après une dizaine de séances, Jean Luc vient d’un pas décidé me serrer la main dans la salle de psychomotricité. Il a déjà salué le psychomotricien dans les couloirs et vient spécialement pour moi. Lorsqu’il me tend sa main, je sens un investissement relationnel plus fort et j’en suis émue.

POURSUITE DES EXPÉRIENCES DE CHUTE ET DE L’ACCÈS AU TOUCHER THÉRAPEUTIQUE

Après les vacances de fin d’année, Jean Luc revient en psychomotricité avec l’envie de rejouer l’expérience de chute mais cette fois-ci il augmente la hauteur de la chute en grimpant à l’espalier. Il grimpe jusqu’en haut et se laisse chuter sur le Fatboy. C’est impressionnant car c’est à deux mètres du sol environ. Il ne demande pas le drap. Je le laisse effectuer pendant un moment ses chutes « Bravo Jean Luc tu réussis à vaincre ta peur de vide, t’es impressionnant, t’as vu Margaux ? » me dit le psychomotricien. Je surenchéris : « Impressionnant, en effet ! En plus il recommence, cela doit vraiment lui donner des sensations importantes dans le corps ! ». Je décide de lui proposer de reprendre les pressions corporelles mais sans le tissu cette fois-ci dans un contact direct. Il est toujours en position foetale lorsqu’il repose sur le coussin après sa chute. Je n’ai donc accès qu’à son hémicorps gauche et légèrement à son membre inférieur droit. Jean Luc se laisse approcher et je peux alors ressentir précisément ses contractions musculaires notamment au niveau des épaules (remontées vers les oreilles) et du dos. Je commence à effectuer des pressions fermes et ressens alors un véritable abaissement tonique : ses épaules, qui étaient auparavant contractées, se détendent et s’abaissent. Sa mâchoire reste cependant très serrée alors je décide de venir mobiliser la tête. D’un sursaut surprenant Jean Luc se lève et remonte à l’espalier, je comprends que j’ai été trop loin dans la proposition alors je me décale. Il remonte à l’espalier et chute une nouvelle fois. Je reste attentive à ne pas aller trop rapidement dans les mobilisations afin de ne pas le brusquer. Nous reprenons cette expérience plusieurs fois. Progressivement, je constate un véritablement abaissement tonique. Mes mains perçoivent un relâchement musculaire, il se relève d’un bond et me surprend à chaque fois. On peut imaginer que le lâcher prise induit par le toucher thérapeutique est effrayant pour Jean Luc, qui semble rassuré par un hyper contrôle et une maîtrise importante des situations. La décontraction de sa mâchoire et de ses muscles de la zone orale l’amène parfois à laisser échapper de la salive sur le coussin.
À la fin de certaines séances, il lui arrive de se réfugier dans le tonneau rouge. Il se cache alors tout entier dedans. Le tonneau est couché à l’horizontal. Nous verbalisons qu’il a le droit de prendre un temps pour s’isoler s’il le souhaite et que nous respectons ce moment important pour lui. Il semble venir chercher de la contenance physique et de la dureté à travers ce tonneau en plastique.

L’EMERGENCE DU JEU SYMBOLIQUE

Nous sommes au début du mois de mars et Jean Luc vient de passer deux semaines d’observation dans une autre structure, un IMPro. Sa prise en charge s’est donc à nouveau interrompue. Je décide à son retour de reprendre le toucher thérapeutique mais de le médiatiser afin qu’il puisse reprendre ses marques et que je puisse continuer les pressions corporelles après cette première approche. Je commence donc par utiliser une balle à picot. Après la chute, il se place toujours de la même manière : le visage tourné vers le mur, en position foetale. Je lui passe la balle sur le dos, les bras et une des jambes sur le bord externe. Il bouge, il semble avoir peur que je passe trop près de son sexe donc le psychomotricien verbalise « Oh, ne t’inquiète pas Jean Luc, Margaux va respecter les parties intimes de ton corps. Elle ne passera pas sur ton sexe ni sur tes fesses ». Sa tonicité reste élevée. Je lui demande s’il veut que je passe sur sa tête il me répond un « oui » très franc, il semble en avoir très envie. Il ferme toujours les yeux. Il se lève très brusquement presque en me bousculant et remonte à l’espalier. Je lui fais part de ma surprise et lui explique qu’il peut m’avertir s’il veut que j’arrête avant d’être dans l’obligation de se relever si brusquement. Je tente de reprendre un toucher plus direct avec mes mains, je le sens très tendu, ses épaules se resserrent ses muscles dorsaux se contractent. Je lui demande s’il préfère avec la balle ou avec mes mains, il me dit « la balle » toujours avec cette voix très crispée, grave et à peine audible. Je passe donc la balle à picot sur son corps. Jean Luc commence à se détendre, sa mâchoire est moins serrée. En passant derrière son genou il coince la balle dans son creux de poplité, je la laisse alors en verbalisant « Tiens, la balle est bloquée dans le creux derrière tes genoux ». Il soulève alors son bras comme pour me dire de mettre la balle sous son aisselle. Je lui demande si c’est ce qu’il souhaite, il acquiesce, j’y place alors la balle. Il semble très apaisé.
Il attrape ensuite cette balle et la positionne sur le côté de sa tête comme un petit oreiller. Il prend l’autre balle et la serre un peu contre lui, comme s’il lui faisait un câlin. Nous verbalisons que cela nous fait penser à un câlin. Il prend alors la balle et commence à la manger en faisant beaucoup de bruit. Cette balle est verte, on peut imaginer qu’il fait semblant de manger une pomme. Il fait beaucoup de bruit. Il reste un peu dans cette position puis se lève et grimpe à l’espalier il fait mine de vomir ce qu’il vient de manger de tout là haut, comme si c’était une pomme empoisonnée et recommence à chuter. Nous verbalisons avec le psychomotricien « Oh, il a tout vomit, était-ce une pomme empoisonnée ? ». Puis, je l’invite à s’allonger et je lui propose de passer un gros tonneau mou le long de son corps, il acquiesce avec un grand sourire, il en a envie. Je passe alors le tonneau sur son corps, il semble apprécier mais lorsque le tonneau passe sur son visage il fait comme s’il le mangeait pour ne pas se faire écraser, il fait d’importants bruits « Grinchgrinchrkrk ! ». Ce jeu l’amuse beaucoup. Je l’invite à ressentir le poids de son corps et sa tridimensionnalité. Ainsi, à repérer ses appuis : son dos, ses jambes, le poids du tonneau qui passe sur l’ensemble de son corps. Il se détend : ses mains se dénouent peu à peu pour se déposer délicatement sur le coussin.
Puis, il se tourne et rentre dans le tonneau. Il prend une balle qu’il porte à sa bouche. J’ai l’image d’un tout petit. Il se balance de gauche à droite pour finalement rouler complètement. Il roule entièrement dans le tonneau pendant un moment dans la salle de psychomotricité de gauche à droite. Finalement, il passe dans l’autre tonneau, le rouge, beaucoup plus dur. Il tourne également. Nous lui proposons l’exercice que nous avions fait au tout début du suivi25 avec le psychomotricien derrière et Jean Luc assis sur le tonneau, se laissant aller en arrière et rattraper par le psychomotricien. La différence est flagrante. Premièrement, il ne regarde pas derrière pour s’assurer de la présence du professionnel. Deuxièmement, il se balance véritablement sur le tonneau, il reste tendu au début de la proposition et ne montre à voir que le bas de son dos comme s’il résistait pour ne pas se laisser tomber dans les mains du psychomotricien. Cependant, progressivement il se détend et se redresse. Il dépose entièrement son corps dans les bras du psychomotricien : si bien que si celui-ci se décalait, Jean Luc tomberait au sol, chose qui n’était pas le cas auparavant. Nous venons d’assister aux prémices d’un relâchement de cette carapace tonique.
Je lui propose un exercice de verbalisation afin qu’il puisse avoir un autre support d’expression car la mise en mots semble complexe : « Colorie cette silhouette26 en pensant à la séance d’aujourd’hui, qu’as-tu ressenti dans ton corps ? ». Il prend son temps pour choisir la couleur et se met rapidement à colorier puis repart sans que l’on ait le temps de le saluer.

OSER : QUAND DE NOUVELLES EXPÉRIENCES ÉMERGENT

La séance que je m’apprête à raconter marque un tournant dans la prise en charge de Jean Luc . Comme à son habitude, il attend devant la salle et entre rapidement après la sortie du patient précédent. Il nous regarde peu, monte rapidement à l’espalier et attend en haut un moment. Je lui demande s’il veut que je sécurise la zone et il me répond qu’il veut le gros coussin. Une fois celui-ci installé, il commence à reprendre ses expériences de chute. Après deux répétitions, je place mes mains sur son dos, voyant qu’il ne se dégage pas de ce contact, j’étend alors cette proposition sur l’ensemble de son corps. Il reste un long moment allongé sur le coussin à profiter de ces mobilisations, presque 10 minutes. Je l’invite à desserrer sa mâchoire : je mets mes mains sur les tensions des muscles de cette dernière, dans un mouvement issu de la méthode de relaxation de H.Wintrebert27. Il relâche les muscles de sa mâchoire et semble vraiment apprécier.
Puis, il se lève et remonte à l’espalier. Lorsqu’il se trouve en haut il nous dit « Coyote » en référence à son dessin animé préféré. Le psychomotricien dit alors : « Voici Coyote en haut de son échelle, va t’il tomber? Sera-t-il rattrapé? ». Jean Luc se place alors dans son rôle et joue les véritables mimiques de ce personnage : il place sa main au dessus des ses sourcils comme pour observer les montagnes lointaines. Il joue si bien qu’on dirait presque qu’il est devenu ce personnage. Il me montre du doigt et me dit « Bip-Bip », je comprends alors qu’il aimerait que j’incarne ce personnage. Lorsqu’il retombe sur le coussin je propose de passer une Medecin Ball28 le long de son corps. Il accepte volontiers ma proposition et me dit « ma tête ». C’est la première fois que, de lui-même, il me fait une demande concernant une mobilisation de son corps. Il est à la recherche du dur, comme lors de la dernière proposition avec le tonneau. Le psychomotricien renchérit le jeu en disant : « Le Bip-bip s’occupe très bien de toi, même si t’essayes de la pourchasser ». Jean Luc sourit beaucoup et semble prendre du plaisir dans le jeu qui s’installe. Il recommence à se lever et retombe une nouvelle fois. Je lui propose de s’allonger complètement dans une position d’ouverture en plaquant son dos contre le support. C’est une posture qu’il n’a jamais prise, il est habituellement en position foetale tourné vers le coin opposé de l’endroit où je suis installée. Il ferme les yeux et se laisse complètement faire, je ressens beaucoup moins de tensions corporelles : ses mains se relâchent et s’ouvrent. Il me dit « ma mâchoire ». Je comprends sa demande et viens y poser mes mains pour mobiliser cette zone. Or, d’un seul coup il ouvre grand ses yeux et fait comme s’il allait me croquer la main, en me laissant apercevoir chacune des dents de sa bouche. Je suis alors surprise, je joue de cette situation en accentuant le trait « Vous avez vu ? Il a voulu me croquer là ! » dis-je au psychomotricien. Jean Luc se relève et recommence, il continue à me surprendre en m’attrapant une main et en faisant comme si il allait me la croquer. Le professionnel continue le jeu « Le coyote veut croquer le Bip-bip, mais le Bip-bip est sympathique, il reste près de lui et s’occupe de donner des forces au coyote en lui permettant de se détendre. » On rejoue cela plusieurs fois. Jean Luc s’amuse beaucoup, je sens qu’il est dans le jeu et dans la relation, il communique véritablement avec moi. Je perçois une certaine complicité, une nouveauté dans la relation: il ose. Il me regarde même franchement dans les yeux. Peu de temps après il mime qu’il croque une pomme empoisonnée et tombe comme s’il était mort sur le tapis. C’est la deuxième fois qu’il rejoue cette scène. Nous nous occupons alors de lui pendant qu’il continue à faire le mort. Son tonus est complément abaissé et sa respiration devenue plus calme. Cependant, lorsque je m’approche trop près de lui, d’un bond il m’attrape fermement le poignet et fait semblant de me croquer. Je ressens une véritable énergie et un grand enthousiasme dans ce jeu. Cela pourrait le déborder mais je sens aussi un contrôle et une maîtrise de sa part. Je n’imagine à aucun moment qu’il puisse me mordre véritablement. Il est dans une juste distance et on voit qu’il fait semblant. Son regard est si incarné par son personnage que je pourrais me sentir mal à l’aise mais je sens qu’il connaît la limite de ce jeu. Alors que la fin de la séance approche, il se lève, vient vers moi et fait mine de me croquer puis éclate de rire. Son rire semble authentique et illustre un réel lâcher prise. Il repart vers la porte sans se retourner et sans nous saluer. Je l’interpelle pour qu’il reste encore un peu, je lui propose de nouveau le support graphique de la silhouette. Il me répond « je l’ai déjà fais », je lui explique que chaque séance est différente et que chacun des dessins est totalement unique et toujours très intéressant. Il se lance alors dans la création et choisit en premier le feutre bleu. Il dessine les oreilles puis colorie les pied. Il prend après le rose et dessine les bras. Il me dit qu’il a terminé l’exercice, j’observe le dessin et je lui demande comment s’est passé cette séance pour lui. Il me répond « agréable », je l’interroge « tu saurais me dire pourquoi? », il part alors d’un seul coup sans se retourner. Cette séance m’a beaucoup questionnée : Est-ce véritablement un relâchement, un accès à la conscience du corps ou est-il purement dans le jeu en se mettant dans des rôles de personnages de dessins animés ? Se cachait -il derrière le coyote pour faciliter le lâcher prise et l’accès au toucher ? Est ce que l’envie de dévoration est en lien avec l’adolescence et l’apparition des pulsions sexuelles ?

LA SÉMIOLOGIE PSYCHOMOTRICE DES TROUBLES DU SPECTRE AUTISTIQUE

La sémiologie de l’autisme est très complexe et dépend de la sévérité du trouble mais aussi de l’expression de certains symptômes qui peuvent être totalement différente d’un individu à l’autre. Nous allons nous appuyer sur certains items proposés par J. Boutinaud dans son ouvrage « Psychomotricité, psychoses et autismes infantiles » offrant une observation complète, certaines vignettes cliniques viendront illustrer la théorie.
• La sphère de la vie quotidienne : Concernant la propreté, il est possible que l’enfant ayant un TSA ait des difficultés pour passer ce cap que constitue le stade annal tel que Freud a pu le décrire avec tous les remaniements psychiques qu’il induit. J. Boutinaud explique que l’on « note souvent des temps de rétention qui peuvent s’avérer assez longs : l’enfant peut aussi n’arriver à uriner et déféquer que dans certaines conditions assez précises. »40
On retrouve fréquemment des complications au niveau de l’alimentation. Cela peut se comprendre par des difficultés à vivre ce moment de réunion de groupe, l’enfant a souvent du mal à rester à table durant un temps important. Il est souvent nécessaire d’avoir des repères stables (manger à coté des mêmes personnes, aux mêmes horaires, dans le même lieu). D’un point de vue sensoriel, l’enfant ayant un TSA est souvent attentif à la couleur de l’aliment, à sa texture, à sa solidité et à son goût. On constate souvent une sélectivité. Les lieux de restaurations collectives sont très souvent bruyants, les hypersensibilités auditive peuvent également entraver le moment du repas.
De plus, le sommeil se trouve fréquemment impacté, on retrouve des difficultés d’intégration du rythme nycthéméral41 dans l’anamnèse du patient ayant un TED. Finalement, on remarque souvent l’absence d’intérêt pour des jeux de leur âge ou bien des détournement de la fonction du jeu. Par exemple, les roues des petites voitures sont utilisées de manière à créer une expérience sensorielle : faire tourner les roues juste devant son oeil. Ces utilisations sont souvent répétées et stéréotypées.
• En salle de psychomotricité : L’attention et la vigilance peuvent être fluctuantes, ne leur permettant pas toujours d’être ‘’présent’’ à l’autre. Ils papillonnent et ne semblent pas nous entendre « l’enfant semble présenter une quasi-indifférence et une absence aux stimuli provoqués, soit que son attention se montre extrêmement labile et insaisissable.»42
Je peux ressentir cette indifférence en séance lorsque par exemple, m’adressant à Jean Luc alors qu’il monte à l’espalier en lui demandant ce qu’il a ressenti, il ne me regarde pas et ne semble ne pas m’entendre. Je me sens comme invisible.
On peut observer des difficultés concernant la mémoire et la trace psychique. Certains enfants semblent revenir dans la salle de psychomotricité comme si c’était à chaque fois la première fois, comme si les expériences passées ne semblaient pas s’inscrire psychiquement : « certains enfants ayant accès au langage peuvent se retrouver fort dépourvus lorsqu’ils essaient de se souvenir de ce qu’ils sont venus faire ici la dernière fois […] certains objets, jeux ou activités fortement investis par l’enfant de façon parfois élective semblent par contre peut-être d’une rencontre à l’autre mobiliser un souvenir. »43
Le rapport au sonore et au langage peut être différent, certains sons semblent inaudibles par le patient, comme s’il ne les entendaient pas. On peut se demander si c’est le mouvement de retrait social qui inhibe alors le sens de l’ouïe d’une manière à se protéger de l’extérieur. Ou bien si cela peut également être dû aux particularités sensorielles et à la difficulté à coordonner plusieurs sens à la fois ? Alistair, une jeune fille diagnostiquée autiste asperger explique bien ce phénomène dans sa vidéo : « Mieux comprendre l’autisme : L’hypersensiblité et les spécificités sensorielles.» D. Meltzer nomme cette notion le ‘’le démantèlement’’ et explique : « Le démantèlement se produit selon un procédé passif consistant à laisser les sens variés, spéciaux et généraux, internes et externes, s’attacher à l’objet le plus stimulant de l’instant. »44
Concernant le langage, dans la pathologie autistique, certaines phrases ne semblent pas incarnées, sans aucune fonction de communication: « comme si le langage pouvait tourner à vide et ne demeurer plus qu’une coquille vidée de sa substance. »45

LA RÉGULATION TONIQUE

Le bébé met en place des techniques d’auto-régulation. Par exemple, il se met dans des positions de regroupement, d’enroulement. Il peut également utiliser la succion et l’agrippement (le grasping) ou des auto-contacts au niveau de son visage. Le portage a un rôle important dans cette régulation tonique. Un nourrisson qui serait ‘’ mal porté ‘’ aura davantage de difficultés à se réguler sur le plan tonique. Le bébé est très dépendant du milieu externe pour se réguler, cela se fait à partir du dialogue tonico-émotionnel.
A. Bullinger s’est intéressé aux mécanismes de régulation du tonus : le niveau de vigilance, les flux sensoriels, les interactions avec le milieu humain et les représentations. Ces mécanismes « diffèrent par le moment dans le développement où ils sont accessibles et par la forme de la régulation qu’ils offrent. »70 Il insiste sur le fait que la dimension tonique joue un rôle important comme appui aux fonctions instrumentales et comme mode d’expression pour le milieu humain. Tout au long de la vie, il existe donc différents moyens de régulation tonique :
– par des niveau de vigilance : augmenter son niveau d’éveil engendre un recrutement tonique ou à l’inverse abaisser son tonus va déclencher plus d’apaisement.
– par les flux sensoriels : Ils sont au nombre de six (gravitaire, tactile, visuel, auditif, olfactif et gustatif). La modulation tonique va permettre de s’ajuster aux stimulations perçues, par exemple quand on ouvre la fenêtre où que l’on parle plus fort, il y alors beaucoup d’informations sensorielles et cela déclenche un recrutement tonique.
– Par les interactions avec le milieu humain : Il explique que les interactions « sont assurées par l’ensemble des flux sensoriels, ainsi que par les états de l’enfant et du porteur »71 Un dialogue non verbal va s’instaurer entre le parent et l’enfant, qui viendra modifier le tonus de ce dernier.

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Table des matières

1. L’institution
A. Généralité
A.1 la structure
A.2 L’équipe et les soins proposées
B. La place de la psychomotricité
B.1 Le cadre de mon stage
B.2 La salle de psychomotricité
2. Le cas clinique de Jean Luc
A. L’anamnèse
A.1 La grossesse et l’accouchement
A.2 L’histoire du développement psychomoteur
A.3 L’histoire médicale
A.4 L’ Histoire familiale
B. Les premiers temps de la rencontre
B.1 La première rencontre :
B.2 – Le bilan psychomoteur
B.3 Le projet thérapeutique
C. L’évolution des séances de psychomotricité
C.1 S’apprivoiser : quand le toucher est perçu comme un danger
C.2 Les premières expériences de chute permettant un toucher médiatisé
C.3 Poursuite des expériences de chute et de l’accès au toucher thérapeutique
C.4 L’Emergence du jeu symbolique
C.5 Oser : quand de nouvelles expériences émergent
PARTIE THEORIQUE .
1. L’adolescent ayant un trouble envahissant du développement 
A. Le Trouble Envahissant du Développement
A.1 Généralités :
• L’historique
• Définitions et classifications
• L’épidémiologie
• L’étiologie et les facteurs de risque
A.2 La sémiologie psychomotrice des troubles du spectre autistique
• La sphère de la vie quotidienne :
• En salle de psychomotricité :
B. L’adolescence
B.1 Généralités sur l’adolescence
• D’un point de vue neurophysiologique :
• Le développement psychomoteur :
B.2 Sémiologie psychomotrice de l’adolescent ayant un TSA
• Un corps qui change, un équilibre qui vacille
• Une sexualité qui s’éveille
• Des difficultés relationnelles exacerbées
2. La place du corps
A. Le tonus
A.1 Définition
A.2 L’aspect neurophysiologique du tonus
A.3 L’évolution du tonus
A.4 La régulation tonique
A.5 Le dialogue tonique
• Définition
• Les difficultés possibles dans cette communication non verbale
A.5 L’hypertonicité
A.6 quand l’hypertonie devient pathologique : la carapace tonique
B. Les représentations corporelles
B.1 Le schéma corporel
B.2 L’image du corps
C. Les angoisses corporelles
C.1 Hypothèses sur l’origine des angoisses
C.2 L’angoisse de chute
• L’angoisse de chute au cours du développement
• L’angoisse de chute dans la pathologie
C.3 L’angoisse de dévoration
• L’angoisse de dévoration au cours du développement
• L’angoisse de dévoration dans la pathologie
C.4 les angoisses corporelles dans les dessins animés : « Coyote et Bip-bip », « Tom et Jerry », « Titi et Grosminet »
PARTIE DISCUSSION
1. La carapace tonique de Jean Luc
A. Comment comprendre cette hypertonicité ?
A.1 Une manière de se protéger
A.2 Une mise à distance relationnelle
A.3 Un moyen de ressentir son corps unifié
A.4 Une Réponse à l’ angoisse de chute
• Comment comprendre son expérience de chute ?
• Quels liens pouvons nous établir avec la période d’adolescence ?
• Quels liens s’élaborent entre l’angoisse de chute et l’hypertonie ?
B. De quelle manière évolue cette hypertonicité ?
B.1 Les conséquence psychomotrices de la carapace tonique de Jean Luc
B.2 Vers davantage de modulations toniques
2. De quels outils dispose le psychomotricien pour amener son patient vers une meilleure régulation tonique ?
A. L’importance de la relation dans la thérapie psychomotrice
B. L’engagement corporel du du psychomotricien
C. Le toucher thérapeutique
C.1 Le dialogue tonico émotionnel
C.2 Quels sont apports du toucher thérapeutique dans la thérapie psychomotrice ?
3. Quelles évolutions du patient découlent de cet accompagnement en thérapie psychomotrice ?
A. La régulation tonique
B. Le rapport au corps
C. Les capacités relationnelles
D. L’émergence du jeu symbolique
D.1 Aller plus loin dans la compréhension de cette angoisse de dévoration
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE : ……

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